Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
10 Août 2023
Le chantage suppose des menaces sous conditions pour extorquer des sommes auxquelles on n'a aucun droit.
Le Roman de l'énergie nationale, Leurs figures (1902) de Maurice Barrès.
Je reste persuadée que Pierre Quémeneur a fait l'objet d'un chantage le 21 mai 1923.
Pourquoi ?
Parce que sa brusque demande d'argent est secrète et urgente.
Secrète...
On a tout essayé.
Pour l'hypothèse B.P.C...
Reste que devenir banquier n'était pas un déshonneur pour un bourgeois breton, loin s'en faut.
Et, aucunes raisons de le cacher.
Exemple de petite annonce publiée par la B.P.C. dans L'Ouest-Eclair (édition Rennes) du 15 octobre 1922 :
Pour l'hypothèse Cadillac...
Elle arrive bien trop tard.
Tout s'est joué entre 1919 et 1920. Seznec en a bien profité d'ailleurs.
En mai 1923...
Pierre Quémeneur n'est pas vraiment à court d'argent.
Mais son argent est bloqué dans de nombreux biens.
Il a peu de liquidités et qui dit chantage dit liquidités.
Le maître chanteur américain a-t-il réclamé l'argent en dollars or (?)
Pierre Quémeneur vient de rentrer les 30.000 francs de vente de son terrain à destination de logements sociaux.
Si Salaün lui refuse le prêt de 100.000 francs, dans un premier temps, c'est qu'il faut l'autorisation des directeurs de la banque.
Et cela devait se faire lors d’une réunion, le lendemain.
Le directeur de la Société Bretonne de Crédit, Drayer (Dreyer), semble avoir refusé lui aussi le prêt de 100000 frs à PQ. (Ouest-Éclair 1er novembre 1924)
Mais, là, il y a vraiment urgence...
Il lui faut de la fraîche…
C'est pour cela que je pense à un chantage.
Les lettres envoyées à Seznec pourraient très bien être l'œuvre de quelque margoulin homo rencontré lors d'un précédent voyage à Paris.
Et oui, souvenez-vous la déposition de Jules Verlingue (Rouz en page 51) qui témoigne que nos deux zigs avaient déjà fait un voyage à Paris.
Qu'est-ce qui fait tourner le monde ?
Le fric et le cul.
Côté fric, on sait à peu près tout sur Pierre Quémeneur..
Mais...
Côté cul...
C'est une toute autre histoire.
On est là dans un milieu catholique réactionnaire.
On parle là d’un homme politique qui se verrait bien député !
Si un margoulin homo avait rencontré Quémeneur à Paris..
Qu'il avait remarqué l'adresse dans la voiture de Seznec..
Le tour est joué.
Les lettres sont envoyées.
C'est quand même bizarre que ces foutues soi-disant lettres de l'American Chamber of Commerce n'aient jamais été retrouvées.
La Presse 27 juin 1923
Il n'y avait aucune honte à acheter des vieilles Cadillacs..
Mais qu'un joli soldat ricain (Pourquoi pas un officier supérieur des Marines ?) fasse chanter notre conseiller général, c'est une toute autre histoire..
Et la Russie n’a rien à voir à l’affaire.
Quémeneur gay ?
Pourquoi pas ?
Aucun jugement moral de ma part.
Deux détails importants :
D'une part, je viens de relire que le gars Pierrot avait quitté Le Petit Séminaire à l'âge de 20 berges...
Faut croire qu'il se plaisait bien en compagnie de ses petits camarades...
D'autre part, je suis encore et toujours en train de me demander qui sont les deux zigs en compagnie de Quémeneur à Rennes le jeudi 24 mai 1923 en soirée.
Snobs et méprisants (ils toisent Seznec de haut).
Ouest-Eclair du 8 juillet 1923.
Et....
Contrairement à vous tous...
Moi, j'ai par-devers moi les k7 des émissions radio de 1979..
Et résonne dans mon souvenir, la voix extrêmement efféminée du soi-disant filleul d'un certain Francis…
En pages 441 et 442 du livre de Denis Seznec :
"Avant de commencer l'entretien, vous m'avez dit : "On m'a conseillé hier de ne pas me mêler de ça" Pourrait-on vous demander pourquoi on vous a dit ça ?
