Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
24 Mai 2021
A la libération, une furieuse envie les démange de me fusiller... je suis obligé de cavaler à travers champs en zig et en zag pour échapper à leurs tirs vengeurs.
in Michel Kériel
Tandis qu'un autre mytho, notre crêpier texan, s'invente une vie parallèle, et, se vante dans une biographie, inventée de toutes pièces, d'avoir eu un grand-père résistant...
Grand-père dont il se garde fort bien de nous dire et le nom et le maquis concerné...
[Sur ce sujet, j'ai d'ailleurs demandé aide à la journaliste de France 24, Stéphanie Trouillard, spécialisée dans l'histoire de la Première et de la Seconde Guerre mondiale...
Et fine connaisseuse des maquis bretons.]
En relisant la presse...
Je suis tombée sur un article de Qui ? où sont révélés les traîtrises de François Le Her, gendre de Guillaume Seznec, père de Denis Seznec.
Dans un premier temps, l'immonde Le Her exploite le chagrin des femmes de prisonniers :
"Ayant remarqué que les vert-de-gris expédient chez eux pas mal de gens aux camps de travail ou comme prisonniers de guerre... et comme on peut très bien manger à deux râteliers (moi, tout du moins, ça ne me dérange pas), une nouvelle idée me saute à la cervelle plus vite qu'un coup de pied au cul : aussi sec, je fais tambouriner par le garde-champêtre un avis à la population disant que je me tiens à la disposition des familles pour remplir des dossiers de rapatriement dont, vous l'avez deviné, je suis le concepteur. Je tiens mon QG au bistro Croas-Aoter (Croix de l'Autel). Les gens viennent de partout alentour. On donne ce qu'on veut et ça finit par faire un petit paquet coquet. Je suis presqu'obligé d'engager une secrétaire, tellement il y a de boulot avec cette paperasse. Et à ce propos, il y en a es pas mal qui viennent pour la place... pour passer un entretien d'embauche, si on veut... Mais je ne sais pas si les Postes fonctionnent bien... ou si les hypothétiques relations diplomatiques sont au mieux avec les boches... ou quoi ou qu'est-ce... Toujours est-il qu'on ne voit pas un seul bougre revenir de là-bas... Moi, je m'en fous... je fais ce que je peux."
Michel Kériel "Autour de Seznec" en pages 105/106.
Je rappelle ici que Kériel a pu écrire ses livres sur l'affaire Seznec car il a eu accès au dossier Le Her via Bruno Gestermann, le procureur de Quimper.
Qui ? 12 octobre 1948
"Les Allemands paient cher les dénonciations : il vend le 24 juillet 1944, un parachutiste anglais, James Wiggal, radio à bord d'un avion allié que M. Le Dreff de Stanganeol avait recueilli et hébergé."
L'attaque du bombardier HAMPDEN AE225
Au nord-ouest de Brest, le bombardier est intercepté par un chasseur allemand de type MESSERSCHMITT 109 basé sur l'aérodrome de Guipavas. La première attaque détruit les communications de bord et blesse mortellement le navigateur ANDERSON et les deux mitrailleurs, les sergents COOPER et PARKIN. À la deuxième attaque, l'opérateur radio James WIGGALL est blessé. Des éclats d'obus perforent l'aile gauche et embrase le réservoir de carburant. L'avion incontrôlable, déséquilibré, s'embrase et perd de l'altitude. L'opérateur radio James WIGGALL, malgré ses blessures grimpe sur l'aile et chute dans le vide. Il atteint la poignée et actionne l'ouverture de son parachute.
Puis le pilote canadien Robert BARR saute en parachute et atterrit près de l'ancienne voie de chemin de fer Ploudalmézeau-Porspoder. Il est fait prisonnier par les allemands.
Le bombardier HAMPDEN AE225 ravagé par les flammes s'écrase dans un fracas épouvantable au lieu dit le Sanou en Ploudalmézeau.
L'opérateur radio James WIGGALL atterrit au sud de la ferme de Stang an Eol en Ploudalmézeau. Débarrassé de son parachute et secouru par la famille LE DREFF, l'aviateur James WIGGAL, criblé d'éclats, est transporté avec précaution à la ferme familiale.
Alerté, le docteur CARAËS de Ploudalmézeau lui donne les premiers soins. Il calme les souffrances de l'aviateur anglais en lui faisant une injection de morphine.
La capture de l’aviateur James WIGGALL
Des patrouilles allemandes battent la campagne. L'arrivée de James WIGGALL a attiré devant la ferme des LE DREFF une foule considérable. Après quelques heures de recherche, James WIGGALL est capturé et embarqué dans une ambulance militaire allemande. Il a la joie d'y retrouver son camarade Bob BARR, commotionné mais indemne. Ils sont hospitalisés à l'hôpital maritime de Brest puis internés dans un stalag en Allemagne. En mai 1945, les aviateurs de la RAF Robert BARR et James WIGGALL sont libérés par les troupes alliées. Les aviateurs ANDERSON, COOPER et PARKIN sont enterrés au cimetière communal de Ploudalmézeau.
in Wiki-Brest.
Qui ? 2 novembre 1948
"Qui a vendu le gendarme Le Corre aux Allemands ? Et les deux soeurs Le Hénaff ? Et le notaire Provostic, de Ploudalmézeau ? Jeanne Le Her, après la mort de son mari, dira qu'elle peut encore répéter mot à mot, les termes des lettres de dénonciations anonymes que son mari envoyait à la Kommandantur.
