Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
21 Avril 2025
“Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter.”
Proverbe polonais
Mercredi 17 janvier 1979
Et bien aujourd'hui Pierre Bellemare vous parlera plus particulièrement du voyage que firent Quémeneur et Seznec dans la vieille Cadillac entre Brest et Paris entre le 24 et le 26 mai 1923.
Quémeneur, vous le savez sans doute, vous avez écouté Pierre, va disparaître au cours de ce voyage.
On va accuser Seznec de l'avoir assassiné.
Seznec, lui prétendra l'avoir quitté sur le bord de la route alors que Quémeneur s'apprêtait à prendre le train, Seznec continuant, lui, dans sa Cadillac.
Le témoin que nous recherchons se trouvait donc sur ce parcours non plus en Bretagne mais dans la région parisienne, il se trouvait à Houdan, il s'agit d'employés de la SNCF, dont je vous donne les noms : messieurs Piau, Nouvion, Garnier qui étaient chef de gare ou employés à la gare de Houdan.
Piau, Nouvion, Garnier.
Oh, ils ne sont sans doute plus à Houdan aujourd'hui mais comme on est souvent cheminot de père en fils, si vous connaissez des cheminots du nom de Piau, Nouvion ou Garnier, peut-être savent-ils quelque chose....
A Dreux aussi, nous recherchons un garagiste qui s'appelle monsieur Hodey ou bien les proches ou les descendants de ce garagiste de Dreux : monsieur Hodey.
Vous téléphonez au 256 90 20 mais à partir de midi seulement.
256 90 20.
A partir de midi.
Il y a eu hier, je vous le dis en passant, énormément de témoignages, énormément de témoignages à ce numéro de téléphone, sur l'affaire en général ou sur des points que nous évoquerons plus tard.
Donc, renseignez plutôt Pierre Bellemare et son équipe sur les points que je viens de vous préciser.
..........................
Pierre Bellemare : L'affaire Seznec, je vous le rappelle, se passe en 1923, et, c'est l'histoire d'un homme accusé de meurtre, qui passera 20 ans de sa vie au bagne alors qu'il se dit innocent, alors que l'on n'a jamais retrouvé le cadavre de sa victime, ni l'arme du crime.
Le mobile du crime serait, selon l'accusation, l'achat d'une propriété par un faux acte de vente.
Mais, il y a derrière tout cela, une histoire de trafic de voitures américaines revendues aux Russes dont s'occupait le disparu, Pierre Quémeneur, et dont personne ne s'inquiète au moment du procès.
Les deux hommes font un voyage de Brest à Paris pour aller vendre l'une de ces Cadillacs. Et c'est au cours de ce voyage, dans cette Cadillac, que Pierre Quémeneur disparaît.
Son ami, Guillaume Seznec, est donc le dernier à l'avoir vu vivant.
Philippe Gildas a fait le point, ce matin, dans son journal à 7 h 20, et a lancé un nouvel appel.
Notre standard le 256 90 20 est ouvert depuis midi.
Quels sont, Marie-Thérèse Cuny, aujourd'hui les témoins recherchés ???
Cuny : Nous recherchons, et c'est extrêmement important aujourd'hui, les descendants de témoins qui habitaient Houdan à l'époque, et notamment monsieur Piau, qui était chef de gare à Houdan, monsieur Émile Nouvion et monsieur Maurice Garnier qui étaient tous deux employés à la gare ou au chemin de fer.
Nous recherchons également monsieur Jeangirard, en un seul mot, monsieur Jeangirard, dont nous n'avons pas le prénom, qui était marchand de cycles à Houdan ou quincailler.
Et, à Dreux, nous recherchons monsieur Émile Hodey avec un H. H O D E Y. qui était garagiste à Dreux et qui a réside ensuite, nous le savons par un témoignage récent, qui a résidé à Bois-Colombes.
Voilà, Pierre.
Bellemare : Bien. Merci Marie-Thérèse, je rappelle le numéro de téléphone 256 90 20.
Nous attendons vos appels.
Les descendants ou toutes personnes pouvant nous donner des indications sur les noms que vous venez d'entendre, appelez immédiatement 256 90 20.
Nous allons parler aujourd'hui avec, toujours à mes côtés, Denis Le Her, le petit-fils de Seznec, et, Marcel Jullian notre historien, du fameux voyage de la Cadillac.
Ce fameux voyage de Brest à Paris au cours duquel Pierre Quémeneur va disparaître...
