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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.

Affaire Seznec. Transcription des émissions d'Europe 1 de Janvier 1979 (9).... Vendredi 19 janvier 1979...

La meilleure vengeance est de mépriser l'injurieux, et d'oublier l'offense. Madeleine de Puisieux

Nous allons tout de suite aller vers le standard 256 90 20...

Marie-Thérèse Cuny ???

Cuny : Oui, Pierre, deux choses tout d'abord, nous avons retrouvé la famille de monsieur Gadois et je tiens à vous dire, vous allez en parler maintenant de ce témoin, je tiens à vous dire que sa famille confirme absolument le témoignage qu'il a fait à l'époque, c'est de tradition dans leur famille...

Le témoignage dont vous allez parler...

Ensuite, je vous précise également que nous sommes en train en ce moment d'apprendre que monsieur Dehainault - dont vous avez parlé - semblerait avoir des descendants ou de la famille quelque part dans Paris, nous n'en savons pas plus pour l'instant...

Bellemare : Bien. Merci.

Bellemare : Bon. Alors, justement,Marcel, je crois qu'il serait temps un petit peu d'exposer notre théorie, ou votre théorie sur l'inconnu du Havre...

Jullian : D'abord, pourquoi un inconnu du Havre ???

Et, pourquoi tout repart le 13 juin ???

On dirait vraiment que la date clé, sur laquelle on a tant travaillé, le 23 mai, c'est à dire cette fantastique balade en voiture dans une nuit où il aurait gelé, où on aurait fait des recherches pour retrouver le cadavre de Quémeneur, qui aurait été assassiné, peut-être par un cric, sur la route...

Bellemare : La nuit du 25 au 26...

Jullian : 25 au 26... Et  tout cela pour un contrat de vente qui aurait été échangé le 23 mai...

Ça, c'est la thèse de votre grand-père, c'est le 23 mai que ça a été échangé...

Mais, maintenant si on fait surgir le 13 juin, un nouvel acte qui ne peut avoir été tapé que le 13 juin, puisque cette machine à écrire n'était disponible, elle était chez le marchand jusqu'au 13 juin, donc ça agrée de façon formelle que tout était mensonges dans les affirmations de Seznec disant voilà pourquoi nous avons échangé un contrat le 23, nous sommes partis en voiture, je suis rentré sans lui...

Si on peut prouver que le véritable document ne peut pas avoir été signé le 23 mai, c'est que Seznec est un menteur !

Donc, à partir de ce moment-là, l'homme du 13 juin, est un homme quelqu'il soit, ou il est votre grand-père, et il est un peu fou, après son crime, s'il a commis un crime, d'aller spécialement au Havre introduire dans cette valise - car, on ne sait toujours pas comment il y est venu - ce document qui ne fera que l'accuser puisque, dès qu'on trouvera cette machine qu'il prend le soin de ramener chez lui, on va y venir, il se comporte alors, je veux dire, votre grand-père, si j'ose dire, aurait été au bagne pour avoir fait véritablement une série de sottises après avoir été suspecté de crime, car tout ça est bien fait après l'ouverture d'une recherche judiciaire, donc il va... tandis que, si ça n'est pas lui, c'est donc tout fait pour que, à partir du 13 juin, on détienne quelqu'un qui ressemble non pas à Seznec mais à la photographie anthropométrique de Seznec, qui aurait été au Havre, rappelons-le, aurait pris le train, qui aurait rencontré des inconnus que lui n'aurait pas remarqués, ces inconnus se seraient retrouvés également à 14 heures dans le magasin où il allait acquérir cette machine à écrire - il en a trois chez lui, je veux dire, si son souci est d'en avoir une quatrième pour qu'on ne sache pas que c'est lui qui a tapé ça, alors il   allait sûrement au Havre, il la ramène sûrement faire la quatrième chez lui, de la même marque, en plus.

Donc, cet homme qui fait tout pour se faire remarquer, où qu'il aille, tout le monde a vu cet homme le 13 juin...

Bellemare : Il repart...

Jullian : Ah oui, il repart vers Paris, il avait tout fait aussi pour dire qu'il demandait, vous vous en souvenez, les horaires pour repartir, et bien, il part, tant et si bien que on vient d'en parler  les descendants de monsieur Gadois, c'est un peu sévère pour votre grand-père, disent, confirment ce que nous savons là, c'est à dire qu'ils l'aident à monter, lui et son fils, monsieur Gadois, par la fenêtre du compartiment un paquet très lourd...

Très vraisemblablement cette machine à écrire...

