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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Les derniers jours de Pierre Quémeneur. Lundi 21 mai 1923. L'appel téléphonique déclencheur de l'affaire Seznec...

Pour mettre en ligne sur ce blog la petite série :

« Les derniers jours de Pierre Quémeneur »...

J'ai pris comme sources :

1/ Le calendrier du blog de Marc du Ryez : "L'affaire Quéméner Seznec".

2/ Les lignes du livre de Bernez Rouz "L'affaire Quéméneur Seznec - Enquête sur un mystère".

3/ J'y ai ajouté aussi des extraits du cahier que Guillaume Seznec avait rédigé pour son avocat Me Kahn.
Et que Denis Langlois a mis en ligne sur son blog.

 

Ce cahier est important car on découvre là l'élaboration de tous les mensonges de Guillaume Seznec.

Et Dieu m'est témoin que mensonges il y a eus...

Il y a 10 ans, en 2013, j'avais déjà écrit une série sur le 90e anniversaire de L'affaire Seznec.

 

Liliane Langellier

 

1/ Lundi 21 mai 1923.

Pierre Quéméner et sa sœur Jenny se rendent dans la journée à Saint-Sauveur.
 Vers 19 heures, ils repartent à Landerneau avec Jean Pouliquen, sans la famille de celui-ci. Ils arrivent à Landerneau vers 20 heures.
Vers 20 heures 30, durant le dîner, Pierre Quéméner reçoit un appel téléphonique de son ami Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, qui lui donne rendez-vous pour le lendemain matin.

........................................

 

RÉCIT DE JEAN POULIQUEN

Le lendemain également, M. Quemeneur revenait en automobile à Saint-Sauveur en compagnie de sa sœur. Il était conseiller municipal de cette commune. Je reprenais avec lui et ma belle-sœur, vers 7 h. du soir, la route de Landerneau, laissant derrière moi pour quelques jours ma femme et mes enfants. Comme je devais prendre le lendemain mardi le premier train pour Pont-l’Abbé, j’avais demandé à mon beau-frère de rentrer de bonne heure. Arrivés à Landerneau vers 8 heures, nous nous trouvions à table vers 8 heures et demie quand nous entendîmes appeler au téléphone  ; mon beau[-frère] s’est levé immédiatement de table pour entrer en son bureau qui n’est séparé de la salle que par un couloir. Les portes étant restées ouvertes, je perçus un échange de quelques mots, mais la communication fut assez brève. Mon beau-frère est rentré presque aussitôt en disant que c’était Seznec de Morlaix qui l’avait appelé pour lui fixer un rendez-vous pour le lendemain matin à Brest.
 Je profitais de l’occasion pour mettre mon beau-frère en garde contre Seznec, car mon beau-frère m’avait auparavant avoué avoir prêté à Seznec une somme de quinze mille francs garantie par le dépôt à Landerneau d’une automobile Cadillac. Je ne lui ai pas caché la déplorable impression que m’avait produite Seznec quelques mois auparavant, et je lui fis remarquer qu’avec un pareil individu il n’y avait à mon avis que des risques à courir  ; que j’avais ouï dire que ses affaires ne paraissaient pas brillantes. Mon beau-frère, tout en reconnaissant qu’en effet les affaires de Seznec n’étaient pas prospères et que sa situation était plutôt grevée, me fit valoir qu’il possédait cependant une propriété à Plomodiern, traversée par la voie ferrée de Crozon à Châteaulin, d’une valeur de soixante mille francs environ  ; qu’en outre, il possédait à Morlaix une installation de 300.000 fr. environ.
 Je fis observer à mon beau-frère que les évaluations me semblaient exagérées, qu’en tout cas si elles étaient conformes à la réalité, je ne pouvais m’expliquer comment Seznec s’était vu dans l’obligation de mettre son automobile en dépôt à Landerneau pour un prêt de quinze mille francs  ; qu’il ferait bien de se renseigner exactement sur la situation de Seznec, qui semblait ne plus avoir guère de crédit, et que si la propriété de Plomodiern existait réellement elle devait être grevée d’hypothèques.
 Nous changeâmes de conversation et mon beau-frère ne fit mention ce jour-là d’aucune affaire avec Seznec.

