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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.

Affaire Seznec : Le Charly du Vilain serait Sidney Reilly (?)

Ils osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît…
Michel Audiard

Commentaire de Marc du Ryez en date du 1er février 2020 :

"En zoomant sur la couverture du livre à paraître, j'ai vu qu'apparemment, Charlie, c'est l'espion Sidney Reilly, sur lequel il existe une abondante littérature. Reilly s'est marié à Londres le 18 mai 1923, devenant bigame, comme (peut-être) Ernst Conrad Achermann.

Comment la possible présence de Reilly à Paris le 26 mai a-t-elle permis à Pierre Quéméner de trouver un train la veille à Houdan après 22 heures ? Je me le demande."

Je ne sais s'il faut en  rire...

Ou s'il faut en pleurer…

Mais quand même, hein ?

Même dans vos fantasmes les plus fous, vous n'auriez pas pu imaginer James Bond dans l'affaire Seznec...

Et bien….

Voilà...

En ce mois de février 2020...

Bertrand Vilain l'a fait.

Point de recherches au F.B.I. ou en Russie...

Il a  dû simplement lire "Ace of Spies" d'Andrew Cook sur la vie de Sidney Reilly !

Ou encore "L'as des espions" de Robin Bruce Lockhart.

Et puis, j'te raccorde tout ça au trafic de Cadillac de 1919.

Y aura bien un lecteur assez crétin pour croire à ces divagations (J'en connais au moins un !).

Mais, à mon avis, son livre ne se vendra pas à plus de cent exemplaires.

20 boules pour un James Bond breton à la sauce texane, très peu pour moi !

Sur le sieur Sidney Reilly...

Pour vous préparer mentalement...

A l'irruption de cet espion soviétique dans l'affaire Seznec...

Je vous joins l'article Wikipedia, et deux autres articles...

Celui de Russia Beyond.

Et celui du Monde Juif.Info.

Bonne lecture et à très vite...

Liliane Langellier

 

Un petit tour sur Wikiki :

Sidney Reilly, pseudonyme de Sigmund Georgievich Rosenblum, né probablement le à Kherson en Ukraine1,2, décédé le en URSS, est un espion travaillant pour le SIS britannique au début du XXe siècle. Considéré comme leur meilleur agent à cette époque, il est exécuté par le Guépéou soviétique.

Parlant plusieurs langues, il était charismatique et brillant, tout en étant d'humeur changeante. Conscient de son image, il en aurait profité pour faire mousser ses exploits. Pour plusieurs collègues du SIS, il était un playboy qui menait une vie luxueuse, tout en exploitant les femmes à ses propres fins.

Surnommé l'« espion gentleman », il était aussi passé maître dans l'art du déguisement et de la supercherie. Son désir de mettre fin aux régimes bolchévique, puis communiste en Russie l'a incité à les combattre, ce qui lui a finalement coûté la vie.

Sa vie a fait l'objet de plusieurs livres et feuilletons télévisés. Plusieurs estiment qu'il a servi de modèle pour la création de James Bond.

Biographie détaillée[modifier | modifier le code]

Le nom et le lieu de naissance de Reilly sont discutés par certains auteurs.

Seul garçon d'une famille de trois, son père était un entrepreneur juif dont la femme était une remarquable pianiste.

À la suite d'une relation intime avec sa cousine, Reilly quitte la maison familiale. Il s'installe à Odessa pour étudier la chimie à l'université de Novorssiia.

Pendant les années 1890, il s'établit à Paris, puis à Londres. Dans cette ville, il lance une petite société de revente de médicaments. Ce commerce pourtant lucratif ne lui permet pas de maintenir son train de vie luxueux : voyager dans des endroits exotiques, parier de grosses sommes, acheter de beaux vêtements, etc. Pour cette raison, il devient informateur de Scotland Yard. À ce poste, sous les ordres de « M. », il recueille des informations sur les exilés politiques, les immigrants, les criminels et toutes autres personnes dignes d'intérêt aux yeux de Scotland Yard. C'est sans doute dans le cadre de ces activités qu'il rencontre Ethel Lilian Voynich avec laquelle il a une courte liaison et à laquelle il inspirera son célèbre roman The Gadfly.

Malgré ces revenus supplémentaires, il ne parvenait pas à équilibrer son budget. En 1897, la chance se présente en la personne de Margaret Thomas, la jeune épouse d'un révérend agonisant, dont Reilly s'occupe personnellement en lui fournissant des médicaments. Le suivi du révérend le conduit à se présenter régulièrement à la maison du couple, où se développe une relation amoureuse secrète avec Margaret.

