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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec. La belle pagaille de Madame Bosser avec Georges Le Hainaut dit Jo la terreur...

Le délire est sans conteste plus beau que le doute, mais le doute est plus solide.
Emil Michel Cioran

L’Humanité, 18 octobre 1948

 

L’Humanité, 26 octobre 1948

En plus des délires de Maurice Privat...

En plus des délires du juge Charles Victor Hervé..

On a eu aussi ceux de Marie-Françoise Bosser...

Enquillés par Catherine Clausse, of course.

Leurs délires sur Jo La Terreur valent leur pesant de boudin (frelaté !!!)…

J'explique....

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Dans "Cinq colonnes à la Une" du 2 juin 1967...

Madame Bosser : Il y a énormément de personnages, énormément...

Frédéric Pottecher Il y a le fameux Georges Hainaut...

Mme B : Georges Le Hainaut dit Jo la terreur...

P : Mais vous savez très bien que ce n'est pas lui… Vous savez bien qu'on a dit que c'était pas lui...

Mme B : Moi, je crois que c'est lui… Parce que les indicateurs ont des identités très difficiles à établir. Ils ont plusieurs orthographes à leurs noms, plusieurs domiciles, plusieurs métiers quelquefois...

P : Et quel rôle aurait-il joué dans cette histoire ? Il aurait dénoncé Seznec au Havre ?

Mme B : Georges Le Hainault qui aurait soi-disant vu Seznec dans le train entre Rouen et Le Havre et qui l'aurait remarqué à sa paupière clignotante.

P : Oui mais remarquez qu'il n'était pas seul, il y en avait un autre qui était avec lui.

Mme B : Il y avait Legrand avec lui, un nommé Legrand avec lui. Ils sont venus aux Assises et j'ai lu dans le dossier des Assises, Seznec se met en face d'eux et dit : "Enfin, qu'est-ce que vous avez tous à m'accuser ??? On dirait que vous êtes tous de la même boîte !" Il doutait pas Seznec. C'étaient des indicateurs, bien sûr. Georges Le Hainault était un indicateur ami de Bonny...

P : Ami de Bonny ?

Mme B : Ami de Bonny dont il a recueilli les enfants quand Bonny fut fusillé après la guerre.

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Georges Hainnaux, dit Jo-la-Terreur

Chez Denis Seznec en page 483 :

 

Pour Georges Hainnaux...

A lire la merveilleuse chronique signée François Forestier. Dans L’Obs du 26 novembre 2021 :

Marloupin, voleur à la tire, escroc grand style : les Mémoires de Jo-la-Terreur

Il fut le pégriot de marque, le truand chicard, l’escarpe à l’affiche de l’avant- (et de l’après-) guerre (de 14). Georges Hainnaux, dit Jo-la-Terreur maniait la lame, le charme et la crapulerie avec talent. Cheveux blancs, costard sur mesure, cravate de baron, chapeau de chez Sols (« Un seul, mais un Sols »), mine de bourgeois, notre homme a fait partie du Tout-Paris des bas-fonds au début du siècle, et a consigné ses souvenirs (et ses titres de gloire) dans « Mémoires de Jo-la-Terreur », qu’un nègre, Maurice-Ivan Sicard, a mis en ordre pour les Nouvelles Éditions Latines en 1934. Marloupin, voleur à la tire, frappe des quartiers interlopes, escroc grand style, et peut-être assassin mêlé à l’affaire Stavisky, Jo a mal fini : il est devenu indic pour la Tour Pointue, ce qui lui a valu, dit-on, de mourir dans son lit à un âge respectable. Y a pas de justice.

