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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

L’Écho Républicain. Affaire Seznec, 100 ans après : les mystères d'un crime sans cadavre impliquant Dreux et Houdan....

Avec mes excuses pour ce délai de publication...

Je ne suis pas abonnée à L'Echo Républicain.

Et, absente de Nogent-le-Roi, je viens juste de récupérer un exemplaire du journal.

Une superbe double page...

Avec l'interview de Rémi Coutin procureur de la République à Chartres et un reminder du film d'Yves Boisset.

Grand merci à Olivier Bohin.

 

L’affaire Seznec n’a, peut-être, pas livré tous ses secrets. Plusieurs pièces de ce lourd dossier ont pour cadre Dreux et sa région. Tout a débuté le 25 mai 1923, jour de la disparition, du conseiller départemental du Finistère, Pierre Quéméneur, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Un siècle plus tard, sa disparition suscite toujours des interrogations, des interprétations, malgré le refus de la justice d’un nouveau procès.

Guillaume Seznec, 45 ans, propriétaire d’une scierie Traon-ar-Velin, près de Morlaix, sera-t-il un jour réhabilité ? Jusqu’à présent, la justice a toujours refusé de rouvrir le dossier et d’instruire un nouveau procès pour celui qui, le 4 novembre 1924, fut condamné aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de Pierre Quéméneur, 45 ans, négociant à Landernau, et conseiller général du canton de Sizun (Finistère). Pour son petit-fils, Denis Le Her Seznec, l’erreur judiciaire ne fait aucun doute et l’anime depuis tant d’années dans son engagement d’une révision du procès.

Mais ses neuf demandes ont toujours abouti à des refus de la Cour de révision, lui laissant un goût amer, sans pour autant entamer sa détermination. « Les juges français ne reconnaissent jamais l'erreur judiciaire », déclarait-il au lendemain d'un nouveau rejet, en décembre 2006. Mais lors d'une conférence à Luray, il ajoutait comme un infatigable militant : « Le peuple français à réhabilité mon grand-père. »

La double page de L'Echo Républicain du 31 mai 2023

Dreux et Houdan, deux lieux Seznec.

Le dossier n'a pas fini de susciter des interrogations, « des fantasmes même », poursuit Liliane Langellier. Installée à Nogent-le-Roi, cette ex-journaliste de L'Express est l'autrice d'un blog (*) sur l'affaire, riche de près d'un millier d'articles. Elle explique : « Dreux et Houdan ont été des lieux Seznec. La trajectoire de Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, passe par le territoire drouais à la faveur d'un voyage d'affaires qu'il effectue le 25 mai 1923 avec Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère. Partis de Rennes, les deux hommes sont censés rencontrer un homme d'affaires à Paris pour la vente d'une Cadillac.

Mais leur voiture multiplie les pannes, dont des crevaisons, et finit par s'arrêter à Dreux, dans le garage tenu par Émile Hodey, situé à l'angle de la rue d'Orfeuil et de la rue du Bois-Sabot, ex-nationale 12. « Au bout de quatre heures, la réparation est faite... Mais la voiture retombe en panne rue Parisis », rapporte Liliane Langellier. Finalement, la Cadillac est de nouveau en état de rouler et file vers Paris « avant de connaître une nouvelle panne ».

Alors que la nuit tombe, c'est un phare qui donne des faiblesses. Le temps du changement de la lampe par un quincailler, les deux associés dînent au restaurant Le Plat d'Etain. « Les témoignages disent que Quémeneur était joyeux, Seznec avait la mine plus fatiguée. »

L'énigme du train...

L'une des clés de l'affaire est de savoir si Pierre Quémeneur a fini par prendre le train à Houdan pour être sûr d'être à l'heure à Paris à son rendez-vous d'affaires. Guillaume Seznec n'a cessé de marteler cette hypothèse, tout comme son petit-fils, Denis Seznec, qui a toujours affirmé que son grand-père a pris un train pour Paris (**). Selon Liliane Langellier, « les deux hommes ont été vus pour la dernière fois ensemble devant la gare de Houdan, car ils s'étaient trompés de direction et n'avaient pas poursuivi par la nationale 12. Arrivés à la gare, ils auraient fait demi-tour et auraient repris le bon sens vers Paris ».

