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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec : le cric manquant

"- Et votre cric ? a poursuivi le président. Vous l’aviez en partant de Morlaix, vous l’aviez encore Dreux, le garagiste est formel. Où l’avez-vous perdu ?

- Je ne sais pas, certainement en réparant un pneu.

- Etonnant quand même. Un cric qui devait peser au moins 15 kilos, cela ne se perd pas comme ça ! Ou alors c’est parce qu’on l’a utilisé à autre chose…

- Je sais où vous voulez en venir, monsieur le président. Eh bien, non ! je ne m’en suis pas servi pour autre chose. Croyez-moi, si j’avais eu à me séparer d’un objet, ce n’aurait certainement pas été de mon cric. Il m’était trop utile.

- Mais dites-nous alors ce que vous en avez fait ?

- Etes-vous automobiliste, monsieur le président ?

- Non.

- C’est dommage, vous sauriez que la panne est la façon la plus courante de perdre ses outils !

La salle a ri et tu as été content de ta repartie ; mais quand tu as vu le visage fermé du président, tu as compris que tu venais de faire une nouvelle gaffe."

In Denis Langlois.

Récit du procès du samedi 25 octobre 1924.

"Le cric de l’automobile a été perdu, dit Seznec, au cours du voyage tragique, par suite des circonstances dont il ne peut pas se rendre compte, mais, de son aveu, à peu près dans les heures et sur le parcours où est intervenue la disparition de Quémeneur. L’idée s’impose que cet outil, qui devait peser 15 kilos au moins, étant donné le poids de la voiture, a servi à perpétrer le crime, du moins à assurer la suppression du cadavre. Le trouble de Seznec a été visible quand on l’a pressé de s’expliquer sur ce détail et qu’il n’a pu le faire de façon satisfaisante."

in L'acte d'accusation de début novembre 1924.

Ouest-Eclair du 5 juillet 1923

La Dépêche de Brest du 3 Juillet 1923

Mais si...

Souvenez-vous...

Denis Langlois en page 26 :

On parle là de Edouard Coulomb, le réparateur de vélos de La-Queue-Les-Yvelines :

"Il charge dans la camionnette un cric car Seznec a perdu le sien…"

Un cric, à l'époque, c'est ça :

Ou encore ça :

Et oui…

Un cric lourd de 15 kilos a disparu.

En prendre un coup derrière la tête de ce cric-là en tuerait plus d'un !

Le garagiste Hodey, de la rue d'Orfeuil, à Dreux avait vu ce foutu cric.

Mais arrivé à La-Queue-Lez-Yvelines, il n'y a plus de cric !

Donc, Guillaume Seznec n'a pas de cric, et n'en a pas acheté un neuf pour remonter à Morlaix….

Philippe Lamour, dans sa célèbre plaidoirie d'octobre 1932, déclare :

"Un cric aurait disparu. Il aurait été dans l’auto de Seznec avant son passage à Houdan. On ne l’aurait plus retrouvé ensuite.

Il y a pour cet « indice » un malheur. C’est que celui-là même qui a mis la voiture en état avant son départ de Morlaix, c’est à dire l’employé du garage de Morlaix, affirme être certain qu’il n’y avait pas de cric dans la voiture, et que son collègue Dzinbakonowski affirme exactement la même chose. Et eux le savent, parce qu’ils ont longuement examiné la voiture, et en détail, ayant mission de la mettre en état d’être vendue à son arrivée à Paris. (Déposition Golias, cote 78 ; déposition Dzinbakonowki, cote 88)

Hodey, garagiste à Dreux, qui a fait à la voiture une rapide réparation, affirme qu’il y avait un cric.

Les employés du garage de Morlaix affirment que non. Pourquoi ne pas tenir compte de leur déposition aussi bien que de celle de Hodey ?"

 

Guillaume Seznec écrit dans les Mémoires, qu'il vend contre argent sonnant et trébuchant à Radar fin décembre 1953 (tout en gardant à l'esprit qu'il mentait comme un arracheur de dents) :

"Je perds mon cric. C'est l'arme du crime prétendra le juge. Lorsque j'ai déclaré, plus tard, que j'avais égaré mon cric, le juge Campion s'est exclamé : "Nous cherchons l'arme du crime, la voilà !"

Or ce cric était un gros cric américain. C'était un instrument qui m'était des plus utiles, et croyez bien que, dans l'état où se trouvait ma voiture, je n'aurais jamais eu l'idée de m'en séparer volontairement. D'autre part, son poids et son peu de maniabilité s'opposaient à ce que je puisse m'en servir comme d'une arme. Pierre Quémeneur n'était pas une mauviette et se serait défendu vigoureusement. Nul n'a jamais déclaré qu'il avait trouvé le cric sur la route, tâché ou non de sang."

Dans l'émission de Bernez Rouz du 2 octobre 2004 :

"Les jurés sont convaincus que Seznec a tué son ami d'un coup de cric et qu'il a fait disparaître le corps dans un étang de la région parisienne."

………………………..

Voilà donc l'histoire du cric...

Et si...

Si Guillaume Seznec, qui a confectionné - sans aucun doute maintenant - les faux de la promesse de vente de Traou-Nez...

Avait tout simplement tué Pierre Quémeneur d'un coup de cric, au cours d'une dispute.

Et avait, grâce à ce cric, lesté le cadavre dans l'un des nombreux étangs de la région de Houdan.

Ah non !

Pas à Lormaye...

Par pitié !

Liliane Langellier

 

 

Affaire Seznec : le cric manquant

P.S. Samedi 21 décembre 2019

Conférence de Michel Pierre à La Bibliothèque des Littératures Policières (BiLiPo)

48, rue du Cardinal Lemoine

Paris 5e

A partir de 16 heures.

 

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