Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
22 Février 2022
Cependant si l'on en croit, non pas la Sûreté Générale qui n'a pas encore dit son mot, mais seulement le commissaire Vidal et les inspecteurs placés sous ses ordres, Quémeneur fut aperçu pour la dernière fois à Houdan par des employés de cette gare, le 25 mai 1923, vers 22 h 30.
La Province du 2 septembre 1931.
Petit Parisien du 9 septembre 1923
Petit Parisien du 20 octobre 1923
Ce n'était d'ailleurs pas sans risques...
Bertrand Vilain écrit :
"A Houdan, le dernier train de voyageurs pour Paris était déjà parti. Nous ne pouvons pas exclure que Quéméneur ait pris un train de marchandises. Bien que parfaitement illégale et dangereuse, c'était une pratique assez courante à l'époque. Il fallait être discret et se glisser au bon moment sans être aperçu par les agents ferroviaires."
J'aimerais bien savoir d'où, de quels documents, Bertrand Vilain nous sort que les resquilleurs sautant en marche dans des trains de marchandises étaient monnaie courante en 1923 ????
Ce n'est pas parce qu'il l'écrit que c'est vrai...
Bien au contraire, il est prudent de vérifier tout ce qu'il annonce...
Imaginez un peu...
Que Pierre Quémeneur, conseiller général de Sizun, fier de sa personne et toujours bien mis...
Pierre Quemeneur toujours bien mis...
Aurait attrapé au vol, le vendredi 25 mai 1923, à 22 h 40, un train de marchandises à Houdan pour Paris...
C'est un concours de bêtises :
"À 22h40, le train de marchandises s'ébranle. Notre marchand de bois qui n'ignore rien de ces merveilles de moyen de transport est heureux. Il sera demain à 8h avenue du Maine où il doit rencontrer Charly avec qui il est en négociation depuis plusieurs mois. Charly doit lui présenter le grand manitou qui supervise l'achat de Cadillac en France à destination de la Russie."
Un train de marchandises !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
"Le cheminot voit partir la Cadillac en direction de Saint Lubin.
Lorsqu'elle repasse devant la gare il n'y a plus qu'un seul homme à bord. Quand je vous dis que Quéméneur a pris clandestinement le train de marchandises de 22h 40..."
Un train de marchandises !!!!!!!!!!!!!!!
Vous savez ce que c'est qu'un train de marchandises en 1923 ?
A toutes fins utiles...
Je vous en refile quelques photos....
Vous imaginez le coquet Monsieur Quémeneur se ruer en pleine nuit dans une gare déserte et inconnue pour choper le train sur un quai improbable ???
Et traverser, sans être vu, toute cette distance pour pouvoir accéder à la gare des marchandises ???
Cette pratique était réservée à ceux qui ne pouvaient pas s'offrir de payer un billet.
Et ils choisissaient toujours une gare très peuplée.
Alors, de nuit... Dans la gare paumée de Houdan...
(ci-dessous photo du livre de Charles-Victor Hervé)
Vous imaginez Pierre Quémeneur en resquilleur courant le long du train pour s'agripper à une barre et grimper dans un wagon ???
Le malheureux Piau (et non Piot) doit s'en retourner dans sa tombe...
in Ouest-Eclair du 1er novembre 1924
"Celui-ci trouve absolument improbable qu'on puisse se faufiler dans une gare et prendre un train de marchandises."
La Dépêche de Brest du 1er novembre 1924
"Quelqu'un est-il venu prendre ce train ? - Non, il n'y a pas de doute. Tous deux sont partis avec l'auto."
Quant à Me Kahn...
Ouest-Eclair du 1er novembre 1924
"Me Kahn s'attache à faire savoir qu'il y avait un train de marchandises qui, partait à 10 heures et quelques minutes."
Me Kahn est prêt à tout pour sauver la tête de son client.
Il a contacté le François Le Her pour un témoignage moyennant finances...
Il a même monté de toutes pièces, avec Charles Huzo, la piste de Lormaye en désignant les Quemin comme coupables.
Et puis...
Pierre Quémeneur n'ayant pas pris sa valise, il aurait eu une sale apparence pour se présenter au big boss de l'affaire avenue du Maine.
Et, encore une fois, si Quémeneur était monté dans un train à Houdan ou à Montfort, Seznec n'aurait pas écrit Dreux dans le carnet.
Liliane Langellier