Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
27 Octobre 2022
Quand on ne favorise que la magouille et la rapine, la meilleure devise c'est d'être dans la combine.
Nadia Moali-grine
La Dépêche de Brest du 3 juillet 1921
Dans le roman de Serge Douay en page 20/22 [pour l'ambiance] :
"Il penchait pour cette dernière solution quand une auréole rougeâtre dans le ciel attira son regard. Intrigué, il chercha à comprendre la raison de ce phénomène. L'odeur de fumée qui pénétrait dans la mansarde lui indiqua qu'un incendie venait de se déclarer tout près de là. Siméon referma la tabatière et descendit rapidement l'escalier. Il sortit de la maison et, pour localiser le sinistre, se planta au milieu de la rue éclairée lugubrement par des réverbères à gaz. L'incendie était assez proche, sans doute vers la rue de l'Amiral-Linois. La ville continuait cependant à dormir. Siméon s'étonna de n'avoir pas entendu l'avertisseur des pompiers. Et si personne n'avait donné l'alerte ? Siméon remonta rapidement au premier étage et frappa à la porte de la chambre des patrons.
- Qu'est-ce que c'est ? s'inquiéta une voix endormie.
- Patron, il y a le feu tout près d'ici ! Regardez par la fenêtre !
Siméon perçut des bruits dans la pièce. Quelques secondes plus tard, le pâtissier Le Clech, après avoir enfilé rapidement un pantalon, s'encadrait dans la porte, la tête comiquement coiffée d'un bonnet de coton.
- Qu'est-ce que tu veux y faire, Siméon ?
- Je n'ai pas entendu les pompiers. Personne n'a peut-être donné l'alerte ?
Le pâtissier se passa la main dans les cheveux, parut réfléchir, puis décida :
- Je vais téléphoner à la caserne pour savoir s'ils sont prévenus.
L'homme descendit l'escalier menant à la boutique où se trouvait le téléphone. Siméon, toujours en chaussons, quitta la pâtisserie pour courir vers le lieu du sinistre. Il contourna un bloc de maisons endormies et se trouva bientôt dans la rue de l'Amiral-Linois. Il vit les flammes sortir du toit d'un baraquement en planches goudronnées. Quelques voisins ouvraient leurs volets et des têtes apparaissaient aux fenêtres.
- C'est la laverie qui flambe. Est-ce que les pompiers sont avertis ? demanda un homme.
- Je m'en suis occupé, répondit Siméon Brezellec, gonflé d'importance.
D'autres fenêtres s'ouvraient. Le toit de la baraque s'abattit, provoquant des gerbes d'étincelles. L'incendie redoubla de violence. Il était impossible d'approcher du brasier. On entendit bientôt dans le lointain l'avertisseur des pompiers. Quand les voitures arrivèrent, l'incendie diminuait déjà d'intensité, éclairant des squelettes noircis de machines. Le lieutenant donna à ses hommes des ordres destinés à protéger les maisons voisines.
- Tant pis pour la laverie, j'espère que son propriétaire est bien assuré !
Guillaume Seznec était bien assuré ! La police d'assurance avait été révisée à sa demande, quelques mois auparavant, et Guillaume s'en félicitait, cette nuit-là, en regagnant Morlaix, peu avant minuit.
Dans le coffre de la torpédo, le bidon d'essence était vide !"
Que ce soit clair...
[Je répète une fois de plus, car il y en a qui ont la comprenette difficilette, que cet extrait du livre de Douay est cité pour l'ambiance, pas pour l'exactitude].
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La loi le dit, la loi l'écrit...
C'est au locataire de payer l'assurance.
Pas au propriétaire des lieux.
Donc, Balson et Genoud ont dû régler leur prime d'assurances...
Dès leur entrée en jouissance, le 17 mars 1921.
L'incendie se déclare le 3 juillet 1921....
Soit trois mois plus tard.
La Dépêche de Brest du 4 juillet 1921
Le Courrier du Finistère du samedi 9 juillet 1921
Le Petit Breton du dimanche 10 juillet 1921
La petite fille Balson nous dit :
- Le 17/03/1921, mon grand-père et Louis GENOUD achètent alors à Charles MARC une blanchisserie dénommée « Grande blanchisserie de Trémilliau ». Ils sont domiciliés à Brest, 15, rue du Château. La blanchisserie brûle dans la nuit du samedi au dimanche 03/07/1921. Je crois que Louis Charles BALSON et Louis GENOUD ne toucheront aucune indemnité par manque d’une assurance. C’est sans doute une affaire de petits truands de la part de la famille Seznec, je pense.
Bernez Rouz nous écrit en page 56 :
"Le fonds de commerce de la blanchisserie avait été cédé le 2 février 1918 à Charles Marc, frère de Marie-Jeanne Seznec pour 23 000 francs et revendu par lui 50 000 francs à deux associés Balzon et Genoud. Seznec était en procès contre eux et la procédure empêchait le règlement final des indemnités d'assurance. L'argent dû à Seznec était de 809,55 francs d'une part et 2428 francs d'autre part. Pourtant les Seznec continuent à affirmer attendre beaucoup d'argent de cette procédure : "Si nous avons été dans la gêne depuis quelque temps, c'est parce que nous n'avons pas touché une somme de 48 000 à 50 000 francs qui nous revient à la suite d'un sinistre survenu en 1921 dans la blanchisserie que j'exploitais à Saint-Pierre Quilbignon." Ce chiffre ne figure pas dans le bilan des Seznec déposé en juillet 1923."