Alors...
Nous sommes le 25 mai 1923, 25 mai 1923, Seznec et Quémeneur sont sur la route de Paris dans la vieille Cadillac qui n'a pas cessé de tomber en panne.
Ils ont mis, tenez-vous bien, 11 heures pour faire environ 300 kilomètres.
Ils arrivent à Dreux dans l'après-midi et tout va mal : nouvelle crevaison !
Les deux hommes vont dans un garage, chez monsieur Hodey, dont nous venons de citer le nom et dont nous recherchons les descendants.
Et Seznec, dans ce garage, répare.
L'accusation dit qu'il répare avec un cric, que l'on ne retrouvera pas ensuite, et, qui pourrait bien être l'arme du crime.
La police interroge monsieur Hodey : a-t-il vu le cric ???
Et bien, c'est une réponse que nous n'avons pas de façon précise, sauf que, en 1933, un journaliste de L'Intransigeant interviewe monsieur Hodey à ce sujet, et, le garagiste lui répond : "La police a dit que j'avais vu un cric, or, je ne l'ai jamais vu !!"
Voilà pourquoi nous souhaitons des précisions sur ce témoignage à notre standard, vous le comprenez bien.
Monsieur Hodey dit également : "Ils sont revenus une deuxième fois en fin de journée, il s'agit de Quémeneur et Seznec, ils sont revenus une deuxième fois en fin de journée pour une nouvelle réparation, et j'ai même conseillé à Quémeneur, qui avait l'air pressé, de prendre le train de Paris, mais la voiture pouvait peut-être tenir et ils sont repartis vers 19 h 30."
Marcel Jullian : Là, d'abord, il est frappant que l'on parle tant de ce cric. Il était vraisembable qu'ils aient un cric puisqu'ils ont eu de multiples crevaisons avant l'arrivée au garage, donc ce cric a dû être oublié quelque part, mais je ne crois pas que votre grand-père ait nié qu'il y ait eu l'existence d'un cric..
Denis Le Her : Non, bien sûr, ils ont eu de nombreuses crevaisons, d'ailleurs, ils avaient des chambres à air plus courtes que la dimension de leurs roues, ce qui fait qu'ils avaient beaucoup de crevaisons.
Jullian : C'est donc l'absence de ce cric qui fait penser à une arme du crime, à un instrument contondant alors qu'on a ni cadavre ni certitudes.
Denis Le Her : Absolument.
Jullian : On arrive donc à Dreux. Là, on est certain de Dreux. Le garagiste Hodey.
Alors comment votre grand-père raconte-t-il ce qui s'est passé en partant de chez ce garagiste à Dreux ???
Denis Le Her : Bon. Comment il le raconte, je vais faire ça brièvement, je vais vous le dire simplement de mémoire :
Après 19 h 30, ils partent donc de Dreux et ils arrivent vers 20 h 45 à Houdan. C'est à peu près, parce qu'il faut voir que les témoignages sont ultérieurs, ultérieurs, forcément, disons, un mois après les événements.
Ils se rendent chez Jeangirard, le fameux type dont vous avez cité le nom tout à l'heure, c'est un quincailler, il s'apprête d'ailleurs à dîner bientôt avec femme, et ils achètent une lanterne.
Et comme ils n'ont pas dîné et qu'ils ont l'air très pressés, il leur indique un restaurant qui se trouve à très peu de mètres de la quincaillerie, je crois qu'il y a deux cents ou trois cents mètres...
Jullian : Dans une rue en pente...
Denis Le Her : Dans une rue en pente... Qui est Le Plat d'Etain, c'est un restaurant d'ailleurs célèbre. Ils se rendent dans ce restaurant, probablement un peu avant 21 heures, aux environs de 21 heures..
Jullian : Ils se hâtent...
Denis Le Her : Ils se hâtent, d'ailleurs Seznec mange très peu... Au témoignage des serveuses... Il est épuisé... C'est vrai, c'est lui qui a fait la plupart des réparations, c'est même lui seul... Quémeneur est crevé aussi, faut voir que c'est un voyage assez mouvementé, ils quittent le restaurant.. Et mon grand-père...
Jullian : Quelle heure ??
Denis Le Her : Aux environs de... Entre 21 h et 21 h 30.
Jullian : C'est important..
Denis Le Her : C'est important... Disons-Le...
Jullian : L'horaire le plus défavorable, c'est 21 h 30...
