Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
10 Novembre 2024
"M. Hervé, s'appuyant sur ce qui vient d'être exposé pour prouver que Quéméneur avait passé la journée du samedi 26 mai à Paris, le fait revenir en Bretagne par le train, et il a jalonné son voyage par des témoignages.
En gare de Rennes, écrit-il, M. Quéméneur a rencontré son ami Danguy des Déserts, notaire à Landerneau. M. Hervé suggère la date : 27 mai.
On se souvient que Me Danguy des Déserts, qui s'excusait d'être très myope, avait cru reonnaître le conseiller général le 26 OU le 29 mai. M. Hervé est plus affirmatif que le témoin. Il remplace la conjonction "ou" par la conjonction "entre". Cela donne "entre le 26 et le 29 mai". Donc, probablement, le 27, estime M. Hervé.
Mais, de Rennes, il fallait conduire Quéméneur jusqu'à Plourivo. M. Hervé y parvint grâce au témoignage d'un commerçant guigampais qui, alors que la campagne de La Province en 1931 et 1932 battait son plein, se fit connaître à l'ancien juge d'instruction. M. Victor Hervé enregistre ses déclarations :
"C'était le dernier dimanche de mai 1923, je passais en auto avenue de la Gare à Guingamp, lorsque j'ai rencontré un homme qui m'a demandé de le conduire à Traou-Nez en Plourivo. Bien que n'étant pas loueur d'autos, j'ai accepté. Une autre personne se trouvait dans ma voiture. Le voyageur s'installa sur le siège avant, près de moi et chemin faisant me parla d'un tas de choses. Je le trouvais loquace. Quéméneur paraît-il l'était beaucoup lors de sa disparition. Je me rappelle parfaitement l'avoir entendu me dire qu'il se rendait à Traou-Nez afin d'y donner des ordres pour qu'on n'y coupât plus d'arbres. J'en ai conclu que c'était lui le propriétaire. Mon impression devint certitude lorsqu'à Traou-Nez il me donna des détails sur la propriété et sur les ressources qu'on en retirait. Il me précisa notamment le nombre d'hectares de terres labourables dépendant de Traou-Nez.
Ma course règlée, mon client improvisé est demeuré au manoir où, à notre arrivée, il n'y avait personne, ce qui ne le préoccupait pas puisqu'il ne m'en a rien dit. Je suis donc reparti avec l'autre personne qui m'accompagnait non sans avoir fait une agréable promenade sous bois. Il faisait déjà beau et nous avons cherché des champignons. C'est la seule fois où je me suis rendu à Traou-Nez, propriété de Quéméneur.
Lorsqu'en 1923, il fut tant question de la disparition de Pierre Quéméneur, je me suis rappelé, et la personne qui m'accompagnait elle aussi, notre voyage à Traou-Nez en compagnie d'un inconnu. Nous nous sommes souvenus que ce voyage se plaçait au dernier dimanche de mai, par conséquent le 27 mai. Je me suis donc tu. Aujourd'hui qu'il résulte de vos révélations que Quéméneur a été assassiné non à Houdan, mais dans sa propriété de Traou-Nez en Plourivo, je viens vous confier mes souvenirs, désireux que je suis d'aider la manifestation de la vérité."
Cette déclaration fut reproduite dans la presse. Son auteur fut caché sous le pseudonyme : "le chauffeur anonyme" ou "le chauffeur guigampais".
MM. Hervé, Privat et Delahaye qui s'en servaient furent invités à révéler le nom de ce témoin. Ils s'y refusèrent, alléguant qu'ils n'y étaient pas autorisés. Pourtant, en 1931, une enquête officielle fut ouverte à la suite des articles de La Province. Le chauffeur se tut. Il continua à dissimuler son identité jusqu'en 1946, où il accepta d'être nommé : M. Francis Bolloch, actuellement hôtelier à G uingamp. Il faut convenir que c'est là une attitude curieuse de la part d'un témoin qui croyait, en 1931, de toute évidence, qu'un innocent était au bagne.
Mais sa déclaration ayant été rendue publique par M. Hervé, il convient de l'examiner.