- Lorsque j'ai entendu vos émissions, j'ai dit à des amis qui l'écoutaient avec moi : "Tiens, je ne pense pas que ça peut servir à grand-chose, mais je me demande si je ne ferais pas mieux d'envoyer une lettre à Pierre Bellemare pour lui dire le peu que je sais." Et l'affaire en est restée là. Et il y a quelque temps, je leur ai dit : "Tiens, je vais voir Pierre Bellemare et je vais lui dire le contenu de ma lettre." Et je sais que des amis en ont parlé. Et une personne qui n'est pas exactement un ami, mais avec laquelle j'ai été en relation d'affaires, m'a téléphoné en me disant : "Pourquoi est-ce que tu te mêles de cette affaire, laisse tomber, ça ne peut rien t'apporter de bon, et puis ce sont de très vieilles histoires. Seznec lui-même, à force de répéter qu'il était innocent, a fini par s'en persuader, mais tout cela, ce sont de très vieilles histoires, laisse donc tomber, ça ne peut t'apporter que des ennuis." Je dois préciser que cette personne est assez bien placée pour me donner un conseil.
- Que vous n'avez pas suivi.
- Que je n'ai pas suivi. J'ai décidé après avoir réfléchi, en avoir parlé, de venir quand même.
- Je vous écoute.
- Eh bien, on m’a toujours appelé Francis, et alors que j’avais sept ou huit ans, il m’est arrivé de grimper sur les genoux de Gherdi, qui me disait : "Je suis le grand Francis, tu es le petit Francis." Il était l’ami de mon tuteur qui s’occupait de moi et de mes études et avait beaucoup d’intérêt parmi lesquels Gherdi avait une place. Mon tuteur s’occupait en France des tombes impériales britanniques, il y a énormément de cimetières anglais dans le nord de la France. Il était quelque chose dans l’inspection de leur entretien, et puis il avait beaucoup d’argent, il brassait beaucoup d’affaires. Il s’occupait aussi des stocks américains, mais sous un tout autre plan, sous celui de forunitures de certains stocks qui étaient tout neufs, n’avaient jamais été utilisés et étaient vendus par de grands magasins.
- Vous avez un nom qui est de consonance anglo-saxonne, donc on peut dire que Gherdi était en rapport courant avec des Anglo-Saxons.
- Très certainement. Il faisait d'ailleurs volontiers état du consul des Etats-Unis dont il aurait été le chauffeur et beaucoup plus que cela. Au cours des conversations qu'il avait avec mon tuteur et d'autres personnes, il se vantait de rendre toutes sortes de services à des personnes importants - de servir de prête-nom, par exemple.
- Est-ce que vous, personnellement vous croyez au trafic des véhicules américains après la guerre de 1914-1918 ?
- Des véhicules, je n'en ai pas entendu parler beaucoup. Mais des trafics de stocks américains de toutes sortes, alors là, j'en ai été le témoin, ça allait de la bottine jusqu'aux toiles de tente en passant par un tas d'articles des plus divers.
- Puisque Gherdi se vantait d'être un prête-nom dans certaines affaires, est-ce que vous pensez qu'il ait pu être un prête-nom dans des affaires de trafic de stocks ?
- C'est possible. C'est probable. Je ne peux pas l'affirmer. Tout ce que je sais, c'est qu'en particulier, un jour, nous sommes allés, mon tuteur et moi, à une espèce de terrain vague qu'il possédait, où il y avait toutes sortes de marchandises américaines, il y avait aussi une sorte de petite baraque préfabriquée américaine. Je crois que toutes ces marchandises lui appartenaient, ou était-il le prête-nom de quelqu'un, je ne sais pas. Je sais que même des marchandises ont été revendues à des grands magasins parisiens et que Gherdi intervenait dans ces ventes, je ne sais pas à quel titre.
- Donc c'était une sorte de plaque tournante ?
- Il était certainement beaucoup plus qu'un simple chauffeur, et même qu'un simple secrétaire.
- D'autre part, il semblerait que Gherdi ait eu des connexions, dirons-nous, avec des hommes politiques français.