La voiture aurait de nouveau été victime d'une crevaison, puis d'une panne d'essence. Guillaume Seznec aurait été vu le lendemain, le 26 mai, chez un pompiste de La Queue-les-Yvelines, à 15 km de Houdan. « Mais sans Pierre Quémeneur. » On ne le reverra jamais.

« C'est un crime sans cadavre, un simple fait divers qui a pris des proportions insensées. A l'époque, les Bretons s'en étaient emparés, la comparant à l'affaire Dreyfus... sans penser qu'il pouvait être coupable », résume Liliane Langellier.

Dans son itinéraire toujours enveloppé d'un halo de mystère, Guillaume Seznec, lui, est réapparu à Morlaix, quelques jours plus tard, sans doute le 28 mai 1923. « Il a toujours dit que Pierre Quémeneur était parti faire des affaires aux USA. » Et il n'a cessé de clamer son innocence. Sa défense était de dire : « Montrez-moi le cadavre ! » »

Depuis un siècle plusieurs pistes drouaises ont été échafaudées pour retrouver le corps de Pierre Quémeneur. L'épisode le plus récent remonte au 5 décembre 2018, lorsqu'une nonagénaire, ex-habitante de Saint-Lubin-de-La-Haye, affirme que Pierre Quémeneur serait enterré dans le cimetière du village. Il aurait été tué par le garagiste de la bourgade. Finalement, cette piste n'a pas abouti, tout comme celle de Lormaye, commune où aurait été enterré Pierre Quémeneur. « Trois lieux d'inhumation avaient été évoqués. Finalement, tout cela n'a pas tenu et s'est terminé par un procès qui a innocenté la personne mise en cause. »

Le cadavre de Pierre Quémeneur reposerait aussi à Garnay, dans le secteur du château. Là aussi, cette piste, vérifiée par les gendarmes, n'a jamais abouti.

En un siècle, ce « roman-feuilleton » a généré un flot continu de publications, avec parfois des contre-enquêtes comme celle de Michel Pierre, agrégé d'histoire. Dans son livre sorti en 2019, L'impossible innocence, Histoire de l'affaire Seznec (Tallandier), il écrit en conclusion : « Dans la mesure où depuis près d'un siècle, rien n'est venu contredire le verdict, il faut bien en revenir à la seule certitude qui vaille : celle de la culpabilité. »

Denis Seznec, au lendemain du refus de la Cour de révision, (lire notre édition du 20 décembre 2006), expliquait son intérêt « à explorer toutes les pistes ». Comme une histoire sans fin.

 

"Un dossier passionnant qui touche un des mystères judiciaires"

Dans la vie d'un procureur, il y a des affaires que l'on n'oublie pas. Rémi Coutin, procureur de la République à Évreux, dans l'Eure, a passé de nombreuses années au parquet de Chartres et c'est là qu'il a eu l'occasion de se pencher sur l'affaire Seznec.

« C'est un dossier passionnant qui touche un des mystères judiciaires. C'est une chance pour un procureur de la République de pouvoir se pencher sur ces grandes affaires qui ont marqué un siècle. »

Rémi Coutin ne regrette pas ces quelques mois de travail, même si la piste suivie par les enquêteurs a mené une fois encore les gendarmes et le juge dans une impasse.
C'est en 2018 que l'affaire Seznec ressurgit en Eure-et-Loir par la voix d'une dame qui coule une vieillesse tranquille à Marseille. Mais elle a passé son enfance à Saint-Lubin-de-la-Haye, où son père était le gardien du cimetière et affirme se souvenir qu'il aurait raconté avoir enterré Pierre Quémeneur dans une tombe anonyme, après son meurtre par un garagiste de Houdan et non par Guillaume Seznec.

