Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
28 Octobre 2024
« C'est l'heure du jugement...
La salle d'audience et les couloirs de la Cour de Cassation sont pleins à craquer.
Denis Seznec est entouré des innocentés d'Outreau, de Patrick Dils, et même du chanteur Yves Duteil, arrière-petit-neveu d'Alfred Dreyfus.
A l'autre bout de la salle, Bruno Cotte s'apprête à donner lecture de l'arrêt rédigé par les 33 magistrats de la Cour criminelle.
« J'ai indiqué aux parties, qui étaient très légitimement anxieuses, à toutes les personnes présentes dans la salle d'audience, j'ai indiqué que j'allais lire cet arrêt, que ce serait un peu long, que je le lirai lentement mais que je tenais à ce que chacun puisse bien prendre conscience de ce qu'était la position de la Chambre.
Et j'ai donc lu cet arrêt qui doit représenter à peu près 40 pages dactylographiées, en essayant de le faire de la manière la moins pénible et soporifique possible. »
La lecture va durer une heure et demie. Le rappel des faits est précis, daté, circonstancié.
En une démonstration implacable, le président Cotte balaie l'existence d'une machination policière qui aurait dû impliquer des dizaines de fonctionnaires et de faux témoins.
Le trafic des Cadillac n'a laissé aucunes traces dans les archives.
Quant à l'hypothèse de Plourivo, et du meurtre de Pierre Quémeneur par son frère Louis, il rappelle qu'aucun élément n'a jamais permis d'étayer les dires du juge Hervé.
Bruno Cotte : « Lorsque les derniers mots ont été prononcés, c'est à dire : « la requête est rejetée ! », il y a eu des réactions très vives au fond de la salle d'audience, notamment de la part de Denis Seznec, auquel je me suis simplement permis de dire : « vous avez le droit de maudire vos juges, mais pas de les injurier !!! »
Denis Seznec : « La justice a ainsi complètement raté une occasion historique et unique de montrer à son plus haut niveau qu'elle était capable de reconnaître une erreur judiciaire. Vous avez une justice qui non seulement est aveugle et sourde, mais elle est devenue folle !!! »
Bruno Cotte : « Les journaux télévisés du soir se sont ouverts sur la décision de rejet. L'une des chaînes avait monsieur Denis Seznec sur le plateau. Il y a eu là encore des réactions d'hommes politiques montrant qu'ils étaient terriblement surpris par la décision.
J'aurais aimé être certain que les commentateurs aient pris le temps de lire l'arrêt, voire de le relire. Mais, à aucun moment, il n'a été fait question soit oralement, télévisuellement, radiophoniquement, ou par écrit, des motivations de l'arrêt, de ce qui justifiait aux yeux de ces 33 juges la décision de rejet.
Tout était émotion. Spontanéité.
« Nous étions sûrs que... La justice est incapable de reconnaître ses erreurs... Les magistrats ne savent pas douter... Il faudra modifier la procédure de révision, je crois que c'est ce qu'a dit la ministre de la Justice qui avait introduit cette requête en révision. »
Bruno Cotte In Le documentaire "Seznec, la fabrique de l'affaire".