Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
20 Novembre 2024
Chaque remous met en action les équipes diverses de la hargne, de la rogne et de la grogne.
Charles de Gaulle. Allocution du 12 juillet 1961.
Je lis encore beaucoup de véhémence contre le documentaire de Pierre François Lebrun sur les blogs Jourdan et Vilain….
"Il y aurait un autre documentaire à réaliser " La fabrique de la culpabilité de Guillaume Seznec " ou comment la presse l'a condamné dès le 1er juillet 1923 parce que les greffiers de l'époque, ou pire les magistrats, ont laissé s'envoler dans la tourmente le secret de l'instruction."
"Dernièrement, des personnes ont réaffirmé comme lors du procès de 1924 que Seznec était bien coupable. Cela a fait l'objet d'un documentaire diffusé sur France 3. Nous attendions les preuves. Si Seznec a effectivement tué, il doit bien y avoir des preuves qui sont apparues depuis 100 ans. Pourtant, nous n'avons eu que des hypothèses et des affirmations non étayées. Un historien, Michel Pierre, s'appuyait sur des écrits, qui eux-même s'appuyaient sur d'autres écrits sans vérifier la source."
Pour que toutes choses soient clairement dites...
J'ai décrypté ci-dessous les 12 premières minutes de ce documentaire.
Les faits y sont relatés de manière apaisée et dépassionnée ...
Si seulement nos deux blogueurs pouvaient s'en inspirer.
Et non madame Jourdan, les greffiers de l'époque, ou pire les magistrats, n'ont pas laissé s'envoler dans la tourmente le secret de l'instruction.
Pour faire un faux mot d'humour, vous écrivez vraiment n'importe quoi..
Pourquoi tant de haine de Bertrand Vilain contre Michel Pierre..
Cela dépasse l'entendement.
Quant à l'hypothèse Jourdan selon laquelle ce serait la bonne, Angèle Labigou, qui aurait assassiné Quémeneur...
Là, on touche le fond et on creuse encore.
Cette pauvre femme n'existe qu'en affirmant (sans aucunes preuves) systématiquement le contraire de ce que j'écris.
Liliane Langellier
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Le 3 novembre 1924, au tribunal de Quimper, Guillaume Seznec était condamné aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de Pierre Quémeneur.
Un siècle plus tard, il apparaît pour beaucoup comme une victime innocente.
Auteur désigné d'un crime sans cadavre après des décennies d'un incroyable feuilleton journalistique Seznec est devenu le symbole de l'erreur judiciaire.
Que s'est-il passé ?
Pourquoi un tel retournement d'image ?
Seznec, la fabrique de l'affaire
Tout commence par quelques lignes publiées à la rubrique faits divers des journaux : Pierre Quémeneur, marchand de bois et conseiller général du Finistère vient de disparaître dans des conditions mystérieuses. Parti de Bretagne le matin du 25 mai, il voyageait avec son ami Guillaume Seznec à bord d'une Cadillac issue des stocks laissés à Brest par l'armée américaine à la fin de la guerre. Les deux hommes avaient l'intention de vendre l'automobile à Paris et d'en tirer un bon profit.
Interrogé par Jenny Quémeneur, la sœur de Pierre, Guillaume Seznec explique qu'à cinquante kilomètres de la capitale, les deux hommes ont renoncé à leur projet à cause du mauvais état de la Cadillac. Il a repris la route de Morlaix, laissant Pierre Quémeneur à la gare de Houdan. Pour lui, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Michel Pierre :
« Seznec répond à la sœur de Quémeneur : « Ah bah, je sais pas trop où il est, il a dit qu'il partait faire des affaires... Peut-être qu'il est en Amérique où il gagne beaucoup d'argent... »
Bon, une réponse assez désinvolte qui ne sert pas à rassurer la sœur de Quémeneur.
Et puis, le 13 juin arrive un télégramme en provenance du Havre. Ce télégramme précise : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours. Tout va pour le mieux. Signé Quémeneur. »
Donc, la sœur est un moment rassurée, par contre, ceux qui trouvent ce télégramme un peu douteux, c'est le frère de Quémeneur et le beau-frère. D'abord ça ne correspond pas à une manière d'écrire de Quémeneur et surtout il n'aurait jamais signé de son nom propre. Envoyant un télégramme à sa sœur, il aurait signé « Pierre. »
Le 20 juin, la découverte de la valise de Pierre Quémeneur dans le hall de la gare du Havre fait la une des quotidiens. A l'intérieur de la valise, on découvre une promesse de vente de la propriété Traou-Nez en Plourivo par Quémeneur en faveur de Seznec.
Convoqué par la police, Guillaume Seznec présente le double qu'il a en sa possession. La qualité des documents surprend le commissaire Vidal chargé de l'enquête.