Le révérend décède quelque temps plus tard, des suites de la maladie de Bright, qui attaque les reins et dont les symptômes sont semblables à ceux d'un empoisonnement à l'arsenic. Faute d'autopsie, on ne connaîtra pas la véritable cause de la mort du révérend qui laisse un important héritage à sa veuve de 24 ans. Les amants se marient en 1898 et déménagent, quelques mois plus tard, à Port-Arthur en Mandchourie, ville stratégique aux yeux des futurs belligérants de la guerre russo-japonaise. En association avec un ami, Moisei Ginsburg, Reilly constitue une société qui vend des armes à la flotte russe du Pacifique. Comme marchands d'armes, les deux associés profitent de leur position pour négocier des armes et échanger des informations. C'est pendant son séjour à cet endroit que Reilly prend contact avec différentes personnes importantes des deux camps.

En février 1904, les Japonais attaquent par surprise la flotte russe stationnée à Port-Arthur. La guerre russo-japonaise commence. Reilly part pour Paris où il retrouve son contact de Scotland Yard, « M », qui s'occupe encore de collecte d'informations, cette fois pour le War Office. Devenu plus précieux aux yeux de « M », il repart en mission.

Sa première mission, couronnée de succès, consiste à convaincre un prospecteur de pétrole de favoriser l’Anglo-Persian Oil Company, pour l'exploitation des gisements de pétrole en Iran. Ce contrat, donne naissance à un géant pétrolier, au détriment d'un banquier de la famille Rothschild. Du côté personnel, les choses vont moins bien. Bigame, son mariage allait à vau-l'eau en 1904. Cependant, il avait atteint ses buts : un nouveau nom, Reilly, et une certaine fortune. Ils n'ont jamais divorcé, mais Reilly n'a jamais tenté de reprendre contact avec son épouse, préférant les voyages d'affaires qui lui permettaient d'amasser de substantiels gains, par exemple.

Il cultivait un sens de la grandeur qui n'était pas la sienne dans la vie réelle. Par exemple, il disait être titulaire d'un doctorat d'une université britannique, ce qui était faux. Son personnage était si ancré en lui qu'il semblait oublier qui il était vraiment. Cela explique peut-être pourquoi il eut tant de succès comme agent secret.

En 1914, la Première Guerre mondiale est déclenchée par les armées du kaiser Guillaume II. À la fin de l'été, la 2e armée russe était réduite de moitié. Reilly saisit cette chance de passer à l'histoire en revendant des armes à l'armée russe, faisant l'intermédiaire avec les fabricants d'armes japonais et américains. Chaque vente lui rapporte d'énormes commissions, qui deviendront des millions de dollars.

En février 1915, Reilly épouse une amante de longue date, Nadine (Nadejda) Zalessky, âgée de 29 ans. Juive Ukrainienne d'ascendance suisse, elle est considérée comme d'une grande beauté intellectuelle et physique. L'agent secret est non seulement attiré par sa beauté, mais aussi par les liens qu'elle entretient avec d'importants officiels russes. Malgré son mariage, il entretient une relation avec d'autres femmes, à l'insu de son épouse.

Au même moment, il travaille à New York comme agent pour l’Allied Machinery Company, un fabricant d'armes. En 1917, il s'établit à Toronto et devient pilote de chasse pour le Royal Flying Corps canadien. Plus tard, Reilly affirma qu'il s'était engagé pour aider à l'effort de guerre.

Après l'entraînement approprié, il est posté au Royaume-Uni. Au même moment, le SIS britannique recherche activement un agent pour mettre fin aux tentatives de rapprochement de Lénine avec les Allemands. Il fait partie de la liste d'agents potentiels dont le passé est fouillé en profondeur. En 1918, après une entrevue avec le chef du SIS, Mansfield Smith-Cumming, il part en mission dans la Russie dévastée par la guerre et la révolution bolchévique. Ce sera sa première mission en Russie, et l'une des plus hardies.