- Il l'affirmait, et je vais vous raconter deux détails extrêmement précis pour moi. Ma maison natale avait été détruite pendant la guerre de 1914, ma mère qui en était la propriétaire n'arrivait pas à se faire rembourser ce qu'on appelle les dommages de guerre. Elle est allée plusieurs fois à la préfecture, où elle a été assez mal reçue. Mon tuteur lui a conseillé de s'adresser à Gherdi, qui ferait une lettre grâce à laquelle elle obtiendrait satisfation. Effectivement, lorsqu'elle est retournée à la préfecture, on l'a reçue très aimablement, on lui a offert un siège, on l'a fait asseoir, le dossier était tout prêt : "Oui, vous êtes la protégée de M. Untel - ici le nom d'un homme politique illustre." Et c'était simplement la suite d'une intervention de Gherdi qui se vantait d'être ne relation avec le cabinet de cet homme politique... Et puis, en 1940, j'ai eu besoin d'un transfert de bourse d'un département à l'autre ; on n'arrivait pas à l'obtenir, là encore j'ai écrit à Gherdi, et là encore il y a eu une solution extrêmement rapide... J'ai aussi entendu dire que Gherdi était en relation constante avec des Américains d'origine syrienne qui étaient plus ou moins apparentés à la femme de cet homme politique."
« Il faisait d'ailleurs volontiers état du consul des États-Unis dont il aurait été le chauffeur et beaucoup plus que cela »...
NDLR : on parle ici de :
"Alexander Montgomery Thackara qui a été nommé Consul Général à Paris, le 18 septembre 1913. Il a été nommé délégué pour le VIe Congrès International des Chambres de Commerce et des Associations Industrielles à Paris en 1914. Il a pris sa retraite le 1er juillet 1924"
Sources : Monical Belmonte, Ph. D., Office of the Historian, Department of State, Library of Congress, Washington.
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Et si le chauffeur dont on parle se nommait en fait Pierre Tallerie (?)
Qui fut chauffeur d'Al Capone et de Louis Armstrong...
Alexander Montgomery Thackara
Voilà.
Comme dit l'autre, ça mange pas d’pain.
Mais imaginez un peu un Morlaisien comme ce sale type de de Jaegher qui apprendrait l'histoire (?)
Un beau Marine américain blond qui, sous le pseudo de Charlie, aurait fait chanter notre Pierrot.
A votre réflexion.
Ceci est une hypothèse, of course...
Mais elle tient quand même mieux la route que celle d'un Pierre Quémeneur transi d'amour pour une Marie Jeanne Seznec...
Qui n'était pas un perdreau de l'année, je le rappelle tristement ici, avec ses 9 grossesses successives et son ablation d'un rein.
Sans compter que cette pseudo passion pour Mme Seznec n'explique pas le besoin urgent d'argent frais.
Liliane Langellier
La Dépêche de Brest du 26 juin 1923
Rappel :
Michel Pierre en pages 23/24 de son livre :
"La seule chose qui intrigue dans son mode de vie, c'est de voir Pierre Quémeneur encore célibataire à quarante-cinq ans, en 1922. On ne lui connaît aucune liaison scandaleuse pouvant défrayer la chronique et nuire à son honorabilité. Certes, on le considère comme un "vieux garçon", mais le célibat a du bon, et puis un mariage tardif peut encore survenir. Un bon parti peut toujours se permettre d'attendre. Il est aussi possible que l'intime compagnie des femmes ne soit pas de ses priorités si l'on en croit un témoignage rapporté par l'écrivain Charles Chassé :
"Quémeneur devant se retrouver avec quelques amis à la Brasserie de la Marne, ceux-ci décidèrent de mettre sa vertu à l'épreuve. Après s'être assuré le concours d'une "professionnelle" d'abord très agréable, ils la présentèrent au négociant landernéen comme une personne de la bonne société. On trinqua joyeusement à plusieurs reprises, puis Quémeneur fut chargé de reconduire la jeune personne. Confus, mais à court de prétexte pour s'excuser, il accepta. Arrivé à sa porte, très aimablement, la complice invita pour qu'il montât "prendre une tasse de thé". Sans méfiance, encore que très gêné, il accepta l'invitation et fut prié de s'assoir en attendant que l'eau fut chaude à point.
