Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
23 Avril 2025
“Le doute est un état mental désagréable, mais la certitude est ridicule.”
Voltaire
Jeudi 18 janvier 1979...
L'affaire Seznec, Les Grandes Enquêtes d'Europe 1...
Les résultats obtenus au standard des Grandes Enquêtes sont plus qu'encourageants, et, ils nous permettent, pour l'instant d'avoir une quasi certitude si vous avez écouté hier Pierre Bellemare à 13 h 30...
Les témoignages qui ont servi à l'accusation notamment sur le voyage de Brest à Paris, au cours duquel Pierre Quémeneur disparaît, ces témoignages sont très fragiles, et, s'ils ont été pris en considération à l'époque, et bien, ils ne le seraient sans doute plus aujourd'hui...
L'enquête rebondit au Havre où fut découverte la valise de Quémeneur, le disparu, valise découverte, abandonnée sous une banquette de la gare du Havre...
Voilà pourquoi nous recherchons des témoins du Havre..
Auguste Hué H U E , c'était un jeune postier à l'époque, c'est lui qui a enregistré un télégramme signé Quémeneur, mais on sait que ce télégramme était FAUX..
Eugène Leroy, il était employé à la gare du Havre...
François Moutel ou Montel, surveillant à la gare du Havre...
Bien sûr nous recherchons aussi leurs descendants..
Ou, encore, monsieur Alfred Begué, qui aurait maintenant 85 ans, Alfred Begué, personne âgée, 85 ans, il était postier au guichet de la poste Numéro Trois au 6 boulevard Malesherbes à Paris.
Toutes ces personnes, nous les recherchons, vous les connaissez peut-être, vous pouvez peut-être nous aider...
C'est le 256 90 20 qui est à votre disposition à partir de midi...
Surtout n'appelez pas avant..
Les enquêteurs seront là à partir de midi 256 90 20...
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Pierre Bellemare :
Un mot sur Les Grandes Enquêtes d'Europe 1 avant de commencer le jeu du Sisco, les résultats obtenus au standard des Grandes Enquêtes d'Europe 1 sont, je vous le signale tout de suite, plus qu'encourageants, les faits nous permettent pour l'instant d'avoir une quasi certitude, les témoignages qui ont servi à l'accusation, notamment sur le voyage de Brest à Paris, au cours duquel Pierre Quémeneur disparaît, et bien, ces témoignages contre, bien entendu Guillaume Seznec, sont extrêmement fragiles et s'ils ont été pris en considération à l'époque, il est certain qu'aujourd'hui ils le seraient beaucoup moins...
L'enquête maintenant rebondit au Havre où fut découverte la valise du disparu, abandonnée sous une banquette de la gare du Havre...
Alors, nous recherchons des témoins du Havre :
- monsieur Auguste Hue ou Hué H U É, jeune postier à l'époque qui enregistra un télégramme signé Quémeneur, lequel était un faux...
- monsieur Eugène Leroy, employé de la gare du Havre, ou ses descendants...
- monsieur François Moutel ou Montel, Moutel ou Montel, surveillant à la gare du Havre ou ses descendants...
Et nous recherchons également monsieur Alfred Begué, qui aurait maintenant 85 ans et qui était postier au guichet de la Poste Numéro 3, 6 boulevard Malesherbes à Paris.
Bien entendu, monsieur Alfred Begué ou ses descendants, postier à Paris, poste Numéro 3, du 6 boulevard Malesherbes...
Nous nous retrouvons à 13 h 30 pour Les Grandes Enquêtes d'Europe 1 mais dès maintenant vous pouvez appeler le 256 90 20 si vous êtes descendants d'Eugène Leroy, François Moutel ou Montel, ou de monsieur Alfred Begué ou de monsieur Auguste Hué.
Merci d'avance on se retrouve donc tout à l'heure à 13 h 30 mais vous appelez dès maintenant au 256 90 20...
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Aujourd'hui quatrième jour de notre travail sur l'affaire Seznec, pour Les Grandes Enquêtes d'Europe 1...
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Bellemare : L'affaire Seznec, vous la connaissez maintenant, je crois...
1923. Deux hommes qui se connaissent, qui sont amis, l'un conseiller général du Finistère, l'autre simple commerçant, se préparent à réaliser une BONNE affaire, l'achat de matériel américain à revendre aux Soviétiques, des Cadillacs notamment...