Elle est à peine commencée qu'il dévie de son itinéraire en Russie et ne prend pas contact avec l'agent britannique désigné. Dans la ville de Mourmansk, l'agent en poste le fait emprisonner par des militaires britanniques. Prouvant qu'il travaille pour le SIS, il est libéré. Il quitte alors pour Petrograd, puis va à Moscou en mai. Se faisant passer pour un envoyé du premier ministre britannique d'alors, David Lloyd George, il prend rendez-vous avec Lénine pour discuter du futur gouvernement bolchévique, risquant de mettre fin à sa carrière d'agent secret. Lénine refuse, mais son aide de camp le reçoit. Par la suite, Reilly a démenti qu'il ait fait un tel geste.

Malgré son geste étourdi, le SIS le conserve en poste. Il semblerait qu'il se soit joint à un responsable britannique à Moscou dans le but de comploter la fin du régime de Lénine. Le plan Lockhart, du nom du responsable, consistait à intercepter Lénine et Léon Trotsky, alors qu'ils se rendraient à une réunion au théâtre Bolchoï le 6 septembre 1918. Il n'est pas clair s'ils voulaient les enlever ou les abattre. Le plan échoue, car ils sont dénoncés, mais purent s'échapper.

En septembre 1918, il retourne à Londres et reprend contact avec Cumming. Il insiste pour retourner en Russie immédiatement, ce que permet Cumming quelques semaines plus tard. Cette fois, Reilly fait une collecte d'informations sur les combats que mène l'Armée rouge contre l'Armée contre-révolutionnaire des Blancs, anti-bolchévique. Sa mission, encore couronnée de succès, lui vaut la croix militaire pour ses services.

Plusieurs mois après, il repart pour New York et divorce d'avec Nadine, que l'attente avait rendue indifférente. Tout en étant en mission, il établit une autre relation amoureuse quelques mois plus tard.

Cette mission consiste à obtenir de l'information sur la trêve qui semble se dessiner entre les Polonais et les Russes, lesquels étaient en guerre à ce moment. Reilly, voulant mettre fin au régime bolchévique, complote aussi avec un assassin et révolutionnaire polonais. Faute de fonds suffisants, il ne peut accomplir son plan. En 1922, le SIS, excédé de ses extravagances, le largue. Reilly en devint amer, et entama une longue spirale descendante qui le mena à sa mort.

Reilly s'installe à Prague par la suite, tentant de refaire fortune en vendant des médicaments, sans succès. Son dernier mariage se solde par un divorce. Malgré tout, il continue à forger des plans. En , il rencontre une riche Sud-Américaine. Le coup de foudre est instantané, et ils se marient en mai de l'année suivante.

Deux ans plus tard, le Guépéou soviétique met au point l'opération Trust destinée à éliminer les plus redoutables ennemis du régime hors de la Russie. Un groupe d'agents se pose comme anti-bolchévique et souhaite entrer en contact avec les exilés russes opposés au régime en place. Faisant partie des ennemis, une tentative d'enlèvement sera faite contre lui, mais sans succès.

Cependant, en 1925, il se rend en URSS pour y rencontrer ce prétendu groupe d'opposants au successeur de Lénine, Staline. Des amis et des associés tentent de le dissuader, mais sa haine de Staline est trop forte. Il est immédiatement arrêté après avoir franchi la frontière finlandaise et emprisonné à la Loubianka pour y être interrogé.

Le , il sera abattu sur ordre exprès de Staline.

in Russia Beyond du 29 Septembre 2017

Ce «James Bond» qui mourut à Moscou

L’espion anti-communiste Sidney Reilly a été arrêté par les Soviétiques le 27 septembre 1925 et fusillé peu de temps après. Bien que la vie de Reilly reste dans une grande mesure entourée de mystère, une chose est claire à son sujet: l’agent était profondément lié à la Russie, de sa naissance à sa tentative d’organiser l'assassinat de Lénine.

« Le bolchevisme avait été baptisé dans le sang... Ses dirigeants étaient des criminels et des meurtriers », a déclaré Sidney Reilly, un agent du Bureau des services secrets britanniques qui est considéré comme le prototype du James Bond de Ian Fleming. D'origine russe, Reilly a consacré sa vie à vaincre le régime qui était arrivé au pouvoir en 1917, mais n’est pas parvenu à atteindre son but.

La haine de Reilly envers le communisme est l'une des rares choses qui sont claires à propos de l'homme. Des dizaines de détails de sa vie restent entourés de mystère. Pour commencer, nous ne savons même pas où il est né et comment il est devenu citoyen britannique.