Denis Le Her : C'est le plus défavorable. Alors, je ne pense pas qu'ils se rendent à Houdan, pour la bonne raison que, d'abord Hodey leur a indiqué les horaires de chemin de fer...
Jullian : Ah ! Nous venons enfin de parler de chemins de fer...
Quelle est leur intention en ayant dîné très vite, c'est de rouler vers Paris ou d'aller prendre un train ???
Denis Le Her : Non, c'est de prendre un train désormais... C'est le seul garage... Après toutes ces pannes..
Ce qui est important, ce n'est pas la livraison de la Cadillac...
C'est surtout le rendez-vous de Quémeneur !!!
Jullian : Si c'est le prototype de ce que l'on doit livrer, elle n'est pas très.(?)..
Denis Le Her : C'est ça, elle a beaucoup de pannes... Ça va être le premier échantillon d'un lot de 100 voitures...
Jullian : Bon. Alors... Ils vont prendre un train, donc, ils se hâtent, ils veulent prendre ce train... Pourquoi venez-vous de prononcer le nom de Houdan ???
Denis Le Her : Ah, oui, je l'ai peut-être prononcé trop tôt car, effectivement, c'est un nom qui va rester important... C'est un nom de ville qui va rester important...
C'est que, voici, Quémeneur a décidé de prendre le train... Il s'est renseigné, avant d'aller au restaurant avec mon grand-père des horaires de chemin de fer...Hodey lui a indiqué des horaires de chemin de fer... Lui a conseillé, ça, c'est indéniable, c'est dans l'acte officiel, et en plus, dans ses papiers, dans la valise de Quémeneur, qu'on trouvera par la suite, on verra qu'il avait même un indicateur Chaix. Et on a même un témoin qui affirme que Quémeneur et Seznec consultaient cet horaire.
Donc, ils s'intéressaient précisément à prendre un train car Quémeneur tenait absolument à arriver à un rendez-vous samedi, le lendemain, le 26 mai à Paris.
C'était ce fameux rendez-vous !!!
Jullian : Or il n'y avait qu'un train possible par rapport à l'heure qu'il était c'était un train à Dreux... Houdan était déjà (?)...
Denis Le Her : Absolument. C'était un train à 20 h 17 exactement. D'avance, ils savaient, avant d'arriver même au niveau du quincailler qu'ils ne pouvaient pas prendre ce train.
Jullian : Donc, ils ne pouvaient prendre qu'un train qu'à Dreux, car il y avait un train à 21 h 56 ou 58, disons, selon qu'on prend l'horaire d'arrivée ou de départ.
Bon. D'accord...
Alors, maintenant, pourquoi parle-t-on tout le temps de Houdan dans cette affaire ???
S'il vous plaît..
Denis Le Her : Pourquoi Houdan ???
C'est que les policiers lorsqu'ils ont inculpé mon grand-père, plus exactement lorsqu'ils l'ont interrogé pour la première fois le 28 juin, ils l'ont amené dans la région de Dreux, à Dreux exactement, le dernier endroit où mon grand-père prétend avoir quitté Quémeneur.
Seznec sommeillait dans la voiture, après le restaurant du Plat d'Étain...
Je vous rappelle qu'entre Dreux et Houdan, il y a 18 kilomètres.
Il sommeillait et lorsqu'il a été réveillé par un heurt de la voiture dans une barrière, dans une cour d'une gare, c'est Quémeneur qui conduisait, et, il lui a dit en le quittant, il lui a dit : "Je prends le train je suis à la gare de Dreux."
C'est même mon grand-père qui lui a dit "Ou est-on ???"
Il a dit : "Bon, on est à Dreux. Je te quitte. Débrouille-toi, essaye de rejoindre Paris avec cette voiture, et si tu n'y arrives pas, c'est pas grave, retourne à Morlaix !"
Il faut dire que tous les deux, ils étaient épuisés nerveusement et démoralisés avec l'état de la voiture...
Jullian : On n'a jamais retrouvé la moindre trace, je veux dire d'un heurt d'une barrière de gare à Dreux ensuite (?)
Denis Le Her : Oh, c'était pas grand chose, ça prendra beaucoup d'ampleur après par la suite, mais c'était pas grand chose.
D'ailleurs, c'est mon grand-père qui signale ce fait. C'est important parce que, vous allez voir que ce détail pourrait être contre lui il le dit, lui, tout de suite.
