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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec. Déposition de Guillaume Seznec le 26 Juin 1923 par le commissaire Cunat...

 

 

 

 

 

(Propriété Archives du Finistère)

Je me nomme Joseph Marie, dit "Guillaume" âgé de 45 ans, profession de négociant en bois, demeurant rue de Brest à Morlaix.

Depuis plus de trois ans, je connaissais très bien M. Quémeneur Pierre, Conseiller Général du canton de Sizun, qui demeurait à Landerneau. Il était devenu très intime chez moi et c'était réellement un très bon camarade. J'avais eu l'occasion de lui signaler souvent beaucoup d'affaires, il agissait de même à mon égard. Nous étions devenus très intimes. Le 25 octobre 1922, M. Quémeneur m'a fait une avance d'une somme de quinze mille francs pour me permettre de régler un différend avec un tiers ; pour garantie de cette somme avancée, je lui ai confié une voiture "Cadillac" qu'il a déposée dans le garage Jestin à Landerneau. J'avais acheté cette voiture vers 1919 ou 1920, à la liquidation des stocks américains à Brest pour 18.126 francs.

Courant avril 1923, sans pouvoir préciser la date, M. Quémeneur se trouvant un jour chez moi, m'a fait part qu'il avait reçu une lettre d'un américain, dont il m'a cité le nom  " Scherdly" autant je peux me rappeler, demeurant à Paris, rue ou boulevard Malesherbes je crois, lettre par laquelle ce monsieur lui demandait de lui procurer des autos destinées au gouvernement russe. Il m'avait précisé ces offres en me disant : "Il y a de l'or à gagner en barres, il s'agit d'une affaire de voitures pour le ravitaillement de la Russie - Si vous voulez venir avec moi je suis en relations avec un Américain,- mais comme je suis Conseiller Général, je ne veux pas recevoir sa correspondance chez moi - tu recevras la correspondance ici et tu me l'enverras chez moi, ou je viendrai la prendre ici chez toi. Il s'agit de procurer cent voitures Cadillac, ou voitures U.S.A., qui seront payées  : chaque Cadillac 30.000 francs et chaque camion U.S.A. 27.000 francs. Tu auras ton bénéfice selon ce que nous gagnerons.

Je lui ai fait la remarque que je ne pouvais pas disposer de capitaux, ce qu'il savait d'ailleurs.

Il m'a répondu : "Ne t'occupe pas de l'argent, ce n'est pas ce qui manquera."

Dans ces conditions, j'avais acquiescé à ces offres.

A aucun moment, je n'ai demandé à M. Quemeneur, dans quelles conditions il avait été mis en relation avec cet Américain.

M. Quémeneur m'avait dit qu'il allait écrire à l'Américain pour demander des précisions sur cette fourniture.

Par la suite, j'ai reçu deux lettres destinées à M. Quémeneur.

J'ai reçu la première une quinzaine de jours environ après la conversation que je viens de vous rapporter. J'ai téléphoné aussitôt pour prévenir M.Quémeneur ; comme il était absent, c'est sa sœur qui a reçu ma communication. Il est venu chercher cette lettre le lendemain et il m'a offert à déjeuner à l'hôtel Bozellec en face de la gare de Morlaix, avant le repas, il m'a fait connaître que cette lettre confirmait les conditions qu'il m'avait fait connaître dans notre entretien précédent, et qu'en outre, il fallait passer un contrat pour fournir cent véhicules, autos ou camions, et verser un cautionnement de dix mille francs qui serait remboursé après l'exécution de la fourniture qui serait effectuée par dix voitures à la fois, la première livraison devait avoir lieu le 2 juin. Le paiement de chaque livraison était fait au comptant.

J'ai reçu la seconde lettre quelques jours après. Je l'ai portée à M. Quémeneur à Landerneau. Après en avoir pris connaissance,  il m'a dit que l'Américain demandait une remise en sous-main de 2000 francs par voiture Cadillac et de 1000 francs par camion pour lui faire avoir la fourniture et passer le contrat.

Je n'ai jamais su exactement quel était le consortium dont cet américain était le mandataire.

Les deux lettres reçues m'étaient adressées à mon nom ; je savais qu'elles étaient destinées à M. Quémeneur, parce qu'elles portaient un timbre de la "Chambre de Commerce américaine de Paris" ; je les lui avais remises sans les ouvrir comme il avait été convenu. Par la suite, j'ai appris que le Siège de cet établissement était rue Taitbout N°32 à Paris.

