Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
5 Juin 2021
Le problème en ce bas monde est que les imbéciles sont sûrs d'eux et fiers comme des coqs de basse cour, alors que les gens intelligents sont emplis de doute.
Bertrand Russell
C'est la question bonus...
Celle dont la réponse décide de tout reconsidérer.
Ou pas.
Etonnant quand même que le juge Campion ait délaissé cette piste...
Bernez Rouz en fait un sous-chapitre de son livre (page 127) :
En février 1924, Blaise Gloaguen, hôtelier de Pont-Croix, affirme :
"Le Her a été expulsé peu de temps après la Saint-Michel 1922, lorsqu'il a quitté Pont-Croix, j'ai appris qu'il était allé s'installer comme sellier à Plomodiern."
En juillet 1924, Eugène Le Page, tanneur à Quimper, déclare au commissaire Bonin :
"Il y a un an environ, j'appris que Le Herr s'était rendu acquéreur à raison de 4500 francs, d'un fonds de sellier à Plomodiern, devenu vacant par suite du décès de M. Chevalier, sellier dans cette localité."
1/ Guillaume Chevalier est bien mort le 22 novembre 1922 à Plomodiern :
Il exerçait bien le métier de sellier bourrelier, comme on le voit dans le recensement Plomodiern 1921 :
2/ Blaise Gloaguen est bien hôtelier à Pont-Croix en 1921 (déposition 11 février 1924) :
3/ Eugène Le Page est bien tanneur à Quimper en 1924 (déposition 24 juillet 1924 et procès début novembre 1924).
Eugène Le Page sur Geneanet (Thierry Lefebvre)
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Il y a donc bien un Guillaume Marie Chevalier, sellier, qui est décédé le 22 novembre 1922 à Plomodiern.
Le Her n'aurait repris son affaire que début décembre et on le retrouve contrôleur à Paris en janvier 1923.
Difficile de l'imaginer lâcher 4.500 Francs pour ne rester qu'un seul mois à Plomodiern...
La bonne question est de savoir si des membres des famille Seznec/Marc habitaient encore Plomodiern en 1922.
Côté Colin...
On a le fils d'un frère de Mme mère Seznec, né en 1866, qui y réside encore en 1921 avec femme et enfants :
Voilà ce que nous écrit Bernez Rouz :
"Plomodiern est le village natal de Seznec où il est propriétaire de biens et où il a gardé des relations. Si Le Her s'était établi à Plomodiern, il aurait pu rencontrer Seznec. Aucune question n'a été posée par le juge sur les occupations de la famille Le Her entre leur expulsion de Pont-Croix, fin septembre 1922, et l'arrivée à Paris en janvier 1923."
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François Le Her connaissait-il Pierre Quémeneur ?
Le Her parle de trois rencontres :
- en juin 1921 à la préfecture du Finistère,
- en septembre 1922 sur le quai de la gare de Quimper.
Les deux hommes auraient voyagé ensemble jusqu'à Landerneau.
- et enfin, le samedi 26 mai 1923 dans le tramway de Le Her.
Ce n'est pas du tout l'avis du notaire Jean Pouliquen.
Qui pense à une venue de Le Her à Plomodiern les 11 et 13 juin 1923.
Le Her, lui, prétend être allé uniquement à Brest pour toucher ses arriérages de pension fin novembre 1923.
"Je le mets au défi de citer la personne qui lui a fait faire la connaissance de ce dernier", écrit-il au juge en juin 1924.
Mais l'instruction est déjà close.
Et cette question ne sera pas posée lors des débats en Cour d'assises.
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Une fois de plus...
François Le Her a voulu faire l'intéressant...
Il a sans doute lu l'histoire de la disparition du conseiller général Quémeneur dans La Dépêche de Brest du 25 juin 1923...
Et s'est dit que c'était l'occase ou jamais de se faire du pognon !
Ouest-Eclair 2 juillet 1923
Le Petit Parisien du 23 janvier 1924
Le Petit Parisien du 28 janvier 1924
Le Journal du 28 janvier 1924
"En effet, nous a-t-on déclaré par ailleurs, M. Le Her indiquait alors comme date de sa rencontre avec M. Quemeneur, les premiers jours de mai, ce qui n'était pas intéressant, puisqu'à cette époque M. Quemeneur n'avait pas encore disparu. D'autre part, M. Le Her ne parlait pas à ce moment du procès-verbal qu'il avait fait dresser huit jours avant sa conversation avec M. Quemeneur contre un voyageur récalcitrant. Or, ce détail était le seul fait qui pût conduire les recherches hors de l'imprécision. Ce n'est que sept mois après que, sa mémoire lui revenant, il exposa au juge d'instruction des faits précis, qui seront vérifiés. Ce témoignage, dont le recul du temps, chose bizarre, ne fait qu'accroître la précision, paraît peut-être un peu tardif !"
Du 2 juillet 1923 au 23 janvier 1924 ...
François Le Her a eu environ 7 mois pour affiner son témoignage.
A-t-il été aidé par la famille Seznec qui l'aurait grassement payé en conséquence.
Connaissant comment fonctionne le zigue...
J'en suis presque certaine.
Liliane Langellier
P.S. Keriel, lui, place le premier témoignage de Le Her au commissariat de la rue Fondary, le 29 juin 1923.
Et le témoignage devant le juge Campion en novembre 1923.
Soit 5 mois de réflexion !