Et c'est lui qui indique la piste qui va être un élément important contre lui.
Il indique aux policiers.
On lui demande où il a dîné ce soir-là, il ne se souvient plus du restaurant... Il dit : "Je sais que ce restaurant était dans une rue en pente..."
Jullian : Et finalement, on retrouve le restaurant à Houdan...
Denis Le Her : A Houdan. A 18 kilomètres, les policiers finissent au cours de recherches, par retrouver, oui, dans une pente, un restaurant...
Et mon grand-père est content, on a retrouvé le restaurant !
Il reconnaît les serveuses. Les serveuses le reconnaissent, etc... Il est content !
Et les policiers continuent, c'est Bonny/Vidal, à rechercher, surtout à prouver que Quémeneur aurait été déposé à la gare de Houdan, pour bien montrer qu'il faisait confusion.
Et, avant de lui annoncer cela, ils essayent de faire dire à mon grand-père que Quémeneur a pris le train à Houdan...
Mon grand-père ne voit pas de machination ou quoique ce soit, il dit "Je suis persuadé que c'est à Dreux. Il faisait nuit.. Je sommeillai, on m'a dit Dreux, je ne vois pas pourquoi ce serait Houdan..."
Mais, à la fin, il veut bien l'admettre, il dit : "Apres tout pourquoi pas Houdan (?)"
Et il l'admet.
Et, c'est là que le piège se referme, et que, en disant Houdan, et bien ce n'était pas possible.
Jullian : Bien, alors, attention parce qu'à la gare de Houdan, il y a des témoins qui prétendent avoir vu, ce soir-là, une voiture heurter quelque chose dans la cour de la gare de Houdan.
Et justement vers cette heure-là.
Bon.
Alors, ces témoins de la gare de Houdan, en arrivent, bien sûr, à faire une déposition accablante pour Seznec.
Tous se basent pour rassembler leur mémoire, ces témoins de la gare de Houdan, tous se basent sur un fait qui se serait passé autour du 25, et qui est le suivant : c'est que la veille, il aurait gelé dans la ville, et c'est parce qu'il aurait gelé dans la ville la veille qu'on se souvient de cette date.
Or, nous avons interrogé les archives de climatologie et nous leur avons demandé : dans la région de Houdan, car c'est tenu à jour, j'ai la feuille devant moi d'ailleurs, et bien quelle est la température qu'il fait autour du 25 mai ???
Est-ce qu'il a gelé, notamment la veille, le 24 ???
Réponse des archives de climatologie : "Quand il a gelé dans la région au mois de mai 23 ???"
Marie-Thérèse Cuny : C'est cela...
"Madame, la température minimale du mois était de zéro degré 7, donc, comme on dit supérieure à zéro degré, donc, il n'y a pas eu de jours de gelée..."
Marie-Thérèse Cuny : Mais, le jour où il a fait le plus froid pendant le mois de mai 1923..
"Zéro degré 7, c'est le 18, madame.."
Cuny : Et Monsieur, est-ce que vous pouvez me dire les températures le 25 mai, s'il vousplaît, ??? Les températures extrêmes ???
"25 mai, température minimale 4 degrés 3 , température maximale 15 degrés 7.
Jullian : Voilà. Or, la veille, il avait fait : température minimale 8 degrés 8, et température maximale 11 degrés 8.
Donc, vous voyez que, il est impossible que ce soit ce jour-là qu'il ait gelé puisqu'il n'y a pas eu de gelées...
En plus de ça, il n'y en a pas eu au mois de mai...
Nous sommes là devant un curieux aide-mémoire, puisqu'encore une fois, monsieur Piau, le chef de gare, et bien c'est là-dessus qu'il se base...
Mais, il faut le dire, on a beaucoup insisté pour que monsieur Piau retrouve cette date du 25...
Monsieur Piau, au départ, vous êtes bien d'accord, Denis Le Her, il est pas là pour absolument accuser votre grand-père, c'est les policiers qui vont insister pour l'amener à cette date, nous sommes bien d'accord ?
Denis Le Her : Oh oui, ils vont beaucoup insister d'ailleurs, car, au départ, tous ces braves gens, ces cheminots, ils sont pas tellement chauds pour témoigner dans des affaires comme ça, comme beaucoup de gens d'ailleurs, et ils se font un peu prier...
Bon, on a vu une voiture au départ, ils n'ont même pas vu d'individus, on a vu une voiture, oui, il y a plus d'un mois...