L’homme aux mille noms

Sidney Reilly diffusait différentes versions concernant ses origines : il prétendait être un pasteur irlandais ou le descendant d'une noble famille russe. Cependant, aujourd'hui, la plupart des historiens concordent sur le fait qu'il est né en 1873 dans une famille juive, à Odessa (actuelle Ukraine) ou quelque part dans l'ouest de l'Ukraine.

on vrai nom de famille était Rosenblum, mais le personnage reste un mystère - différentes sources l'appellent Semion, Sigmund ou Gueorgi. D’une façon ou d’une autre, M. Rosenblum arriva en 1896 à Londres où il épousa une femme d'origine irlandaise et changea son identité pour devenir Sidney Reilly.

Double/triple agent

Les biographes de Reilly débattent toujours pour savoir s'il était un espion britannique avant la révolution d'Octobre. Lui-même rappelait qu'il avait commencé sa carrière dans les services spéciaux britanniques dans les années 1890, mais l’historien Andrew Cook, auteur de As des espions : l’Histoire vraie de Sydney Reilly suggère que Reilly mentait et qu’en réalité, c’était un escroc qui cherchait uniquement à s'enrichir lui-même.

Comme l'indiquent les historiens, Reilly ne semble pas digne de confiance. On a signalé qu’il avait participé à la guerre russo-japonaise (1904-1905), espionnant à la fois pour la Grande-Bretagne et le Japon. Alors qu’il vivait en Russie en 1906, Reilly est devenu ami avec les cercles révolutionnaires russes, tout en travaillant dans le même temps pour la Grande-Bretagne et le renseignement tsariste.

Tout en graissant la patte du plus grand nombre de personnes possibles, Reilly n'a pas oublié de gagner de l'argent car il adorait la haute société, les femmes et les jeux de hasard. « Nous considérons qu'il n’est pas digne de confiance et impropre au travail suggéré », a écrit dans un compte-rendu l'un des agents du Secret Service Bureau britannique au sujet de Reilly au début de la Première Guerre mondiale.

Mission en Russie

Cependant, l'agent a gagné la confiance de Winston Churchill et de Mansfield Cumming (le premier chef de l'organisation qui a précédé le renseignement britannique MI6) - les dirigeants britanniques le trouvaient charismatique, audacieux et extrêmement brillant dans son travail.

Ainsi, en 1917, Reilly fut nommé en Russie, pays auquel il s’était toujours intéressé.

En vivant dans ce pays incognito, il a réussi à recruter des agents doubles importants. De plus, Reilly a obtenu un certificat de tchékiste (police secrète bolchevique) et avait même accès au Kremlin. De la sorte, il a décidé que la meilleure option pour vaincre les bolcheviks était de décapiter leur parti en tuant ses principaux dirigeants: Vladimir Lénine et Léon Trotski.

Complot et conséquences

Avec d'autres agents britanniques, Reilly a planifié un coup d'État. Les régiments lettons qui surveillaient les chefs de parti les plus importants étaient censés retourner leurs armes contre les bolcheviks. Leur chef, Edouard Berzine, a promis de le faire après avoir reçu 1,2 million de roubles (38 700 $ de 1918) des Britanniques.

Berzine n'avait pas l'intention de trahir les bolcheviks: il menait en réalité une action de provocation, conformément aux ordres de la Tcheka. Après que Berzine eut soutiré une solide somme d'argent aux Britanniques, les autorités ont « découvert » la conspiration des diplomates et ont pris l'ambassade d’assaut. Reilly a fui vers l'Europe.

Dernière visite

L'agent infatigable a poursuivi ses tentatives de venir à bout des Soviétiques. À la fin de l’année 1918, il a passé plusieurs mois dans le sud de la Russie où les forces de l'Armée blanche (antibolcheviques) étaient concentrées et essayaient de convaincre Londres de les aider économiquement et militairement. Mais ces efforts furent vains. Les Blancs perdirent et, quelques années plus tard, les bolcheviks finirent par avoir raison de Reilly.

En septembre 1925, il franchit la frontière soviétique pour rencontrer ses connexions avec l'organisation anticommuniste Confiance. En réalité, il s’agissait d’une fausse organisation montée par l’OGPU (successeur de la Tcheka) afin de piéger les ennemis de l'URSS venus de l'étranger.

Reilly, malgré son expérience et son flair légendaire, est tombé dans le piège avec les autres. Il a été exécuté dans une forêt près de Moscou en novembre 1925.

