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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Les personnages communs aux affaires Cadiou et Seznec. Julien Legrand...

Julien Legrand (1865- 1924).

Legrand Joseph Marie Julien est né le 17 octobre 1865 à Argenton sur Creuse (36).

Le départ dans la vie de Julien Legrand n'a pas été rose.

Quand il naît, le 17 octobre 1865 à Argenton-sur-Creuse dans l'Indre...

Sa mère, Marie-Julienne Gautier meurt en couche.

Son père, Martin Legrand, serrurier mécanicien, se remarie le 15 janvier 1867, soit un an et demi plus tard, avec Anne Léonard, une marchande de meubles.

Elle accouche d'une fille, Marie, le 22 juillet 1869.

Qui mourra le 4 février 1875 à l'âge de 5 ans.

Martin Legrand, lui, meurt le 18 juillet 1872.

Julien n'a pas encore 7 ans.

Il est orphelin.

Quelle tristesse de ne pas avoir connu la douceur d'une mère et de perdre son père si jeune.

Il a dû grandir avant l'âge...

A 20 ans, il réside à Herbault dans le Loir-et-Cher...

Où il exerce la profession de peintre.

Il mesure 1 m 69.

C'est un brun avec des yeux noirs, un visage ovale et un menton relevé.

La chance va lui sourire pendant ses 4 années d'armée (1er décembre 1886/27 janvier 1891)...

Car il va intégrer l'Infanterie de Marine.

Et faire de beaux et grands voyages : La Réunion, Madagascar, Diego Suarez, le Rio Grande, l'Amazone...

De quoi rêver et faire rêver.

A-t-il fait rêver la bretonne Marie-Louise Rollier ?

Toujours est-il qu'elle accouche d'un premier fils hors mariage (Julien né le 6 janvier 1890).

Cette situation de "fille-mère" perdurera pendant un an et demi, puisque Julien ne l'épouse à Lambezellec que le 9 juillet 1891.

Cela fait 6 mois qu'il est démobilisé.

Et il exerce le métier d'employé de commerce.

Ils habitent alors Brest, rue du chemin de fer.

Le père de la mariée, Germain Rollier, était un retraité de la marine, guetteur au sémaphore.

Quatre autres enfants suivront :

- André (1895),

- Yvonne (1899),

- Marie-Louise (1906),

- et Rachel (1910).

Sa femme Marie-Louise mourra le 26 juillet 1918, âgée de 49 ans.

Leur fille Marie-Louise mourra, elle, à 15 ans (14 mars 1921).

Au moment de l'affaire Seznec, il est veuf avec quatre enfants.

Dont deux fils : Julien et André.

Peintre, marin, employé de commerce...

Mais c'est pas tout, mais c'est pas tout...

Le 18 mai 1904, il est élu maire de Landerneau.

Combiste (donc de gauche) et peut-être aussi franc-maçon comme son cher Emile...

Maire de Landerneau (1904/1908).

Alors qu'il n'était que conseiller municipal en 1903, il va faire la connaissance de l'allemand Temming.

Et comme le maire de l'époque, Mathurin Kermarrec, refuse, c'est lui va accepter de servir de prête-nom pour la création de l'usine de la Grande Palud.

A raison [officiellement] de 4.000 francs par an.

Etant élu de la République, il ne montre guère de patriotisme en magouillant avec cet Allemand.

L'Eclair du 19 février 1914 :

"Il ne saurait être question de suspecter M. Legrand, l'ancien maire de Landerneau, de près ou de loin...
[...]
Il n'a rien été saisi chez M. Legrand. Les commissaires spéciaux auraient simplement établi que - comme au domicile de M. Cadiou à Landerneau - de nombreux documents y furent brûlés dans les premiers jours de janvier, donc peu après l'assassinat de M. Cadiou."

Chez Philippe Tranchard :

"La première piste qui aurait mérité davantage d’attention est celle des affairistes locaux concurrents de Cadiou. Elle implique deux groupes distincts que l’on peut d’ailleurs présumer ennemis entre eux, et clairement désignés par la déposition de Schlessinger : « Les deux principaux ennemis de Cadiou sont Dumons, ancien directeur de la filature de Traon-Elorn et Legrand. » Legrand, c’est un peu la continuation de l’hypothèse Pierre, car il semble établi que ces deux hommes étaient amis. Leur intérêt commun était que Legrand puisse reprendre la Grande Palud. C’est en ce sens que la thèse de la conjuration proposée par le clan Cadiou tient la route. Dans ce scénario, Legrand veut la Grande Palud et cherche à déstabiliser Cadiou pour qu’il se retire. Si la machination fonctionne, Legrand récupère l’usine, et Pierre en reste le directeur technique. Mais voilà, ce plan ne fonctionne pas : Cadiou, un temps démoralisé, se reprend. Il envisage même de développer l’activité de la Grande Palud en rachetant le moulin Caroff. C’est une mauvaise nouvelle pour Legrand, mais il lui reste la possibilité de créer pour de bon l’usine de Daoulas. En revanche, c’est la fin des espoirs de Pierre : il doit quitter la Grande Palud et ne peut pas entrer dans l’usine de Daoulas. Pour autant, on ne voit pas bien ce qu’il aurait à gagner à la disparition de Cadiou : certes, la société peut être dissoute, ce qui mettrait fin à toutes les clauses du contrat de Pierre, mais elle peut tout aussi bien ne pas l’être et dans ce cas, le contrat reste valable. La piste Dumons relie l’affaire Cadiou aux rivalités haineuses industrielles et politiques qui font rage dans le Finistère depuis des années. Elle est liée à celle des poudres par l’intermédiaire des élus qui soutenaient la Grande Palud (Maissin, Cloarec) et de ceux qui soutenaient l’entreprise concurrente (Louppe, Soubigou, Goude). La piste Dumons est également reliée à la piste suivante : la piste crapuleuse."