Dès les premières pages, Jo jure de dire « la vérité, toute la vérité ». Traduction : je vais mentir comme un arracheur de dents. Méfiance, donc, le gars a tendance à faire le beau. Débuts dans la vie : concours de bébé (« J’eus le premier prix »), puis enfant de chœur, puis piqueur de troncs d’église, puis joueur d’orgue de Barbarie, puis copain avec le fils de la Goulue, puis ami avec Amélie Hélie (la fameuse « Casque d’Or »), puis lutteur de foire… Quelle vie ! Georges Hainnaux s’engage comme acrobate dans un cirque, pose pour la foire aux modèles boulevard Raspail, est repéré par Rodin (oui !), fait de la figuration pour le peintre Steinheil (qui finira assassiné par sa femme, la fameuse Mag, la « connaissance » du président Félix Faure, mort pendant un air de flûte que lui jouait la belle). Voici Jo qui traîne à Montmartre, où « apparaissent toutes sortes de types inoubliables ». Il se bagarre sur les fortifs, guinche au « Petit Balcon », déguste des frites « rissolées au saindoux » sur les quais de la Seine, avec Gégène de Gravilliers, son pote.

Enchristé à la Roquette, il sort de prison pour côtoyer des « libertaires » qui prônent la « reprise individuelle ». Ils finiront mal : la bande à Bonnot sera raccourcie à coups de dynamite ou de guillotine. Seul Kilbatchiche (devenu Victor Serge) s’en sortira… Spécialisé dans le racket des maquereaux, Georges Hainnaux file à Londres avec Dédé de Dunkerque et Julot le Boulonnais, fait des « couchers » pour des femmes « de grandes maisons », s’engage sous un faux nom dans la Légion Étrangère en septembre 1914, s’injecte du pétrole pour être réformé, et devient un « illustre voyageur en viande fumelle », avant de faire un détour par l’Amérique du Sud, et d’acheter, au retour, un garage à Arcueil. Peinard, enfin ?

Lecture sympathique

Pas question. Il s’acoquine avec un perceur de coffres (le gars se nomme Baptistin Travail, un blaze qui sent la honte), croise le chemin d’Almeyreda (le père de Jean Vigo), monte un bar pour « charmants éphèbes » rue Richer, traficote avec le baron de Lussatz, truand notoire, et avec l’inspecteur Bonny (le futur salopiau du tandem Bonny et Lafont, les inventeurs de la Gestapo française). Tous les potes de Jo se font bigorner, Léon les chiens, Tché-Tché, Pattes-de-dinde, Coco Gâteau, Trombine… Devenu garde du corps de Stavisky, Jo-la-Terreur serait aussi l’amant de Violette Morris, salope confirmée, butch sadique, championne du Bol d’Or auto, lanceuse de poids, collaboratrice de la Gestape, qui s’est fait ratiboiser les seins pour faire mec. Là, c’est de l’héroïsme pur, car le physique de la dame est quelque chose entre un Sumo banlieusard et un tas de charbon passé au gel capillaire. Elle sera farcie de plomb en 1944.

Lecture sympathique, donc, que ces « Mémoires » retapées par Sicard, nègre qui fut d’abord de l’ultra-gauche avant de se ranger sous la coupe de Doriot et d’être condamné aux travaux forcés à la Libé. Jo-la-Terreur, lui, a gagné son titre de gloire en devenant le personnage principal des « Pégriots », gros livre d’Auguste Le Breton (1973). La vie de Georges Hainnaux prouve, bien sûr, que le crime ne paie pas. Mais la canaillerie, si.

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Pour ce qui est de la mort de Violette Morris...

Je vous conseille l'article de Frédéric Leterreux qui suit :

Un piège tendu sur une route de l’Eure

L’ancienne pilote de course n’a pas pour habitude d’admirer le paysage quand elle conduit… À tel point que, lorsque le guetteur donne le signal quand il la voit arriver entre Epaignes et Lieurey, il est trop tard. Les hommes du maquis Surcouf laissent volontairement filer la voiture qui leur passe sous le nez dans un nuage de poussière. La conductrice, qui n’a rien vu ni entendu, roule à tombeau ouvert en direction de Beuzeville. Qu’importe, les résistants décident de retenter l’opération au retour. Avec un obstacle immobile, cette fois : un attelage tiré par un cheval peu craintif.
Pendant ce temps, Violette Morris retrouve des amis, des commerçants de Beuzeville. Ils se sont enrichis grâce au marché noir. Ils s’apprêtent à partir à la communion solennelle de la sœur du gendre à Neuilly. La « hyène de la gestap » leur propose de les emmener. Ce sont finalement six personnes (les commerçants de Beuzeville, leurs deux fils et le gendre) qui s’entassent dans la Traction. 