La fille du gardien du cimetière

Rémi Coutin prend au sérieux le témoignage recueilli par Denis Seznec, qui cherche sans relâche à réhabiliter la mémoire de son grand-père. « J'ai confié l'enquête à la brigade de recherches de la gendarmerie de Dreux. Ils ont travaillé sur le dossier pendant six mois. Ils sont allés entendre la dame, à Marseille. Ils ont fait des recherches dans le cimetière de Saint-Lubin-de-la-Haye, sans toutefois exhumer des corps. Mais, au bout de cette enquête très sérieuse, il a fallu se rendre à l'évidence : la théorie de Saint-Lubin-de-La-Haye ne tenait pas. J'ai décidé de clore le dossier fin decembre 2018. »

Cécilia Morand, la vieille dame, a toute sa tête mais affirme aux gendarmes de Dreux n'avoir jamais prononcé les noms Quémeneur ou Seznec.

Rémi Coutin se souvient de l'intérêt que suscitait cette affaire, presque cent ans après. « La presse en parlait beaucoup. Je me souviens avoir reçu un coup de téléphone de Corinne Audoin de France Inter, alors que je passais des vacances de Noël en famille. »

La presse s'y intéresse, le procureur de Brest moins

Par contre, il sourit en pensant à son homologue de Brest : « J'avais bien sûr pris contact avec lui puisque l'affaire Seznec concerne en priorité la Bretagne. J'avais partagé les éléments de notre enquête. »

Mais visiblement, le procureur de Brest n'est pas passionné. Rémi Coutin en déduit qu'il « devait recevoir tellement de soi-disant nouvelle pistes que celle de Saint-Lubin-de-La-Haye n'en était qu'une de plus ! »

Valérie Beaudoin

Le réalisateur Yves Boisset a tourné le film de l'affaire à Dreux

La région drouaise n'en a jamais vraiment fini avec l'affaire Seznec..

2023 correspond aussi au trentième anniversaire de la sortie du film sur ce fait divers ayant défrayé la chronique, réalisé par Yves Boisset. L'auteur d'œuvres populaires ayant pour thématique des sujets de société (racisme avec Dupont Lajoie, guerre d'Algérie avec RAS, télé-réalité avec Le prix du danger...) avait réalisé deux volets avec Christophe Malavoy dans le rôle titre et Jean Yanne dans celui de Pierre Quémeneur.

La distribution réunit aussi Nathalie Roussel (Marie-Jeanne Seznec), Madeleine Robinson (la mère de Guillaume Seznec), Jacques Spiesser ( Emile Petitcolas, journaliste, beau-frère de Seznec, Roland Blanche (le commissaire Vidal), Maxime Leroux (l'inspecteur Bonny).

Plusieurs scènes capitales ont été tournées à Dreux, secteur gare, et à Houdan, dans le centre-ville. Plusieurs artères drouaises, dont le boulevard Louis-Terrier, avaient été décorées aux couleurs des années 20. Rien n'avait été oublié, ni même la marchande de fleurs sur le trottoir dissimulé par une couche de terre pour "faire époque".

Retour sur les lieux

Dans le récit, les scènes tournées en plein hiver se situaient après l'arrestation de Guillaume Seznec. Menotté, il expliquait aux policiers, peu convaincus par ses propos, sa version des faits et les diverses haltes réalisées avec Pierre Quémeneur, entre Dreux et Houdan, en raison des problèmes mécaniques de la Cadillac destinée à être vendue à Paris.

Dans son film, Yves Boisset s'est inspiré du livre de l'avocat Denis Langlois (L'affaire Seznec) qui a toujours vu dans cette histoire « une affaire symbolique de l'erreur judiciaire ».

Lors de sa diffusion sur le petit écran, le téléfilm avait captivé plus de 10 millions de téléspectateurs. Seznec n'a sans doute pas fini de passionner les foules, comme toutes les affaires judiciaires enveloppées de mystère.

Olivier Bohin

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Un excellent article..

Que mes proches ont su apprécier à sa juste valeur.

 

Liliane Langellier

 

Lire ici l'article original

 

P.S. Merci Denis Langlois :

 

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