Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.

Guillaume Seznec. L'homme qui a plombé la vie de Marie-Jeanne Marc...

“Jamais renard fainéant n'eut la gueule pleine de plumes.”
Proverbe français

Elle était gracieuse, jolie, bien élevée...

Que n'eût-elle épousé un homme droit, riche, courageux, intègre...

Qui puisse lui assurer un avenir paisible avec une famille aimante..

Seulement voilà le "fatum", ce destin maudit qui fait basculer une vie de la lumière aux ténèbres. ..

Du jour où elle a rencontré Guillaume Seznec, le fatum de Marie-Jeanne Marc fut terrible.

1/ Guillaume Seznec l'enfant roi

Marie-Anne Colin-Seznec a reporté sur son dernier garçon tout l'amour d'un mari et d'un fils disparus...

A l'école primaire, Guillaume est un élève médiocre (cf Denis Seznec en page 71).

Il n'est guère plus brillant au Petit Séminaire de Pont-Croix.

Aucun goût pour l'effort soutenu.

Sa mère le rapatrie alors à la ferme familiale de Kerneol.

A la ferme, il ne se trouve bien qu'au moulin où il peut bricoler et surtout surtout roupiller à son aise.

Pas folle, la mère Seznec cède sa ferme à son beau-fils Gadal en 1904.

Guillaume a alors 26 ans et ce n'est pas un foudre de guerre.

Il n'a quitté sa chère maman que le temps de son service militaire (1 an, 1898/1899 car il était fils de veuve et soutien de famille).

2/ Guillaume Seznec le mari fainéant 

A-t-il aimé sa fiancée Marie-Jeanne Marc ?

Sans doute.

A sa façon.

C'est-à-dire en homme égoïste trop aimé par une mère castratrice.

En 1906, il l'épouse. 

Elle sera enceinte 9 fois en 8 années de mariage. Neuf grossesses mais seulement 4 enfants vivants (cf Rieux Nédelec).

Quand ils ouvrent une blanchisserie à Brest, sous prétexte de recruter des clients, Guillaume Seznec est par monts et par vaux toute la sainte journée. 

Chez Rieux-Nédelec, en page 21 : "En août 1914, Guillaume rejoignit son centre mobilisateur à Brest. Classé dans le service auxiliaire après Quémeneur, il se trouva du côté des "embusqués". Débrouillard, il sut se faire verser au dépôt des vivres de la marine à Landerneau ; une bonne planque, qui lui permettait de s'assurer de confortables avantages au travers de ses déplacements à Brest. Quelques mois plus tard, il achetait un fonds de blanchisserie à Saint-Pierre-Quilbignon."

Petit-Journal 1er juillet 1923 :

"Samedi soir, vers 17 heures, Fernand Stutzmann, 55 ans, employé au P.-O., 47, rue Simon-le-Franc, se présentait à la Sûreté générale pour faire une déclaration au sujet de faits dont il fut la victime de la part de Seznec. À sa sortie de la rue des Saussaies, il nous a déclaré : — En 1913, j'étais établi blanchisseur à Brest, lorsque, un jour, Seznec, qui était propriétaire d'une importante ferme à Roseray, vint me trouver et m'offrit de me commanditer pour une somme de 120.000 fr. " Vous pourrez ainsi, me dit-il, monter un stand à l'exposition de Brest qui va s'ouvrir." Le lendemain, nous nous rendions chez Me Robin, notaire à Brest, afin de dresser l'acte de commandite. Je pris ce stand et en fit tous les frais durant toute l'exposition. Voyant qu'elle tirait à sa fin et que je n'avais touché aucune somme de Seznec, je me rendis chez lui, à la Roseray. Et là, cyniquement, il m'avoua, qu'il n'avait pas un sou et que son bien était hypothéqué pour 150.000 francs. J'étais roulé. Après conseil de Me Feuillard, avocat à Brest, j'intentais un procès contre Seznec devant le tribunal de commerce, procès que j'ai gagné, mais qui m'a complètement ruiné et a incité ma femme à m'abandonner."