DPB 29 octobre 1919

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Affaire Seznec :

Julien Legrand reçoit aussi la visite de P. Quemeneur ce soir-là vers 20 h 30.

Le conseiller général lui a confirmé l'accord tacite entre Seznec et lui pour les automobiles : "J'ai fait une affaire avec Seznec, je pars demain livrer ma Cadillac avec lui à Paris où je resterai quelque temps, car nous avons fait une affaire ensemble pour achats de camions ou voitures américaines. Comme Seznec ne veut pas faire d'écritures, c'est moi-même qui tiendrai la comptabilité et ferai la réception des voitures.

- Je lui ai dit : Alors Seznec fera les achats dans la région ?

- Il m'a répondu : Il fera les achats dans toute la France entière.

- J'ai continué : Votre affaire me semble assez drôle qu'on vienne chercher à Landerneau et à Morlaix, deux marchands de bois pour faire des achats de camions. Mais il n'y a donc plus de connaisseurs à Paris ? Mais si vous achetez par toute la France, il vous faudra énormément de capitaux..

M. Quemeneur m'a dit encore que Seznec avait vendu ses dollars mais il ne m'a pas dit à qui."

In Bernez Rouz en page 68.

Les témoignages de Legrand sur les dollars or.

"Julien Legrand que Seznec a rencontré le matin du 22 mai à Landerneau, écrit au juge d'instruction le 9 octobre 1923 : "Je n'ai pas vu Seznec avec une boîte d'environ 40 cm de long"."

In Bernez Rouz en page 123.

Et en page 125 :

"Julien Legrand donne, lui, le chiffre de 3.200 dollars : Madame Seznec m'à fait part qu'elle possédait des dollars, mais qu'elle ne voulait pas s'en défaire, qu'elle les réservait pour ses enfants, néanmoins elle s'en dessaisirait si elle trouvait à acheter au nom de ses enfants car ces dollars étaient sa propriété personnelle, elle les avait gagnés au camp américain où elle tenait une blanchisserie"."

L'interview de Julien Legrand dans L'œuvre du 22 juillet 1923 :

"Il (NDLR Quemeneur) était convaincu, me conte M. Legrand, ancien maire. Et, la veille de son départ encore, il vint me trouver. J'eus l'impression qu'il m'aurait volontiers emprunté de l'argent pour réaliser ses merveilleuses opérations. Je le mis en garde, mais vainement. Car j'étais au courant de ses projets et je connaissais fort bien Seznec. Trois jours auparavant, le 22 mai, Seznec et sa femme étaient venus me demander d'avaliser une traite de 4.800 francs afin de pouvoir payer des dettes en souffrance. Quemeneur attendait, en bas, dans la voiture de Seznec. Ils partirent ensuite ensemble pour Brest, l'un pour faire escompter sa traite, l'autre pour tenter d'emprunter 100.000 francs à la Banque Bretonne, et ils allèrent en chemin de fer à Lesneven pour voir une Cadillac chez M. Thévenet.

- Les 2000 francs trouvés dans la manche de Seznec proviennent ils de ces 4.800 francs ?

- Je ne le crois pas, car, après l'arrestation de son mari, Mme Seznec revînt me demander un emprunt, en ajoutant n'avoir plus que 80 francs chez elle.

- D'autre part, les gens se demandent si Seznec a pu agir seul. Il y a les lettres expédiées de Paris, soi disant de la Chambre de Commerce Americaine et qui étaient envoyées à Seznec par quelqu'un. Qui ?

- Je suppose, dit M. Legrand, qu'on voulait seulement faire emporter à mon ami Quemeneur la plus grosse somme possible, le dévaliser en route, mais non le tuer. Mais les choses tournèrent mal. Quant au corps, n'aurait il pas été jeté à l'eau, avec comme poids le cric très lourd de Seznec, qu'on n'a pas retrouvé ?"

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Legrand, un personnage trouble.

Dans l'affaire Cadiou mais aussi dans l'affaire Seznec.

Un personnage avec de nombreuses relations.

Il ne s'est pas présenté aux deux procès

Pour l'affaire Cadiou, il s'est fait porter pâle.

Pour l'affaire Seznec, il est mort le 11 janvier 1924.

Julien Legrand est sans aucun doute le personnage le plus trouble des deux affaires.


Liliane Langellier

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