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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec. Le 13 juin 1923 Guillaume Seznec était au Havre et non pas à Saint-Brieuc..

“Le mensonge a les jambes courtes.”
Proverbe brésilien

L'accusation dira :

"Parti de Morlaix en automobile le 12 juin, vers 19 heures, sous le faux prétexte de se rendre à Tréguier où nulle affaire ne l'appelait, il abandonne sans motifs sa voiture dans un verger appartenant à Mme Jacob à Plouaret. A Plouaret où le rapide 502 à destination de Paris passe à 21 h 57. Arrivé à Paris le lendemain à 7 h 15, c'est-à-dire le 13 juin au matin, Seznec se rend à la gare Saint Lazare prend le rapide du Havre de 7 h 45 qui passe à Rouen à 10 h 50 comme nous l'avons dit. Seznec est reparti du Havre à 17 heures, il est arrivé à Paris Saint Lazare à 20 h 08 et il est reparti de Paris Montparnasse à 21 heures pour arriver le 14 juin, le lendemain matin, à 6 h 43 à Plouaret pour reprendre sa voiture."

On peut comprendre que Seznec et ses descendants soient furieux contre Chenouard et les autres témoins du Havre.

Car, ce n'est pas un seul témoin qui a vu Guillaume Seznec au Havre le 13 juin 1923, mais au moins 9 témoins [Chenouard, Mottelay, Feuilloley, Hue, Legrand, de Hainault, Azzopardi, Héranval, Deknuydt]...

Comme à son habitude la famille Seznec a tenté de salir tous les témoins du Havre.

Une tactique à vomir.

Et qui n'a jamais blanchi leur bagnard.

 

 

Extraits du livre de Me Denis Langlois "L'affaire Seznec" :

"La suite de l'audience a été moins divertissante. En tout cas pour toi.

Sans que tu t'en sois aperçu, un homme jeune, grand, élégant, portant jaquette, s'était approché de la barre.

- De Hainault Georges, vingt-huit ans, industriel.

- Nous vous écoutons, monsieur de Hainault.

- A l'époque, j'étais l'inspecteur général d'une firme de machines à écrire. Le 13 juin 1923 au matin, je me rendais de Rouen au Havre avec l'un de nos représentants, M. Legrand.

Nous sommes arrivés a la gare presque au moment où le train démarrait, ce qui nous a obligé à monter dans l'une des dernières voitures. Dans le compartiment de deuxième classe où nous nous sommes installés se trouvait un seul voyageur. Je me suis placé en face de lui, de sorte que je pouvais le considérer tout à loisir. Il était modestement vêtu, presque salement, et paraissait préoccupé. Son visage m'a frappé cause des traces de brûlures.

- Regardez l'accusé, a interrompu le président.

De Hainault t'a fixé longuement, intensément.

- C'est bien le voyageur que j'avais en face de moi. Je le reconnais formellement.

- Seznec, qu'avez-vous à dire ?

- Le témoin se trompe. Je n'ai jamais pris le train avec lui, je ne suis jamais allé au Havre.!

- Si, j'ai même eu la surprise de vous retrouver l'après-midi dans le magasin de Chenouard, l'un de nos dépositaires. Vous vouliez acheter une machine à écrire d'occasion. M. Chenouard vous a proposé une Royal 10.

- S'agit-il de celle qui se trouve sur cette table ? a demandé le président.

De Hainault s'est approché, l'a soulevée.

- Oui, c'est bien elle.

- Monsieur de Hainault, a insisté théâtralement le président, l'instant est grave. Maintenez-vous que c'est bien cet homme que vous avez vu au Havre et qui a acheté la machine qui se trouve ici ?

De Hainault t'a regardé à nouveau et solennellement a dit :

- Je sais quelle accusation pèse sur cet homme. Si j'affirme aujourd'hui : "Je le reconnais, c'est lui", c'est que j'en suis absolument certain.

Sensation dans la salle.

- Seznec, qu'avez-vous à dire ?

- Qu'est-ce que vous voulez que je dise ? Le témoin se trompe. Je ne l'ai jamais vu.

C'est Legrand qui, à son tour, s'est avancé vers la barre.