Michel Pierre :
« Ce qui frappe c'est que ces promesses ont été tapées visiblement par quelqu'un qui n'a pas l'habitude de taper à la machine. C'est pas du tout un travail qui aurait pu être fait par exemple par un clerc de notaire. La frappe est irrégulière, elle est pleine de fautes d'orthographe, on a par exemple ici "abatre" avec un seul T... Il y a même quelque chose qui est quand même étrange, c'est que la propriété "Taou-Nez" dans un cas, " Traou-Nez" dans l'autre, est mal othographiée.
Plourivo c'est une propriété avez une grande maison au bord du Trieux, c'est peut-être pas ce qui est le plus important, ce qui est important dans la propriété, c'est qu'il y a 90 hectares de bois, de forêt, ne jamais oublier que Quémeneur est un négociant en bois, que Seznec dirige une scierie, donc, c'est de l'or en bois ! »
Pour la police, la propriété de Plourivo est un mobile sérieux d'autant plus que Guillaume Seznec est incapable de préciser par qui ont été tapées les promesses de vente.
Le lendemain, les journaux envoient leurs meilleurs reporters à Houdan puis pour les reconstitutions organisées par les enquêteurs.
Le 2 juillet, Joseph Chenouard, papetier au Havre, le reconnaît sur une photographie publiée dans le journal L'Excelsior. Il est venu deux semaines plus tôt lui acheter une machine à écrire.
Michel Pierre :
« A partir du moment où les preuves sont montrées que Seznec était, d'une part le 13 juin au Havre pour acheter la machine et envoyer le télégramme et, d'autre part le 20 pour déposer la valise de Quémeneur, il y avait suffisamment de quoi pour le mettre, on dirait aujourd'hui en examen, de le placer sous mandat d'arrêt.
La presse nationale va s'intéresser à ce fait divers...
Sur les photos, Guillaume Seznec a un profil intéressant avec sa figure marquée par les cicatrices d'un incendie survenu des années plus tôt, et la disparition d'un notable, et puis les circonstances bizarres...
Signe de cet engouement de la presse, c'est aussi l'adhésion du public. Par exemple, lorsqu'il va être amené encadré de deux gendarmes de Paris jusqu'à la prison de Morlaix où il doit être incarcéré, pendant la durée de l'instruction, à Rennes, on le reconnaît, et donc la foule commence à se rassembler autour du train, autour du compartiment, finalement, il va arriver à Morlaix où pour éviter justement ce même type d'incident, on le fait sortir de la gare et gagner la prison de manière extrêmement discrète. »
L'instruction est menée à Morlaix par le juge Emile Campion. Pendant 9 mois, il va auditionner les témoins, reconstituer les itinéraires, commander des expertises et surtout interroger 67 fois l'accusé.
Face à l'accumulation des charges, Seznec nie tout en bloc, il confirme qu'il n'a pas tué Quémeneur, qu'il n'a pas mis les pieds au Havre, qu'il n'a jamais vu la machine à écrire retrouvée chez lui et crie à la machination policière.
Bernez Rouz :
« Pendant toute la période de l'instruction, Seznec va faire erreur sur erreur, il va essayer de s'évader, il va essayer de soudoyer des témoins, il va mentir, avoir trente-six versions, etc...
Ce qui fait que jamais on va pouvoir se fier à Seznec et jamais on ne va sortir de cette première hypothèse d'un meurtre qui a lieu du côté de Houdan. »
Le 13 août 1923...
Guillaume Seznec est renvoyé devant la Cour d'Assises de Quimper pour avoir donné la mort à Pierre Quémeneur avec préméditation et commis des faux en écriture privée.
Le procès débute le 24 octobre.
Il s'annonce comme l'événement judiciaire de l'année !
Bernez Rouz :
« Seznec va de la prison qui est sur la butte à Quimper jusqu'au palais de justice à pied, escorté par deux gendarmes, et donc, il y a des gens qui le huent de chaque côté de la rue. L'opinion publique est violemment contre Seznec à cette époque. »
Les nombreux journalistes présents à ce procès font une description catastrophique de l'accusé.
« Seznec continue, pendant le procès à soutenir mordicus qu'il est blanc comme neige et qu'il n'a rien à voir avec tout ça... mais de façon mordante, il envoie la justice paître, il envoie les juges paître, il est vraiment un personnage qui se met tout le monde à dos et, jusqu'à la fin il va être persuadé que, comme on n'a pas trouvé le cadavre, il ne sera jamais condamné. »
Michel Pierre :
« Tous les chroniqueurs judiciaires des grands quotidiens sont présents... Il n'y a plus une place dans les hôtels de Quimper et les jours de procès vont être suivis par la presse avec une annonce en première page, avec, en plus, alors là c'est la patte du journaliste, la description des différents témoins de l'accusation ou de la défense, avec aussi, et là il y a une forme de gourmandise, bien sûr, de montrer Seznec lui-même - qui n'est pas à son avantage pendant le procès, qui n'apparaît pas spécialement sympathique avec aussi la véhémence de sa femme au moment du procès, il y a vraiment, dans ce grand théâtre qu'est toujours un procès d'assises, des protagonistes absolument extraordinaires pour qui veut faire un bon papier. »
Pour Le Figaro, Guillaume Seznec a l'air d'un paysan madré, têtu et avare...
