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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec. L’Action Républicaine du mercredi 4 juillet 1923.

Le premier article date du mercredi 4 juillet 1923.

Car L'Action Républicaine ne paraissait que deux fois par semaine, le mercredi et le samedi.

Une disparition mystérieuse

Depuis quelques temps les grands quotidiens de Paris, entretenaient leurs lecteurs de la disparition de M. Quemeneur, conseiller général du canton de Landerneau, qui parti, le 25 mai de son domicile en compagnie de M. Seznec, n’y avait pas reparu.

L’affaire paraissait assez banale, les lecteurs de la région la considéraient comme tant d’autres, lorsque vendredi, la ville de Dreux fut mise en émoi par l’arrivée de M. Vidal, commissaire à la Sûreté générale qui venait accompagné de plusieurs agents et de M. Seznec vérifier l’emploi du temps de ce dernier, lors de son passage à Dreux.

Mais remontons plus haut pour rappeler la genèse de cette affaire criminelle qui est restée jusqu’à ce jour mystérieuse.

Le 25 mai, au matin M. Quemeneur partait en automobile avec M. Seznec, pour se rendre à Paris, où il devait toucher un chèque de 80.000 fr. et conclure un marché de voitures automobiles qu’il devait expédier en Russie. Le jour même, les deux voyageurs arrivaient à Dreux à 5 heures du soir, et une panne, les ayant surpris rue d’Orfeuil, ils allèrent faire réparer chez M. Hodey, garagiste même rue ; la réparation terminée, ils allèrent prendre un apéritif, chez M. Noé, place Rotrou, et les deux voyageurs prirent la route de Paris.

Le lendemain 26, M. Seznec repassait seul à Dreux, une nouvelle panne, le fit passer chez M. Hodey, et la réparation terminée, il partit en prenant la direction de la Bretagne.

La famille de M. Quemeneur ne le voyant pas rentrer signala sa disparition au Parquet, et M. Seznec qui seul était capable de donner des renseignements sur l’emploi du temps de son compagnon de voyage fut appelé à Paris, au service de la Sûreté, qui avait confié l’affaire à M. Vidal. Ce dernier l’interrogea sur la disparition de M. Quemeneur, et devant ses déclarations qui se contredisaient il prit la résolution de le conduire à Dreux, pour commencer son enquête.

Arrivé vendredi à 11 h 1/2 du matin, en compagnie des policiers, Seznec fut gardé vue au commissariat de police ; à 4 heures de l’après-midi, après une visite au Parquet, M. Romillat, procureur de la République, M. Girod, juge d’instruction ; M. Baumelou, commissaire de police, montaient en automobile, accompagnés de M. Vidal, de ses agents, de Seznec à qui ils firent faire le trajet qu’il avait déclaré avoir fait le 25 mai.

Tout d’abord M. Seznec avait dit que M. Quemeneur en présence des pannes d’auto qui se renouvelaient et qui était pressé de se rendre à Paris, avait pris le train à la gare de Dreux, puis que lui s’était dirigé seul sur Paris, où son compagnon lui avait donné rendez-vous, mais qu’avant de gagner la Queue-les-Yvelines, il avait encore eu une panne, et qu’il avait garé sa voiture dans un chemin aux environs de Millemont, petit bourg entre Béhoust et la Queue-les-Yvelines et qu’après avoir passé la nuit dehors, il avait pu faire faire les réparations dont sa voiture avait besoin et qu’il était reparti pour gagner la Bretagne.

Toutes ces explications ayant semblé louches à M. Vidal, celui-ci le ramena le soir à Dreux où il arriva à 10 heures du soir. Après avoir pris un léger repas, un nouvel interrogatoire recommença pour prendre fin à trois heures du matin, mais M. Seznec ne voulait pas entrer dans la voie des aveux, et le lendemain à 11 heures, il montait en voiture pour faire le parcours Dreux à Paris. A Houdan, les policiers acquirent la certitude que M. Quemeneur et M. Seznec avaient dîné, le soir du 25 mai à l’Hôtel du Plat-d’Etain, qu’à la gare, l’automobile contenait encore deux voyageurs, ce qui est la preuve la plus évidente que M. Quemeneur n’avait pas pris le train à Dreux, puis passé Houdan on perd la trace de M. Quemeneur.

Détail bien compromettant pour M. Seznec qui dit n’avoir pas dépassé avec sa voiture, la Queue-les-Yvelines, mais sur les roues de son automobile, on a relevé des traces de goudron, or il n’y a du goudron sur la route que loin de la Queue-les-Yvelines au environs de St-Cyr-l’Ecole, donc on peut penser que Seznec, au lieu de passer la nuit dans sa voiture à Millemont, a pu se rendre à Paris dans le courant de la nuit.

Cette deuxième enquête terminée M. Vidal et ses agents ont emmené à Paris, leur prisonnier, car un mandat d’arrêt avait été délivré contre lui par le Parquet de Brest.

Samedi, M. Baumelou accompagné de deux agents emmenant les chiens policiers s’est rendu au Quatre-Piliers pour fouiller les bois dans la forêt de Rambouillet. Leurs recherches sont restées sans résultat et au cours de l’après-midi, le bruit se répandait à Dreux qu’on venait de trouver le cadavre de M. Quemeneur dans les carrières de Comteville ; bruits erronés lancés par quelque Lemice-Térieux et dimanche, lundi, les bruits persistant M. Baumelou accompagné de ses agents, de ses chiens policiers et des gendarmes, se sont rendus dans les prés près du Bû pour les fouiller, mais à l’heure où nous finissons d’écrire cet article, nous ignorons les résultats des recherches opérées ; de nombreux agents de la sûreté explorent encore aujourd’hui les bois, les carrières environnantes.

« Seznec a ensuite indiqué le lieu de sa seconde panne, qui est à deux kilomètres au-delà de La Queue-les-Yvelines. C’est à cet endroit, reconnaissable à un chemin de traverse qui coupe la route et conduit à des bâtiments distants de 500 mètres environ, que Seznec prétend avoir fait demi-tour vers six heures du matin pour rentrer à La Queue deux heures plus tard. Il résulte que pour parcourir les 20 kilomètres qui séparent Houdan de cet endroit, il lui a fallu de huit à neuf heures. »

Le Petit Journal, 1er juillet 1923, 

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