M. Bolloch s'est souvenu, huit ans plus tard, en 1931, d'une promenade en auto, et il lui a assignée une date certaine : le dimanche 27 mai 1923. Ce n'est évidemment pas impossible, car "en 1923, déclara M. Bolloch, lorsqu'il fut tant question de la disparition de M. Quéméneur, je me suis rappelé ce voyage". Ses souvenirs étaient alors, en effet, beaucoup plus frais.
Mais ce qui étonne davantage, c'est que M. Bolloch n'ait pas alors - c'est-à-dire en 1923 - reconnu Pierre Quéméneur, si c'était effectivement lui qu'il avait transporté, dans les photos publiées par la presse.
M. Hervé rapporte son dialogue avec ce témoin officieux :
- Comment était-il ?
- Je ne m'en souviens plus.
- Le reconnaîtriez-vous d'après une photographie ?
- Non, je craindrais de me tromper.
Mais M. Hervé ne nous dit pas - et c'était là la seule quesiton importante à poser - qu'il eut invité son interlocuteur à préciser si, fin juin 1923, il l'avait déjà reconnu. Or, il parait évident que si M. Bolloch avait identifié, en 1923, le conseiller général comme étant l'homme qu'il avait transporté, cette précision essentielle eût figuré dans sa déclaration recueillie par M. Hervé et dans le récit de M. Privat. Mais on n'y trouve rien de semblable et M. Hervé préfère recourir à une identification par voie de déductions. Il estime que les déclarations du témoin officieux sont suffisantes pour démontrer qu'il s'agissait bien du propriétaire de Traou-Nez. Il tint le raisonnement suivant :
Le voyageur se rendait à Traou-Nez afin d'y donner des ordres pour qu'on n'y coupât plus d'arbres. Justement, une clause de la promesse de vente de Plourivo interdisait tout abattage d'arbres. Quéméneur, subitement s'est rappelé cette clause. Il est revenu de Paris pour donner des ordres afin qu'elle fût respectée.
Il est assez peu vraisemblable que Quéméneur, s'il est effectivement allé à Paris, soit revenu à Plourivo uniquement pour ce motif, alor qu'il pouvait, par lettre ou télégramme, donner les mêmes instructions.
On peut noter aussi que le témoin officieux, s'il fait remarquer que le voyageur était très loquace, ne l'a pas entendu indiquer sa qualité de propriétaire, alors que, pourtant, il donnait "tous les détails" sur la propriété. Il n'a jamais dit "ma propriété". D'autre part, les coupes de bois étaient dirigées, à Plourivo, par Louis Quéméneur, le frère du disparu. Le passager pouvait être aussi bien lui que le conseiller général.
Enfin, M. Bolloch précise que son client s'est rendu directement à Traou-Nez, a pénétré dans la maison "où il n'y avait personne" et y est demeuré. Cette précision est très importante, car elle tend à vicier la déclaration du témoin officieux et même à infirmer la thèse de M. Hervé. Et voici pourquoi. Le 29 octobre 1924, M. Hervé lui-même, alors juge de paix à Pontrieux, en compagnie du brigadier de gendarmerie, entreprit une enquête à Plourivo, à l'occasion des coups de feu que des marins y avaient entendus. M. Hervé - qui ne songeait pas encore à innocenter Seznec - et le brigadier interrogèrent le gardien de Traou-Nez : M. Guyomard, domicilié au village de "Pen an hoat", distant d'un kilomètre de Traou-Nez. M. Guyomard déclara :
"La maison d'habitation de M. Quéméneur, située à Traou Nez, et dont j'ai la garde, n'est jamais habitée. Il n'y a que moi qui y aie accès. D'ailleurs les clefs sont en ma possession et quand M. Quéméneur venait ici, il passait chez moi pour que je l'accompagne."
Cette précision est de 1924. Elle n'a donc pas été établie dans le dessein de contrebattre un témoignage de 1931 ou de 1946. M. Hervé, dans son livre, n'a pas fait mention de cet élément d'appréciation qui était en contradiction avec le témoignage officieux de M. Bolloch. Il était pourtant mieux placé que quiconque pour en faire état, puisque c'était lui qui, en 1923, avait dirigé l'enquête à Plourivo.