Quelques minutes plus tard, la maîtresse des lieux revint, portante garni d'une théière, de tasses et de gâteaux secs, mais vêtue d'un peignoir qui, à chaque mouvement découvrait une provocante nudité. L'invité reprit alors son chapeau, salua la dame et sortit, laissant sa partenaire qu'on lui avait destinée frappée de mutisme, comme elle le dit après coup à ses "commettants".
In Archives départementales du Finistère, fonds Charles Chassé, 97 J art 244.
A lire pour s’instruire…
PARIS DANS LES ANNEES 20. L'entre deux guerre va être à Paris une sorte d'âge d'or pour les homosexuels. Pour la première fois, ils ne sont plus réduits à ne fréquenter que les pissotières ou les bordels à garçons pour se rencontrer. Le Paris Gay des années 20 et 30 va se concentrer à Montmartre. Cafés, bars, restaurants, cabarets, cafés concerts, bals, dancing, cinémas, salons littéraires, music-hall, ce ne sont pas les lieux qui vont manquer, et il y en aura pour tous les publics : prolétaires, bourgeois, aristocrates, intellectuels, voyous, travestis, efféminés, forts des halles...
:: LES BALS ET DANCING.
Initiés à la fin du siècle précédant, les bals du Carnaval à la mi-carême rassemblent à Paris des milliers d'homosexuels de toute la France et même de l'étranger. Le plus réputé de tous, immortalisé par Brassaï, le photographe des lieux interlopes, est sans conteste "le bal du Magic City". Le Magic City est une sorte de parc d'attractions pour adultes, situé rue Cognac Jay. Tout est fait pour le divertissement, attractions foraines, curiosités, spectacles... et l'endroit possède une immense piste de danse avec orchestre. Des bals y sont organisés en permanence mais celui qui sera le phare des nuits homosexuelles sera celui de la mi-Carême lancé en 1922. Une fois par an, les "honteuses" peuvent se joindre aux homosexuels libérés grâce au déguisement qui préserve leur anonymat. Généralement, ce sont les costumes féminins qui sont les plus prisés et certains dépensent des fortunes pour des costumes extravagants de strass, de plumes et de paillettes. Ils passent des heures pour affiner leur maquillage ou leur coiffure et se transformer l'espace d'un soir en Reine de la Nuit. Durant cette nuit de la mi-carême, le Magic-City accueille des clients qui ne viennent pas le reste de l'année. Cette énorme fête totalement disproportionnée et exubérante va être à l'origine d'un mythe dont les homosexuels parleront encore plusieurs générations plus tard. Dans les années 70, Le Palace à Paris s'en inspirera d'ailleurs pour l'organisation de ses fêtes et soirées délirantes. En dehors du Bal de la mi-carême du Magic City, qui malheureusement n'a lieu qu'une fois par an, les homosexuels parisiens disposent de quelques autres lieux où ils peuvent danser entre eux, à leurs risques et périls car c'est interdit par décret et se faire surprendre par la police, entraine arrestation, prison, amende et fichage. Le bal le plus couru est le "Bal des Lopes" organisé par la Grande Paulette au "Bal de la Montagne Sainte Geneviève", 46 rue de la Montagne Sainte Geneviève. L'endroit est populaire et un peu vulgaire mais les homos s'y amusent bien. Plus populaire et plus vulgaire encore, le Bal Musette du "Bar des Trois Colonnes" rue de Lappe, à la Bastille, attire prostitués, michetons et voyous. Dans le même genre et dans la même rue, "le Bousca" est aussi un petit bar avec accordéon pour homosexuels. Cet établissement existera jusque dans les années 50. La rue de Lappe est, à cette époque, le rendez-vous du Paris interlope et populaire. Les invertis des milieux ouvriers et modestes s'y retrouvent dans une ambiance musette. Tout le quartier baigne au son de l'accordéon et les "guinches" ne rassemblent pas que les invertis, mais aussi les prostituées, leurs souteneurs, les petits truands et les forces de polices qui y mènent des descentes musclées. Pour les ouvriers et chiffonniers des quartiers nord de Paris, il existera un bal pédéraste à la Porte des Lilas appelé "Au Lapin Vengeur". Le "Bal de la Salle Wagram", plus chic, continuera encore durant les années 20 à avoir sa clientèle d'habitués.
