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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Alain BRELIVET, maire de Locronan et « inventeur » du gilet pare-balles....

Le mot « troménie » est une francisation du breton tro-minihi, littéralement tour (tro) du minihi dérivation du latin monachia (espace monastique du haut Moyen Âge). L'appellation la plus ancienne désigne la grande troménie de Locronan, une procession giratoire catholique d'environ douze kilomètres qui se déroule tous les six ans en l'honneur de saint Ronan qui selon la tradition l'a faite tous les jours de sa vie...

Extrait de l’article paru dans le lien du Centre Généalogique du Finistère (n°142 de juin 2017 par Serge Cariou.)

Alain Brélivet a trente-deux ans, en 1889, lorsqu'il devient maire de Locronan. Trois ans plus tôt, il a épousé Marie Catherine Le Doaré, originaire de Plonévez-Porzay. De leur union sont déjà nés trois enfants, huit autres suivront.

Alain Brélivet restera maire de sa commune natale pendant vingt-trois ans.

Il a commencé à travailler comme tailleur de pierre à Locronan, avant de signer un engagement de cinq ans aux Equipages de la Flotte à Brest, peu avant son vingt et unième anniversaire.

Le 25 octobre 1882, il est démobilisé avec le grade de quartier-maître canonnier et rentre à Locronan. Il y ouvre un commerce, rue des Charrettes, une des rues menant à la place de l’Eglise.

En plus de son commerce, de ses fonctions électives et de sa famille, Alain Brélivet consacre un peu de temps aux recherches « technologiques ».

Fort de son expérience de canonnier dans la marine, il tente de mettre au point une protection individuelle contre les balles, qui serait composée d'une plaque de métal inoxydable, de ressorts et de plusieurs couches de tissus spécialement traités, Locronan étant réputée pour ses tissages.

Alain Brélivet avance donc dans ses recherches.

Après de nombreux tâtonnements, en 1896, il pense avoir mis au point un prototype opérationnel, qui se compose d'une plaque de métal et de sept couches de tissus.

Dans un de ses champs, il revêt un cochon de sa cuirasse défensive et fait feu au fusil à deux cents mètres de distance. La bête est touchée, mais n'est pas blessée, la cuirasse ayant arrêté les balles.

Tout à la joie de la réussite de sa découverte, Alain Brélivet envoie des exemplaires de son invention au ministère de la Guerre à Paris.

L'invention de la cuirasse pare-balles aurait pu en rester là, si elle n'était pas venue à l'oreille de trois personnes, qui virent en elle un moyen facile de se faire de l'argent.

La première de ces personnes est le maire de Quimerc'h et conseiller général du canton du Faou, Albert Louppe, qui est aussi ingénieur des poudres et explosifs et directeur de la Poudrerie Nationale de Pont-de Buis.

Le second intervenant est un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, Gustave Heslouin, né à Saint-Hilaire-du-Harcouët, dans la Manche, qui exerce les fonctions de chef de cabinet d'Henri Collignon, préfet du Finistère.

Quant au troisième, Maxime Simonet, un ancien industriel dans la fabrication de papier, il exerce les fonctions d'administrateur de la Société de Cellulose Coton pour Poudre Blanche de Guerre, créée en 1903 sur le site des anciennes filatures de Landerneau. Cette dernière société est le fournisseur exclusif de la poudrerie de Pont-de-Buis en nitrocellulose, produit nécessaire à la confection de la poudre blanche, dite poudre B, produite sous la responsabilité d'Albert Louppe.

Le trio mélange allègrement fonction publique, politique et affaires. En 1903, Albert Louppe se rend discrètement à Locronan, pour y rencontrer Alain Brélivet ; ils y discutent de l’invention de la cuirasse pare-balles. L’inventeur se voit proposer deux cent mille francs (une somme colossale à l’époque), contre l’abandon de son invention aux fins de commercialisation. Ce montant bien sûr lui sera payé dès les premiers contrats de fournitures passés.

L’accord est conclu entre Brélivet et Louppe. Pour des raisons de sécurité, (on touche là à la Sûreté nationale), il sera oral, rien ne sera écrit.

Pourquoi Alain Brélivet se méfierait-il d’un homme décoré de la Légion d’honneur, promis à une longue carrière politique et qui est le directeur d’une des plus grandes poudreries de France ?

Quant à Alain Brélivet, il ne touchera jamais les deux cent mille francs promis.

Alain Brélivet continue à remplir ses fonctions de maire de Locronan, jusqu'en 1912. Il reprend de 1914 à 1918 des fonctions de maire délégué, suite au départ au front de la plupart des membres du conseil municipal de Locronan, où il s'éteint le 24 août 1930.

Mais ce tailleur de pierre, canonnier, commerçant, inventeur et maire, regrettera jusqu'à sa mort que son invention ne fut pas acceptée, perfectionnée et utilisée par l'armée française, son fils Louis Joseph Marie, âgé de vingt-trois ans, étant tombé au champ d’honneur à Arsimont en Belgique, tué d'une balle en plein cœur, à peine quinze jours après le début de la Grande Guerre.

 

 

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