Et, c'est dans l'une de ces Cadillacs qu'ils sont partis de Brest pour Paris.
Mais, en cours de route, Pierre Quémeneur, le conseiller général disparaît et Seznec est accusé de meurtre.
Il fera 20 ans de bagne pour cela.
Nous avons vu hier dans quelles circonstances précises le conseiller Quémeneur disparaît et nous avons versé au dossier deux témoignages qui semblent démontrer que les bases de l'accusation contre Seznec, sur ce point précis, c'est à dire, le moment où disparaît Quémeneur, que ces bases donc étaient fragiles...
Vous avez été nombreux à téléphoner à notre standard 256 90 20, très nombreux et, à ce sujet, nous ferons quelques remarques...
La première, je crois, c'est que la passion n'est pas morte en Bretagne, n'est-ce pas Marie-Thérèse Cuny ???
Cuny : En effet, Pierre, un certain nombre d'appels nous l'ont confirmé encore aujourd'hui...
Je voudrais dire d'abord que les coups de téléphone qui sont "pour" et "contre" nous intéressent, bien entendu, mais que je voudrais demander aux auditeurs qui nous appellent de réserver leurs témoignages à ce qui leur est demandé le matin par Philippe Gildas, si c'est possible...
On nous reproche actuellement également de ne pas avoir entendu jusqu'à maintenant un membre de la famille Quémeneur...
Ensuite, les témoignages des auditeurs semblent, je dois le dire, dès maintenant, vouloir se porter exclusivement sur ce que l'on a appelé "l'affaire des Cadillacs", c'est-à-dire le trafic lui-même...
On nous parle de disparitions mystérieuses qui se situent au moment de la disparition de Quémeneur...
Alors, bien sûr, tous ces témoignages seront vérifiés, ils le sont actuellement, nous en rendrons compte dans les prochaines émissions et, pour aujourd'hui, je voudrais rappeler que nous recherchons monsieur Auguste Hué H U É, qui était postier au Havre, au Havre toujours monsieur Eugène Leroy, employé, monsieur François Moutel, surveillant de la gare du Havre, et enfin à Paris, monsieur Alfred Begue ou Begué, qui était postier à Paris...
Voilà, Pierre...
Bellemare : Bien entendu, vous recherchez ces personnes et surtout leur descendance, car, il y a peu de chances, sauf peut-être pour monsieur Alfred Begué qui, je crois, était très jeune, il y a peu de chance pour que ces personnes soient encore en vie aujourd'hui...
Bien.
Alors, je voudrais laisser la parole quelques instants à Denis Le Her qui est avec nous, comme Marcel Jullian, bien sûr comme chaque jour, Denis, vous avez reçu beaucoup de témoignages de sympathie, je crois, et vous voudriez en dire un mot et remercier ces personnes...
Denis Le Her : Oui, bien sûr, enfin, c'est la moindre des choses, c'est pas pour cette raison que nous participons avec vous dans cette recherche sur l'affaire Seznec, c'est pas pour avoir une quelconque publicité, je crois que la plupart des gens qui nous connaissent, en tout cas, savent que ce n'est pas le cas...
Mais je tiens à les remercier surtout des marques de sympathie qu'ils marquent pour ma mère... Ma mère qui a eu une vie extrêmement dramatique, tout au moins à cause de cette affaire, je crois que tous ces gens, dont de nombreuses personnes qui ont suivi l'affaire depuis 1923 qui existent toujours, ont suivi cette affaire tout au long, et bien, c'est quand même relativement merveilleux de voir que ces gens-là sont toujours là pour nous marquer leur sympathie et nous marquer leur soutien..
C'est très gentil à eux...
Bellemare : Bien. Alors je vous rappelle que dans notre récit d'hier, nous avons laissé Pierre Quémeneur qui est supposé prendre le train à la gare de Dreux...
Et que Guillaume Seznec, lui, après de nouvelles pannes, avec sa Cadillac décide de rentrer chez lui à Morlaix...
Alors qu'il était presque arrivé à Paris...
Les jours passent, et, la famille Quémeneur commence à s'inquiéter de l'absence du conseiller général...
Denis, que fait votre grand-père pendant ce temps, pendant ces jours qui passent à partir du moment où il est revenu à Morlaix seul ???
