Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
10 Mars 2025
Beaucoup d'hommes naissent aveugles et ils ne s'en aperçoivent que le jour où une
bonne vérité leur crève les yeux.
Jean Cocteau
Thierry m'écrit :
"Quémeneur a du être informé de quelque chose le soir du mercredi 23 mai 1923 pour qu'il modifie ses plans à la dernière minute. Il avait dit à Legrand qu'il devait partir le 24 à 5h de Landerneau pour assister impérativement au conseil municipal de Saint-Sauveur qui avait lieu à 7h (2 heures pour faire 25 bornes ?) mais qu'il ne pourrait pas assister au banquet car il devait prendre le train pour Rennes. Vers 10h, on remet à Abgrall, maire de Saint-Sauveur, une lettre de Quémeneur datée du jour même s'excusant de son absence pour cause de grippe. Morlaix étant sur sa route, je ne comprends pas pourquoi il devait aller à Rennes en train…"
Alors, on reprend...
1/ Absence de Pierre Quémeneur au conseil municipal du jeudi 24 mai 1923 :
La Dépêche de Brest du 29 juin 1923
Dans un premier temps...
Pierre Quémeneur dit au secrétaire de mairie de Saint-Sauveur (1.200 habitants) qu'il rencontre le lundi 21 mai : "Je ne manquerai certainement pas d'assister jeudi à la séance."
Pierre Quémeneur dit aussi à Legrand (NDLR C'est Legrand qui raconte, hein !) le mercredi 23 mai, dans la soirée, qu'il prévoit de partir à 5 heures du matin pour Saint-Sauveur.
Afin d'assister au conseil municipal qui devait avoir lieu à 7 heures.
En voiture, je suppose ?
Environ 25 km de Ker Abri, Landerneau.
"Il est indispensable que j'y sois car je dois traiter d'une question de chemins vicinaux."
Quand je lis le compte-rendu de conseil municipal ci-dessus, l'ordre du jour est "Nouvelle foire à Saint-Thégonnec".
Pas les chemins vicinaux.
Ils ont reculé le conseil municipal de deux heures, pensant voir arriver Quémeneur.
Et, à 10 heures, est arrivée sa lettre d'excuses.
En page 31 chez Denis Langlois :
"Le lendemain matin, Quemeneur a de nouveau téléphoné.
- C'est pour demain. On y va ensemble. J'ai à faire dans la matinée à Rennes. Je prends le train. Le mieux, puisque c'est sur le chemin de Paris, c'est qu'on se retrouve là-bas. Rendez-vous au Grand Hôtel, près de la Gare, vers 14 h 30."
2/ Le voyage Landerneau - Rennes :
Je re-lis dans le commentaire de Marc du Ryez :
"C'est le train de 8 h 35 que Pierre Quéméner a pris à Landerneau. Ce train repart de Rennes pour Paris à 12 h 58 et arrive donc à Rennes quelques minutes plus tôt."
Pierre Quémeneur arrive donc en gare de Rennes à 13 heures.
Il n'avait qu'à traverser la rue, car le Grand Hôtel Parisien était au 9 place de la gare.
C'est l'heure du déjeuner...
Et notre conseiller général ne va pas manquer ça...
Mais, du coup, à Rennes...
Il va y rester 6 h 30 avant de voir arriver le gars Seznec.
Morlaix / Rennes : 185 km
Guillaume Seznec part de Morlaix à 10 h 30 pour arriver Rennes à 19 h 30, soit 9 heures de trajet ( ?).
Bernez Rouz en sa page 70 :
"(...) hôtel où ils ont leurs habitudes".
Ah bon, ils y venaient régulièrement ?
Et pour quoi faire ?
M'enfin 6 h 30 ???
Il en a eu du temps pour ses rendez-vous personnels le Pierrot !
3/ Qui aurait-il pu rencontrer pendant ces 6 h 30 ?
1/ Jules Tomine...
Lire ici : Jules Tomine le Rennais.
Of course, il a son établissement, Ouest-Garage avenue de la gare.
Et les bagnoles, c'est son rayon !
2/ Le directeur de la B.P.C. (Banque Privée Coloniale)
Cette annonce paraît dans l'Ouest-Éclair les 12, 14, 17, 19, 21, 24 et 28 janvier 1923, les 4, 11, 18 et 25 février 1923, les 4 et 24 mars 1923, les 1er, 15, 22 et 29 avril 1923, les 13, 20 et 27 mai 1923...
Après, plus rien.
Pour Jean Besseyre des Horts...
C'est à lire ici (deux articles).
Pour la Banque Privée Coloniale et Gaston Vacquié :
3/ Un des garagistes dont on a retrouvé traces des lettres ?
Comme Leclerc, Guenel et Ladam ?
Ouest-Eclair du 27 mai 1920
Du garage Paris-Brest ???
Ouest-Eclair du 6 juillet 1923
Pour les lettres de tractation de voitures automobiles :
D'après tous ceux qui étaient au courant de cette soi-disant affaire de Cadillac...
Pierre Quémeneur était super emballé, limite euphorique,
et pourtant il décide de faire la première partie du voyage seul en train, boycottant le conseil municipal de Saint-Sauveur,
alors que c'est la première voiture qu'il va livrer…
Il arrive à 13 heures au Grand Hôtel Parisien.
Compter une bonne heure trente pour déjeuner.
A-t-il déjeuner seul ? Ou pas ?
Aucune enquête à ce sujet.
Cela nous mène à 14 h 30.
C'est l'heure à laquelle il avait donné rendez-vous à Guillaume Seznec.
A 18 h 45, se pointe l'étrange zigue qui trouve Quémeneur attablé avec l'un de ses potes.
Admettons qu'il se soit attablé à 18 h 30.
Reste encore 4 heures à justifier.
Si l'on enlève le temps d'appeler Marie-Jeanne à Traon-ar-Velin (30 minutes ?)...
Pour savoir ce que faisait Seznec...
"Vers 16 heures 30, Quéméner, inquiet de ne pas voir arriver Seznec, appelle la femme de celui-ci, Marie-Jeanne, qui lui dit qu’il doit avoir eu des pannes sur la route."
Il reste encore 3 h 30 dans le brouillard.
Alors...
A vot' bon coeur !
Liliane Langellier,
Avec l'aimable concours de Thierry Lefebvre.