Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
10 Février 2020
"Enfin, la police n'a jamais fait d'enquêtes de voisinage à Morlaix et dans les environs."
Bertrand Vilain = zéro pointé comme Anne-Sophie Martin.
« Dis-moi qui tu fréquentes… »
Soyons un peu sérieux…
Pour l'enquête à Morlaix...
Allez lire mes articles sur Traon ar Velin.
Au fait, en parlant d'américain...
J'attends la réponse du Dr Bertrand Patenaude pour savoir s'il nous a encore frimé, le Vilain !
L’acte d’accusation (l’avocat général Gustave Guillot de la Cour de Rennes)
On lui demanda de dire la nature de l’affaire d’automobiles à laquelle Quémeneur s’intéressait. Il déclara qu’il s’agissait d’acheter et de réunir des camions et des voitures de marques américaines pour les revendre, à gros bénéfices, au Gouvernement Russe par l’intermédiaire d’un sujet américain qu’il n’avait jamais vu et dont il connaissait seulement le nom, Chardy ou Scherdy, et l’adresse approximative : 16 ou 26, Boulevard Malesherbes, à Paris.
Ce n’était pas lui, d’ailleurs, disait-il, qui avait indiqué l’affaire à Quémeneur, mais bien celui-ci qui en avait eu connaissance le premier et qui avait tenu à l’y associer, car il avait besoin de son concours pour les opérations à entreprendre. Soucieux, en effet, par raison de convenance politique, de ne pas recevoir directement des lettres du prétendu Scherdy, il désirait correspondre et avait effectivement correspondu avec celui-ci sous son couvert.
La Cadillac, avec laquelle tous deux avaient entrepris leur voyage du 25 mai, devait être la première voiture à livrer, et ainsi s’expliquait son choix pour se rendre de Morlaix à Paris. Ce récit embarrassé, incertain, souvent contradictoire, en tout cas fort peu vraisemblable, trouva peu de crédit près des parents de Quémeneur qui, le 10 juin suivant, mirent la police mobile de Rennes au courant des faits.
(…….)
1°. Seznec a prétendu que Quémeneur et lui se sont rendus à Paris pour s’y occuper de la vente d’automobiles américaines au Gouvernement russe par l’intermédiaire de l’individu qu’il désigne sous le nom de Chardy ou Scherdy.
Or, nulle trace de correspondance relative à cette affaire n’a été retrouvée chez Quémeneur, et pourtant la spéculation entreprise eut été assez importante pour qu’il fut tenté d’en noter tous les détails et d’en enregistrer tous les pourparlers.
Nulle trace n’a été retrouvée à Paris du prétendu Charly ou Scherdy, qui apparaît comme une pure création de l’imagination de Seznec. D’autre part, ce que Quémeneur a dit de ses négociations soit à ses parents, soit aux personnes près de qui il chercha à se procurer les fonds qu’il y voulait engager, permet de croire que c’est Seznec qui l’avait décidé à les entreprendre.
Il est dès lors significatif de constater que Seznec est incapable de donner de cette spéculation aucun détail qui permette de savoir comment et par qui elle devait être traitée. Il est encore plus remarquable de voir que, revenu le 28 à Morlaix, il n’ait pas tenté de se mettre en correspondance avec Quémeneur ou avec Scherdy pour savoir le résultat des entrevues auxquelles il devait assister et qui avaient dû se poursuivre sans lui.
Je reprends chez Marc du Ryez :
Dans le récit de Jean Pouliquen.
"Je demandais ensuite comment et par qui ils avaient été mis au courant de cette affaire. Il me répondit que M. Quemeneur correspondait par son intermédiaire avec un Américain dont il ne put d'abord me donner ni le nom ni l'adresse. Il alla alors me chercher une autre lettre d'un nommé Ackermann, citoyen américain, habitant Paris, et qu'il avait autrefois connu dans le camp américain de Brest. Dans cette lettre cet Américain lui demandait une avance de dix mille francs lui promettant un intérêt mensuel de mille à mille deux cents francs.
Comme je m'étonnais que des personnes comme eux habituées aux affaires, aient pu donner crédit à de pareilles absurdités, Seznec me déclara que ce n'était point cette personne qui lui avait offert l'affaire d'automobiles, que leur correspondant dans cette affaire, écrivait au contraire d'une façon impeccable et savait présenter son marché de telle façon que d'autres plus malins qu'eux auraient pu s'y laisser prendre, qu'en outre cette personne écrivait sur du papier portant en-tête Chambre américaine de Commerce de Paris, rue Toutbout4. Ce qui avait encore augmenté leur confiance [c'est] que lui, Seznec recevait les lettres qu'il remettait à mon beau-frère après en avoir pris connaissance.
Comme j'insistais pour connaître le nom de ce correspondant il finit par me dire après un instant d'hésitation qu'il devait s'appeler Scherdy ou Cherry, et qu'il habitait boulevard Malesherbes numéro 6, 26 ou 16, il ne pouvait préciser.