Denis Le Her : Bon, vous le savez, la disparition de Pierre Quémeneur, elle ne s'est pas établie tout de suite, en fait...
C'est petit à petit, il devait aller à une communion, ça, ce sont des petits détails de famille, c'est assez compliqué, mais, petit à petit, mon grand-père, comme la famille Quémeneur, s'inquiétait de ne pas voir revenir son ami en Bretagne pour lequel il avait lancé cette affaire, d'ailleurs...
Et il va lui-même en début juin à Paris pour rechercher son ami. On verra une relation d'affaires, Ackermann, c'est un Américain, et il recherchera son ami vaguement, il aura envoyé d'ailleurs un télégramme à ce Ackermann en question, etc...
Il recherche son ami. Il voit, il reçoit la famille Quémeneur aussi et Pouliquen qui s'inquiètent, qui viennent le voir, puisqu'après tout, c'est avec lui qu'il est parti à Paris, et on commence à vaguement s'inquiéter.
Et le 11 juin, mon grand-père s'en va avec Louis Quémeneur, le frère de la victime présumée, maître Pouliquen, qui est le beau-frère de Quémeneur qui est notaire, et ils vont rendre visite à la Brigade mobile de Rennes, le 11 juin donc, et ils font état de leur inquiétude.
La brigade mobile de Rennes, la police prend la chose très légèrement, puisqu'ils ne s'en inquiètent pas trop, ils disent c'est un célibataire, il a la quarantaine d'accord, mais il a quand même pas mal d'argent, c'est quand même pas le célibataire moine, c'est le type qui vit un petit peu qui, probablement, a quelques relations feminines, ils se disent c'est une petite fugue de célibataire, ils minimisent l'affaire...
Pouliquen, Louis Quémeneur se rendent à Paris, mon grand-père, il les quitte à ce moment-là pour rentrer sur Morlaix, et ils vont faire leur enquête à Paris...
Alors, leur enquête, il y a un point important qui va venir maintenant pour lequel on reviendra peut-être par la suite parce qu'il est assez compliqué, ils vont se rendre au 6 boulevard Malesherbes, rendre visite au bureau de poste où maître Pouliquen, toujours le beau-frère de Quémeneur, a envoyé un chèque de 60.000 francs, qui est une somme considérable pour l'époque, en lettre recommandée comme lui avait demandé Quémeneur...
Et à ce bureau de poste, vous avez un préposé qui se souvient très bien de cette lettre recommandée... C'est un dénommé Begué dont, je crois que vous avez lancé un appel...
Bellemare : Nous recherchons la descendance, oui...
Denis Le Her : Cet employé Begué déclare, c'est donc à peu près le 12 juin, il déclare "effectivement il y a une personne qui s'est présentée le samedi 26 mai, et qui a réclamé par deux fois dans la journée cette lettre recommandée."
Donc, il leur a dit : simplement la lettre n'était pas arrivée...
En fait, il fait une erreur, dès le départ, il dit, par la suite, il le confirmera : "J'ai répondu par erreur qu'elle n'était pas arrivée car, en fait, elle était déjà arrivée..."
Bellemare : Mais enfin il dit donc " Le 26 mai, Quelqu'un est venu !"
Alors, sur ce, la famille Quémeneur revient en Bretagne et il y a une demande de recherches qui est lancée, écrite, dont nous avons le document, demande de recherches, donc, en date du 13 juin...
Denis Le Her : 13 juin, oui, à la Sûreté nationale..
Bellemare : 13 juin 1923 demande de recherches à la Sûreté nationale...
Denis Le Her : C'est générale, Excusez-moi...
Bellemare : Le 13 juin 1923, la famille Quémeneur demande que l'on fasse des recherches sur Pierre Quémeneur.
Et bien, le 13 juin, c'est là le premier rebondissement de l'enquête car LE 13 JUIN, LE JOUR OÙ la famille Quémeneur écrit à la Sûreté et bien arrive un télégramme en provenance du Havre, signé Quémeneur, qui serait donc, selon ce télégramme, en vie !!!
Et il est adressé à sa famille...
Là, je crois que Marcel Jullian...
Jullian : On en a la photocopie. C'est un télégramme bref de 16 mots dont un mot rayé qui a sauté.
Il a été posté à 16 h 35. Il est adressé à Quémeneur négociant Landerneau Finistère et il dit : "Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours. Tout va pour le mieux. Quémeneur."