La Dépêche de Brest 26 septembre 1916

"Jeudi dernier, vers huit heures du soir, M. Noël Floch, 65 ans, retraité, accompagné de sa femme et d'une nièce, regagnait son domicile à Trémilliau, en Saint-Pierre Quilbignon, lorsque soudain il trouva le petit chemin y donnant accès complètement barré par une automobile et de nombreuses planches. Il invita, très poliment, le propriétaire de la voiture, Joseph Seznec, blanchisseur, actuellement soldat au 87e territorial à lui faire place Mais, pour toute réponse, ce dernier injuria grossièrement le sexagénaire ; puis, saisissant une barre de fer, il lui porta un violent coup à la face. M. Noël Floch ne fut fort heureusement que légèrement contusionné. La gendarmerie vient de terminer son enquête sur cette affaire. Le procès-verbal a été transmis au parquet de Brest."

Pendant qu'il trafique médiocrement à droite et à gauche... 

Et réussit, avec son mauvais caractère, à se prendre de bec et à se mettre tout le monde à dos..

C'est Marie-Jeanne qui drive la blanchisserie.   

Début 1918, le régiment de Seznec est transféré à Morlaix.

C'est là qu'il achète de façon odieuse la scierie de Traon-ar-Velin.

Et qui vient l'aider ????

Mais maman Colin, bien sûr..

 

3/ Des magouilles et encore des magouilles...

Fin novembre 1906...

Après avoir emménagé dans l'une des maisons de son beau-père Marc...

Guillaume Seznec va à Paris, au salon de l'automobile, où il achète nombre de bicyclettes de soldes d'occasion de la Maison Cottereau.

En décembre 1906...

Il se lance dans les machines agricoles, les écrémeuses, les semoirs, les herses, les machines à coudre...

En mars 1907, il achète un stock de 50 bicyclettes de la Maison Alcyon.

Le 1er novembre 1908 ses magasins sont incendiés.

Trois années après cet incendie...

En 1911, le couple habite à Plomodiern, chez Mme Colin, la mère de Seznec...

Guillaume Seznec : profession : néant !

Guillaume Seznec est déclaré "agent de commerce" dans l'acte de naissance de sa fille Jeanne (8 novembre 1912 à Saint-Ségal).

Marie-Jeanne, elle, est déclarée "ménagère".

En 1913, il s'associe avec un certain Stutzmann à Brest pour ouvrir une blanchisserie américaine.

 

Chez Bernez Rouz en page 53 :

"Installé depuis 1913 à Brest, au 3, rue Amiral-Linois, Seznec ouvre dans un premier temps une fabrique de cols. Il se sépare vite de son associé Sutzmann."

Note 104 de bas de page : 

"Son associé Sutzmann était de conduite et de moralité déplorable, ivrogne invétéré, fréquentant les lieux de plaisir." Renseignements communiqués par le commissaire de police de Brest le 9 janvier 1924.

Côté magouilles...

Seznec vend aussi du savon de qualité inférieure qu'il reçoit de Marseille par wagons complets en gare de Brest.

Coup de chance...

Le 12 novembre 1917, les Américains débarquent alors à Brest et s'installent au camp de Pontanezen.

Guillaume Seznec voit là une occasion rêvée pour étendre encore un peu plus ses petits trafics.

Il obtient le marché du linge du "Camp Hospital 33" du camp américain et la blanchisserie se charge aussi de commandes privées de militaires de l'US Army.

Notre gars Seznec, lui, en perd la tête. Il achète et revend à tous vents. Là, on va aller lire chez Bernez Rouz  en pages 45 et 46 :

"Guillaume Seznec achète un camion en février 1917. (...) Seznec achète plusieurs voitures en 1919 à Brest. (...) La Cadillac qui fit le voyage de Paris avait été achetée 18.126 francs aux stocks américains de Brest.

Seznec semble très au fait des filières d'acquisition et de revente de voitures américaines. Ainsi en janvier 1920, il abandonne une voiture américaine dans une ferme de Ploéven, à proximité de son village natal Plomodiern."