Le 22 mai dernier, à la suite d'une communication téléphonique de la veille ou de l'avant-veille avec M. Quémeneur, je me suis rendu à Landerneau par le train du matin. Comme M. Quémeneur  avait rendez-vous à 10 heures ce jour-là à Brest, nous nous y sommes rendus avec son auto. Ce voyage me convenait parfaitement, parce qu'après avoir vu M. Quémeneur à Landerneau, je devais continuer sur Brest pour y échanger quatre mille quarante dollars en or, que je possédais depuis la guerre et que j'avais emportés avec moi. Cette somme était composée de 99 pièces de 20 dollars et 206 pièces de 10 dollars. Entre Landerneau et Brest, j'ai fait part à M. Quémeneur de mon intention d'aller les échanger. Il m'a fait la réflexion qu'il croyait que j'allais lui acheter avec ça une propriété dans les environs de Paimpol que ma femme et moi avions visitée auparavant. En arrivant à Brest, M. Quémeneur m'a dit ceci : "Ne change pas tes dollars avant de me revoir". Puis nous nous sommes séparés.

Lorsque je l'ai retrouvé à l'hôtel des voyageurs à midi moins vingt, pour prendre l'apéritif. M. Quémeneur m'a dit : " Eh bien ! C'est convenu, je prendrai tes dollars, je te ferai une promesse de vente de la propriété et tu me versera en plus une somme de trente-cinq mille francs le jour de l'entrée en jouissance."

Cette promesse de vente a été rédigée en deux exemplaires sur timbre et nous l'avons signée. Je possède une des expéditions. Aussitôt la promesse de vente réalisée, j'ai versé à M. Quémeneur  les 4040 dollars.

Ensuite, nous nous sommes rendus, toujours en auto, à Lesneven chez M. Le Verge pour lui acheter une voiture " Cadillac" qu'il possédait. Après l'avoir essayée, une promesse de vente A été signée entre MM. Quémeneur et Le Verge, cette promesse comportait une clause d'option en faveur de M. Quémeneur. Le prix d'achat était de 12.000 francs.

Nous nous sommes rendus à Landerneau.

Au cours de notre retour de Lesneven à Landerneau, il a été convenu avec M. Quémeneur que le lendemain 23 mai, je retournerais à Landerneau pour prendre ma voiture au garage Jestin pour l'amener chez moi afin de voir s'il y avait quelque chose qui clochait. Et le lendemain 24, je devais rejoindre Rennes avec ma voiture où M. Quémeneur se rendait par le train, puis de là nous devions aller à Paris en auto,  pour y livrer une voiture qui devait faire partie des premières livraisons. Elle devait être vendu 30.000 francs, somme de laquelle il faisait déduire les 20.000 francs de commission pour l'intermédiaire M. Sherdly et les frais de voyage.

C'est dans ces conditions que le voyage à Paris à été décidé entre moi et M. Quémeneur.

Le mardi vingt-trois mai, je me suis rendu à Landerneau par le train de 12 h 59. M. Quémeneur qui m'attendait à l'arrivée du train m'a accompagné au garage Jestin. Après avoir sorti la voiture, M. Quémeneur m'a emmené à la régie pour prendre un passe-debout, j'ai signé sur un registre et payé dix centimes pour le timbre.

J'ai mis à la craie le numéro d'immatriculation 3579.L.4, qui était celui d'une autre voiture " Cizaire et Naudin" que je possédais alors et que j'ai vendue à un Mr..... De Kerhuon un des premiers jours de Juin.

Je suis revenu à Morlaix avec ma voiture. En cours de route, j'ai eu une crevaison de chambre à air que j'ai changée à Landivisiau chez Lagadec, ce qui m'a coûté 45 francs pour la chambre à air et 10 francs de main d'œuvre.

Le Jeudi 24 mai, après avoir vérifié soigneusement ma voiture, je suis parti de chez moi à dix heures et demi pour Rennes  ; avant mon départ , j'avais télégraphié à M. Quémeneur, à l'hôtel parisien à Rennes pour l'aviser de mon départ. Il s'était rendu de Landerneau à Rennes par le train, parce qu'il avait affaires à Rennes m'avait-il dit avant de gagner Paris.

Je suis arrivé à Rennes à dix-neuf heures et demie, après avoir eu des déboires en cours de route à cause des chambres à ait qui étaient desséchées.

J'ai retrouvé M. Quémeneur à l'hôtel Parisien où il avait retenu nos chambres. Dans le courant de l'après-midi, vers 16 h 1/2, il avait téléphoné à ma femme pour demander si j'étais parti.

Nous avons dîné ensemble.

