Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
8 Octobre 2024
Dès que l'on a découvert un premier mensonge, il devient facile, trop facile même de déceler tous les autres.
Michel Déon.
Souvenez-vous ce que Michel Pierre a dit au journaliste de Ouest-France Pierrick Baudet le 22 septembre dernier...
"P.B. : Quand débute l’affaire dans l’opinion publique ?
M. P. : Au moment du procès, il n’y a pas d’affaire. Elle naît notamment au début des années 1930 avec l’ex-juge Hervé qui défend l’hypothèse selon laquelle le conseiller général Quéméneur aurait été tué à Plourivo, par l’un de ses proches, après s’être séparé de Seznec. Un étonnant personnage, ce juge, qui sera interné à l’hôpital psychiatrique à Rennes. Dans sa lettre de démission au ministère, il écrit qu’il est « victime d’un attentat prémédité » et qu’il a été « séquestré dans un asile d’aliénés ». Puis il se lance dans la défense de Seznec.
P.B. : Et cela suffit ?
M.P. : Charles-Victor Hervé, seul, ne suffit pas. Mais il parvient à s’adjoindre le soutien d’Eugène Delahaye qui dirigeait La Province, un hebdomadaire fasciste (au sens mussolinien du terme) et antimaçonnique. Et celui d’une institutrice, Françoise Bosser, la représentante de la Ligue des droits de l’Homme dans le Finistère. Ils vont alors organiser une campagne médiatique et des conférences auxquelles assistent des centaines de personnes. On refuse du monde à l’entrée.
P.B. : La thèse de Plourivo n’est pas crédible ?
M.P. : Des témoins ont été auditionnés. Tous disent que les coups de feu entendus ont eu lieu le 25 mai 1923, lors du mariage de la fille du gardien du domaine. Or, à ce moment-là, Quéméneur se trouvait avec Seznec, dans les environs de Houdan."
Retour sur un sacré personnage de l'affaire Seznec, le juge Hervé !
Charles-Victor Louis Hervé est né le mercredi 31 août 1892 à Pluzunet, arrondissement de Lannion (Côtes d'Armor).
Ses père et mère sont instituteurs à Pluzunet.
Pluzunet. Recensement 1901
Il veut devenir officier mécanicien dans la marine de guerre.
J.O. du 12 avril 1907
Il est engagé volontaire à Lorient, à 16 ans, en date du 19 novembre 1908.
Côtes-d'Armor. Année 1912. Registre Matricule 2087.
Date à laquelle il entre à l'Ecole des mécaniciens de Lorient.
Où il étudie le métier d'ajusteur.
Suite à un grave accident en service commandé, le 31 avril 1909, il perd la mobilité d'un bras et ne peut pas poursuivre ses études d’apprenti mécanicien. Il en a conservé une grande admiration pour la Royale.
Il est réformé "n°2" (?) par la Commission de réforme du port de Lorient le 27 octobre 1909.
Et est renvoyé dans ses foyers le 31 octobre 1909.
Indépendamment sans doute du motif de sa réforme, il est dit être atteint de tuberculose pulmonaire : "Réformé n°2 par la commission spéciale de réforme de Vitré, le 13 décembre 1911 pour tuberculose pulmonaire."
J.O. du 25 septembre 1913
"J'exerce à Vitré depuis quatre ans la profession de clerc d'avoué…"
"Antérieurement et jusqu'au 17 novembre 1914, j'ai exercé la profession de clerc de notaire
chez Me Montfort, notaire à Kermoc'h (Côtes du Nord) mon beau-père, et chez Me Le Nir son successeur…"
Lettre du 14 janvier 1919 au ministre de la Justice. (Document Michel Pierre)
Il devient alors clerc d'avoué à Vitré chez Me Rougenot et occasionnellement secrétaire de mairie.
Mobilisé par erreur le 18 septembre 1914 au 70ème régiment d'infanterie de Vitré, il est libéré de toute obligation militaire le 18 décembre 1914.
En tout et pour tout 3 mois de service contre l'Allemagne.
Il se marie le mardi 7 septembre 1915 à Saint-Brieuc avec Jeanne Joséphine Montfort (de 6 ans son aînée, née le 27 mars 1886 à Kermoroc'h).
"père notaire à Kermoroc'h…"
Ils auront une fille (Janine, 1920) et un fils (René, 1922).
Acte de naissance de Janine Marie Madeleine Hervé
"Il passe ses années de guerre dans ses fonctions d'avoué et prépare le diplôme de capacité en droit qu'il obtient le 7 novembre 1918." in Michel Pierre.
Document Michel Pierre
En décembre 1919, il est nommé juge de paix à Pontrieux, puis juge et juge d'instruction d'instruction à Guingamp en janvier 1926.
J.O. du 20 décembre 1919
J.O. du 27 janvier 1926
Suite à différentes péripéties, il est arrêté le 28 mai 1930.
On lui passe la camisole de force avant de le conduire à l'asile d'aliénés de Saint-Méen à Rennes.
Documents Michel Pierre
Il démissionne de ses fonctions le 16 août 1930.
Date à laquelle il se prend de passion pour l'affaire Seznec.
Pour la thèse défendue par Hervé, lire sur mon blog La piste de Lormaye :
Quand le juge Hervé s'empare de l'affaire Seznec
Il aura le temps de rencontrer Guillaume Seznec à son retour du bagne (juillet 1947).
Il meurt le vendredi 19 mai 1950 à Saint-Agathon (Ker Joly).
…………………………………...
Tout cela pour dénoncer l'un des principaux mensonges de Denis Seznec...
Voilà, en effet, comment nous le présente Denis Seznec, en pages 342 et 343 de son ouvrage :
"Pendant la guerre, Charles-Victor Hervé, qui n'était pas encore magistrat, s'était distingué en traquant espions et saboteurs en Bretagne (Note bas de page : Il était responsable dans le service de contre-espionnage pour l'ouest de la France, matricule n° 366268) Il faut savoir qu'au large de Tréguier, Perros-Guirec et Dinard, des sous-marins allemands refaisaient parfois surface pour venir se ravitailler en vivres et en mazout, grâce aux complices qu'ils possédaient dans la région. C'est Hervé qui était chargé de débusquer ces derniers. Comme toujours lorsqu'il s'agit de contre-espionnage, nous ne savons pratiquement rien de ces missions. Sans doute les tâches qu'on lui confiait devaient être de quelque importance, et menées avec efficacité, puisque, la paix revenue, il fut nommé magistrat bien qu'il n'en possédât pas les diplômes, cela à la demande de Georges Clemenceau. Plus tard le journal Aux Ecoutes écrira :
Peu de temps avant de mourir, Clemenceau, apprenant que le juge Hervé se consacrait à réunir les preuves de l'innocence de Seznec, parti pour le bagne, disait à ses amis vendéens : "Je n'ai aucune opinion sur ce malheureux Seznec, mais j'en ai une sur Hervé : c'est un preux."
Charles Victor Hervé n'a jamais, ô grand jamais, été un important responsable du contre-espionnage français !
Juste un petit juge qui a pété les plombs.
Et qui s'est arrimé à l'affaire Seznec pour survivre à sa propre folie.
Dont acte.
Liliane Langellier
Généalogie de Charles Victor Louis HERVÉ
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