Le documentaire "Seznec, la fabrique de l'affaire".... Premier décryptage...

"Bien sûr, ce que je dis est faux, mais comme les journalistes l'ont repris, ça devient une vérité !"
Denis Seznec

C'est bien pour dénoncer le "feuilleton journalistique" de l'affaire Seznec que ce documentaire a été réalisé par Pierre-François Lebrun.

Que s'est-il passé ?

Pourquoi un tel retournement d'image ?

C'est la presse de l'époque qui est la base de ce film.

Dans l'ordre d'apparition à l'écran :

1/ Michel Pierre, calme et clair pour relater le crime et le procès.

Il est le conteur principal de ce documentaire.

C'est lui qui présente le déroulé des faits via les différents journaux de l'époque.

"Plourivo, c'est une propriété avec une grande maison au bord du Trieux, ce n'est peut-être pas ce qui est le plus important, ce qui est le plus important dans la propriété, c'est qu'il y a 90 hectares de bois de forêt. Ne jamais oublier que Quémeneur est un négociant en bois et que Seznec dirige une scierie donc, c'est de l'or en bois."

Il réduit le témoignage de François Le Her à sa juste mesure : une escroquerie !

"Ce témoin essentiel pour la défense ne va avoir aucune influence ni sur les magistrats ni sur les jurés".

2/ Bernez Rouz

« Pendant toute la période de l'instruction, Seznec va faire erreur sur erreur, il va essayer de s'évader, il va essayer se soudoyer des témoins, il va mentir, avoir trente-six versions, etc...

Ce qui fait que jamais on va pouvoir se fier à Seznec et jamais on ne va sortir de cette première hypothèse d'un meurtre qui a lieu du côté de Houdan. »

« Seznec va de la prison qui est sur la butte à Quimper jusqu'au palais de justice à pied, escorté par deux gendarmes, et donc, il y a des gens qui le huent de chaque côté de la rue. L'opinion publique est violemment contre Seznec à cette époque. »

Les nombreux journalistes présents à ce procès font une description catastrophique de l'accusé.

« Seznec continue, pendant le procès à soutenir mordicus qu'il est blanc comme neige et qu'il n'a rien à voir avec tout ça... mais de façon mordante, il envoie la justice paître, il envoie les juges paître, il est vraiment un personnage qui se met tout le monde à dos et, jusqu'à la fin il va être persuadé que, comme on n'a pas trouvé le cadavre, il ne sera jamais condamné. » Bernez Rouz.

3/ Annick Le Douget parle de la plaidoirie des avocats qui se base sur "le corps non retrouvé".

Ce mystère doit profiter à l'accusé.

De manière générale, la presse estime que la condamnation correspond bien aux charges et à la tenue des débats.

Le verdict est reçu comme une chose évidente, en fait.

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Il faudra attendre le printemps 1931 pour que le tout jeune journal Détective relance l'affaire en étalant sur 4 pages une hypothèse d'un ancien juge d'instruction : Charles Victor Hervé.

C'est la thèse de Plourivo.

On arrive donc à la thèse du juge Hervé et de madame Bosser, avec son action sur la L.D.H.

Hervé + journal "La Province" hebdomadaire rennais, ouvertement antisémite et anti-maconnique.

A partir de l'automne 1931, meetings à travers toute la France et premières apparitions de Jeanne Seznec.

En février 1934, Françoise Bosser et le juge Hervé convoquent les anciens jurés.

"Dans cette campagne d'opinions, on a affaire à des gens complètement décomplexés" dit Annick Le Douget.

Narration du retour de Guillaume Seznec du bagne, le 1er juillet 1947.

4/ Hervé Brusini :

"Seznec, quand il sort du bagne, il n'est plus le même !!! Il est amaigri, sourit plus, il a des cheveux blancs, il va devenir le type du grand-père aimant !!!"

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Un grand bravo pour avoir dénoncé le mythe de Bonny.

« On ne peut pas considérer qu'un individu soit, pour toute sa vie, sous l'angle de ce qu'il réalise à la fin de celle-ci. Mais, évidemment, l'opinion publique et la presse en général ne se préoccupent pas de ça. On est une crapule en 1944, donc on a été obligatoirement une crapule un peu plus de 20 ans auparavant. » Michel Pierre.

Avril 1950 : le livre de Claude Sylvane bâclé en quelques heures.

« Claude Sylvane, c'est une journaliste qui fait un livre comme si c'était la fille de Seznec qui parle et c'est intéressant parce que le livre est un livre de cœur, un livre de femmes où on a envie de partager en fait la misère de cette famille - et c'est vrai que c'est une famille qui a beaucoup souffert - sauf que... quand j'ai regardé un petit peu comment avait travaillé cette journaliste-là, elle a pris le train, elle est arrivée à 7 heures le soir, elle a mangé avec les Seznec, ils sont restés discuter jusqu'à minuit, elle a repris le train le lendemain matin et est revenue à Paris » dixit Bernez Rouz.

Livre + lancement publicitaire et réunions notamment à la salle Wagram à Paris.

Allusion à l'accident puis au rêve de Guillaume Seznec.

Indécence totale de la photo de Guillaume Seznec sur son lit de mort le 13 février 1954 dans de nombreux magazines.

5/ Denis Langlois et son doute sur la culpabilité de Seznec.

9/6/1977 Demande de révision du procès.

Janvier 1979 Émissions d'Europe 1.

Risques de dérapages de voir affluer des témoignages farfelus et de s'en rendre compte.

Pour Denis Langlois, Guillaume Seznec a participé à ces faux.

Pour le meurtre, il y a un doute considérable et ce doute doit lui profiter.