Il va même jusqu'à en acheter à Paris. Avec la complicité active de son beau-frère Pierre Marc, mécanicien à Clichy (sur lequel aucune enquête n'a jamais été effectuée) et d'autres potes."

Bernez Rouz écrit encore en bas de page 49 :

"Le 4 juin 1922, il assure toujours à la compagnie L'Union, un camion Liberty, marque USA Type B 1 400 portant le n° 2968 pour une somme de 15 000 francs, et une voiture automobile Torpédo 7 places, marque Briscoe pour 12 000 francs."

La paix revenue, il rend à Traon ar Velin sa vocation première : saboterie et planches et bois sciées dans l'entreprise.

Mais il est bien plus souvent sur les routes pour brasser des affaires pas très nettes.

Ainsi, il a aussi acheté et revendu des machines à écrire....

Et, une fois Seznec arrêté, on trouve chez lui de grandes quantités de vêtements militaires et de couvertures...

Tout cela provenant des stocks américains.

Le père Marc ne le loupe d'ailleurs pas dans Le Petit Journal du 1er juillet 1923 :

"Il est des gens que rien n'arrête lorsqu'ils veulent s'emparer d'une auto ou d'une somme d'argent qui ne leur appartient pas. S'ils trouvent sur leur route un obstacle, ils le suppriment. Seznec est un bon à rien, incapable de s'attacher à une besogne qu'elle qu'elle soit. Il achète une propriété, un commerce, une usine, puis une lubie lui passe. Il plante tout là et s'en va ailleurs c'est ainsi qu'il m'a ruiné."

......................

 

Bernez Rouz, en pages 54/55 de son livre :

"Seznec a, semble-t-il, connu quelques déboires financiers en 1921. Joseph Belz avoué à Morlaix, témoignera que ses comptes étaient bien tenus jusqu'en 1921, par Charles Dechesmes. Depuis lors "la comptabilité est inexistante". Cette absence de comptabilité sera constatée plus tard lors de la première perquisition à Traon-ar-Velin. Un registre d'inventaires et de relevés manuels est saisi, il n'est pas à jour depuis juin 1921.

Seznec multiplie les rapports d'affaires conflictuels. Il vit au jour le jour, règle ses dettes quand il peut, fait traîner ses créances. Hilaire Métais, son ami brestois, confie aux policiers : "J'ai travaillé comme entrepreneur à sa blanchisserie de Trémilliau, à sa scierie de Morlaix, travaux pour lesquels je n'ai pas été payé". Il ne règle jamais complètement ses achats d'où une kyrielle d'affaires judiciaires, et pour de petites dettes impayées beaucoup d'ennemis."

....................

Vous parlez d'un chopin que cette malheureuse Marie-Jeanne a épousé en 1906...

Il l'a ruinée par ses magouilles.

Avec son ultime magouille versus Pierre Quémeneur, il a foutu en l'air l'avenir de toute sa famille.

Alors...

Quand je lis que Guillaume et Marie-Jeanne s'aimaient d'un amour mystique...

Je me roule par terre de rire...

Quel amour mystique ???

La seule mystique qui vaille est celle de la street artist Miss.Tic...

Ou encore le vitrail nogentais du mariage mystique de Sainte Jeanne de France...

Ecrire, c'est d'abord connaître le sens des mots que l'on emploie.

Quant à aimer une femme, ce n'est certes pas lui envoyer des lettres enflammées (ça coûte pas cher, ça coûte même rien), c'est par un travail honnête et quotidien lui assurer, à elle et à sa descendance, le meilleur des avenirs.

Avec Guillaume Seznec...

On est très très loin du compte...

Pauvre, pauvre Marie-Jeanne.

 

Liliane Langellier 

Dans un article "La présomption d'innocence : un rempart judiciaire fondamental en France et en Europe", JuriGuide écrit que les descendants de Guillaume Seznec ont obtenu des réparations au nom de l'atteinte à la mémoire d'une personne dont l'innocence n'a jamais été officiellement reconnue ???

Quelles réparations ???

De quoi parle-t-on ???

Guillaume Seznec a été jugé coupable après un procès équitable en 1924...

Les 14 demandes de révision ont confirmé ce verdict.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article