[Déposition de Marie-Jeanne Seznec devant le commissaire Cunat, le 29 juin 1923.]
Note bas de page : "La police primitive de 15.000 francs avait été portée quelque temps auparavant à 60.000 francs. L'incendie n'a profité qu'à Seznec qui lui a été payé presque aussitôt". Déclaration de E. Genoud, capitaine au long cours, Cherbourg, lettre du 1er juillet 1923.
Langlois nous écrit, en page 16 :
"Les soldats rentrent chez eux. Estropiés, traumatisés. Les plus glorieux, les plus présentables défilent sur les avenues. Charles Marc, le frère de Marie-Jeanne, revient à peu près intact, mais il n'a pas de travail. Il demande à son beau-frère de lui vendre la blanchisserie de Brest. Vendre est un bien grand mot. Il n'a pas un sou et signe des traites pour 25 000 francs. En 1921, la blanchisserie brûle et, comme elle n'a pas été payée, c'est Seznec qui doit percevoir les indemnités. Une fous ça passe, deux, ça paraît suspect."
Michel Pierre en page 30 :
"Suivant contrat reçu par Me Jamault, gérant l'étude de Me Lamarque, notaire à Brest, le 13 septembre 1919, M. Guillaume SEZNEC, blanchisseur, demeurant à Morlaix, route de Brest, a vendu à M. Charles MARC, sans profession, demeurant à Saint-Pierre Quilbignion, au lieu de Tremilliau, le fonds de commerce d'entreprise de blanchisserie exploité à Saint-Pierre Quilbignion, au lieu de Tremilliau, comprenant notamment : la clientèle et l'achalandage, le matériel servant à son exploitation et les marchandises en dépendant, moyennant le prix et les conditions insérés audit contrat."
L'entrée en jouissance est fixée au 1er octobre 1919 mais quelques mois plus tard, la blanchisserie est détruite par un incendie. Comme Charles Marc - qui par ailleurs avait revendu l'affaire - n'a encore rien versé du montant de la vente, Guillaume Seznec cherche à récupérer celui des assurances, ce qui, après l'incendie du magasin de cycles de Plomodiern, n'arrange pas sa réputation."
Ce deuxième incendie et l'argent qu'il en a retiré a gravement nui à Seznec lors de son procès : in Le Matin du 25 octobre 1924 :
Qu'est-ce qui vous permet de dire que Balson et Genoud n'ont pas assuré leur fonds de commerce ???
De son côté, Guillaume Seznec, lors de son procès, le 24 octobre 1924 :
"En 1920, poursuit M. du Fresnel, la blanchisserie de Brest est détruite par un incendie. ça en fait deux dans votre existence. Or cette blanchisserie vous l'auriez vendu 23.000 francs à votre beau-frère quelque temps auparavant et, comme il ne vous avait pas payé, vous avez touché d'une compagnie d'assurances 59.200 francs. C'est sensiblement plus que vous ne l'aviez vendue.
- Ah ! dame, monsieur le président, adressez-vous pour ça, aux experts. Je n'avais pas à refuser l'argent qu'ils m'offraient."
Je pense que les quatre zigs, Guillaume Seznec, Charles Marc, Louis Balson et Cléophas Genoud étaient des magouilleurs.
Pas un ne valait l'autre.
Ils ont joué à qui entube qui ?
1/ Charles Marc n'avait pas payé les 25.000 francs dus à son beau-frère, puisqu'on les retrouve dans l'actif du bilan de juillet 1923.
2/ Balson et Genoud avaient-ils versé à Charles Marc les 50.000 francs promis ?
Ou est-ce encore une combine ???
Un simple jeu d'écritures (ou pas) ?
Les trois zigs en veulent (et c'est normal... ) à Seznec qui a touché le montant de l'assurance.
Pour se refaire la cerise...
Balson et Genoud pouvaient faire chanter Seznec.
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Le gars Seznec....
Il a dû perdre la tête quand il a vu qu'il pouvait, si facilement, récupérer 15.000 francs de Quémeneur en mettant sa Cadillac en gage...
Il a dû se dire que, là, il y avait du pognon à se faire.
Et vlan, Pierre Quémeneur met en vente Traou-Nez...
L'occase rêvée.
L'arnaque rêvée...
Ultime précision...
Avoir trouvé quel homme politique a trempouillé dans les stocks américains...
Avoir trouvé quel était son interlocuteur dans ces fameux stocks...
Ce n'est certainement pas "faire les poubelles de l'histoire"...
Mais faire un grand pas dans la recherche de la vérité.
C'est habituel...
Ceux qui font avancer l'affaire sont critiqués par ceux qui la ralentissent de leurs hypothèses fumeuses et ridicules.
Ne jamais oublier que...
La victime dans cette affaire Seznec, c'est le conseiller général Pierre Quémeneur.
Ceux qui l'accusent, sans aucunes preuves, de viol sur la personne de l'épouse de Seznec devraient être condamnés par la loi.
Qu'ils se méfient !
Quémeneur, le violeur, et Marie-Jeanne, l'assassin...
Quelle farce !!!
Mais quelle farce !!!
Quant aux délires sur le F.B.I......
Liliane Langellier
P.S. Si vous voulez savoir à quoi ressemblait l'activité d'une blanchisserie militaire pendant la guerre de 14...
Je vous conseille vivement les toutes premières images de "All quiet on the western front" sur Netflix.
D'Edward Berger, d'après le roman d'Erich-Maria Remarque.
"Im Western Nicht Neues"
"A l'Ouest, rien de nouveau".