 

Ace of Spies reveals for the first time the true story of Sidney Reilly, the real-life inspiration behind fictional hero James Bond. Andrew Cook's startling biography cuts through the myths to tell the full story of the greatest spy the world has ever known. Sidney Reilly influenced world history through acts of extraordinary courage and sheer audacity. He was a master spy, a brilliant con man, a charmer, a cad and a lovable rogue who lived on his wits and thrived on danger, using women shamelessly and killing where necessary - an unnecessary. Sidney Reilly is one of the most fascinating spies of the twentieth century, yet he remains one of the most enigmatic - until now.

in LE MONDE JUIF.info du 17 février 2013

 

Shlomo Rosenblum alias Lt Sydney Reilly (1873-1925) – Au Service Secret de Sa Majesté.

« L’as des espions » c’est ainsi qu’est surnommé le célèbre espion aventurier des années 20,  Shlomo Rosenblum alias Lt Sydney Reilly qui remplira plusieurs missions dangereuses dans la Russie bolchevique à la solde britannique. Il représente selon les historiens le premier prototype du super-espion du 20ème siècle et inspirera ainsi à l’écrivain Ian Fleming son  héros légendaire, James Bond 007. 

C’est en 1873 à Kherson, province à majorité juive de la Russie tsariste, que naît le modèle original du célèbre Bond…James Bond. Son nom est Rosenblum…Shlomo Rosenblum. Fils d’un riche entrepreneur et d’une pianiste, il grandit dans une famille activement engagée dans le mouvement d’émancipation juive.

Etudiant en chimie à Odessa, le jeune Rosenblum est arrêté en 1892 par l’Ochrana, la police impériale russe, alors qu’il transportait des messages pour un groupe révolutionnaire. Après sa libération, il est à nouveau mêlé à un complot politique, mais cette fois l’affaire est sérieuse : Rosenblum fuit la Russie après avoir simulé sa mort dans les eaux du port d’Odessa.

Aprés un passage supposé au Brésil, puis en France où il aurait amassé une petite fortune, nous retrouvons notre homme établi à Londres en 1895. Il possède la société « Ozone Preparations Company » qui commercialise médicaments et remèdes miracles. L’affaire est prospère, mais son goût compulsif du jeu, des voyages exotiques, des belles femmes, des vêtements de luxe, des mets raffinés… bref d’une vie d’hédoniste que Fleming prêtera à son héros, engloutit ses bénéfices. C’est motivé alors par un besoin pressant d’argent que Rosenblum accepte d’être informateur pour Scotland Yard.

En effet, en 1896, le superintendant en chef de la branche spéciale de Scotland Yard, William Melville, repère Rosenblum. Instruit, discret, celui dont la devise latine sera sa vie durant « Mundo Nulla Fides » (ne se fier à personne), collectera pour le Yard des renseignements sur les exilés politiques et immigrants, infiltrera des mouvements criminels ou anarchistes russes, devenant très vite pour Melville « l’homme qui sait tout ».

1898, Shlomo Rosenblum devient Sydney Georges Reilly. Melville vient de lui créer une couverture. Son but : lui confier des missions de reconnaissance à l’étranger.  Une occasion pour Reilly de revoir sa Russie.

En 1903, Melville quitte Scotland Yard et devient directeur des services secrets britanniques, le SIS,  précurseur du fameux MI6. Sous Melville, Reilly sera espion indépendant. Non contrôlé, les historiens avanceront qu’il aurait été un agent double, triple et même quadruple. Ainsi, en Mandchourie, durant la guerre russo-japonnaise en 1905, il sert l’intérêt à la fois britannique et japonnais.

Polyglotte comme Bond, doté d’une audace à toute épreuve et d’une intelligence très vive, Rosenblum  est aussi un as du déguisement. Sous différentes apparences, il apparaît en divers points du globe. Parmi ses nombreuses missions : « l’affaire d’Arcy » dans le sud de la France, déguisé en prêtre catholique pour approcher le riche entrepreneur de l’industrie pétrochimique en Iran, William Knox d’Arcy. Il parvient ainsi à procurer à l’amirauté britannique des concessions de pétrole iranien juste avant qu’elles ne soient négociées et ne tombent en  d’autres mains.

Puis à Francfort, en 1909, à une fête aérienne, en pilote de démonstration. Ce jour-là un avion, probablement saboté s’écrase. Avec la complicité d’un autre agent chargé de détourner l’attention, Reilly s’empare d’une pièce appartenant au moteur de l’épave allemande et supposée être d’un modèle avancé.