Ajoutons que M. Guyomard a précisé, en outre, que la dernière visite de Pierre Quéméneur à Plourivo se situait fin avril-début de mai 1923. Si le conseiller général s'était rendu, le 27 mai, dans sa propriété après avoir passé par la maison du garde Guyomard, celui-ci l'aurait fait savoir après la disparition du conseiller général.
L’Ami du peuple, 11 décembre 1931
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Le témoignage de ce malheureux Bolloc'h est complètement anéanti par celui du gardien Guyomard qui, lui est un homme de confiance...
"La maison d'habitation de M. Quéméneur, située à Traou Nez, et dont j'ai la garde, n'est jamais habitée. Il n'y a que moi qui y aie accès. D'ailleurs les clefs sont en ma possession et quand M. Quéméneur venait ici, il passait chez moi pour que je l'accompagne."
Franc-tireur 14 octobre 1948
C'est pas beau de mentir :
« Comme nous arrivions, enfin, à destination, à la nuit tombante, et personne ne donnant signe de vie dans la maison, mon client, sans s'émouvoir le moins du monde, tira un trousseau de clefs de sa poche, ouvrit la grille, puis la porte d'entrée er, m'ayant réglé la course, pénétra à TraouNez comme chez lui. J'en conclus logiquement qu'il était le patron. »
Le chauffeur de Plourivo - L'Intransigeant 30 mai 1933
Qui 13 juillet 1948 :
« C'était le 27 mai 1923, nous dit-il. Je m’en souviens encore, car c’était le premier dimanche où l’on m’avait autorisé à sortir seul avec celle qui, deux mois plus tard, devait devenir ma femme. Comme, le soir, nous rentrions de promenade, je trouvai chez mes futurs beaux-parents un homme que j’ai dû conduire avec mon taxi jusqu’à Traou-Nez. »
Dommage que le juge Hervé n'ait pas interrogé les hôteliers futurs beaux-parents de Bolloc'h, M. et Mme Prigent...
Guingamp 1921
Quémeneur débarquant du train à Guingamp se serait rendu direct à l'Hôtel de l'Avenue...
Il y avait ses habitudes ?
[Il y avait l'hôtel de la gare qui faisait location d'autos...]
Si vraiment Quémeneur était à l'hôtel de l'Avenue le 27 mai au soir, avec tout le battage qui a été fait dans la presse, les proprios de l'hôtel se seraient manifestés non ?
La femme de Bolloc'h est décédée en 1943, son beau-père en 1944, son témoignage sort dans la presse en 1948... Plus de contradicteurs.
Au fait…
Bolloc'h, il passait en auto avenue de la gare quand il a chargé Quémeneur ou il a trouvé Quémeneur chez ses beaux-parents ??
Et... Cherry on the cake...
Chez Denis Seznec en page 554, Pierre Quémeneur descend du train à Guingamp le 27 mai 1923 à 11 h 23 !
Il a fait quoi jusqu'au soir notre Quémeneur ???
Répéter Bolloc'h comme un mantra sans aucune finesse d'analyse, ne risque pas de faire avancer l'affaire Seznec.
Bolloc'h, c'est comme Le Her un témoignage arrangé avec des espèces sonnantes et trébuchantes.
Liliane Langellier.
Avec l'aide toujours aussi efficace de Thierry Lefebvre.
P.S. On est sauvés...
Il y a un historien texan qui va nous résoudre l'affaire Seznec.
Méfiez-vous quand même.
Et rappelez-vous que Albert Baker, le fin spécialiste en voitures américaines anciennes, qui a co-écrit le premier chef-d'œuvre du brocanteur, était en fait le grand-père de son épouse Madame Teresa Labit-Vilain.
Et là c'est qui ???
Le neveu par alliance de la sœur (?)
Bertrand Vilain, c'est le même système que Denis Seznec : on choisit un mec calé dans son domaine et on vient lui demander ce qu'il pense de l'affaire Seznec alors que le malheureux n'en a ni les tenants ni les aboutissants et qu'on l'aiguille of course vers l'innocence du bagnard.
Généalogie de Francis Pierre BOLLOCH
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https://gw.geneanet.org/tlefebvre?lang=fr&n=bolloch&p=francis+pierre
Thierry Lefebvre...