Je faisais remarquer combien tout ce récit me semblait étrange, que nous n'avions trouvé trace de cette correspondance dans les papiers de mon beau-frère. Il me répondit que mon beau-frère voulait conserver cette affaire secrète à cause de sa situation politique et qu'il avait ces lettres sur lui au moment de son départ pour Paris."
(4). The American Chamber of Commerce in France, 32 rue Taitbout, Paris.
Qu'est-ce que l'American Chamber of Commerce ?
Et pour ce qui suit…
in le livre de Hubert Bonin et Ferry de Goey.
Lire sur Cairn Info.
The relationship between France and the US followed different paths, alterning between fear of the US economic and business might and attempts to contain US powerful drive into French industry on one side, and admiration of US technology and wished to establish a transatlantic cooperation able to forge an efficient economic world and a commercial community. The history of the American Chamber of Commerce in Paris contributed to bridge the gaps between both terms of the alternative and played a discreet and subtle role to help understanding between stakeholders. This chronicle will highlight the part assumed by institutions to favour embeddedness and networking among businessmen abroad.
The dice was cast on a brilliant summer’s day in 1894 – « beautifully fine and warm in Paris, » the next day’s newspapers reported, with temperatures reaching 82°F (28°C). A meeting of intent to set up an « American Chamber of Commerce in Paris » was held at the Grand Hôtel which then as now, dominated the rue Scribe. This was duly reported in the Paris edition of the New York Herald Tribune under the heading, “American Chamber of Commerce”. The date was Thursday, 28 June 1894. The French National Assembly spent the day electing Jean-Paul Casimir-Perier as President of the Republic to succeed Sadi Carnot, assassinated by an anarchist four days earlier in Lyon. The eleven men present at that first preliminary-meeting of the Chamber (women in business, except as clerks and stenographers, were then rare) adopted resolutions affirming “…
(…)
The Chamber was founded at the dawn of what the French fondly call the “Belle Époque,” the peaceful and prosperous years before the First World War. The new Chamber was not only the first American Chamber of commerce abroad; it antedated by 18 years the formation of the United States Chamber of Commerce in Washington, established in 1912. The American consul-general in Paris in 1894, Samuel E. Morse, attended that first formal meeting and was made an honorary member, in charge of “legal and governmental relations”. He left shortly on a visit to the United States, fully expecting, he said later, to find that “the infant organization had perished in its cradle”. Instead, he told the first annual meeting six months later in January 1895, he discovered on returning to Paris “a lusty child giving promise of a long, useful and brilliant career”. Thirty-nine new members, added to the original eleven in time to be listed as “founding members,” attended that first annual meeting on 28 January 1895.
(…)
With the outbreak of the First World War in 1914, the American Chamber of Commerce in Paris found it self busier than ever. The United States was officially neutral. The Chamber was not restrained from taking sides, however, and it worked actively for the cause of the Allies and, especially, of France. A rumor that the New York banking firm of the retiring president, Alfred S. Heidelbach, had shipped gold to Germany just before the war was quashed by Heidelbach himself at the annual meeting on 16 January 1915. “My firm in New York did ship a large amount of gold on the Kronprinzessin Cecilie, a German steamer,” he confirmed, “but this gold was consigned to the Crédit lyonnais at Paris.” It was soon apparent that the war would be a long one. The Chamber set up a special war services committee of eighteen members. They met daily to assist Americans and French involved in the war effort. The Chamber opened a temporary office in New York at 14 Wall Street to coordinate war-related activities. Chamber representatives toured American industrial cities to explain French needs for food, medicine and war materiel. And the Chamber, with an initial donation of $1,000 from its own treasury, opened a fund to aid the French war effort. In 1916 the Chamber established an auxiliary in Bordeaux to expedite shipments from the United States to French ports and thence by rail to distribution point. This auxiliary oversaw supply operations in other French ports – Saint-Nazaire, La Palice, Brest, Le Havre and Marseille –, and coordinated shipments with the French railroads and the US Army supply services.
After the United States entered the war in 1917, scores of letters of appreciation from American generals testified to the Chamber’s effectiveness. Indeed, the sum total of these efforts was so massive that shortly after the war, when Alexandre Millerand, president of France from 1920 to 1924, hailed “the American effort,” he was talking, at least partly, about the American Chamber of Commerce. By that time the Chamber had taken note of its larger scope by altering its name. At a directors’ meeting on 29 May 1918, the “American Chamber of Commerce in Paris,” its name since 1906, had become the “American Chamber of Commerce in France.” It was so registered with the Recorder of Deeds of the District of Columbia.
16 Toward the end of the First World War, it became obvious that the Chamber was outgrowing its original offices at 3 rue Scribe. In 1918 it moved into larger premises in the same neighborhood, also near the Opera, at 32 rue Taitbout. A Chamber yearbook had been published since 1895, a Members Bulletin since 1898, an Fortnightly Leaflet consisting entirely of government decrees and decisions, since 1915. By 1919 the Leaflets had been renamed The Review and were published twice a month, with a mailing list of 2,140. For the Chamber publications, Philip W. Whitcomb wrote in his chronicle of the first 75 years of Chamber history: “Two criteria were established from the beginning: that the information should be essential to the management or conduct of a Franco-American business, or at least of special interest only to executives in that field, and that it should not be readily available, or not available in quickly utilizable form, from non-Chamber sources.”