A la veille de la première guerre mondiale, à Essen, en Allemagne, sous les traits de Karl Hahn, un ouvrier des chantiers navals. Pour cette mission, il apprend le métier de soudeur. Objectif : voler les plans de nouvelles armes allemandes. Localisant les plans dans les bureaux d’un contremaître, il réussit à se faire intégrer dans son équipe. Mais en forçant la porte, il se fait surprendre par ce dernier. Reilly l’étrangle et s’enfuit. Par sécurité, il déchire les plans en quatre morceaux et les expédie séparément

A ses nombreuses conquêtes féminines dont quatre épouses, vont se rajouter les femmes proches d’officiers ou ministres, qu’il séduit pour le besoin des missions. (Tout comme sa copie fictive).

En pleine guerre, il se fait parachuter à plusieurs occasions derrière les lignes ennemies. Déguisé une fois en officier allemand, il passera trois semaines au sein du Reich rassemblant des informations sur les plans des futures offensives contre les alliés.

Pour sa conduite héroïque, le Lieutenant Reilly reçoit la Croix Militaire.

En 1918, le SIS engage officiellement Reilly. Il est désormais l’espion répondant au nom de code ST1.  Réputé impitoyable dans l’action, ses exploits audacieux le distinguent des autres agents. Le successeur de Melville, Mansfield Smith-Cumming aussi appelé « C » (d’où « M »dans la fiction), tient là sa recrue pour une opération de grande envergure: déterminer si le tout nouveau gouvernement bolchevique va pactiser avec l’Allemagne et le cas échéant, renverser Lénine. C’est durant cette mission que Reilly fait la connaissance de l’agent qu’on lui adjoint, Robert Bruce Lockhart, ancien vice-consul à Moscou lors de la Révolution d’Octobre. C’est Lockhart qui relatera les prouesses de ST1 à son ami proche Ian Fleming…

Selon les historiens, Reilly sera le premier espion à s’être introduit au Kremlin. Mais approcher Lénine n’est pas une mince affaire. Toutefois, un autre plan bien huilé pour faire tomber le leader soviétique est prévu. Reilly a déjà préparé un futur gouvernement provisoire, un réseau de partisans anti-bolchévique monté par Lockhart et Reilly est en place lorsqu’un évènement imprévu survient : le 30 août 1918, Fanya Kaplan, une révolutionnaire juive tire sur Lénine, ruinant tous leurs efforts. Immédiatement, le CHEKA (ancêtre du KGB), sous les ordres de Lénine, trouve là le prétexte de lancer la « Terreur Rouge » pour contrer la résistance anti-communiste. Lockhart et tous les membres du complot sont arrêtés, impliqués à tort dans l’attentat et condamnés à mort. Reilly parvient à s’enfuir, mais considéré le cerveau de l’affaire, sa tête est mise à prix depuis cette période. Lockhart est libéré, échangé contre un espion russe détenu en Angleterre.

Bravant le danger, ST1 retourne pour plusieurs autres missions en Russie. Cependant « C » ignore la haine farouche que voue désormais Reilly à l’idéologie communiste. Dès lors, il fait de son combat sur le terrain une affaire personnelle. Il entre en contact avec le terroriste révolutionnaire Boris Savinkov. Il finance la lutte anti-bolchévique de ce dernier et y participe.

Même si ses missions sont menées à bien, sa manie « de n’en faire qu’à sa tête » au dernier moment (comme 007) plait de moins en moins à « C ». Ses initiatives personnelles mettent en péril les opérations et les autres agents. Mais nous ne sommes pas à Hollywood : malgré la renommée de ST1 dans le milieu, la patience de « C » a des limites et les activités clandestines menées en parallèle aux missions sonnent le glas de la carrière d’espion de Reilly. Son renvoi en 1922 est un coup dur et le début de la fin.

Poursuivant sa résistance contre la « terreur rouge », Reilly tombe en 1925 dans les filets depuis longtemps tendus par les services secrets russes. Staline ordonne son exécution qui a lieu le 5 novembre 1925. Cette mort lève le doute chez ceux qui le suspectaient d’être un agent double.

Classé à l’unanimité par les historiens comme l’espion le plus remarquable et professionnel de son temps, il captive les imaginations pour devenir une légende à travers la littérature, le cinéma et la télévision avec notamment la célèbre série américaine « Reilly, l’as des espions »tiré du livre que Lockhart écrira à la mémoire de son ami.

 

Bons baisers de Russie...

Bons baisers de Russie...

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