Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
5 Avril 2025
Parvenir à la conclusion qu'il n'y a pas de différence entre le coupable et la victime, c'est ça qu'on appelle l'enfer.
Milan Kundera
Dans la dernière et remarquable série Netflix : "De rockstar à tueur : le cas Cantat" dont vous pourrez lire les articles sur mon blog Chez Jeannette Fleurs...
Me Georges Kiejman, l'avocat de la famille Trintignant, assène : "Nous n'avons que la parole de Bertrand Cantat, pas celle de la victime !!!"
C'est exactement la même chose pour l'affaire Seznec...
Nous n'avons que la parole de Guillaume Seznec, pas celle de la victime Pierre Quémeneur, et, c'est peu de dire que Seznec était un menteur patenté...
Aidé en cela par sa femme Marie-Jeanne qui ira encore plus loin que lui dans la trahison de la vérité.
Quant aux laborieux mensonges Seznec au sujet du soi-disant trafic de Cadillacs...
Une histoire aussi alambiquée que celle du trépas de Quémeneur à Traon-ar-Velin...
Tel père tel fils.
Liliane Langellier
"Courant avril 1923, sans pouvoir préciser la date, M. Quémeneur se trouvant un jour chez moi, m'a fait part qu'il avait reçu une lettre d'un américain, dont il m'a cité le nom " Scherdly" autant je peux me rappeler, demeurant à Paris, rue ou boulevard Malesherbes je crois, lettre par laquelle ce monsieur lui demandait de lui procurer des autos destinées au gouvernement russe. Il m'avait précisé ces offres en me disant : "Il y a de l'or à gagner en barres, il s'agit d'une affaire de voitures pour le ravitaillement de la Russie - Si vous voulez venir avec moi je suis en relations avec un Américain,- mais comme je suis Conseiller Général, je ne veux pas recevoir sa correspondance chez moi - tu recevras la correspondance ici et tu me l'enverras chez moi, ou je viendrai la prendre ici chez toi. Il s'agit de procurer cent voitures Cadillac, ou voitures U.S.A., qui seront payées : chaque Cadillac 30.000 francs et chaque camion U.S.A. 27.000 francs. Tu auras ton bénéfice selon ce que nous gagnerons.
Je lui ai fait la remarque que je ne pouvais pas disposer de capitaux, ce qu'il savait d'ailleurs.
Il m'a répondu : "Ne t'occupe pas de l'argent, ce n'est pas ce qui manquera."
Dans ces conditions, j'avais acquiescé à ces offres.
A aucun moment, je n'ai demandé à M. Quemeneur, dans quelles conditions il avait été mis en relation avec cet Américain.
M. Quémeneur m'avait dit qu'il allait écrire à l'Américain pour demander des précisions sur cette fourniture.
Par la suite, j'ai reçu deux lettres destinées à M. Quémeneur.
J'ai reçu la première une quinzaine de jours environ après la conversation que je viens de vous rapporter. J'ai téléphoné aussitôt pour prévenir M.Quémeneur ; comme il était absent, c'est sa sœur qui a reçu ma communication. Il est venu chercher cette lettre le lendemain et il m'a offert à déjeuner à l'hôtel Bozellec en face de la gare de Morlaix, avant le repas, il m'a fait connaître que cette lettre confirmait les conditions qu'il m'avait fait connaître dans notre entretien précédent, et qu'en outre, il fallait passer un contrat pour fournir cent véhicules, autos ou camions, et verser un cautionnement de dix mille francs qui serait remboursé après l'exécution de la fourniture qui serait effectuée par dix voitures à la fois, la première livraison devait avoir lieu le 2 juin. Le paiement de chaque livraison était fait au comptant.
J'ai reçu la seconde lettre quelques jours après. Je l'ai portée à M. Quémeneur à Landerneau. Après en avoir pris connaissance, il m'a dit que l'Américain demandait une remise en sous-main de 2000 francs par voiture Cadillac et de 1000 francs par camion pour lui faire avoir la fourniture et passer le contrat.
Je n'ai jamais su exactement quel était le consortium dont cet américain était le mandataire.
