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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec. Guillaume au Havre. Les horaires impossibles…

Quel tableau, après Constantinople il n'est rien de plus beau.
Casimir Delavigne sur Le Havre.

La Gare Saint-Lazare en 1925
 

L'acte d'accusation :

"3°. Il ressort de l’information avec la même évidence que le télégramme expédié le 13 juin 1923 du Havre, sous le nom de Quémeneur et adressé à la sœur de celui-ci pour lui donner de bonnes nouvelles, est un faux et que Seznec en est l’auteur. Une expertise a établi, avec la dernière évidence, que la minute de ce télégramme a été écrite par Seznec et non par Quémeneur. On n’a d’ailleurs trouvé aucune trace de passage de Quémeneur au Havre le 13 juin. Par contre, on sait que Seznec s’y trouvait ce jour-là. Parti de Morlaix en automobile le 12 juin vers 19 heures, sous le faux prétexte de se rendre à Tréguier où nulle affaire ne l’appelait, il abandonne sa voiture, sans motif, dans un verger appartenant à la veuve Jacob, à Lan-Vian, près de Plouaret, prend à la station de ce bourg le rapide 502 qui y passe à 21 h 57 et se trouve le lendemain dans l’expresse 171, de Paris au Havre, qui passe à la gare de Rouen. A 10 h 50, deux négociants en machines à écrire, MM. De Hainaut et Legrand, qui prennent ce train à Rouen, s’y installent, en effet, dans le même compartiment de seconde classe que lui, et tous trois descendent au Havre. Vers 15 heures, Seznec entre dans la boutique du sieur Chenouard, marchand de machines à écrire, 22, rue de la Bourse, pour y acheter une machine portative d'’occasion, De Hainaut et Legrand s’y trouvent eux-mêmes et le reconnaissent et, à leur témoignage si décisif s’ajoutent ceux non moins formels de Chenouard et de ses employées, les demoiselles Feuilloley et Héranval. A 16 h 35, il est au bureau central de la poste et remet aux mains du commis Hue, qui croit bien le reconnaître, le télégramme rédigé d’avance sur un imprimé réglementaire.

            A 17 heures, muni de la machine à écrire dont il a fait l’emplette chez Chenouard, il reprend l’express n° 158 pour Paris..."

 

 Cet horaire de 16 h 54 "se fonde" sur des recherches auprès des archives SNCF du Mans. Vérifiées auprès des AD 76. Vous trouverez confirmation de cet horaire en page 40 des conclusions de l'avocat général Jean-Yves Launay à l'audience du 24 janvier 2005.

 

Le Journal du 5 juillet 1923

 

Ouest-Eclair du 6 Juillet 1923

"Comme la préparation du colis allait me demander un peu de temps, nous dit Mle Héranval, je priai l'acheteur d'attendre. Il laissa sur une table une bouteille enveloppée dans du papier et s'en fut un temps que je ne saurais évaluer exactement. Il était à ce moment environ 16 h."

La Dépêche de Brest du 4 juillet 1923

Journal de Rouen du 5 juillet 1923

.......................................

Chez Catherine Clausse :

"Idem pour le voyage de retour Le Havre/Paris vers Plouaret, le voyageur n'arrivera qu'après 17h. Savez-vous qu'il y avait un bon kilomètre à faire à pied du magasin Chenouard à la gare ?? Alors, même en admettant qu'il ne mette que deux ou trois minutes pour revenir de la poste où il y a déposé un télégramme et aller chez Chenouard, il a quand même attendu au moins 3 minutes (temps pour un professionnel des machines à écrire) pour changer le ruban (attestation de Chenouard) au moins 2 minutes pour emballer grossièrement la machine, ce qui fait en tout 7 minutes; il en serait sorti vers 16h42 plus environ 20 minutes pour arriver à la gare. Il est 17h passées et il doit faire la queue pour acheter son billet de train.. Mais c'est trop tard ! Et oui, et encore, il avait une machine sur l'épaule. Elle pèse 15 kgs. Sa démarche est ralentie et il s'est probablement arrêté en route, mais nous n'en avons pas tenu compte; nous avons pris un trajet piéton. Vous remarquerez également que sur ce trajet, seuls les témoignages de Chenouard et Cie sont pris en compte. Y-a-t-il des témoins dans le train qui va du Havre à Paris ?? Non, mais en revanche il y en a un sur la gare Montparnasse....Qui était déjà probablement bien là et jamais parti du Havre !
...De plus, pourquoi un Morlaisien aurait-il fait ce long voyage alors qu'il eut été plus facile de prendre la navette qui reliait Morlaix au Havre par bateau..."

La Poste : 47 Place des Halles Centrales (50 mètres de chez Chenouard)

Chenouard, marchand de machines à écrire : 22, rue de la Bourse

La Gare : 12,  rue Magellan.

Ainsi Seznec qui ne connait pas Le Havre va, dans un temps record, aller chez Chenouard, puis à La Poste (envoyer le faux télégramme à 16 h 35 pour sécuriser la famille Quémeneur), puis à nouveau chez Chenouard, et enfin à la gare. Où, bien entendu il ne va pas rater son train de 16 h 54. Pour Paris.

Les différents ouvrages sur les horaires du Havre nous disent : 17 heures ou aux environs de 17 heures.

Mais un départ de train à 16 h 54 c'est tout autre chose.

Il faut le temps de rentrer dans la gare de trouver la voie et son wagon...

16 h 54 Départ du train Le Havre / Paris
16 h 35 Envoi du télégramme à la poste du Havre.

Soit 19 minutes.

La Poste / Chenouard : 7 minutes
Passage chez Chenouard : 10 minutes environ.
15 minutes Chenouard / la gare.