Après le repas, nous sommes allés tous deux à la poste centrale, où M. Quémeneur à envoyé un télégramme à son beau-frère M. Pouliquen notaire à Pont-l'Abbé, lui demandant de lui adresser un chèque de soixante mille francs par lettre recommandée  au titre de la Société Générale. A ce moment, je n'ai pas su à quelle adresse, il avait demandé l'envoi du chèque à Paris. Mais après la disparition de M. Quémeneur  M. Pouliquen est venu chez moi le dimanche 10 juin, je crois, et il m'a appris que la lettre recommandée contenant le chèque avait été adressée à son beau-frère à Paris, poste restante N°3.

Ici le témoin rectifié ce qui précède comme il suit : Je n'ai pas su quel était le montant du chèque demandé au moment où M. Quémeneur à télégraphié à son beau-frère, je ne l'ai su également que par ce dernier le 10 juin.

Après l'envoi du télégramme, nous sommes allés prendre une consommation dans un petit café concert, près de l'hôtel Parisien, où nous sommes restés pendant environ une heure, puis nous sommes rentrés à l'hôtel pour nous coucher.

Nous en sommes partis le lendemain vers cinq heures et demie.

Nous nous sommes arrêtés à Ernée où nous avons pris un petit déjeuner dans un hôtel en bordure de la route de Mayenne, à la sortie du bourg.

Jusqu'à Ernée, j'avais tenu le volant. A partir de cette localité, c'est M.Quémeneur qui a conduit.

Avant d'arriver à Mayenne, le moteur s'est mis à cogner, nous avons modéré l'allure pour éviter des dégâts.

A Mortagne, nous avons cherché à nous procurer des ampoules électriques pour le cas où nous serions ennuyés mais nous n'avons pu nous en procurer du modèle qui convenait.

A Dreux, où nous sommes arrivés vers seize heures  nous avons eu une panne au centre de la ville. M. Hodey mécanicien à fait la réparation  sur place. Nous avons ensuite passé au garage pour gonfler les pneus. Et nous avons continué sur Paris.

Mais après avoir parcouru quelques kilomètres, six où sept peut-être, nous nous sommes rendus compte que la voiture ne pouvait pas continuer. Comme M. Quémeneur avait rendez-vous le lendemain matin à huit heures à Paris, rue où avenue du Maine, avec le nommé Sherdly, nous avons fait demi tour et nous sommes revenus à la gare de Dreux. M. Quémeneur qui tenait toujours le volant, a touché avec le garde-boue arrière droite, la barrière de la cour de la gare aux marchandises. Il nous a conduits devant la gare des voyageurs, où il est descendu de voiture pour entrer directement dans la gare. Au moment de me quitter  il m'a dit : Si tu vois que la voiture est réparable, tu pourras continuer sur Paris. - Si tu vois le contraire, retourne à Morlaix et fais la réparer par ton mécanicien". Sur ce il m'a quitté en me disant encore : Je descendrai à l'hôtel de Normandie- c'est en face de Gare de Montparnasse - c'est-à-dire en face de la gare Saint Lazare  - Si on a besoin de toi je télégraphierai."

Il a pénétré dans la gare et je ne l'ai plus revu.

Il commençait à faire nuit. Il pouvait être dix heures et demie.

S.I. Nous avions dîné à notre retour à Dreux dans un hôtel pas loin de la gare, si j'étais sur les lieux je pourrais reconnaître cet hôtel. Nous avions laissé l'auto dans une descente à environ cinq cents mètres de l'hôtel  - rectifiant sur observations : j'exagère peut-être, il y avait peut-être deux cents mètres. Je ne peux plus préciser. J'étais tellement énervé à ce moment-là....

En quittant l'auto pour aller dîner, M. Quémeneur a pris sa valise.

Il était environ vingt-une heures lorsque nous avons dîné.

Après notre repas, nous nous sommes rendus à la gare où Quémeneur m'a quitté.

S.I. Il faisait encore jour lorsque nous sommes arrivés à l'hôtel pour dîner. Le repas a duré environ une demie heure. Après le repas, il commençait à faire nuit. M. Quémeneur était détenteur d'un indicateur, mais je ne l'ai pas vu le consulter, je ne l'ai pas vu sortir d'indicateur ; J'ai eu une panne vers 13 heures. Je n'ai pu reprendre ma route que vers 18 heures. J'ai continué sur Morlaix où je suis arrivé vers 2 ou 3 heures du matin le lundi 28 mai, après avoir eu de nombreuses pannes en cours de route.

Je suis retourné à Paris le 31 mai au soir par le train qui passe à Morlaix à 21 h 25. Je suis arrivé à Paris le 1er juin vers 7 heures. A Paris, je suis allé trouver un avocat Me Gautier, rue Vivienne, n° 51, pour un différend avec un avoué.