Le maquisard réagit au signal du guetteur. Il sort lentement l’attelage pour le mettre en travers de la route. Surprise, la conductrice ne peut éviter l’embardée. La voiture, la calandre dans le talus, est prise sous le tir croisé de cinq armes automatiques. Selon la version officielle, tous les passagers sont tués sur le coup, criblés de balles. Y compris Violette Morris. Pourtant protégée par la carrure d’un des passagers, elle n’aurait pas réussi à sortir vivante du piège.

La scène du crime nettoyée

La tâche des hommes de l’ombre n’est pas terminée pour autant. Il faut maintenant « nettoyer », et rapidement, la scène du guet-apens. Les douilles sont minutieusement retirées, les traces de la perte de contrôle effacées, les impacts de balles rebouchés. Les corps sont aussitôt transportés et enterrés dans une ferme voisine. La deuxième partie de l’opération est tellement parfaite que les policiers de Rouen venus enquêter sur l’étrange disparition quelques jours plus tard, n’y voient que du feu. Les corps ont été transportés dans un village voisin et jetés dans une mare. Quant à Violette Morris, sa dépouille a reposé pendant quelques années dans le cimetière d’une petite commune du pays d’Auge, au Pin. Abandonnée, sa sépulture a été finalement relevée. Ses restes ont été mis dans une fosse commune. 

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Voilà...

De 1948... à 1967... à 2003... à avril 2005...

Encore et toujours des menteries...

Qui ont embrouillé l'affaire Seznec comme jamais.

On n'a pas le droit aujourd'hui de se revendiquer des idées folles du juge Hervé...

Ou de celles de Marie-France Bosser...

Sans compter celles de Catherine Clausse.

Et celles de Denis Seznec.

Aujourd’hui…

C'est difficile mais pas infaisable de récurer l'affaire Seznec avec la lessive de la vérité.


Liliane Langellier

P.S. Quelques éléments d'état civil de Georges Hainnaux :

Né le 27 avril 1895 à Boulogne/Seine.

De Julie Billon blanchisseuse et d’Emile Hainnaux briqueteur.

Registre Matricule N° 7189 en Classe 1922.

Il a eu 20 ans en 1915.

[Après quelques batailles dans les tranchées de 1914 - où il est blessé - il déserte fissa en Espagne].

Marié à Suzanne Russon le 16 février 1939 à Jeufosse (Seine-et-Oise).

Divorcé le 2 février 1967.

Marié à Léonie Steger le 24 juillet 1967 à Vinneuf (Yonne).
 

Mort le 17 mars 1985 à Paris 15e.

 

In "Les Pégriots" d'Auguste Le Breton

Par Bertrand Poirot-Delpech

Publié dans Le Monde du 27 décembre 1973 :

GEORGES HAINNAUX, dit Jo la Terreur, est né il y a soixante-dix-neuf ans à Boulogne-sur-Seine. Malgré un père pauvre et ivrogne, sa mère, lingère et pieuse, aurait pu lui épargner le " sirop de rue ", s'il n'y avait lui-même pris goût très tôt, du fait de sa force naturelle, par dépit et défi. Dès seize ans, il vagabonde et vit d'expédients dans les foires avec les " banquistes ", dont le fils de La Goulue. Un premier séjour en prison, un autre dans les mines de Courrières, deux mois de Petite Roquette pour un joli vol de fourrures, des débuts de boxeur et de modèle, des coups de poing, des coups de cœur dont la rencontre, décisive, avec l'" équipe de fer " du caïd René Lambert, et voilà le destin de Jo scellé : ni barbeau ni bricoleur isolé, de la graine de garde du corps prêt à tuer sans phrase, de second farouche pour opérations d'envergure, trafics d'influence, racketts, armes en tous genres.