Soit 32 minutes.

Ce n'est pas tenable...

Le seul fait dont nous soyons absolument sûrs est l'horaire de l'envoi du télégramme : 16 h 35...

Car nous savons tous que les témoignages humains restent... humains.

Je ne pense pas ici à une manipulation des témoins ou à un sosie de Seznec...

Mais, tout simplement, à un Guillaume Seznec agissant sur ordres.

Vous avez remarqué, comme moi, que, depuis sa visite à Me Gauthier, le gars Seznec ne tourne pas rond.

Il fait même tout et n'importe quoi.

Surtout n'importe quoi, d'ailleurs.

Pourquoi cette étrange visite à Me Gautier, alors que, pour son litige morlaisien, c'est Me Bienvenu qui le défendait sur place (?)

Un nom pris au hasard sur une petite annonce dans un journal local (?)

Est-ce lui qui est passé à la poste (?)

Toujours et encore des questions qui ne trouvent pas de réponses.

Sauf à penser que ce serait une suite logique du chantage qui aurait causé la mort de Pierre Quémeneur.

Ne triomphez pas si facilement Madame Jourdan...

Sachez que je n'ai AUCUNE CONFIANCE dans ce qu'écrit Catherine Clausse.

Et encore moins dans ce que vous écrivez, car vos articles de blog sont du roman, bien éloignés de la vérité vraie et prouvée.

Catherine Clausse a fait des recherches, soit.

Mais en membre de France Justice et en partisane absolue de l'innocence de Guillaume Seznec, elle en a tiré les mauvaises conclusions.

Pour ma part, ne retrouvant plus la page des horaires du train Paris / Le Havre, j'ai joint la ville du Havre et les archives SNCF.

A suivre donc...

Version Thierry Lefebvre :

"Après réflexion et recherches dans la presse, je pense qu'il a pu choper le train de 16h54.

 On se sait pas ce qu'il a fait entre 14 et 16h.

Il a pu acheter son billet de retour, se renseigner de l'horaire et du quai de départ.

 3 minutes sont suffisantes pour aller de la maison Chenouard au bureau de poste.

Il revient à 16h15 chercher la machine à écrire qui n'est pas prête, la paye, va poster le télégramme pendant qu'on emballe la machine, la récupère à 16h40 et court à la gare.

16h44 - 16h54 = 10 minutes pour faire un peu plus d'1 km, ça doit être possible pour un homme habitué à crapahuter à pied dans Brest, Landerneau, Paris, etc...

Trois minutes sont suffisantes pour aller de la maison Chenouard au bureau de poste...

L'Oeuvre 5 juillet 1923

Que fit-il entre 2 et 4 heures ? On ne sait.

L'Oeuvre 5 juillet 1923

À 4h15 il revient chez Chenouard, "Dépêchez-vous j'ai un train à prendre".

Il paye, s'éclipse à nouveau, à 4h40 il est de retour.

DPB 5 juillet 1923

Il sortit de chez le marchand en homme pressé, se fit indiquer la gare et y courut.

Le Petit-Parisien 5 juillet 1923

Tout comme il a décliné l'offre de Hodey de conduire la Cadillac à Paris, il décline l'offre qu'on lui fait d'amener la machine à la gare.

S'était fait indiquer le chemin de la gare et s'étant inquiété

du temps nécessaire du temps pour s'y rendre à pied...

Le Matin 5 juillet 1923

Se souviennent d'un après-midi VERS 16h30, pas À 16H30 ! Il était peut-être 16H...

La rue Jules Siegfried ne fait pas d'angle avec la place Gambetta...

Donc si la localisation faite par le journaliste est inexacte,

que dire de l'horaire qu'il rapporte de la bouche du cafetier et de ses employés ?

Le Havre, vue aérienne (détail) (1920) - Source : AMH (Haut)
Plan du Havre (détail) (1924) - Source : Gallica (Bas)
 
En bleu le bassin du commerce, en orange les halles centrales et en vert le boulevard François 1er. Les deux lignes violettes signalent la rue de Sery (à gauche) et la rue Dicquemare (à droite). En rose, la rue Emile Zola (en haut) et la rue Malleiraye (en bas).

Maintenant la place Gambetta, c'est la place général De Gaulle.

Chenouard / la poste c'est 3 minutes d'après la presse de l'époque, 7 minutes d'après Google Maps. Le bureau de poste était-il là en 1923 ?

Chenouard / la gare, tout dépend de Seznec, Google Maps donne 15 minutes mais tous les articles de presse parlent d'un homme pressé, qui a un train à prendre, donc je penche plutôt pour 10 minutes, voire moins.

Conclusion : c’est donc possible pour Guillaume Seznec d’attraper son train pour Paris.

Ouest-Éclair 23 mai 1924

D'autres vérifications furent faites par la police qui chronométra le temps nécessaire pour se rendre de la gare Montparnasse à la gare Saint-Lazare et vice-versa, en taxi ou métro ou en autobus.

................................

Voyez-vous, l'affaire Seznec, c'est ça : tout et le contraire de tout.

Thèse et antithèse...

Vous imaginez bien que les policiers ont travaillé dur en 1923 pour mieux comprendre cet improbable voyage de Guillaume Seznec au Havre.

Quant à y voir ici encore une manipulation de Bonny...

J'ai eu largement ma dose avec les k7 de délires de Denis Seznec.

En 1979. Sur Europe 1.

Le Havre - sans inclure le trafic des passagers du port - comptant 164.000 habitants en 1923...

Et avec le battage de la presse...

C'est normal que nombre d'entre eux se soient souvenus de Guillaume Seznec et de son physique si particulier.
 



Liliane Langellier
 

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