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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Dans l'affaire Seznec, c'est Pierre Quémeneur la victime, pas Guillaume Seznec !

Celui qui dit un mensonge ne prévoit point le travail qu'il entreprend ; car il faudra qu'il en invente mille autres pour soutenir le premier.
Alexander Pope

Je lis tout et n'importe quoi sur ce sujet….

Désormais ce serait Pierre Quémeneur à l'origine du trafic de Cadillac...

C'est lui qui aurait tout magouillé...

Et entraîné ce pauvre malheureux bougre de Seznec dans une affaire qui lui a valu le bagne...

Il faut savoir raison garder.

Et remettre chaque chose à sa place.

Je pense, depuis longtemps, que c'est bel et bien Guillaume Seznec qui a imaginé cette histoire de vente de Cadillac...

Car c'était lui qui traficotait dans les bagnoles depuis 1919/1920.

Sa cour à Traon ar Velin en était pleine.

Le conseiller général, lui, travaillait dans le bois en gros.

Oui, pour moi, c'est bien Seznec qui en a parlé au conseiller général, dans leur voyage en voiture entre Landerneau et Brest.

Quémeneur, toujours à l'affût d'une bonne affaire, a hélas vite sauté sur l'occasion...

D'où la demande de fonds à son banquier et à son beau-frère.

D'où le voyage à Paris.

Pour le stay à Rennes...

Je me souviens de notre conversation, à Alain Delame et à moi, au sujet de la fiche d'hôtel du Grand Hôtel Parisien de Rennes.

Cette fiche-là nous manque cruellement.

Est-elle dans le dossier ?

A-t-elle été recopiée dans le grand registre de l'hôtel ???

Précisant, pour l'éternité, l'heure d'arrivée et de départ de Rennes de nos deux sbires ?

Personne n'a encore pu le dire.

Et puis voilà que ce foutu voyage se déroule mal...

Que Quémeneur se conduit comme un monsieur qui porte costume...

Relayant Guillaume Seznec au simple rôle de mécanicien, dans la combinaison bleue adéquate...

Seznec qui se doit de réparer les chambres à air et de remédier aux pannes du moteur.

Marc du Ryez m'écrivait, le 28 avril dernier  :

"Je crois que Seznec en avait marre de ne servir qu'à réparer les chambres à air. Seznec a déclaré que Quéméner était au volant depuis le petit-déjeuner à Ernée. Seznec conduisait la Cadillac depuis deux jours : Landerneau-Morlaix, puis Morlaix-Rennes, puis Rennes-Ernée. Seulement, Quéméner considérait (à juste titre) que c'était sa voiture et il a décidé de prendre le volant par la suite. Seznec s'est retrouvé réduit à l'état de passager et n'était bon que pour réparer, en tenue d'ouvrier alors que Quéméner ne voulait pas tacher son costume. La différence de statut des deux hommes était bien marquée et c'était très dur à avaler pour Seznec."

Journal des Débats du 26 octobre 1924 

 

"J'étais fatigué. Quémeneur faisait le monsieur, moi, j'étais le larbin ; je réparais constamment la voiture." 

N'est-il pas étonnant que Seznec ait pu laisser échapper une telle phrase au procès ???

On imagine facilement la lassitude et la colère de Guillaume Seznec….

Et la bagarre qui aurait pu ensuite dégénérer.

Pour un mot de trop...

Une humiliation de plus...

Dessin Gilles Pascal pour France 2.

Oui...

En fait, ce serait une histoire toute simple.

Mais celui qui a été tué dans l'histoire...

C'est bel et bien Pierre Quémeneur.

Michel Pierre l'a rappelé dans sa récente interview :

"Il y a eu aussi des effets presque émouvants lorsque s’est manifesté, du fait du livre, la parentèle des familles Quéméneur et Pouliquen qui n’avaient jamais osé se manifester jusqu’à présent. Non seulement, leur lointain parent était la victime mais la famille avait aussi été calomniée et salie dans les années 1930 lorsque nait « l’Affaire Seznec ». J’ai aussi souvent rencontré, localement, une longue mémoire peu favorable au condamné mais qui n’osait pratiquement pas s’exprimer."

Et les descendants Quémeneur l'ont écrit dans leur lettre de janvier 2006 à la cour de Révision :

"Descendants ou alliés des familles Quémeneur Pouliquen, nous sommes amenés à nous départir de la réserve à laquelle celles-ci s'étaient tenues jusqu'à présent car nous sommes surpris du tour que prend cette affaire et craignons notamment qu'on ne cherche à faire avaliser par la justice une version partiale des faits présentée auprès d'une large partie de l'opinion comme une vérité déjà acquise.

Cette affaire déchaîne certes depuis l'origine les passions les plus irrationnelles, souvent très éloignées du contenu judiciaire dont ont eu à connaître les jurés des assises de Quimper. L'horreur du bagne, l'amateurisme d'une presse à sensation et, comme l'analyse très bien l'historien Michel Pierre, un complexe de la Bretagne par rapport à Paris y ont contribué. Mais, ce qui est aujourd'hui plus singulier, est qu'un homme, profitant de ce que le champ de la mémoire est devenu vierge depuis la disparition des derniers protagonistes de l'affaire au début des années 1950, réussisse à l'investir tout entier et à faire de "L'Affaire" sa chose au point de prétendre donner au public la version officielle des faits dans un livre et un téléfilm sortis il y a quelques années."

Oui...

C'est vrai...

J'apprécie le travail d'historien de Michel Pierre...

Qui a su analyser subtilement la folie médiatique qui s'est emparée de cette affaire. Du début à la fin. De 1923 à nos jours.

Affaire qui serait, en fait, selon moi, juste un petit crime de province...

Suite à une embrouille financière...

Sans aucune préméditation... Je l'espère.

Mais avec la confection des faux de l'acte de vente de Traou Nez afin de s'approprier la propriété pour laquelle il aurait versé un acompte (???)

Les fils de Petit-Guillaume reconnaissent eux aussi la confection de ces faux.

Oui, c'est  Pierre Quémeneur, la victime, pas Guillaume Seznec...

Même si les membres de la famille Seznec, et ses différents défenseurs, n'ont pas hésité à accuser et à salir d'autres familles...

Pour mieux blanchir la leur.

Même si les derniers romans de gare osent faire de Pierre Quémeneur un séducteur et un violeur...

Salir la victime n'a jamais blanchi l'assassin.

 

Liliane Langellier

 

P.S. Je ne remercierai jamais assez Alain Delame d'avoir lu, grâce à lui, tous les Giacometti et Ravenne...

Avec le commissaire Antoine Marcas, flic franc-maçon versé dans l'ésotérisme.

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