Alors, s'agit-il du même homme vu au magasin, ça, mystère, en tout cas, monsieur Gadois dit,   dans un premier temps, si ce n'était pas Seznec, c'était quelqu'un qui lui ressemblait étrangement et, quand on arrive au procès, alors  là, il est affirmatif : c'est Seznec !

Bellemare : Alors, il faut le dire, les descendants de monsieur Gadois maintiennent le témoignage de monsieur Gadois aujourd'hui.

C'est à dire que monsieur Gadois, dans l'intimité de sa famille, ne semble pas être revenu en quelque sorte sur son témoignage de l'époque.

Denis Le Her : Ce qui est ennuyeux, quoique que nous ayons quand même, excusez-moi, mais nous ayons quand même un témoignage paru dans la presse seulement d'un dénommé Le Borgne (*), cela n'a pas une valeur juridique, puisque c'est que la presse, un monsieur Le Borgne qui était un ami de monsieur Gadois, et je ne veux pas faire offense aux descendants de Gadois, ils maintiennent la tradition, et, ça  je trouve que c'est normal, mais, ce monsieur Le Borgne a témoigné dans plusieurs articles de presse comme quoi Gadois lui avait fait part qu'en fait, il ne reconnaissait pas  Seznec !                                                                                                                                                                                                                                                                                      Bellemare : Il avait des doutes mais il n'était pas complètement certain, oui...

Et, ça, c'est quand même une chose étonnante...

 Alors, ce qui est ennuyeux  c'est que votre grand-père, Denis, il faut quand même aussi le dire, ça, n'a pas d'alibi solide pour cette journée du 13 juin, il faut le remarquer, ça...

Denis Le Her : Et oui, mais mettez-vous un peu à sa place, c'est à dire qu'il y a une disparition fin mai, je ne reviens pas là-dessus, ça commence à être très connu et on commence à l'interroger au plus tôt à propos du 13 juin vers le mois d'octobre, septembre/octobre, plutôt octobre, excusez-moi, et je crois d'ailleurs que les premiers interrogatoires serrés à propos du 13 juin ont lieu à peu près 10 mois après.

Il faut que mon grand-père fasse un effort de mémoire fantastique pour reconstituer tout son alibi, toute sa période de l'époque...

Jullian : Et sur quoi l'a-t-on interrogé à partir du 28 quand on l'a... Ne nous dites pas quoi, mais qu'est-ce qui a intéressé les enquêteurs, je veux dire, alors qu'ils n'ont pas parlé du 13 juin, ils ont parlé de quoi alors ???

Ils l'ont interrogé surtout sur la nuit du 25 au 26 mai ???

Denis Le Her : Ah oui principalement, il y a eu des recherches, on en parlera peut-être par la suite...

Jullian : Donc, ils l'ont interrogé très tard ???

Denis Le Her : Oui, on a vraiment été persuadé, à l'époque, de retrouver le cadavre !!! Il y a eu près de 300 hommes de troupes pendant 3 semaines pendant le mois de juin, dans la région de Houdan, les gens de Houdan s'en souviennent terriblement, voyez au standard, il y a beaucoup d'appels de Houdan à ce propos...

Jullian : Donc, c'est parce qu'on n'aurait pas retrouvé la trace du cadavre dans les Yvelines, qu'on aurait dit : "Mais alors, expliquez-nous ce que vous avez fait le 13 juin ???"

Denis Le Her : Voilà. Exactement.

Jullian : Comme il n'avait pas d'alibi, qu'est-ce qu'il pouvait faire ???

Denis Le Her : Alors, le 13 juin, et bien écoutez, l'alibi le plus solide, c'est Maître Bienvenue. 

Maître Bienvenue, c'est un avocat d'affaires de mon grand-père pour lequel il avait un rendez-vous d'ailleurs, il avait pas mal de problèmes a une époque pour ses affaires, il brassait des affaires, il avait un rendez-vous, alors Maître Bienvenue a déclaré, premier interrogatoire : "j'avais rendez-vous avec Seznec le 14 juin". 

Bref, mon grand-père n'a pas d'alibi, vous me suivez...

Jullian : Oui..

Denis Le Her  : Bien qu'il déclare, Maître Bienvenue, dans de nombreux journaux de l'époque, alors, ça, on les a les journaux de l'époque, que, en fait, c'est le 13.

A la police, il dit le 14, et dans les journaux, il dit le 13 !!

Mais, je vais vous lire, écoutez bien : Le 29 mai 1924, le commissaire Gauthier (**) de Saint-Brieuc à qui la cour d'appel de Rennes avait demandé un supplément d'enquête, rédige un rapport, je vous le lis très brièvement : "Au cours de nos recherches, nous avons entendu Maître Bienvenue, avocat à Saint-Brieuc, qui nous a déclaré que Seznec lui a rendu visite, à trois reprises différentes, les 4, 11 et 13 juin. Le 13 juin, Seznec, nous a déclaré Maître Bienvenue, s'est présenté chez lui dans la matinée après 7 heures du matin."

