Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
18 Janvier 2020
Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières.
Jean-Jacques Rousseau
A la question : Pourquoi Pierre Quémeneur retourne-t-il précipitamment à Morlaix….
La réponse est : on n'en sait RIEN du tout !
Car personne...
Personne n'a pu prouver qu'il était bien revenu à Morlaix le dimanche 27 mai 1923 au matin.
Petit-Guillaume a été très imprécis quant aux dates de ce qu'il racontait.
Et ne jamais oublier qu'il avait fomenté toute cette histoire pour empêcher Denis Seznec de porter une nouvelle demande de révision.
Ce qu'il a confié à Bernard Le Her, à Jean-Yves et à Gabriel Seznec est un témoignage de deuxième main.
S'il nous avait parlé directement...
Ou s'il avait laissé un quelconque écrit...
Ce serait un témoignage de première main.
Pour ce foutu retour de Pierre à Morlaix...
On ne peut donc qu'imaginer.
Et, dans la recherche historique, l'imagination, c'est pas ça qu'est ça !
Le seul qui ait écrit sur un possible retour de Quémeneur sur Morlaix est Denis Langlois.
Dans son ouvrage de février 2015.
Et il est resté bien prudent.
Pour cause.
Ce n'est qu'une hypothèse.
Pas une certitude !
…...………………......
Selon cette hypothèse...
Le soir du vendredi 25 mai 1923....
Pierre Quémeneur aurait été conduit par Guillaume Seznec jusqu'à Versailles.
Où il aurait pris le train express de 23 h 06 pour Paris Invalides.
Il aurait dormi à l'Hôtel de Normandie.
Puis, très tôt, le lendemain, il aurait honoré son rendez-vous d'affaires...
Il serait, ensuite, allé à la poste restante N° 3 du boulevard Malesherbes.
Pour récupérer (en vain) la lettre chargée de Me Pouliquen.
Puis, en attendant l'heure de son train, il se serait baladé dans la Capitale...
Où ce mythomane de François Le Her prétend l'avoir rencontré dans son tramway...
Entre Pont de Solférino et Place d'Iéna :
Le témoignage lui-même (cf Yves-Frédéric Jaffré en page 134) :
"Le 6 janvier 1924, un contrôleur des tramways parisiens : François Le Her, âgé de 31 ans, demeurant à Paris, était entendu, sur sa demande, par le commissaire Doucet, de la Sûreté nationale.
Receveur stagiaire sur la ligne de tramway Hôtel de Ville - Auteuil, il affirma avoir rencontré Quéméneur le samedi 26 mai 1923, vers 18 h 30. Le conseiller général monta à l'arrêt Pont de Solférino en direction de la place d'Iéna. Le Her le reconnut le premier et l'aborda en disant : "Vous êtes M. Quéméneur ?" Le voyageur lui répondit : "Oui, et vous, vous êtes M. Le Her ?" Pendant le trajet, c'est à-dire pendant environ un quart d'heure, tous deux s'entretinrent en breton. Le Her exposa à son compatriote ses malheurs : sa ruine à Pont-Croix (Finistère) où il était établi sellier ; les frais élevés que lui occasionnait la maladie de sa fille Juliette ; la nécessité où il s'était trouvé de chercher un gagne-pain à Paris. Compatissant, Quéméneur lui exprima le regret qu'il ne lui en eût pas fait part plus tôt, car il l'aurait aidé. Le Her se plaignit des difficultés de son nouveau métier : "Si encore, ajouta-t-il, les voyageurs étaient compréhensifs ! Mais il y aura une semaine, demain dimanche, j'ai dû faire appel à la police, à cet endroit, place Iéna, pour obliger à descendre deux époux qui étaient montés en surcharge !"
Le Her devait préciser que c'était cet incident qui lui permettait de fixer la date de sa rencontre avec Quéméneur. Il était exact, en effet, que le dimanche 20 mai 1923, le receveur Le Her avait dû requérir un gardien de la paix pour faire expulser d'une voiture de tramway deux voyageurs récalcitrants, les époux Bussy. Cette intervention était enregistrée au commissariat de Passy.
Je pense que ce témoignage était un "témoignage sur commande"..
Car Le Her a été trop précis sur le tronçon de tramway emprunté par Quémeneur.
Qui correspond à un stop de Quémeneur à la Poste du 3 Boulevard Malesherbes.
A la Poste.
Bernez Rouz écrit en page 110 :
"Fin décembre 1923, Me Le Hire, avocat de Seznec, demande au juge Campion de bien vouloir rechercher un sieur Le Her, contrôleur des tranmways à Paris ; celui-ci aurait vu Quéméneur après la date fatidique du 25 mai."
Et oui, qui recherche qui ?
Premières mentions du témoignage de Le Her dans la presse en janvier 1924 :
Dépêche de Brest, 23 janvier 1924.
Le Petit Parisien, 23 janvier 1924.
La Dépêche de Brest, 28 janvier 1924.
Pierre Quémeneur serait revenu à Morlaix
par le train de nuit de 21 h 08.
Vous avez remarqué mes verbes au conditionnel.
Et oui….
Personne ne peut nous prouver que Pierre Quémeneur est bien revenu à Morlaix le dimanche 27 mai au matin.
Personne...
Et, pour cause, il n'y a eu aucun témoin.
Il serait revenu le 27 mai au matin, avec, en poche, une promesse de vente qui aurait été dactylographié sur une machine à écrire achetée au Havre entre le 14 et le 19 juin 1923 ???
Ainsi que l'écrit l'historien Michel Pierre en page 292 :
"Il est difficile de saisir pourquoi il (Pierre Quémeneur) serait revenu précipitamment de Paris pour tenter sa chance, un dimanche matin, en plein jour avec, de plus, la bonne et les enfants dans la maison ou à proximité."
Oui, il est difficile...
Même si le F.B.I. a un dossier Quémeneur.
Il semblerait que la pate à crêpes texane soit enrichie de magic mushrooms...
Stay tuned !
Liliane LANGELLIER,
L'Oprah Winfrey de l'affaire Seznec.
Sur le témoignage de Petit-Guillaume, lire sur ce blog mon article de juin 2015 :
Le secret, c'est pas que je doute, mais….
et sur le retour de Seznec à Morlaix, celui de mai 2015 :
La plaidoirie de Me Lamour.