"
« Ces lettres, ajouta M. Sézenec, étaient à en-tête de la Chambre de Commerce américaine de la rue Taitbout »
"Or, en 1919,nous n'étions pas encore rue Taitbout !"
In La Presse du 27 juin 1923.
Ils y sont en fait rester de 1918 à 1936.
"As business in Paris steadily drifted west, the Chamber leased its present large quarters in 1936 at 21 avenue George V, next door to the American Cathedral."
In La Presse du 28 juin 1923 :
In Le Peuple du 25 octobre 1924
Jean-Pierre sur le Forum Justice Affaires Criminelles :
<<Autre aberration, énorme celle-là : des cadillacs soit-disant achetées 30.000 F par un intermédiaire à Paris alors qu'elles se monnayaient entre 10.000 et 20.000 F sur le marché français.
Qui a relevé cette différence?>>
Alors je rappelle le message que j'avais posté deux ans auparavant (15 Juin 2007 11:02) dans la rubrique Le voyage à Paris, page 1, et que je retranscris en entier pour éviter d'avoir à le rechercher :
<<Le motif – tout le monde le sait – était la rencontre du représentant de la Chambre de Commerce Américaine à Paris qui organisait le rachat de toutes les voitures Cadillac abandonnées après la guerre, pour les rapatrier aux USA et les diriger ensuite vers la Russie (qui peut "gober" une telle invraisemblance ?). Ces voitures – en état de rouler – auraient été rachetées au prix uniforme de 30.000 francs (dans le même temps elles se vendaient aux environs de 12.000).
Nos deux "compères" se rendaient donc à Paris pour finaliser le contrat qui faisait d’eux les agents exclusifs de ce trafic (que l’on réfléchisse au temps qu’il leur aurait fallu pour racheter et acheminer les voitures éparpillées dans toute la France ! sans compter que lorsque la chose se serait sue – inévitablement - les prix auraient "grimpé").
Seznec avait, dans les jours précédents, reçu de "Charly" l’américain, deux lettres à entête de la Chambre, destinées à Quémeneur (qui ne voulait pas se compromettre mais qui par ailleurs ne faisait pas mystère du trafic auquel ils allaient tous deux se livrer). Ces deux lettres n’ont pas été retrouvées, ni dans la valise, ni à Kerabri. Cela est normal, Quémeneur les avait dans sa poche ! Je pense que ces deux lettres étaient destinées à convaincre Seznec de la réalité du trafic. Mais je pense aussi que le meilleur argument était le fait qu’il allait peut-être revendre 30.000 francs (moins les deux mille de frais d’intervention) sa voiture qui ne lui appartenait plus. Du même coup, il remboursait sa dette à Quémeneur et réalisait un bénéfice. Le coup valait d’être tenté, après … on verrait.
Que l’on se souvienne que nos deux – soi-disant – amis, qui se connaissent, en principe, depuis trois ans, n’ont jamais fait une seule affaire ensemble. Il ne faut pas oublier non plus que lors du procès on a persuadé les jurés de ce que Seznec était l’instigateur d’un projet inexistant.
Et qui est "Charly" l’américain ? Boudjéma Gherdi, qui bien sûr n’est pas américain, n’appartient évidemment pas à la Chambre de Commerce Américaine et "traficote" dans la pièce détachée ! (si vous ne croyez pas à celle-là je vous en raconterai une autre !).
Qu’aurait raconté Quémeneur à Seznec s’ils étaient arrivés ensemble à ce prétendu rendez-vous ?
Poser la question c’est dire que cela ne se pouvait pas et ne s’est d’ailleurs pas réalisé. Mais alors qu’est devenu le projet de la Chambre de Commerce Américaine ?
Elle ne comptait donc que sur nos deux hommes ?
Thierry Lefebvre vient de trouver la preuve formelle que The American Chamber of Commerce était bien au 32, rue Taitbout en 1919.
L’ancienne adresse, 3, rue Scribe est barrée, donc cette nouvelle adresse devait être récente.
Là, on peut vraiment se demander pourquoi ce mensonge ???
Pour avoir la paix ???
Parce qu'ils avaient quelque chose à cacher ?
Parce que le souvenir des différents trafics de Cadillac était encore trop récent ???
Soit ils se sont aperçus, peut-être même tardivement lorsque l'affaire éclate, que certains abusaient de leur papier à entête à des fins personnelles et ils ne voulaient pas que la disparition d'un conseiller général les éclabousse,
soit ils ont vraiment couvert des trucs louches.
A votre sagacité.
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Mais formellement interdits à Vilain & Co.
Liliane Langellier,
L’Oprah Winfrey de l’affaire Seznec
P.S. Petit message pour Gabriel Seznec :
La promesse de vente fût déclarée nulle (ce n’est pas le terme exact) au petit matin du 4 novembre 1924 par la cour d'assises du Finistère…