Les deux lettres reçues m'étaient adressées à mon nom ; je savais qu'elles étaient destinées à M. Quémeneur, parce qu'elles portaient un timbre de la "Chambre de Commerce américaine de Paris" ; je les lui avais remises sans les ouvrir comme il avait été convenu. Par la suite, j'ai appris que le Siège de cet établissement était rue Taitbout N°32 à Paris.
Le 22 mai dernier, à la suite d'une communication téléphonique de la veille ou de l'avant-veille avec M. Quémeneur, je me suis rendu à Landerneau par le train du matin. Comme M. Quémeneur avait rendez-vous à 10 heures ce jour-là à Brest, nous nous y sommes rendus avec son auto. Ce voyage me convenait parfaitement, parce qu'après avoir vu M. Quémeneur à Landerneau, je devais continuer sur Brest pour y échanger quatre mille quarante dollars en or, que je possédais depuis la guerre et que j'avais emportés avec moi. Cette somme était composée de 99 pièces de 20 dollars et 206 pièces de 10 dollars. Entre Landerneau et Brest, j'ai fait part à M. Quémeneur de mon intention d'aller les échanger. Il m'a fait la réflexion qu'il croyait que j'allais lui acheter avec ça une propriété dans les environs de Paimpol que ma femme et moi avions visitée auparavant. En arrivant à Brest, M. Quémeneur m'a dit ceci : "Ne change pas tes dollars avant de me revoir".
Puis nous nous sommes séparés.
Lorsque je l'ai retrouvé à l'hôtel des voyageurs à midi moins vingt, pour prendre l'apéritif. M. Quémeneur m'a dit : " Eh bien ! C'est convenu, je prendrai tes dollars, je te ferai une promesse de vente de la propriété et tu me versera en plus une somme de trente-cinq mille francs le jour de l'entrée en jouissance."
Cette promesse de vente a été rédigée en deux exemplaires sur timbre et nous l'avons signée. Je possède une des expéditions. Aussitôt la promesse de vente réalisée, j'ai versé à M. Quémeneur les 4040 dollars.
Ensuite, nous nous sommes rendus, toujours en auto, à Lesneven chez M. Le Verge pour lui acheter une voiture " Cadillac" qu'il possédait. Après l'avoir essayée, une promesse de vente A été signée entre MM. Quémeneur et Le Verge, cette promesse comportait une clause d'option en faveur de M. Quémeneur. Le prix d'achat était de 12.000 francs.
Nous nous sommes rendus à Landerneau.
Au cours de notre retour de Lesneven à Landerneau, il a été convenu avec M. Quémeneur que le lendemain 23 mai, je retournerais à Landerneau pour prendre ma voiture au garage Jestin pour l'amener chez moi afin de voir s'il y avait quelque chose qui clochait. Et le lendemain 24, je devais rejoindre Rennes avec ma voiture où M. Quémeneur se rendait par le train, puis de là nous devions aller à Paris en auto, pour y livrer une voiture qui devait faire partie des premières livraisons. Elle devait être vendu 30.000 francs, somme de laquelle il faisait déduire les 20.000 francs de commission pour l'intermédiaire M. Sherdly et les frais de voyage.
C'est dans ces conditions que le voyage à Paris à été décidé entre moi et M. Quémeneur."
Commentaires
1/ Peut-on m'expliquer pourquoi Pierre Quémeneur se serait donné le mal de tant de cachotteries de ce trafic avec la Russie soviétique alors qu'il en parle ouvertement à son banquier Saleun (?) et à son pote Legrand...
Michel Pierre dans le numéro 257 de L'Histoire de septembre 2001... : "Sur le fameux trafic de Cadillac avec l’Union soviétique. Nous aurions ainsi deux honnêtes Bretons, manipulés par je ne sais quelle officine liée au pouvoir de la IIIe République, avec des hommes politiques de haut rang et de grand renom qui, pour éviter d’être compromis dans un trafic douteux, se seraient débarrassé de Pierre Quémeneur et auraient fait condamner Guillaume Seznec avant de tenter de le liquider en 1953 en le faisant renverser par une camionnette. C’est de la bande dessinée ! Nous nous trouvons là dans un scénario des Pieds Nickelés ! En 1923, en pleine Nouvelle Politique économique NEP, l’Union soviétique, sauf peut-être de manière très marginale, négocie d’autres marchés, sans s’encombrer de possibles achats de véhicules vieux déjà de cinq ans et souvent en mauvais état. Dès lors, l’hypothèse de l’affaire d’État ne tient pas. Elle repose en fait sur l’éternelle théorie du complot des corrompus contre les simples et honnêtes gens."
