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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Depuis 100 ans, on ne connaît toujours pas le véritable motif du voyage à Paris de Pierre Quémeneur...

"Je commence à penser que nous ne saurons jamais la vérité. Ils mentent tous. Et ceux qui ne mentent pas se taisent, même s'ils savent probablement quelque chose..."
—— Georges Simenon, Le Port des brumes

Paul Signac Affiche: Tugboat At The pont Neuf, Paris, 1923

 

Sur Justice Affaires Criminelles :

15 juin 2007

Le voyage à Paris

Le motif – tout le monde le sait – était la rencontre du représentant de la Chambre de Commerce Américaine à Paris qui organisait le rachat de toutes les voitures Cadillac abandonnées après la guerre, pour les rapatrier aux USA et les diriger ensuite vers la Russie (qui peut "gober" une telle invraisemblance ?). Ces voitures – en état de rouler – auraient été rachetées au prix uniforme de 30.000 francs (dans le même temps elles se vendaient aux environs de 12.000).

Nos deux "compères" se rendaient donc à Paris pour finaliser le contrat qui faisait d’eux les agents exclusifs de ce trafic (que l’on réfléchisse au temps qu’il leur aurait fallu pour racheter et acheminer les voitures éparpillées dans toute la France ! sans compter que lorsque la chose se serait sue – inévitablement - les prix auraient "grimpé").

Seznec avait, dans les jours précédents, reçu de "Charly" l’américain, deux lettres à entête de la Chambre, destinées à Quémeneur (qui ne voulait pas se compromettre mais qui par ailleurs ne faisait pas mystère du trafic auquel ils allaient tous deux se livrer). Ces deux lettres n’ont pas été retrouvées, ni dans la valise, ni à Kerabri. Cela est normal, Quémeneur les avait dans sa poche ! Je pense que ces deux lettres étaient destinées à convaincre Seznec de la réalité du trafic. Mais je pense aussi que le meilleur argument était le fait qu’il allait peut-être revendre 30.000 francs (moins les deux mille de frais d’intervention) sa voiture qui ne lui appartenait plus. Du même coup, il remboursait sa dette à Quémeneur et réalisait un bénéfice. Le coup valait d’être tenté, après … on verrait.

Que l’on se souvienne que nos deux – soi-disant – amis, qui se connaissent, en principe, depuis trois ans, n’ont jamais fait une seule affaire ensemble. Il ne faut pas oublier non plus que lors du procès on a persuadé les jurés de ce que Seznec était l’instigateur d’un projet inexistant.

Et qui est "Charly" l’américain ? Boudjéma Gherdi, qui bien sûr n’est pas américain, n’appartient évidemment pas à la Chambre de Commerce Américaine et "traficote" dans la pièce détachée ! (si vous ne croyez pas à celle-là je vous en raconterai une autre !).

Qu’aurait raconté Quémeneur à Seznec s’ils étaient arrivés ensemble à ce prétendu rendez-vous ?

Poser la question c’est dire que cela ne se pouvait pas et ne s’est d’ailleurs pas réalisé. Mais alors qu’est devenu le projet de la Chambre de Commerce Américaine ? elle ne comptait donc que sur nos deux hommes ?

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Je viens d'effectuer une relecture des 18 pages du sujet "Le voyage à Paris" sur Justice Affaires Criminelles :

Et, de constater, amusée, qu'il y avait déjà force empoignades.

Notre façon de penser l'affaire Seznec a certes évolué au fil des ans.

Des recherches ont été effectuées sur les principaux protagonistes...

Mais..

A-t-on une autre piste pour expliquer ce voyage depuis 2007 ???

Reprenons...

Elles sont importantes les toutes premières déclarations des protagonistes à la presse...

Car pas encore polluées par l'avance de l'enquête :

Dans Le Matin du mardi 26 juin 1923

"Le récit de M. Sezenec 

 BREST, 25 juin. — Telégr. Matin. — Voici ce que déclare M. Sezenec, le commerçant de Morlaix, qui, le 24 mai, quitta, en automobile, Landerneau en compagnie de M. Quemeneur : 


Le 24 mai, j'ai retrouvé à Rennes M. Quemeneur. Je me rendais à Paris pour y vendre une voiture automobile, vente dans laquelle était intéressé pour une part M. Quemeneur. Le soir de notre rencontre à Rennes. M. Quemeneur télégraphia de cette ville à M. Pouliguen, son beau-frère, notaire à Morlaix, pour le prier de lui adresser à Paris, au bureau restant du boulevard Malesherbes, un chèque de 80.000 francs sur la Société générale, somme dont il avait besoin pour traiter à Paris diverses affaires. Nous devions repartir de Rennes en automobile le lendemain 25 mai, à 5 heures du matin. 