C'est sa bande, par exemple, qui aurait fourni à Bonnot, contre des faux papiers et des voitures maquillées, l'arsenal utilisé rue Ordener. Car nous sommes en 1911, dans le Pigalle de Carco et de Mac Orlan, moins proche de nous que des Mystères de Paris et des Misérables, du temps où les mauvais garçons portaient encore des melons aux couleurs fondantes et leurs protégées le haut casque d'or. A Soho aussi, où ils se réfugient après un braquage terminé aux assises, c'est encore le folklore de la Belle Époque du crime !

EN Espagne, où il déserte en 1914 après avoir reçu dans le crâne quatre éclats d'obus qui y sont encore, Jo met à profit le goût qu'il a toujours eu pour les grands de ce monde, et que ceux-ci lui ont généralement rendu. C'est ainsi qu'à Santander il donne des leçons de gymnastique à Alphonse XIII.

Un an de Brésil, et c'est le retour en France, un coup manqué, les assises où l'attente du verdict lui fait blanchir les cheveux subitement, l'exécution au couteau du comparse qui l'a vendu, seconde retraite à Londres, et de nouveau la fréquentation des célébrités, comme tenancier de bar chic avec l'ancienne maîtresse du marquis de Vogué, puis comme garde du corps loué au plus offrant.

Ainsi le voit-on escorter tour à tour le prince Antoine d'Orléans, petit-fils de Louis-Philippe, Me Henri Torrès et son client Schwartzbard, qui a tué le Cosaque Petlioura, organisateur de pogroms en Ukraine, ou encore le prince Carol de Roumanie. Ces précédents devaient l'amener tout naturellement aux confins de l'escroquerie supérieure et de la haute corruption mondaine, c'est-à-dire au service de Stavisky.

Quand Jo fait la connaissance du fameux M. Alex, ce dernier a déjà monté ses affaires du Mont-de-piété et d'immobilier - un précurseur. Il a déjà suffisamment compromis de députés et de fonctionnaires, dont le substitut Prince, pour que les poursuites s'évanouissent et que les dossiers disparaissent. Mais il faut faire taire des petits maîtres chanteurs et des créanciers impatients. Jo s'y emploie et fait même du zèle : le 6,35 avec lequel Stavisky se suicidera en Savoie serait un cadeau de lui...

SON rôle devient capital après février 1934 quand l'opinion attend passionnément les noms des personnalités corrompues. Avant d'être arrêté, le complice Romagnino a confié les talons de chèques à Jo, avec mission de les remettre à l'avocat Raymond Hubert. Celui-ci les refusant, le garde du corps hésite à en faire de l'argent, de la dynamite politique, pour finalement les abandonner, sans même obtenir la prime promise, à l'inspecteur Bonny.

Le même Bonny qu'il est ensuite sommé de charger, lors d'un procès contre Gringoire, par des truands corses amis de l'hebdomadaire. Mais notre homme a horreur des pressions, surtout au profit de " caves ", et fût-ce en vue d'enfoncer un policier. Il commence aussi à penser retraite, sur une péniche. C'est là qu'après avoir eu un fils et fait évader en 1939, d'un camp d'" indésirables ", le futur Ricord, aujourd'hui condamné en Amérique pour trafic de drogue, il passera l'occupation et l'après-guerre, riche d'un ultime coup contre la Gestapo de Sète...

Parfois, la tentation le reprend. Mais le marché noir a " gâché " les anciens réflexes du milieu, qu'il ne " sent " plus. Pour les truands, aussi, la génération qui suit a quelque chose d'insaisissable et de décourageant : ce doit être ce qu'on appelle vieillir. Il ne lui reste donc plus qu'à manger doucement le magot caché sous sa péniche, agrémenté de quelques cachets de cinéma comme doublure de Charles Vanel, et à se souvenir, à enjoliver le passé. Des heures entières, dans quelque église vide, c'est ce qu'il fait désormais, au retour des cimetières où, presque chaque après-midi, il va fleurir les tombes de sa mère et du Grand René !