In Bernez Rouz."L'affaire Quéméneur Seznec - Enquête sur un mystère" Editions Apogée :

"1. Le lundi 21 mai à Landerneau

 Tout commence par un coup de téléphone à la villa de Kerabri. Pierre Quéméneur dîne avec sa soeur Jenny et son beau-frère Jean Pouliquen. C'est Seznec qui appelle vers 20 h 30, pour donner rendez-vous le lendemain à Brest à son ami Quéméneur. La conversation est brève. Seznec expliquera plus tard aux policiers : "Notre rendez-vous n'avait d'autre but que de nous entendre pour les affaires d'automobiles.... Pierre Quéméneur m'a fait connaître qu'il était décidé à faire l'affaire et que nous partirions le 24 pour Paris... J'ai la conviction que sa décision était la conséquence d'une lettre venant de Cherdy et que je lui avais remise trois ou quatre jours avant."

Pouliquen profite de ce coup de fil pour mettre en garde son beau-frère : pour lui, Seznec n'est pas solvable. Il l'a rencontré une seule fois en février à la gare de Quimper. Seznec lui confia qu'il avait visité la propriété de Traou-Nez, sans préciser qu'il voulait l'acheter. A l'époque il confiait déjà à Quéméneur la mauvaise impression que Seznec lui fit. Mais les liens qui unissaient les deux hommes semblaient plus forts que les intérêts de famille. Le conseiller général rétorque à Pouliquen que Seznec possédait à Plomodiern une propriété de 60 000 francs environ, et à Morlaix une installation de 300 000 francs. Ce qui met la puce à l'oreille du notaire, c'est la Cadillac  que Seznec a dû laisser en dépôt de garantie, pour un prêt de 15 000 francs que Quéméneur lui a octroyé le 25 octobre 1922. Celui-ci est bien obligée de concéder que les affaires de Seznec ne sont guère brillantes.

 Cette soirée nous apprend que c'est Seznec qui sollicite Quéméneur pour un rendez-vous à Brest. La chambre des mises en accusation indiquera que Seznec harcelait Quéméneur pour conclure cette affaire : "Il subissait manifestement l'influence de Seznec". Pour faire quoi ? Il n'est question, semble-t-il que de voitures. Le conseiller général hésite encore : "Mon frère allait à Paris pour se rendre compte lui-même de la valeur de cette affaire. Il me l'a dit. Rien n'était donc définitivement arrêté." (Déposition de Jenny Quéméneur devant le juge Campion, le 26 juillet 1923.)

 Quant à Traou-Nez, Pierre Quéméneur avait déjà dit à Pouliquen que Seznec était acquéreur de la propriété de Plourivo. Si le rendez-vous du lendemain ne concernait que Traou-Nez, il est probable que Pierre Quéméneur s'en serait ouvert à son beau-frère. Celui-ci maintiendra que Quéméneur ne lui a parlé d'aucune affaire en cours avec Seznec : "mon beau-frère ne m'a nullement fait allusion à son projet de vente de propriété... Il n'aurait pas traité une semblable affaire sans me consulter.  Mon beau-frère ne m'a exprimé aucun besoin d'argent. Je m'étonne donc que le lendemain, il m'ait adressé une pareille demande. C'est donc à Brest que la proposition lui a été faite."

Quand on détaille les déclarations des deux clans lors de l'enquête, on retrouve en permanence cette volonté de faire porter le chapeau à l'autre. Qui est l'instigateur du marché des Cadillac ? De cette réponse dépend pour beaucoup la clé de l'énigme."

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