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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Quand la folie du juge Hervé devient la folie de l'affaire Seznec...

 

In le documentaire "Seznec, la fabrique de l'affaire" :

"Il faudra attendre le printemps 1931 pour que le tout jeune hebdomadaire Détective relance l'affaire en relayant sur 4 pages une hypothèse élaborée par Victor Hervé, un ancien juge d'instruction de Guingamp.

Michel Pierre :

« C'est un personnage quand même assez curieux, agité comme le dit son dossier médical de troubles maniaques, et quelqu'un qui n'avait plus sa place dans la magistrature, qui est un moment interné à l'été 1930 à l'asile d'alienés de Saint-Méen à côté de Rennes et qui va se prendre de passion pour l'affaire Seznec, dont plus personne ne parle à ce moment là et il va se souvenir qu'au moment du procès de 1924, il avait reçu les témoignages, en tant que juge de paix à Pontrieux, de marins qui s'étaient ancrés là où nous nous trouvons, et qui, en mai 1923, c'est-à-dire au moment où va disparaître Quémeneur, avaient entendu la fête, du bruit, dans le manoir de Plourivo et qui avaient également entendu deux coups de feu. »

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Documents Michel Pierre. Mail du 23 octobre 2019.

Reproduits illico sur ce blog.

[N.B. Etonnant que la Cour d'Appel de Rennes informe le Garde des Sceaux que Hervé, atteint de troubles mentaux, n'est pas en état de reprendre ses fonctions et qu'il faut lui accorder un nouveau congé, et que ce même jour Hervé démissionne. Est-ce qu'en démissionnant il pouvait sortir de l'asile ? Contre avis médical ? A-t-il reçu un traitement pour ses troubles mentaux ?]

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A partir de ces témoignages anciens et peu précis, l'ancien juge qui en veut à la justice, va bâtir un scénario dans lequel la victime des coups de feu entendus par les marins n'est autre que Pierre Quémeneur. Ce dernier n'a pas disparu du côté de Houdan mais a été assassiné à Plourivo, sans doute par son frère Louis.

Michel Pierre :

« C'est à partir de ce moment-la que véritablement l'affaire Seznec va commencer à exister à partir de quelque chose qui n'existe pas vraiment puisqu'aucune des dates, y compris celle mentionnée par Hervé ne coïncide. C'est impossible que Quémeneur ait pu être présent au moment où les marins entendent ces coups de feu. »

Après cette reconnaissance de la presse judiciaire, Victor Hervé persuade Eugène Delahaye, directeur de l'hebdomadaire rennais "La Province" de soutenir ses convictions.

Ouvertement antisémite et anti-maconnique, La Province s'occupe essentiellement de politique mais entreprendre une campagne d'opinions pouvant gêner la République et les pouvoirs en place ne déplaît pas à Delahaye.

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Notre Temps 12 septembre 1934 : "Or une faible partie de son argumentation avait été fournie au rédacteur des Documents secrets par un ancien juge d'instruction de Guingamp, M. Ch.-Victor Hervé. Interné à l'asile d'aliénés de Saint- Méen, près de Rennes, dans les conditions les plus suspectes, ce magistrat s'était mis en tête de réhabiliter Seznec."

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Annick Le Douget :

« Voilà, regardez ceci, l'enquête de Victor Hervé sur l'affaire Seznec « Seznec aurait été la victime d'une machination merveilleusement montée ». C'est la cabale contre la police/justice en fait.

Chaque semaine donc il y avait un article différent pour vraiment marteler la chose :

« Seznec est innocent... Il y a d'autres coupables... »

« La grâce tout de suite, la révision demain »

On incite la population à faire pression sur la justice par ce biais-là.

C'est effrayant de voir comment ces journaux s'accumulent.

Alors, ici, ils parlent souvent également de la fille de Guillaume Seznec, Jeanne Seznec, qui porte le visage de l'émotion, en celle de l'éloignement de son père, des difficultés de la famille Seznec..

