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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec. Qui était Gustave Heslouin ?

Un gilet pare-balles ne protège justement pas les balles.
Ylipe
Artiste, Dessinateur, écrivain, Peintre (1936 - 2003)

Je vous en ai parlé dès le 25 août 2023...

Dans mon article consacré aux amis de Pouliquen.

Y figurait en bonne et due place Albert Louppe.

Et j'y avais reproduit un long très long article sous la plume d'Emile Petitcolas (La Dépêche de Brest 19 janvier 1907)

Cet article raconte en long en large et en travers l'histoire des gilets pare-balles.


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La Dépêche de Brest 26 janvier 1907. En page 2....

 

Ouest-Éclair 20 janvier 1907

 

Qui était Gustave Heslouin ?

Gustave Georges Joseph Heslouin, né à Saint-Hilaire-du-Harcouët le 5 mai 1880 et mort à Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime) le 5 décembre 1935, est une personnalité économique de la Manche.

L’affaire des « pare-balles »

Au début du siècle dernier, le Saint-Hilairien Gustave Heslouin est au centre d’une affaire qui a un retentissement national et même international. Il s’agit de la troublante affaire dite des « pare-balles » que relate en 1965 l’historien local Claude Cheval dans la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville [2].

Alors qu’il est tout jeune chef de cabinet du préfet du Finistère, Gustave Heslouin effectue au début de l’année 1905 plusieurs voyages en France et à l’étranger pour faire connaître la découverte d’un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d’une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers contre les bestiaux [2].

Flairant la bonne affaire, Gustave Heslouin rachète son invention à monsieur Brélivet et s’associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d’une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu [2].

Les premiers essais se révèlent, dit-on, fort concluants car la nouvelle cuirasse résiste aux balles des fusils Lebel. Gustave Heslouin propose d’abord le gilet protecteur au ministère de la Guerre qui déclina l’offre. Il a en revanche plus de succès auprès des Russes en guerre contre le Japon. Il est reçu par le ministre de la Guerre russe puis par le tsar Nicolas II en personne. Un fabuleux contrat est signé en février 1905. Contre une somme de plus de deux millions de roubles, Heslouin s’engage à fournir cent mille « pare-balles » à l’artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doit pas excéder le poids de 4,100 kg [2].

À Saint-Hilaire-du-Harcouët, Heslouin transforme une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets [2]. Venus pour la plupart de Fougères (Ille-et-Vilaine), quatre cent ouvriers sont recrutés [2]. Et les ateliers tournent bientôt à plein régime. Il faut même embaucher cent cinquante ouvriers supplémentaires. Hélas, la visite, en juin, d’un officier supérieur de l’artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin [2]. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d’un faux poinçon [2]. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de Mortain. Gustave Heslouin perd son procès deux ans plus tard [2]. Et les Russes perdent la guerre contre les Japonais.

L’usine des « pare-balles » ferme ses portes en septembre 1905 [2]. Le stock des gilets y reste jusqu’en 1914 [2]. Gustave Heslouin parvient à le vendre à l’armée française, mais les poilus rechignent à utiliser ces « cuirasses » trop encombrantes [2]. Il reçoit pourtant une nouvelle commande de plusieurs millions de francs un an plus tard [2]. Il se présente sans succès aux législatives de 1910.

Missions gouvernementales

En 1915, il est envoyé en mission à New-York (États-Unis). Pendant cette mission, malgré qu'il soit classé apte au service militaire par le conseil de révision, il ne se présente pas à son régiment [3]. Il est déclaré insoumis au service militaire pour raisons de santé en 1917 [3]. Il séjourne ensuite à Istanbul (Turquie) où vit son frère, Pierre Heslouin. Il y est emprisonné sur accusation d'espionnage.

Condamnations

Il revient en France vers la fin des années 1920. Il est condamné pour plusieurs motifs (escroquerie, abus de confiance, émission de chèque sans provision) [3] dont un à l'encontre de Joséphine Baker. Sorti de prison, il ne réussi pas à se réinsérer et se donne la mort le 5 décembre 1935 à Caudebec-lès-Elbeuf.