Denis Seznec, lui, est toujours dans la ligne de l'innocence totale de son grand-père.

Extraits de passages télévisés de Denis Seznec.

"Denis Seznec va répertorier ou bâtir l'idée que son grand-père a été victime d'un complot, en quelque sorte d'une affaire d'état." Michel Pierre.

Denis Langlois : "Il affabule, il donne à la presse des éléments qui sont faux, il m'avoue naïvement : "Bien sûr, ce que je dis est faux, mais comme les journalistes l'ont repris, ça devient une vérité !"" 

Michel Pierre affirme que Guillaume Seznec n'a jamais été gracié par de Gaulle, mais est rentré en France avec d'autres bagnards lors de la fermeture du bagne.

"Denis Le Her Seznec devient le porte-drapeau des victimes des erreurs judiciaires" Hervé Brusini.

Les magistrats ne sont pas sensibles à ce grand déballage médiatique.

Juin 1996 : refus de la réhabilitation.

Juillet 1989 : Appel à signer la demande de révision du procès Seznec dans toute la presse.

6/ Tri-Yann Jean-Louis Jossic
Qui rappelle les conditions d'enregistrement de leur disque.
Il pense que Denis Seznec a utilisé leur notoriété pour parler à un public plus jeune.
L'affaire Seznec en entier, ça représentait le tiers du concert.

« Denis Seznec est devenu une vedette médiatique à ce moment là, et, lui, il pense que s'il amène les médias et l'opinion publique à considérer que son grand-père est innocent, les magistrats vont être obligés de s'incliner. » Denis Langlois.

7/ Marilyse Lebranchu
"Demander une révision, c'est se dire : oui, la justice peut se tromper, rarement elle se trompe, mais quand elle se trompe, elle le reconnaît et fait droit à ceux qui demandent réparation."

8/ Bruno Cotte
En 2005, Jean-Louis Castagnede, le conseiller rapporteur, s'est replongé dans ce dossier.

Depuis des mois, Denis Seznec occupe les plateaux télé et les colonnes de journaux.

Face à ce triomphalisme précoce, les descendants de Pierre Quémeneur décident de rompre un silence gardé depuis les années trente.

9/ Olivier Talabardon
"Ma tante m'a appelé, elle devait avoir, à l'époque, un peu plus de 80 ans. Elle m'a dit : "Je ne me pardonnerai jamais si Guillaume Seznec est réhabilité avant ma mort et que je n'ai rien fait."

Le choix a été celui d'une intervention minimale par un courrier informel pour rappeler simplement l'existence de la famille, que dans cette affaire la victime n'était pas Guillaume Seznec tel qu'on le présentait depuis des décennies mais que la victime était d'abord Pierre Quémeneur.

Ma famille ne souhaitait pas du tout rentrer dans une espèce de concours médiatique avec Denis Seznec."

10/ Jean-Luc Cardinal.
Arrière petit neveu de Pierre Quémeneur
"Aucun journaliste présent ne s'est intéressé au fait que nous soyons là."

Olivier Talabardon : "Ce qui m'a absolument atterré, c'est la prise de position de l'avocat général, non pas défendre la révision, car c'était son droit, sa liberté, mais qu'il commence par dire comment - si mes souvenirs sont bons, mais je ne pense pas me tromper - c'est que lui ne parlerait pas du dossier car, dans le dossier tout accuse Seznec et il faut donc aller chercher la vérité ailleurs."

Denis Seznec conclut par un discours larmoyant évoquant l'existence de sa famille.

"La lecture de l'arrêt (40 pages dactylographiées) va durer une heure et demi.
Lorsque les derniers mots ont été prononcés, c'est à dire la requête est rejetée il y a eu des réactions très vives au fond de la salle d'audience notamment de la part de Denis Seznec auquel je me suis simplement permis de dire : "Vous avez le droit de maudire vos juges mais pas de les injurier."" Bruno Cotte.

Denis Seznec est très présent le soir-même à la télévision.

"J'aurais aimé être certain que les commentateurs aient pris la peine de lire l'arrêt, voire de le relire. .Mais à aucun moment il n'a été fait questio soit oralement, télévisuellement, radiophoniquement ou par écrit des motivations de l'arrêt. De ce qui justifiait aux yeux de ces 33 juges la décision de rejet. Tout était émotion, spontanéité "nous étions sûrs que"... La justice est incapable de reconnaître ses erreurs, les magistrats ne savent pas douter, il faudra modifier la procédure de révision, je crois que c'est ce qu'à dit la ministre de la Justice qui avait introduit cette requête en révision. » Bruno Cotte.

« C'est inquiétant qu'un journal comme Le Monde considère que la justice doive plier devant les politiques ou devant l'opinion publique. » Denis Langlois.

S'il ne permet pas de concilier conviction populaire et vérité judiciaire...

Le jugement de 2006 va mettre un terme à l'agitation médiatique en faveur de l'innocence de Guillaume Seznec.

En 2018, la découverte d'ossements de veau dans son ancienne propriété de Morlaix ne ravivera les passions que l’espace d’un week-end.

Aujourd'hui, alors que tous les témoins ont disparu, que la découverte d'archives nouvelles semble improbable, l'affaire appartient désormais à l'histoire.

La France en Vrai - Bretagne Seznec, la fabrique de l'affaire

Le vendredi 25 mai 1923, à 5 heures du matin, une automobile Cadillac de type 57 quitte l'Hôtel Parisien de Rennes, à son bord : Pierre Quéméneur et Guillaume Seznec. On ne reverra jamais le p...

https://www.france.tv/documentaires/documentaires-histoire/6579815-seznec-la-fabrique-de-l-affaire.html

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