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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

OUEST-FRANCE RÉTRO. Un conseiller général du Finistère aurait été assassiné...

Si tous les hommes comprenaient l'histoire, ils cesseraient peut-être de réitérer sempiternellement les mêmes erreurs.
Isaac Asimov.

Cent ans plus tard, Ouest-France vous fait revivre les premières semaines de l’affaire Seznec. Ici, les premiers éléments de l’enquête suite à la disparation de Pierre Quéméneur, dans l’édition du 26 juin 1923.

Depuis le jeudi 24 mai, M. Pierre Quéméneur, conseiller général de Sizun, négociant à Landerneau, âgé de 45 ans, a disparu et, depuis cette date. sa famille vit dans l’angoisse, redoutant à chaque moment, l’annonce d’un malheur. Le 2 mai, M. Quéméneur qui habite avec sa jeune sœur, villa Ker Abri, près de Landerneau, partit par l’express du matin pour Paris. Il s’arrêta à Rennes où il descendit à l’Hôtel Parisien, place de la Gare. Là, il fut rejoint par M. Seznec, courtier & Morlaix, venu dans une automobile qu’ils devaient livrer à Paris. De Rennes, ils gagnèrent, par automobile, Ernée, Mayenne, Mortagne et Dreux, retardés par un nombre considérable de pannes. À Dreux, M. Quéméneur monta dans l’express pour Paris et M. Seznec regagna Morlaix, désespérant d’atteindre jamais la capitale.

Le rendez-vous

Voilà donc le conseiller général, à Paris ; du moins on le suppose. Le 26 mai, il avait rendez-vous avenue du Maine et devait traiter une grosse affaire de vente d’automobiles avec un Américain nommé Scherldy. On ignore si l’entrevue eut lieu. En tout cas, la famille Quéméneur n’en entendit jamais parler.

Un singulier télégramme

On se désespérait lorsque le 13 juin, un télégramme signé Pierre Quéméneur, parvint du Havre, à la jeune sœur du conseiller général. Tout allait bien, disait en substance, la dépêche. Ce fut une grande surprise, mêlée d’effroi, quand on apprit, quelques jours plus tard, que ce télégramme n’avait pas été écrit par M. Quéméneur. D’autre part. M. Seznec affirma que son compagnon avait, à Rennes, télégraphié à son beau-frère, notaire a Pont-l’Abbé, pour se faire envoyer à Paris, poste restante, un chèque de 80 000 francs L’affaire, on le voit, est vraiment, ténébreuse : mais ce n’est pas ici que l’on pourra percer ce mystère : aussi, attend-on impatiemment les résultats de l’enquête qui est conduite à Paris.

L’enquête à Paris

À la suite de L’enquête qu’elle a ouverte, sur la disparition de M. Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère. La Sûreté générale a pu établir à peu près les faits et gestes du disparu, durant les deux jours qui ont suivi son départ. M. Quéméneur est parti de Landerneau, à destination de Paris. le 24 mai dernier. On perd sa trace, le 25 au soir, date à laquelle il a quitté, à Dreux, l’un de ses amis, M. Seznec, négociant domicilié à Morlaix.

Le chèque de 80 000 francs

Le lendemain de ce jour le 26, une personne se présentait au bureau de poste du boulevard Malesherbes et demandait au guichet de la poste restante, si un pli charge n’était pas arrivé à l’adresse de M. Quémeneur. Cette personne n’a pu encore être identifiée. Il est exact, par ailleurs, qu’un pli chargé a été expédié par M. Pouliquen, notaire a Pont-l’Abbé, à son beau-frère M. Quéméneur. À ce moment, l’enquête fut arrêtée par un avis téléphonique de M. Pouliquen, faisant connaître que son beau-frère venait de télégraphier du Havre à sa famille, pour annoncer sa rentrée prochaine.

Puis, les 16 et 18 juin, deux lettres et un télégramme des familles Quéméneur et Pouliquen, arrivèrent à la Sûreté générale, émettant des doutes sur l’authenticité du signataire du télégramme expédié du Havre.

Le Parquet de Brest, saisi à ce moment, a ouvert une information et plusieurs commissions rogatoires sont en voie d’exécution. Le télégramme, expédié du Havre, paraît, en effet, – n’avoir pas été écrit par M. Quéméneur.

La valise du disparu retrouvée à la gare du Havre

En outre, le 20 juin, une valise était découverte, abandonnée et forcée dans la salle d’attente des troisièmes classes du Havre. Cette valise, qui fut tout d’abord déposée aux objets trouvés, renfermait du menu linge et un portefeuille contenant les papiers d’identité du disparu. Ces papiers paraissaient avoir été immergés ; l’écriture en était délavée et l’on constatait, dans les plis du portefeuille, des traces de sable de mer. Enfin, parmi les papiers, se trouvait un petit carnet de dépenses, tenu au jour le jour, au 13 juin. À cette date, on relève encore une dépense afférente à un repas. La Sûreté générale poursuit son enquête, tant à Paris que dans la région du Havre.

 

On croit à un crime

La Sûreté générale fait des recherches au Havre pour retrouver la trace du passage de l’Américain qui, d’après ce qu’on croit, aurait assassiné Quéméneur et aurait envoyé du Havre un télégramme : « Tout va bien. – Pierre » qui rassura la famille pendant quelques jours et ralentit les recherches. Le télégramme est retrouvé. L’écriture est allongée : des experts vont être commis pour en examiner le texte M. Quémeneur ace de 45 ans. était célibataire et était donc parfaitement libre de ses actes. C’était de plus un homme difficilement influençable, incapable d’un coup de tête dont on ne voit pas la raison.

En tout cas, on écarte l’hypothèse d’une fugue.

La police s’arrête donc de plus en plus à l’hypothèse d’un crime. Mais où aurait-il été consommé ? On ne pense pas que ce soit au Havre, où M. Quéméneur n’avait aucun motif d’aller. On se demande si le disparu, ayant été tué à Paris, par exemple, l’assassin ne se serait pas embarqué au Havre après avoir lancé son télégramme pour retarder les recherches et se donner le temps de débarquer en Angleterre ou aux États-Unis.

La Sûreté a avisé le Parquet de Brest qui a commis un juge d’instruction, lequel fait procéder à des recherches de son côté.

 

Ouest-France du 4 mai 2023

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