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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec. Ouest-Eclair du 8 juillet 1923 : La machine à écrire, preuve décisive de la culpabilité de Seznec ?

Cent ans plus tard, Ouest-France vous fait revivre les premières semaines de l’affaire Seznec. Ici, les enjeux liés à la machine à écrire saisie à Morlaix, dans l’édition du 8 juillet 1923.

 

 

Ainsi que L’Ouest-Eclair l’a annoncé hier, la charge la plus grave vient d’être relevée contre Seznec : la découverte d’une machine à écrire type « Royal » identique à celle qui fut achetée par Seznec, le 13 juin, au Havre, chez M. Chenouard, et qui aurait servi à « taper » l’acte de vente de la propriété de Plouviro. Nous avons dit hier dans quelles conditions cette machine fut découverte au cours de nouvelles perquisitions effectuées par les agents de la brigade mobile de Rennes dans les divers immeubles appartenant à Seznec.

Ajoutons ces quelques détails : C’est dans un grenier de la scierie mécanique exploitée par Seznec que la découverte fut faite. Les inspecteurs se trouvaient dans un coin du grenier fermé par quelques planches, qui avait servi de chambre à coucher à un chauffeur renvoyé depuis un an, lorsqu’un paquet dissimulé dans une cheminée et soigneusement enveloppé de journaux attira leur attention.

Ils l’ouvrirent et ne furent pas peu étonnés de trouver là une machine à écrire « Royal » avec des feuilles de papier à dactylographier. Le tout, on le pense bien, fut aussitôt saisi, en même temps que l’on avertissait par télégramme M. Marlier, directeur de la Sûreté Générale.

Mme Seznec, interrogée par M. Labouerie, chef de la brigade mobile de Rennes, déclara qu’elle ignorait l’existence de cette machine. M. Labouerie est reparti pour Rennes.

La deuxième « Royal »

Ajoutons que le lundi 2 juillet, la Sûreté de Paris s’était présentée chez un ancien comptable de Seznec, qui se trouvait, on le sait, détenteur d’une machine à écrire marque « Royal » ayant appartenu à Seznec, pour vérifier si c’était avec cette machine qu’avait été « tapé » l’acte de vente, mais ladite machine ne présente pas les particularités signalées par L’Ouest-Eclair et, si elle se trouvait chez l’ancien comptable, c’est, on le sait également, parce que celui-ci n’avait pas reçu son salaire intégral.

Or, si ce n’est pas avec cette première machine que Seznec a tapé le fameux acte de vente de Plourive il y a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour que ce soit avec la seconde qu’il ait fabriqué son double document. La machine à écrire découverte dans le grenier de Seznec a été immédiatement dirigée sur Paris où l’on va la présenter à M. Chenouard du Havre, et à ses employés.

Si c’est bien, comme cela paraît certain, celle qu’ils ont vendue le 13 juin, on tient la preuve que c’est bien Seznec qui était au Havre le 13 juin et que l’acte de vente de la propriété de Plourivo tapé avec cette machine est un faux.

Pourquoi ?

Il n’est pas inutile de rappeler quelle fut, dès le début de l’enquête, la version de Seznec : « L’acte en question, a-t-il dit, a été rédigé par M. Quéméneur, qui l’a fait dactylographier je ne sais où ni par qui. Nous l’avons signé le 22 mai, au cours d’un rendez-vous dans un café de Brest. » Mais alors, si l’acte de vente fut rédigé par M. Quéméneur et si c’est M. Quéméneur qui le fit « taper », pourquoi Seznec aurait-il acheté une machine à écrire au Havre ? Pourquoi, l’ayant achetée, la dissimulait-il si soigneusement ?

La découverte de cette importante pièce à conviction a causé dans la ville et dans les environs une émotion considérable. À Traonarvelin, les voisins épiloguent longuement sur une fumée suspecte qui montait de la cheminée de la maison de Seznec pendant trois jours, alors que l’atelier chômait. Les suppositions à la manière de Landru laissent la police indifférente, est-il nécessaire de le dire ?

Une hypothèse

La découverte de la machine à écrire à Morlaix donne lieu à de nouvelles hypothèses. En voici une que je vous transmets et qui ne me semble pas dénuée d’intérêt. Seznec a-t-il commis son crime dans le but de s’emparer de la propriété de M. Quéméneur ? Ou plutôt, l’acquisition de la propriété de Plourivo fut-elle le mobile principal qui fit agir Seznec ? On peut supposer qu’à l’origine Seznec, en attirant M. Quéméneur à Paris en automobile, a eu uniquement pour but de s’emparer de l’argent que le conseiller général avait sur lui et des 60 000 francs de M. Pouliquen.

Ce serait en constatant que ces 60 000 francs lui échappaient (l’étourderie de l’employé des postes du boulevard Malesherbes lui ayant fait croire que l’honorable notaire de Pont-l’Abbé n’avait rien envoyé et n’enverrait rien) qu’il aurait résolu de mettre la main sur Traou-Nez, afin de n’avoir pas commis son crime pour rien.

Au vrai ce ne sont que suppositions, suppositions qui, d’ailleurs, n’atténuent en rien la gravité des charges qui pèsent sur Seznec. Quoi qu’il en soit, un point reste obscur. On se rappelle que c’est le 2 juin qu’on se présenta au bureau des postes du boulevard Malesherbes pour réclamer le chèque adressé par M. Pouliquen. Mais qui se présenta ? Est-on sûr, absolument sûr que ce soit Seznec ? Mme Seznec affirme que son mari, partit pour Paris le 31 mai dans le but de consulter un avocat et qu’il rentra à Morlaix le 2 juin au matin, jour où il effectua la paie de ses ouvriers.

L’importance de cette affirmation n’échappera à quiconque. En effet, si Seznec était à Morlaix le 2 juin, ce n’est évidemment pas lui qui se présenta au bureau de postes du boulevard Malesherbes pour retirer les 60 000 francs de M. Pouliquen. Et alors il faut admettre, nécessairement, que Seznec a eu un complice. Mais Mme Seznec dit-elle la vérité ? On ne tardera pas à le savoir.

 

A lire sur Ouest-France du 7 mai 2023

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