 

Notes et références

  1.  Naissance : « Acte n° 109 » — Archives de la Manche ­— (NMD) Saint-Hilaire-du-Harcouët 1878-1882 (3E 484/15) — Vue : 233/578  GaucheHaut.jpg
  2.  Revenir plus haut en :2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 et 2,12 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.
  3.  Revenir plus haut en :3,0 3,1 et 3,2 Recrutement militaire : « Matricule n° 1060 » — Archives de la Manche ­— (Registre matricule) Bureau de Granville, classe 1900 (1 R 2/102 - 1 R 2/105) — Vue : 550 et 551/966  GaucheHaut.jpg

 

Décryptage. Quand la Manche a failli armer la Russie

Historien. Gustave Heslouin, entrepreneur saint-hilairien, proposa en 1905 ses services à l'armée russe, en fabriquant des gilets pare-balles.

Quand les Russes débarquent à Saint-Hilaire-du-Harcouët… Aujourd'hui, ce titre aurait de quoi faire craindre le pire au regard du contexte international. A l'époque, en 1905, la Russie était l'alliée naturelle de la France et c'est sur fond de guerre russo-japonaise que des émissaires russes se sont rendus à Saint-Hilaire pour investiguer sur ce qui deviendra une affaire au retentissement national et même international. "L'étrange affaire des pare-balles", comme elle fut qualifiée par les journalistes, a en effet défrayé la chronique judiciaire et médiatique, "en y concentrant toutes les vicissitudes de l'époque - embrouilles politiques, espionnage et même un duel qui eut lieu à Mortain", relate Georges Dodeman, historien local, dans son livre "Saint-Hilaire-du-Harcouët au fil du temps".

Heslouin reçu par le tsar Nicolas II

L'affaire débute au croisement de La Grande Lande, depuis rebaptisé Les Pare-Balles. Début 1900, Gustave Heslouin est jeune chef de cabinet du préfet du Finistère. Il effectue, début 1905, plusieurs voyages en France et à l'étranger pour faire connaître la découverte d'un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d'une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers des bestiaux. Flairant la bonne affaire, Heslouin lui rachète l'invention et s'associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d'une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu. Un concept déjà à l'étude à la même époque par d'autres inventeurs.

Un juteux contrat signé avec les Russes

Selon les récits historiques, "les premiers essais se révélaient fort concluants car la nouvelle cuirasse résistait aux balles des fusils Lebel". Gustave Heslouin proposa d'abord le gilet au ministère de la Guerre français qui déclina l'offre. Il eut en revanche plus de succès auprès des Russes, en guerre contre le Japon. Le sud-Manchois est même reçu à Saint-Petersbourg par le ministre de la Guerre russe, puis par le tsar Nicolas II. Un juteux contrat est alors signé en février 1905. "Contre une somme de plus de 2 millions de roubles", Heslouin s'engage à fournir 100 000 gilets pare-balles à l'artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doit pas excéder le poids de 4,100 kg.

A Saint-Hilaire, l'entrepreneur transforme donc une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets. Venus pour la plupart de Fougères, plus de 500 ouvriers sont recrutés. Et les ateliers tournent à plein régime. Hélas, la visite, en juin, d'un officier supérieur de l'artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d'un faux poinçon. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de Mortain. Et Gustave Heslouin perd son procès en 1908, tandis que les Russes, eux, perdent la guerre contre les Japonais, sans relation de cause à effet.

La commande resta sur les bras du jeune Heslouin et l'usine des "Pare-balles" ferma en septembre 1905. Le stock des gilets y resta jusqu'en 1914. Gustave Heslouin parvint toutefois à le revendre à l'armée française "pour plusieurs millions de francs", mais les poilus rechignèrent à utiliser ces "cuirasses" trop encombrantes. La fabrication des pare-balles, elle, avait été relancée aux États-Unis.

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