Sa famille elle-même ne se trouve pas à l'abri. Par trois fois, il vend sa soeur.
La haine, dans le pays, grandit autour de lui, mais nul n'ose l'abattre, quelque envie qu'il en ait... Mais, depuis la Libération, il ne s'est pas passé une semaine sans qu'une lettre glissée sous la porte ou qu'une inscription tracée sur les volets ne l'avertisse du sort qu'on lui réservait.
- Nous attendions pour le châtier, d'avoir en mains les preuves qu'il était un traître...
Le geste vengeur de Jeanne Le Her aura privé les habitants de Plourin de cette satisfaction."
Le notaire Henri Provostic
Henri Provostic est né le à Ploudalmézeau. Il était notaire et adjoint au maire dans sa ville natale.
Dès le début de la seconde guerre mondiale, il entra en résistance sous le pseudonyme de Benoît. Il créa le bataillon FFI de Ploudalmézeau et fut chef cantonal de la résistance.
Il fut dénoncé en , arrêté par le kommando Schaad, torturé au château de Trouzilit en Tréglonou, réquisitionné par les allemands. Il fut ensuite emprisonné à la prison de Pontaniou à Brest, où ses co-détenus sont frappés par son visage tuméfié, puis au camp Margueritte à Rennes. Il fut ensuite déporté en Allemagne au camp de Mauthausen-Melk début , dans un train de déportés qui partit alors que la libération était déjà en marche.
Il fut affecté à un kommando chargé de creuser des galeries pour y cacher des usines d'armement. Étant de corvée de cuisine, il se renversa une marmite de soupe bouillante sur les jambes et, privé de soins, mourut de septicémie le 3.
"D'un autre côté, pour ne pas être trop mal apprécié des fridolins... après tout, ils sont chez eux aux dernières nouvelles... eh bien... je leur rends de menus services...
Un jour que je vois un avion se faire abattre, je vais les en prévenir, par exemple. Le pilote, blessé et soigné par le docteur Caraës, se voit aussitôt fusillé (1).
Une autre fois que j'apprends un vol d'essence à leur garage, je leur écris pour dénoncer les supposés auteurs.
Remarquez, ça n'est peut-être pas ce que je fais de mieux ce jour-là car comme un gland, je rédige ma missive sur mon papier à en-tête. Voilà que ces cons-là le montrent aux intéressés. Et moi je suis obligé de droper sec et de me planquer pendant quelque temps. Cette histoire-là, c'est un peu comme le mec qui envoie une lettre anonyme en recommandé avec accusé de réception...
Quand je vous dis que je ne suis pas chanceux...
[...]
A la libération, une furieuse envie les démange de me fusiller... je suis obligé de cavaler à travers champs en zig et en zag pour échapper à leurs tirs vengeurs.
Il me choppent quand même et m'enferment pendant quelques mois à Kerver, à leur cantonnement de résistance.
Les tensions calmées, on me libère.
Mais il faut croire qu'ils ont la racine tenace ces péquenots...
Un soir de novembre 1946, alors que je rentre complètement bourré d'un repas de noce, je ramasse une balèze de raclée. Impossible de voir qui c'est et je me retrouve la tête plongée dans une fosse à purin."
in Michel Kériel. Autour de Seznec. Pages 106/107.
(1) L'aviateur James Wiggall n'a pas été fusillé par les Allemands. Mais interné dans un stalag en Allemagne.
Il survivra à la guerre et sera libéré par les Alliés en 1945.
En fait...
C'est au camp de Saint-Pabu (Finistère) que François Le Her a été enfermé.
Qui ? 20 décembre 1948.
"Au blockhaus N° 3, où j'avais été affecté, je fis la connaissance du dénommé Le Her. Je dois dire que cet homme était mal considéré par ses camarades : c'était un lâche et un pleutre. Aussi ne se gênait-on pas pour le terroriser en lui faisant croire que son compte était bon et qu'il serait certainement fusillé."
A la fin juillet 1945, François Le Her est interrogé par des officiers américains.
Localisation de Saint Pabu.
Samedi Soir 4 décembre 1948
"Le Her vint nous rejoindre. Il arrivait, lui, de Plourenc. Il était accusé d'avoir eu des relations amicales avec les officiers des troupes allemandes. On lui reprochait d'avoir dénoncé un parachutiste anglais et un gendarme."
C'est vrai que l'on pourrait se demander si tout cela n'est pas encore des mythos de Jeanne Seznec...
Experte en ce domaine...
Qui était allée jusqu'à accuser son mari François Le Her du meurtre de Pierre Quémeneur.
Mais, il y a Keriel, qui a eu accès au dossier Le Her (je le répète).
"Il y a quelques mois lors de recherches que j'effectuais dans les deux dossiers d'Assises de Jeanne Seznec et de François Le Her, (fille et gendre de Seznec) en vue de l'élaboration du livre "Autour de Seznec"..."
in Michel Keriel "L'impossible réhabilitation", en page 93.
Et il y a aussi André Ménard.
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Ainsi....
En plus de tous ses autres méfaits...
François Le Her aura été une balance pendant l'Occupation.
Il ne fut pas le seul, certes...
Mais la liste de ses forfaits est longue...
Bien longue.
Et, quand Jeanne Seznec l'abattit le 3 octobre 1948, à 15 h 45, il ne laissa pas beaucoup de regrets sur cette terre.
Liliane Langellier
Lire aussi sur ce blog : Pour en finir avec François Le Her.
Et mes autres articles François Le Her sur mon blog La Piste de Lormaye.