Ensuite, cette voiture deviendra une Torpédo... Une Torpédo... Et elle finira par devenir une Cadillac...
Vous voyez qu'elle se transforme aussi cette voiture...
Et personne ne reconnaît Quémeneur ni Seznec, mais, c'est étonnant, ils vont finir par les reconnaître...
Jullian : Et pour justifier la date, on parle du gel... Or, il n'y a pas de gel la veille, ça c'est absolument formel, voici les archives de la météorologie...
Bellemare : C'est drôle que ce soit la première fois à ma connaissance que l'on soulève ce problème d'absence de gel..
Jullian : Exactement..
Denis Le Her : Je vous ferai remarquer que la police s'est bien gardée de faire la moindre recherche pour ce qui est de la météo alors que c'était relativement facile...
Bellemare : Autre précision : l'heure d'été et l'heure d'hiver...
Et bien... L'heure change !!!!
Par coïncidence... Dans la nuit du 27 au 28 mai 1923, c'est-à-dire deux jours après ces événements, et c'est la première fois que cet événement se produit en France, ça a été même un débat très acharné à la Chambre des Députés...
Jullian : Donc, il y a de quoi troubler un plan de...
Bellemare : C'est dire que tous les témoignages qui sont entendus, comme ils sont entendus forcément un mois après, puisque l'affaire se déclenche un mois après ces dates, et bien, ils sont entendus, mon Dieu, sur l'horaire d'été ou sur l'horaire d'hiver ???
Quand les gens répondent : il était 22 h 10, est-ce qu'ils veulent dire 22 h 10 ou 21 h 10 ???
Car, encore une fois, quand on les interroge, un mois s'est passé...
Ils sont habitués à l'horaire d'été !!!
Et c'est la première fois que ça se produit en France !
Denis Le Her : Et il n'y a aucun procès-verbal de tous ces témoins qui précise si c'est l'horaire ancienne ou l'horaire nouvelle..
Et je vous rappelle aussi que nous sommes à la campagne et que de nombreuses personnes marchent encore à l'heure solaire et non pas à l'heure de la République comme ils disaient encore...
Bellemare : D'autre part, reconnaît-on Seznec, ça je crois que...
Jullian : Vous disiez, on ne parle ni de Seznec ni de Quémeneur, on parle d'une voiture... Pourtant, il y a un témoignage il y a un témoignage qui a été recueilli par le juge Hervé en 1933 à propos du témoin Garnier - dont on cherche toujours les descendants - employé de la gare et je vous lis donc ce qu'a déclaré, la déposition faite par M. Garnier :
"Je me souviens que le jour où une auto s'est arrêtée devant la gare de Houdan, il faisait clair de lune - vous voyez la météorologie a beaucoup d'importance - le chef de gare m'avait dit : Garnier, vous ne feriez pas de mal de couvrir vos tomates car il gèlera certainement cette nuit...
Bellemare : Donc, voilà le gel...
Jullian : C'est le seul indice que nous avons donné aux policiers pour fixer une date. Je me souviens de l'arrivée d'une voiture qui faillit entrer - elle n'entre plus, là, elle manque seulement de le faire - dans les barrières de la petite vitesse, fait qui se produisait assez fréquemment.
Il m'a été impossible de reconnaître Seznec, j'ai seulement cru trouver une ressemblance dans sa silhouette, c'est peut-être lui, ai-je dit à monsieur Vidal tout ce que je sais c'est qu'il y avait deux hommes et c'est tout.
Mais jamais je n'ai déclaré que c'était bien Seznec et Quémeneur qui étaient dans l'auto, seul en ce qui concerne Quémeneur, j'ai remarqué sur la photo qu'on m'a présentée que l'individu de l'auto était comme moi aujourd'hui un peu dégarni sur le front.
Encore une fois, je ne puis en aucun cas certifier que Seznec était présent ce soir-là à la gare de Houdan...
Et, on lui pose la question : Êtes-vous sûr qu'il a gelé le 25 mai ???
Réponse : Je ne m'en souviens plus."
Denis Le Her : Mais, vous savez à propos du témoignage de Garnier, la je vais vous annoncer une chose qui est quand même extrêmement troublante et même inquiétante, c'est qu'on interroge tous ces gens-là qui ne reconnaissent ni Seznec ni Quémeneur mais qui, au procès, reconnaîtront Seznec pour certains...
Notamment ce fameux Garnier...