Bellemare : C'est le texte exact du document que nous avons sous les yeux...
Jullian : Donc, je lis bien 16 h 35.
Alors, 16 h 35, ce télégramme va avoir une grande importance dans l'enquête, et ultérieurement, on interrogera le postier pour savoir QUI lui a remis ce télégramme et QUI décrit-il...
Denis Le Her : En fait, le postier, son procès-verbal pour rester le plus sérieux possible, qui est daté du 4 août 1923 dit ceci :
"Je ne peux pas affirmer que c'est lui (en parlant de Seznec) mais je pense que c'est lui. Le bureau est d'ailleurs assez sombre et il était à contre jour, je l'ai vu peu de temps."
Jullian : C'est formidable, vous venez de dire qu'on lui a posé la question de savoir si c'était Seznec, on ne lui a pas posé la question de savoir si c'était Quémeneur (?)
Denis Le Her : Ah non, pas du tout...
Jullian : Et on devrait parler du scripteur, quand même là...
Bellemare : Oui, bien sûr, mais est-ce qu'il a décrit davantage le personnage sur le plan physique ???
Denis Le Her : Oui. Un homme très grand et mince, les bras ballants, aux allures négligées et qui a présenté un télégramme - alors, là, c'est important ce détail parce que vous avez dit tout à l'heure avec un mot rayé, et vous savez que si vous rayez un mot sur un formulaire de télégramme, vous devez resigner, et bien effectivement, il y a marqué un mot rayé et signé. Mais tout ce formulaire a été fourni d'avance, ça n'a pas été rayé devant l'employé qui aurait pu lui dire "il y a un mot de trop", ou etc...
Jullian : C'est le premier mot, il y a une maladresse dans le premier mot...
Denis Le Her : Voilà. Quand même une chose à noter et, là, je suis obligé de préciser une chose pour Begué, c'est une affaire trop importante, mais c'est en relation aussi avec Hué.
Begué, on lui montrera la photo de Seznec, l'employé pour la lettre recommandée à Paris, il ne reconnaitra pas Seznec mais, on ne lui montrera pas de photo de Quémeneur... On attendra 9 mois pour lui montrer la photo de Quémeneur alors qu'il est sensé être l'individu à avoir réclamé cette lettre, ça c'est extraordinaire...
Jullian : Dans les deux cas, vous signalez qu'on cherche bien Seznec mais pas Quémeneur...
Denis Le Her : On cherche bien Seznec mais pas Quémeneur, alors qu'en fait c'est le disparu. La première notion c'est de rechercher le disparu...
Bellemare : Ou le signataire... Donc, encore une fois, le télégramme qui arrive le 13 juin a été envoyé du Havre, je le rappelle bien... Voulez-vous relire le texte du télégramme s'il vous plaît Marcel...
Jullian : "Quémeneur négociant Landerneau Finistère... Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours. Tout va pour le mieux. Quémeneur."
Bellemare : Bien. Rappelons que cette formule de télégramme que nous avons sous les yeux a un mot rayé, qu'elle a été présentée TEL QUEL dès le départ à l'employé, que ce mot rayé n'a pas été rayé devant l'employé, alors que c'est généralement la coutume, parce que, si on raye un mot c'est parce qu'on vous fait remarquer en général qu'il y a une erreur dans le télégramme.
Bien. Donc, ça c'est important quand même pour la suite des événements...
Denis Le Her : Tout petit détail, quand même, je rajoute, c'est que le formulaire lui-même, vous savez que, dans l'administration des PTT, c'est imprimé ces formulaires et il y a des petits numéros sur le coté qui indiquent la date etc... La police a fait des recherches en ce sens-là pour voir si ce formulaire ne venait pas de Bretagne... Ce n'est pas le cas.
Donc c'est un formulaire du Havre !
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[NDLR Voir ci-dessous les noms des témoins dans le Geneanet de Thierry Lefebvre]
Thierry Lefebvre... Joseph Pierre Alfred BÉGUÉ... Geneanet...
Thierry Lefebvre... Auguste Albert HUÉ... Geneanet...
Thierry Lefebvre... Eugène Alfred Jules LEROY... Geneanet...
Thierry Lefebvre... François Jean Marie Baptiste MOUTEL... Geneanet...