Ici on voit les comptes rendus des meetings qui sont faits au soutien de la cause de Seznec des meetings itinérants - la grande idée d'Hervé et Delahaye. »

A partir de l'automne 1931, les réunions publiques s'enchaînent aux quatre coins de la Bretagne mais aussi dans la France entière. L'innocence de Guillaume Seznec est proclamée devant des assemblées émues et enthousiastes.

Sur l'estrade, tandis que Delahaye critique l'aveuglement de la justice, Hervé exposé sa théorie de Plourivo.

Jeanne Seznec, une fille de Guillaume, est aussi présente ainsi que le très douteux témoin François Le Her qui deviendra son époux.

Début 1932, Victor Hervé réalise un coup de maître en attirant dans son combat la Ligue Des Droits de L'homme, pourtant totalement opposée à la ligne politique de La Province.

A la tête de la section de Pontaven, Françoise Bosser, une instutrice au grand cœur, rejoint la campagne en trainant à sa suite les fédérations bretonnes. Il lui reste à convaincre la direction nationale de la ligue.

Michel Pierre :

"Au printemps 1933, grand article dans le numéro détaillé des Cahiers des Droits de L'Homme : "L'affaire Seznec par madame Bosser", et celle-ci sur plusieurs pages reprend donc son opinion sur cette affaire, considérant comme véridique ce que monsieur Hervé a parvenu à la convaincre.

Et, alors, ce qui ne manque pas d'ironie, c'est que La Ligue des Droits de L'homme qui est une organisation plutôt de gauche, plutôt laïque qui défend un certain nombre de valeurs de la République, et bien, dans ce tract que l'on trouve dans les archives, on voit que madame Bosser, pour appuyer sa demande, cite quelques opinions à retenir et à méditer d'un missionnaire de Cayenne et également d'un ancien évêque de Cayenne !!! C'est à dire que là on a l'impression que l'on perd tout contact d'abord avec la réalité et tout contact avec une forme d'idéologie qui se tiendrait..

Ce qui fait que, et on le retrouvera aussi dans les dossiers, les ligueurs appartenant à la Ligue Des Droits de L'homme n'y comprennent plus trop rien, c'est quoi cette histoire de la ligue du Finistère qui s'allie avec le pire de leurs adversaires?"

En février 1934, Françoise Bosser et le juge Hervé prennent une initiative bien éloignée des frontières de la légalité en convoquant les 12 jurés du procès de 1924. 5 acceptent et se rendent à la Maison du Peuple de Brest.

Michel Pierre :

"C'est un test d'autorité, c'est à dire qu'une institutrice plus un ancien juge d'instruction qui les convoquent. Et, donc, les deux vont expliquer aux jurés qu'ils se sont trompés, 11 ans auparavant, que le coupable c'est pas du tout Seznec mais quelqu'un d'autre, que les choses ne se sont pas passées comme il a été décidé ou jugé dans les débats de la Cour d'Assises, et ils ont signé un texte préparé à l'avance."

Annick Le Douget :

« C'est ça qui est terrible quelque part dans cette campagne d'opinions, c'est qu'on a affaire à des gens complètement décomplexés - je ne sais pas si c'est le mot - mais qui osent tout.

Victor Hervé, c'est l'homme qui peut tout dire...

On aurait pensé que son passé à l'asile, etc... lui aurait ôté tout crédit...

Et bien, non, au contraire, ça lui donne une force pour tout dire...

Madame Bosser, elle, elle joue son rôle de la défense de la veuve et de l'opprimé… »"

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 Si elle relaie la campagne pour la réhabilitation de Seznec la presse s'intéresse également à son sort en Guyane.

Des 1929, il arrive 3e dans un référendum concours organisé par Détective qui doit désigner les bagnards qui méritent la grâce.

En 1933 il fait parti des forçats qu'évoque Alexis Danan dans un long reportage publié par Paris Soir. Si le journaliste est connu pour son engagement contre les injustices, Guillaume Seznec a peu droit à sa compassion.

Quatre ans plus tard, Henri Danjou est bien moins sévère, il décrit Seznec comme "une momie qui sort de son sarcophage, un homme de 60 ans très amaigri qui clame toujours son innocence."

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