Bref, le commissaire confirme l'alibi de mon grand-père !

Et, curieusement, aux assises, selon les comptes-rendus de presse, Maître Bienvenue ne dit plus le 13, mais le 14...

Lorsque nous regardons dans le dossier, c'est intéressant, ça date de 2/3 ans, assez curieusement le procès-verbal de la cour d'assises et bien passe sous silence les propos et  les affirmations, les indications de Maître Bienvenue, procès-verbal d'audience. 

C'est à dire qu'il y a pratiquement exclusion des propos de Maître Bienvenue. Les variations de ce témoin sont particulièrement troublantes...

Bellemare : Bien...

Denis Le Her : Et tout repose sur Maître Bienvenue pour le 13...

Bellemare : En ce qui concerne le 13...

Denis Le Her : Voilà...

Bellemare : Alors, il faudrait, Marcel Jullian croire à une machination, finalement, mais, alors, venant d'où, on ne le sait pas, et, s'il y a machination, il doit y avoir en principe et forcément de faux témoins  et, là, ça devient très grave.

Voyons d'abord pour l'achat de la machine à écrire et à propos du témoin Dehainault, en 1953, l'avocat de la famille Seznec, Maître Raymond Hubert, qui tente une nouvelle révision de l'affaire Seznec, recueille un témoignage dont vous possédez la copie... S'il-vous-plaît..

Jullian : Oui, c'est une femme qui dit avoir été la maîtresse de monsieur Dehainault (***) pendant des années et qui revient en France après l'avoir quittée, en 1923 ou 25 et qui écrit : "J'ai eu l'occasion de rencontrer monsieur Dehainault à différentes reprises, je savais qu'il rencontrait lui-même souvent l'inspecteur Bonny qui était un de ses grands amis, or, à ce moment, monsieur Dehainault me confia que si Seznec était au bagne, c'était, disait-il, grâce à lui, monsieur Dehainault était depuis 1921 représentant de la firme de machines à écrire Continsouza au Havre, son père en était directeur à Paris, rue du commandant Rivière, il m'avoua qu'il avait reconnu faussement, sous la pression de l'inspecteur Bonny, et, pour qu'on parle de lui dans les journaux, sur photographie, monsieur Seznec comme étant l'acheteur de la machine à écrire qui devint la pièce maîtresse de l'accusation au procès de Quimper."

Un peu plus loin, elle dit : "J'ai décidé alors de ne plus le revoir. Toutefois, le 28 janvier 1948, j'ai eu la surprise - 1948, hein ! - j'ai eu la surprise de voir arriver chez moi monsieur Dehainault à 7 h 30 du matin, il me dit que la vie lui devenait odieuse, et, qu'il venait me présenter ses vœux, car, l'année prochaine il ne serait peut-être plus là, il m'a répété ses aveux d'autrefois et il m'a dit : "Je suis très très malheureux, à cause de moi , un homme, pour qui j'ai fait un faux témoignage, a été envoyé au bagne", et, comme je lui demandai pourquoi il avait fait cela, il me répondit "J'étais jeune, infatué de moi-même et je voulais que mon nom paraisse dans les journaux."

Voilà...

 

(*) NDLR Le Borgne, ébéniste à Landeleau.... Chez Denis Seznec en page 162... 

Seznek : "Doit-on comprendre que Hervé, Bal, Lamour... n'ont jamais trouvé la direction de Carhaix pour rendre visite à la famille Gadois ? En 1955, le fils de M. Le Borgne revient sur le témoignage de son père." 

Le commissaire Camard a interrogé le fils Gadois qui lui a dit qu'ils avaient donné, avec son père, toujours la même version, puisque c'était la vérité.

Jane Seznec "Notre bagne" de Claude Sylvane. Page 54.

Paris-presse, L'Intransigeant, 14 avr. 1950, p. 8/8

(**) Le commissaire Léon Gauthier de Saint-Brieuc...