Je me suis rendu dans la soirée  vers dix-sept heures, à l'hôtel de Normandie. J'ai demandé à la caissière si on n'avait pas vu un sieur Quémeneur, on m’a répondu qu'on ne le connaissait pas. Je me suis retiré sans faire aucune objection. Je n'ai rien dit.

S.I. Je n'ai rien dit du tout, rien.

A 18 heures, je suis retourné voir Me Gautier. Puis je suis revenu à la gare prendre mon train. J'ai mangé dans le train.

S.I. En arrivant à Paris, je ne suis pas allé à l'hôtel de Normandie pour demander après M. Quémeneur. J'avais d'abord pensé à faire mes commissions.

S.I. Jusqu'à la date du 1er juin, je ne m'étais pas inquiété du tout de M. Quémeneur.

S.I. C'est Mademoiselle Quémeneur qui est venu me trouver le samedi neuf juin pour me demander des nouvelles de son frère.

S.I. M. Pouliquen est venu huit jours après Mademoiselle Quémeneur.

S.I. Je ne peux affirmer la date à laquelle Mademoiselle Quémeneur est venue. En disant tout à l'heure que c'était le samedi 9 juin, j'ai fait erreur ; mais je ne peux me rappeler la date de cette visite.

S.I. J'ai reçu la visite de M. Pouliquen et du frère de M. Quémeneur avec lesquels je suis allé à Rennes, le dimanche 10 juin trouver la brigade mobile. Nous sommes revenus le lundi 11 juin. Je suis descendu à Saint-Brieuc  M. Pouliquen à continué son voyage. Je suis rentré à Morlaix à midi 1/2.

Depuis j'ai fait différents déplacements à Brest ou à Saint-Brieuc mais jamais je n'ai découché.

Je ne suis jamais retourné à Paris.

S.I. Je ne connais pas Sherdly, je ne l'ai jamais vu. Je n'ai jamais reçu de correspondances de lui à part les deux lettres que j'ai remises à M. Quémeneur, et je n'en possède aucune.

S.I. Je connais Ackerman depuis 1918 où 1919. J'ai fait sa connaissance à Brest. Vers cette époque, il est venu une fois chez moi avec sa femme que je connais. Je suis allé une fois chez eux, il y a environ un an.

Le comparant nous remet volontairement trois feuilles de correspondance dont deux feuilles d'une lettre en date du cinq juin 1923 à lui adressée par le dit Ackerman et une feuille de correspondance adressée à ce même Ackerman émanant du journal "Les Indiscrétions Sportives" 35 rue de Berne, Paris (8e).

Nous annexons ces 3 feuilles suivant notre scellé n°1 après les avoir paraphées "ne varietur" avec le Sieur Seznec.

S.I. Je n'ai reçu du Sieur Ackerman que la lettre du 5 juin 1923 que je viens de vous remettre et un télégramme que j'ai remis à M. Pouliquen. Ce télégramme était une réponse à un télégramme avec réponse payée que j'avais adressé à Ackerman en lui demandant si Quémeneur s'était présenté chez lui. La réponse disait : "Je n'ai vu personne".

S.I. Quémeneur ne connaissait pas Ackerman. C'est moi qui lui avais donné une carte pour se présenter chez lui. Seulement j'avais mis par mégarde une fausse adresse en mettant "54" au lieu de "16", rue de l'Asile Popincourt.

S.I. Je ne savais pas ce que M. Quémeneur pouvait avoir sur lui comme argent pour notre voyage à Paris.

DPB 31 octobre 1924

Quand le commisaire Jean-Baptiste Cunat de la 13e Brigade mobile de Rennes  débarque à Traon-ar-Velin ce mardi 26 juin 1923...

Avec la commission rogatoire du juge brestois Binet...

Marie-Jeanne et Guillaume Seznec ont eu un mois pour peaufiner leurs mensonges et ils n'en démordront pas.

Face aux délires du brocanteur...

Comme le souligne très justement Claudine Jourdan sur son blog, si l'on juxtapose les dépositions de Gabriel Saleun, du notaire Pouliquen et de Seznec, nous arrivons à la preuve que Seznec a bien remis l'équivalent de 4040 dollars or à Pierre Quéméneur le 22 juin entre 12h00 et 13h45.       

Je vous ai retranscrit les trois dépositions...

Il n'y a aucune preuve que Seznec ait remis ses dollars à Quémeneur.

Nos deux cocos prennent leur désirs pour des réalités.

A éviter, donc.

Je ne suis pas certaine que Bertrand Vilain ait le droit de recopier autant de documents sur son blog sans les commenter correctement.

Je me renseigne.

 

Liliane Langellier 

La France 31 octobre 1924

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