 Nous prîmes notre petit déjeuner une heure plus tard, à Ernée, 28 kilomètres après Vitré. Puis, à midi, nous avons déjeuné au Mesle, dans la Sarthe, et en sommes repartis à 13 h. 30. Mais, à partir de Mortagne, nous eûmes des pannes successives, et, à 16 heures, une nouvelle panne nous immobilisa en pleine ville de Dreux. M. Quemeneur alla chercher un mécanicien local. On répara et nous repartîmes. Cependant, au bout de cinq ou six kilomètres, nous comprîmes que nous ne pourrions aller bien loin, car la voiture n'avançait pas, et nous revînmes à Dreux. 


M. Quemeneur qui, de son côté, avait des rendez-vous urgents pour le lendemain, à Paris, où il devait se rencontrer avec quelqu'un à 8 heures du matin, avenue du Maine, décida de me quitter et de prendre le train. 
 — Tâchez de gagner Paris, me dit-il, si vous croyez la chose possible, avec la voiture. Vous m'y retrouverez à l'hôtel de Normandie, près de la gare Saint-Lazare. 


 La nuit tombait. Il était 21 h. 30 environ. Je pris la route de Paris, mais, hélas ! pour rester de nouveau en panne à 12 kilomètres de Dreux. Il était tard, et après avoir vainement tenté de réparer, je m'endormis dans la voiture, ayant abandonné tout espoir d'atteindre Paris. Je repartis le lendemain et revins à Morlaix, où je comptais faire réparer la voiture par mon mécanicien habituel, plutôt que de la faire réparer à Paris, où cela m'eût coûté beaucoup plus cher. Depuis, je n'ai plus eu de nouvelles de M. Quemeneur. 


De son côté, M. Le Grand, industriel à Landerneau, nous a dit : 


M. Quemeneur est venu me rendre visite précisément la veille de son départ pour Rennes. Il m'a informé qu'il s'occupait actuellement de l'achat d'automobiles américaines demeurées en France, et qu'il devait les livrer à Paris à un commissionnaire américain; nommé Scherdly, qui s'en rendait acquéreur au prix de 30.000 francs pièce. Il paraissait enchanté et me dit : 
 » — Nous allons bientôt rouler sur l'or ! 
 » — Mais, pour réaliser votre projet, lui dis-je, il faut beaucoup d'argent ! 

 

 

Dans les différentes pistes évoquées...

L'histoire de La Banque Privée Coloniale, elle ne tient pas la route..

Pourquoi Pierre Quémeneur se serait-il caché de tous pour prendre un job brillant dans une banque renommée (?)

Quant à la piste du conseiller général amoureux transi…

Et au retour de Pierre Quémeneur à Morlaix un dimanche matin pour assaillir de sa ferveur Marie Jeanne Seznec...

Devant sa bonne et ses enfants...

Il y a de quoi se tordre par terre de rire !!!

Il aurait eu en poche ce dimanche 27 mai au matin une promesse de vente fabriquée entre le 14 et le 19 juin, comme l'ont montré l'enquête et l'instruction.

A-t-il été l'objet d'un chantage ? Sur sa vie privée ? Sur sa vie professionnelle ?

Sa précipitation pour trouver de l'argent frais est pour le moins déroutante.

Alors, quoi ???

Son rendez-vous à Rennes n'est sans doute pas à négliger.

Apparemment il voulait s'y rendre seul et n'en avait donné les détails à personne...

Ou bien ceux qui étaient au courant de ce rendez-vous l'ont gardé secret.

Mais qu'est-ce qui a pu motiver un conseiller général du Finistère à venir à Paris à bord d'une bagnole pourrie ?

Alors qu'il pouvait tout simplement prendre le train ?

Qui a grugé l'autre ?

Seznec ou Quémeneur ?

Qu'est devenu Pierre Quémeneur ?

Faut-il distinguer les deux : le but du voyage et la mort inopinée du conseiller général ?

Avec la série "Landru" programmée demain sur France 2 (13 h 15 le dimanche)...

[Qui m'a donné envie de lire les mémoires du commissaire Jules Belin]...

On se reprend à penser aux étangs de Gambais...

Qui auraient pu engloutir le cadavre de Quémeneur...

Tué après une simple dispute avinée entre nos deux sbires.

Trouver le véritable motif du voyage à Paris de Pierre Quémeneur…

C'est là toute l'explication de l'affaire Seznec...

Et avec les délires actuels sur le net...

On n'est pas près d'avancer !!!


Liliane Langellier

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