- Retournez-vous, a demandé le président, et dites-nous si vous reconnaissez en l'accusé l'homme qui a voyagé avec vous ?

Comme de Hainault il t'a fixé, et, d'un ton assuré, a lancé :

- Oui, c'est bien lui que j'ai vu.

Tu as senti qu'il fallait que tu dises quelque chose. Tu t'es soulevé de ton banc, mais tu nés réussi qu'à balbutier une nouvelle fois :

- Le témoin se trompe.

Legrand a pris lui aussi un ton solennel :

- Soyez sûr que je me serais déjà rétracté l'instruction, si je n'avais pas été certain. Cet homme est celui que j'ai vu dans le train et dans le magasin du Havre.

Chenouard, le patron du magasin, a joué, lui, au technicien. Il s'est dirigé vers la machine, l'a retournée dans tous les sens.

- Oui, c'est bien elle, je la reconnais à la réparation que j'ai faite au chariot et la crémaillère.

- A qui l'avez-vous vendue ?

- A un M. Ferbourg de Mayenne.

- Tournez-vous vers l'accusé. Le reconnaissez-vous ?

- Oui, je le reconnais. C'est lui, il n'y a aucun doute.

- Vous vous trompez, t'es-tu écrié. Je n'ai jamais été au Havre.

- Mais si, vous êtes venu à trois reprises dans mon magasin. Comment voulez-vous que je me trompe !

Me Kahn s'est levé lentement, le visage grave.

Je crois qu'il faudrait quand même revenir sur cette histoire de photos. Etes-vous sûr, monsieur le président, que les témoins ont décrit Seznec avant qu'on leur montre sa photo anthropométrique ? Rappelez-vous que plusieurs l'ont décrit avec un oeil plus petit que l'autre, comme sur la photo. Or, Seznec, les jurés ont pu le constater, a les deux yeux d'égale grandeur.

Le président s'est tourné vers Chenouard.

- Moi, a dit Chenouard, je l'ai reconnu d'abord sur une photo parue dans le journal. Il avait un chapeau et fumait une cigarette. J'en ai parlé au juge d'instruction. Il m'a conseillé d'aller tout de suite à la police.

- Ce n'est donc pas la police qui a suscité votre témoignage ?

- Non, c'est moi qui suis allé trouver les policiers. Ce n'est que plus tard qu'ils m'ont montré la photo anthropométrique.

- Mademoiselle Héranval a appelé l'huissier.

Une jeune fille, habillée d'un tailleur marron, est apparue.

- Tournez-vous, mademoiselle, vers l'accusé. Regardez-le bien. Le reconnaissez-vous ?

- Parfaitement. C'est moi qui lui ai vendu la machine. Même qu'il me faisait un peu peur. C'est pour cela que j'ai appelé M. Chenouard.

- Vous savez qu'il s'agit là d'un témoignage grave. Vous êtes certaine de ne pas faire erreur ?

- Non, j'ai dit toute la vérité.

- Le témoin se trompe, as-tu répété sans conviction.

Mlle Feuilloley est entrée, sûre d'elle.

- C'est lui, a-t-elle lancé en te désignant du doigt.

- Je ne vous ai encore rien demandé, a dit le président.

- Mais je ne peux pas me tromper. C'est moi qui lui ai facturé la machine. J'ai discuté avec lui.

- Comme aux autres témoins, je vous demande de bien réfléchir.

- Oui, monsieur le président, je le reconnais. C'est lui.

Aux murmures de la salle, tu as compris qu'il était inutile de répliquer. L'affaire était entendue. Pour tout le monde, tu étais allé au Havre et tu avais acheté la machine qui avait servi taper le faux acte de vente.

C'est à peine si on a écouté les deux derniers témoins du Havre qui étaient moins affirmatifs : Mlle Motelay, employée dans un autre magasin, et M. Hué, le commis de la poste qui avait enregistré le télégramme. Dans la salle, c'était maintenant le brouhaha, comme si le public, connaissant désormais la solution, s'offrait une récréation."

Le Journal du 5 juillet 1923

Voilà.

Rien à ajouter.

Guillaume Seznec était bel et bien au Havre le 13 juin 1923 et non à Saint-Brieuc.


Liliane Langellier

 

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