Pour Le Temps, il donne le spectacle d'une bête traquée et prise au piège..
L'Intrangeant évoque un homme sûr de lui au front rocheux qui sait garder un secret derrière la barrière de ses lèvres..
La Dépêche de Brest est moins sévère et souligne son extraordinaire aisance à discuter jusqu'au moindre détail...
Bernez Rouz :
« Seznec continue, pendant le procès à soutenir mordicus qu'il est blanc comme neige et qu'il n'a rien à voir avec tout ça... mais de façon mordante, il envoie la justice paître, il envoie les juges paître, il est vraiment un personnage qui se met tout le monde à dos et, jusqu'à la fin il va être persuadé que, comme on n'a pas trouvé le cadavre, il ne sera jamais condamné. »
Michel Pierre :
« L'un des moments forts du proces, c'est quand monsieur Le Her va venir affirmer devant les jurés, devant la Cour et devant le public que toute cette histoire ne tient pas parce qu'il a vu, de ses yeux vu, sur la plate-forme de son tramway monsieur Quémeneur le lendemain de sa disparition telle que tout le monde le dit.
Ce qui va être compliqué..
C'est qu'on va vérifier la fiabilité de ce monsieur Le Her...
Donc, le maire de la commune dont il est originaire va venir, et puis d'autres pour expliquer qu'il est complètement mythomane, il a du reste déjà été condamné pour port illicite de décorations, il a eu une histoire de viol aussi sur le dos, c'est pour cela qu'il avait quitté sa commune d'origine puis ensuite été à Paris...
Donc, ce témoin essentiel pour la défense, va avoir finalement aucun effet ni sur les magistrats ni sur les jurés. »
Le 3 novembre c'est la dernière audience.
L'avocat général parcourt toutes les charges de l'accusation pendant plus de trois heures...
Pour lui, le faux implique le crime.
Il présente Seznec comme un traître à l'amitié et à la confiance et réclame le châtiment suprême.
L'envoyé spécial du Figaro mentionne une rumeur d'approbation dans la salle.
Annick Le Douget :
« Pour l'accusation, Seznec avait prémédité le crime et, jusqu'au bout avait entraîné donc Quémeneur comme une proie pour s'en défaire à l'occasion d'un voyage loin de ses terres.
La plaidoirie des avocats se basait sur le fait qu'il n'y avait pas eu de corps retrouvé.
C'est donc cette part de mystère, de doute qui devait profiter à l'accusé. »
Michel Pierre :
« A la fin du procès, les 12 jurés se retirent et doivent répondre à 3 questions.
A l'unanimité, ils vont voter pour les faux... Personne n'a jamais contesté les faux.
La très grande majorité des jurés va voter pour le meurtre. Monsieur Seznec a bien tué et fait disparaître Monsieur Quémeneur.
Et puis...
Sur la préméditation...
6 jurés vont dire "oui, il a agi avec préméditation", 6 vont dire "non, il n'a pas agi avec préméditation". Dans ce cas-là, l'égalité profite à l'accusé.
Donc, la tête de Seznec n'est plus en jeu, la condamnation sera celle de travaux forcés à perpétuité qui est la peine qui vient immédiatement après la peine de mort. »
Annick Le Douget :
« De manière générale, la presse estime que cette condamnation correspond bien aux charges, à la tenue des débats, aux éléments qui ont pu être confirmés au cours de l'audience. Donc, il n'y à pas de réactions d'indignation ou quoique ce soit.
Le verdict est reçu comme étant une chose évidente, en fait. »
Dans les années qui suivent, malgré les tentatives de Marie Jeanne Seznec pour retarder le départ au bagne de son mari et obtenir la révision du procès, l'affaire quitte peu à peu la Une des journaux.
Le départ de Guillaume en Guyane en 1927 ne sera évoqué que par quelques entrefilets.
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La France en Vrai - Bretagne Seznec, la fabrique de l'affaire
Le vendredi 25 mai 1923, à 5 heures du matin, une automobile Cadillac de type 57 quitte l'Hôtel Parisien de Rennes, à son bord : Pierre Quéméneur et Guillaume Seznec. On ne reverra jamais le p...
Seznec, la fabrique de l'affaire