Ouest-France du 28 mai 2023. « Il ne pensait qu’à son innocence » : le petit-fils de Guillaume Seznec raconte son grand-père...

C’était il y a quasiment 100 ans, jour pour jour. Le 25 mai 1923, Pierre Quéméneur, conseiller général du canton de Sizun (Finistère), disparaît alors qu’il était en route pour Paris, avec Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix. Celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre du conseiller. Un siècle plus tard, Denis Le Her – Seznec, raconte son grand-père.

Article de Sarah HUMBERT.

C’est l’une des figures de la lutte pour la réhabilitation de Guillaume Seznec. Denis Le Her-Seznec, le fils de Jeanne Seznec et François Le Her, est aussi le petit-fils de Guillaume Seznec. Ce dernier, maître de scierie à Morlaix (Finistère), a été accusé puis condamné pour le meurtre de Pierre Quéméneur, conseiller général du canton de Sizun. Les faits se seraient déroulés le 25 mai 1923. Il a été envoyé au bagne, à perpétuité, après un procès à Quimper en 1924.

Son grand-père et son parrain

Guillaume Seznec a bénéficié d’une réduction de peine et a pu rentrer en France en 1947.

Son petit-fils, Denis Le Her-Seznec a alors seulement quelques mois. Il confie les souvenirs qu’il a de son grand-père avant son décès, en 1954.

Guillaume Seznec a passé « près de vingt-quatre ans au bagne », retrace son petit-fils. Là-bas, les conditions de vie étaient difficiles, nombreux étaient les bagnards à ne survivre « que quelques années », souligne Denis Le Her-Seznec. Guillaume Seznec parle peu de cette période, à son retour. « Pour moi, son petit-fils, il a transformé ça, il l’a romancée », retrace Denis Le Her-Seznec.

Il décrit aussi la relation forte qu’il avait avec son aïeul, qui, en plus d’être son grand-père, était aussi son parrain. « On a fait mon baptême à son retour du bagne. » Son grand-père lui a aussi donné son prénom : Denis Guillaume Marie Le Her-Seznec. Marie, comme Marie-Jeanne, la grand-mère de Denis Le Her- Seznec, qui, elle aussi, s’est battue pour la réhabilitation de son époux.

« Pour moi, l’affaire Seznec a gagné dans l’opinion »

« Je garde de mon grand-père un souvenir très digne, raconte le petit-fils. Je me rappelle aussi qu’il était très malheureux de la mort de son épouse, Marie-Jeanne. »

Celle-ci est décédée en 1931, alors que Guillaume Seznec était encore au bagne, en Guyane. Denis Le Her-Seznec ajoute : « Il ne pensait qu’à son innocence. » La fille de Guillaume Seznec, Jeanne, s’est également mobilisée pour la réhabilitation de son père. À son retour du bagne, elle est devenue « sa tutrice. Il n’avait aucun droit », souligne le petit-fils.

Avant même la naissance de Denis Le Her-Seznec, cette affaire était déjà omniprésente dans le quotidien de la famille. Lui aussi, s’est activé durant des décennies, sans relâche, pour laver son nom.

Depuis 2006, date à laquelle la demande en révision du procès soutenue par Marylise Lebranchu, ancienne garde des Sceaux, a été rejetée par la Cour de révision, le combat judiciaire est, malgré tout, moins intense. Mais il glisse : « Pour moi, l’affaire Seznec a gagné dans l’opinion publique. » Car le doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec, quasiment absent en 1924, est désormais bien présent dans les esprits.

Aujourd’hui, « je ne regrette pas, de m’être investi autant, mais mon épouse dit que c’était trop », relate-t-il. Désormais, à 75 ans, il poursuit ses recherches, pour en savoir plus sur ce qu’il s’est passé le 25 mai 1923. Maintenant, « c’est pour l’Histoire », conclut-il.

Entre le combat d’une vie ou une vie de combats, pour Denis Le Her-Seznec, la frontière est floue.

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