:: LES CAFES ET LES BARS.
Les bars homosexuels des années 20 se concentrent essentiellement à Montmartre et à Pigalle. "Le Liberty's" poursuit sa vie et désormais, Bob et Jean y organisent des spectacles de travestis. Les vedettes de l'établissement seront Brancato et Charpini à partir de 1929. C'est le travestissement, toujours interdit mais maintenant toléré, qui va se développer dans les bars interlopes de la capitale. Monsieur Tagada va ouvrir un petit cabaret où les travestis pourront danser entre eux, rue Berthe à Montmartre : "La Petite Chaumière". L'endroit abritera aussi des prostitués des 3 sexes. "Chez Fysher" rue d'Antin attire de plus en plus les lesbiennes. La vedette qui y tiendra l'affiche jusqu'en 1927 est Gaby Montbreuse, plantureuse chanteuse rousse dont le plus grand succès est "tu m'a possédée par surprise". De nombreuses vedettes se succèderont aussi chez Fisher : Yvonne Georges, Damia, Marie Dubas, Arletty, Lucienne Boyer, Lys Gauty, Gaby Basset. Une grande et ancienne brasserie de la Place Blanche, "Chez Graff", va devenir au cours des années 20, le lieu de rendez-vous du monde de la nuit de Pigalle mais aussi des homosexuels de tous poils : lesbiennes, pédérastes, travestis, prostitués vont côtoyer les commerçants du quartier, les proxénètes, les artistes dans un joyeux mélange félinien avant la lettre. Le quartier Montmartre abritera aussi de nombreux petits bars homos moins célèbres que les précédents : "Tonton", rue Norvin, "le Yeddo", petit dancing, "le Clair de Lune", "l'Adonis Bar", "La Chaumière", rue Gabrielle, "Chez ma Cousine", rue Lepic, "La Taverne Liégeoise", rue Pigalle... Enfin les homosexuels chics et distingués auront aussi leurs lieux de prédilection dans les années 20 et pour plusieurs décennies : "Le Bœuf sur le Toit" est ouvert au 28 rue Boissy d'Anglas par Louis Moyses et sous le patronage de Jean Cocteau. Ce bar-dancing mondain pas exclusivement homosexuel à ses débuts, le deviendra de plus en plus. Tout le Paris artistique et littéraire s'y retrouve. L'endroit changera plusieurs fois d'adresse et existera toujours 80 ans plus tard même si son orientation homosexuelle disparaitra après la guerre. Une autre boite chic accueillera les homosexuels de bonne famille près de l'Etoile : "le Club Liégeois."
S'il est encore mal vu pour une femme de fréquenter des établissements qui vendent de l'alcool, sauf évidemment les prostituées et entraîneuses dans les cabarets et les bordels hétérosexuels, lieux d'amours saphiques au service du voyeurisme masculin, les femmes commencent à fréquenter quelques lieux qui leur sont réservés exclusivement. "Le Sphinx" est bien un bar lesbien mais les femmes libérées et instruites de la bourgeoisie se retrouvent plutôt dans des salons littéraires comme celui ouvert en 1910, rue Jacob, par Nathalie Barney. Dans les années 20, c'est le "Salon de Thé Smith's", rue de Rivoli, qui aura leurs faveurs. C'est bien les services qu'elles ont rendus à la patrie durant la guerre en remplaçant les hommes dans les usines qui leur permet désormais d'obtenir un semblant de liberté par rapport au sexe fort encore très dominateur.
:: LES LIEUX EXTERIEURS.
Pas de changement dans la géographie des lieux de drague extérieurs. Les valeurs sûres du début du siècle restent les même : pissotières, parcs, gares continuent à offrir des rencontres furtives et anonymes (cf lieux de dragues parisiens des décennies précédentes.) La prostitution sur le trottoir reste concentrée sur la place Pigalle, sur le boulevard Rochechouard. Tuileries, Jardins du Trocadéro, Champs de Mars continuent d'attirer les promeneurs. Le Palais Royal est définitivement en perte de vitesse.
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