2/ A part les époux Seznec et leur bonne, qui peut bien avoir vu ces foutus dollars ?
Qui n'existent sans doute que dans l'imagination fertile des époux Seznec (?)
Les Seznec se sont ridiculisés lors du procès de Quimper avec l'histoire des dimensions de la soi-disant boîte qui renfermait ces dollars or.
Et plus encore avec l'hypothèse d'un Pierre Quémeneur rentrant chez lui au soir du 22 mai 1923 avec la boîte des dollars dans la poche de son pardessus...
Qui peut croire qu'une boîte pesant 6,5 kgs pouvait tenir dans la poche d'un pardessus et passer inaperçue ?
3/ Pour le lieu de l'échange des dollars avec Pierre Quémeneur...
Guillaume Seznec donnera deux versions : une première version en terrasse de l'hôtel des Voyageurs à Brest, une seconde version dans la Panhard de Pierre Quémeneur en allant à Lesneven pour voir la Cadillac de Le Verge.
On est prié de prendre laquelle ???
4/ "Je n'ai jamais su exactement quel était le consortium dont cet américain était le mandataire."
Aucune trace n'a pu être retrouvée des lettres de l'American Chamber of Commerce...
L'adresse du 32 rue Taitbout a-t-elle été suggéré à Seznec par l'adresse de la direction générale des camps de Montoir et de Montierchaume ???
Ou par celle de son assureur ???
Ouest-Éclair 16 juillet 1922 - Consortium de liquidation des camps de l'État, 36 rue Taitbout à Paris :
Dans la liquidation Seznec figure la Cie d'assurances Le Patrimoine 59 rue Taitbout à Paris.
5/ Toujours garder à l'esprit que Marie-Jeanne Seznec était prête à tout pour défendre son mari...
Y compris à salir Pierre Quémeneur et sa famille...
C'est d'ailleurs Marie Jeanne Seznec qui raconte (elle n'est plus à un mensonge près pour sauver son mari) que les dettes fiscales de Pierre Quémeneur s'élevaient à un million de francs.
In L'Action Française du 25 octobre 1924 : "Le président rappelle que M. Quémeneur a laissé une fortune solidement établie et se montant à près de 600.000 francs. Rien ne pouvait l'inquiéter. A la vérité, il avait eu avec le fisc un léger différend sur une somme de 11 à 12.000 francs. Mais ce n'était pas suffisant pour le porter à quelque extrémité fatale. Seznec, consulté sur ce point, en convient volontiers."
6/ Quelqu'un pour expliquer pourquoi, alors qu'il est au bord de la ruine, Seznec n'utilise pas ses précieux dollars pour payer ses créanciers (?)
7/ "J'ai téléphoné aussitôt pour prévenir M.Quémeneur ; comme il était absent, c'est sa sœur qui a reçu ma communication."
Jenny a dit quoi à propos de ça ?
Elle était au courant de cette affaire de véhicules américains ?
8/ "Il fallait passer un contrat pour fournir cent véhicules, autos ou camions, et verser un cautionnement de dix mille francs qui serait remboursé après l'exécution de la fourniture qui serait effectuée par dix voitures à la fois, la première livraison devait avoir lieu le 2 juin."
Cent véhicules autos ou camions. Du coup l'annonce O.I.R est hors sujet non ? Première livraison le 2 juin, pourquoi partir le 24 mai ?
9/ "Il est venu chercher cette lettre le lendemain et il m'a offert à déjeuner à l'hôtel Bozellec en face de la gare de Morlaix..."
Bizarre qu'ils n'aient pas déjeuné chez Seznec... même si ça ne présume pas un mensonge.
10/ Tous les camps de ventes de matériel américain étaient fermés depuis plus d'un an en mai 1923.
Ces 10 points sont incontournables.
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