CETTE sensiblerie et ce culte des morts peuvent étonner de la part de qui se vante d'avoir tant tué. C'est que Julie Hainnaux et le caïd de l'" équipe de fer " ont été, à eux deux, toute sa vie, ses deux seuls respects, ses uniques amours, les piliers de sa vocation, ses conseillers d'outre-tombe. Sans la misère, sa mère à venger, il ne se serait pas révolté sur le modèle de René, devenu mieux que son père : son Vautrin. Leur disparition le brisera, sans pour autant l'autoriser à devenir tout à fait adulte. Sa peur de s'attacher à Marie " brin d'amour " - " ça m'affaiblirait dans le métier ", " je ne la mérite pas " - ne semble qu'un prétexte à rester " collégien ", à revenir se blottir dans la maison natale de Boulogne et y sabler le Champagne avec maman. Le freudisme pourrait en dire long sur le choix, pour finir ses jours, d'une péniche au fil de l'eau maternelle !

Le besoin de compenser cette dépendance, en même temps que l'injustice sociale - et sa petite taille, - explique le culte du muscle, le snobisme des rencontres et des rôles historiques, la jouissance mal exploitée de détenir les talons de chèques de Stavisky, ainsi que certaines vantardises. Comme Papillon et, sans doute, encouragé par son biographe, Jo a tendance à puiser pour son compte dans le fonds commun des coups jamais éclaircis et des exploits invérifiables. L'appartenance au milieu donne droit, aussi, à ce partage des légendes, dont le fin mot importe peu.

CE qui compte, c'est un profil-type de " pégriot " de ce demi-siècle, et notamment de sa morale courante. Celle-ci n'a rien à voir avec la subversion radicale d'un Genet s'acharnant à devenir le paria que son péché originel a fait de lui et poursuivant comme idéal la parfaite abjection, trahison ou génocide hitlérien, par exemple (2).

Malgré le testament du Grand René - " toutes les femmes sont des ordures, sauf nos mères ", - Jo a son " coin de ciel bleu ", l'amour pur pour Marie. " Garde-la-toi, c'est parfois bon de ne pas salir ", conseillait le caïd lui-même. S'il est contre les prêtres, les religieuses trouvent grâce à ses yeux, par assimilation au dévouement maternel. Les enfants sont également sacrés, parce qu'encore vierges des salissures de la société. Ainsi voit-on la " Terreur" chasser les mouches d'un landau, distribuer des livrets d'épargne à tous les nouveau-nés d'un village et aider le fils de son ennemi l'inspecteur Bonny. De même, il rançonnera au profit des familles d'emprisonnés, méprisant les affaires de drogue ou de proxénétisme - cette " bourgeoisie " du milieu.

Pour le reste, pas de cadeau : tirer le premier, " achever l'ennemi ", " foutre la merde ", " appliquer les leçons apprises sur le bitume et payées comptant avec sa chair et sa liberté ; le reste ? du vent... ". Pas de pardon, notamment, pour les " micmacs politico-financiers ", la " fripouillerie de haut vol " des " gros qui font les lois ". Vive l'anarchiste Bonnot !

MAIS des restes de vieille morale, sans doute venus du tabou et de l'exemple maternels, corrigent, comme malgré lui, ces velléités de férocité sans base doctrinale. Bien qu'il ne doive à la France que " prison et misère ", il hésite à trahir " le pays où il est né ", au profit des sous-marins allemands ou de la Gestapo qui, de surcroit, ne laisse pas leurs " chances " à ses victimes. Car un code d'honneur subsiste : on ne tire pas un truand dans le dos, on respecte qui s'est bien battu, on continue à rendre une certaine justice...

Les choses ont pu changer, Jo lui-même s'en plaint. En tout cas, les " pégriots " de son temps, peut-être faute de conscience politique, auront moins incarné une contre-société redoutable pour l'ordre établi qu'un îlot de contre-valeurs repoussoirs sur le mode quasi-bourgeois du " chacun pour soi " ; moins l'hypocrisie et l'esprit d'épargne - ce qui n'est pas peu.

(1) Robert Laffont, 532 pages, 39 F.

(2) Saint-Genet, Gallimard 1952.

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