J.O 2 février 1913

(***) : Rappel : Affaire Seznec. Georges DeHainault... Qui a financé le faux témoignage de Henriette Sallé (?) - Affaire Seznec Investigation

Chez Seznek (cf lien ci-dessous) :

Nous commencerons donc l’année par un article, un de plus direz-vous, sur le travail d’investigation de notre conférencier national. Dans son œuvre Nous les Seznec, Denis Seznec évoque les déclarations de Mme Henriette Sallé (née à Monaco, divorcée Robert). Cette personne apporte des précisions sur sa relation personnelle avec Georges Dehainault (témoin de l’achat au Havre de la Royale 10) et sur les confidences de ce dernier. Nous ne nous attarderons pas ici sur les propos de Mme H. Sallé. Par contre, nous sommes surpris de la présentation des faits par l’auteur de l’ouvrage – si le titre de l’article pose la question : manipulation ou amateurisme coupable ?, pour ma part, je crains fort que ce soit la besace “imposture” qui s’alourdisse encore… à vous de juger.

“Toujours à propos de ce témoin, le 3 décembre 1953, l’avocat de notre famille, Me Raymond-Hubert, recevra une lettre d’une certaine Henriette Sallé.”

Problème : cette lettre n’existe pas, elle est imaginaire, pour la raison toute simple qu’en cette année 1953, Mme Sallé (après en avoir parlé au journaliste Danjou, et attendu en vain qu’il agisse) contacte, par téléphone, le cabinet d’avocat de Raymond Hubert, celui-ci la convoque et c’est donc la secrétaire de Raymond-Hubert qui frappe la déclaration de la “certaine” Mme Sallé, cette dernière en chair et en os en face d’elle. Quel intérêt pour Denis Seznec de tromper les gens sur ce point ? Aucun à première vue. Par contre, si on y ajoute l’élément suivant, on peut esquisser une explication.

En page 155 (haut de page), on lit :

” En 1955, à la suite d’une nouvelle requête en révision, un policier, le commissaire divisionnaire Camard, sera chargé de retrouver  cette madame Henriette Sallé, témoin capital s’il en fut. Or, que peut-on lire dans son rapport ? “Je n’ai pu entendre Mme Henriette Sallé. Elle se trouve en Algérie à l’adresse suivante : chez Mme Tabart, 2, rue Pélissiere à Oran“. Voilà ce qui est surprenant. Nous sommes en 1956 et officiellement du moins l’Algérie est un département français. Pourquoi le policier ne demande-t-il pas une extension de sa commission rogatoire pour aller interroger cette madame Henriette Sallé ? Il aurait pu aussi la faire interroger par ses collègues d’Oran. Rien de plus simple. Pourtant, il laissera tomber cette piste capitale.”

Il y a peu encore, je ne voyais rien à contester à ce passage. Aujourd’hui, je conseillerai vivement à l’auteur de penser à le modifier dans la prochaine réédition définitive.  Le rapport Camard est remis à l’administration judiciaire vers la mi-1956, cependant l’enquête n’est pas close et les derniers pv d’audition sont adressés fin 1956, dont celui de Mme Henriette Sallé. Dame Henriette demeurait à l’époque à Paris, mais ayant vécu précédemment en Algérie, elle s’y rendait épisodiquement pour de brefs séjours. Elle a donc été entendue le 4 octobre 1956 dans les locaux parisiens de la police judiciaire. Dans sa déclaration, elle confirme le point précédent, à savoir son témoignage au cabinet de Me Raymond Hubert. Elle nuance ce témoignage mais n’apporte rien d’essentiel qui fasse avancer l’affaire. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir.

Pourquoi donc Denis Seznec s’ingénie à nous faire croire que Mme Henriette Sallé n’a jamais été auditionnée par qui que ce soit, alors qu’elle s’est déplacée chez le défenseur, Raymond Hubert, et chez les enquêteurs ? Fallait-il que cette dame reste absolument une inconnue ? Il est possible que dans le cas présent, la tromperie manifeste aide à “absorber” le manque du “curiosité” de la défense, car à ce moment précis, la défense est en lambeaux (famille divisée, intérêts défendus par Claude Bal d’une part et Raymond Hubert d’autre part). Je ne crois pas une seconde à une erreur de l’auteur et il est vrai, qu’à moins de se plonger dans le dossier, l’erreur ne peut être relevée – en conséquence, le lecteur lambda continue à penser qu’il a en main un récit historique honnête et sérieux, alors qu’il est en grande partie, bidonné.

En fait, je peux affirmer, en fonction des nombreux écarts coupables entre Nous les Seznec et le rapport Camard, que Denis Seznec a sciemment trompé ses lecteurs et son public. Avoir dans sa main gauche la copie du pv d’audition d’une personne et de sa main droite s’offusquer par clavier interposé que cette personne n’a jamais été interrogée… si ceci n’est pas une imposture flagrante, quel qualificatif faut-il alors utiliser ?

 [NDLR Voir ci-dessous les noms des témoins dans le Geneanet de Thierry Lefebvre]

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