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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.

Mercredi 24 mai 2023 Le Télégramme Affaire Seznec : à Plomodiern, une page d’histoire locale difficile à tourner...

Publié par Didier Deniel le 24 mai 2023 à 06h00

« Quand j’étais gosse, les familles étaient vraiment partagées. Il y avait les pour et les contre. Après sa libération, en 1947, Guillaume Seznec, qui s’était établi dans le Nord-Finistère, a tenu à revenir ici. J’ai entendu dire que, dans le bourg, les volets se fermaient sur son passage », raconte Gilles Renaud Scoarnec. 

Dimanche cela fera officiellement un siècle que le conseiller général Pierre Quéméneur est décédé. À Plomodiern (29), commune natale de Guillaume Seznec, accusé de son meurtre, ce long fleuve judiciaire, qui a défrayé la chronique pendant des décennies, a fortement marqué les esprits.

Le bourg de Plomodiern (2 100 habitants), est bien paisible en ce début d’après-midi. Au pied de l’église où Guillaume Seznec, fils d’agriculteurs, s’est marié, le mercredi 18 juillet 1906, à Marie-Jeanne Marc, fille d’un riche commerçant grainetier, un couple de cyclo randonneurs fait une pause avant d’attaquer l’ascension du Menez Hom, qui culmine à 3 km de là. « Bien sûr que je connais l’affaire Seznec, confie le mari, originaire de la région lyonnaise. Qui ne la connaît pas ? Je me suis un peu replongé dans cette histoire en lisant le guide du Routard. Ils en parlent. On n’est pas venu ici spécialement pour ça, mais c’est bon de le savoir ».

La ferme familiale de Kerniol où a vécu enfant Guillaume Seznec. Elle est située à 3 km du bourg, en direction de la mer. 

Ici, pas de stèle à la mémoire - avec Alfred Dreyfus - d’un des plus célèbres bagnards de la Guyane française. Seul indice officiel de ses origines, une plaque à l’entrée principale du cimetière, qui indique aux visiteurs où se trouve sa tombe. « Elle a été installée par la commune, indique Gilles Renaud Scoarnec, qui, il y a une vingtaine d’années, a quitté Rennes pour s’installer dans la commune d’origine de sa mère et a créé un blog.

Un jour, Gilles Renaud Scoarnec, un brin provocateur, écrira une lettre au maire pour que la place du 19 mars 1962, commémorant la fin de la Guerre d’Algérie, soit débaptisée et prenne le nom de Guillaume Seznec. « Ça a créé un sacré
raffut, j’en ai conscience. Mais ça a permis de faire avancer les choses. Car c’était l’omerta autour de Seznec. Pourtant, la commune avait énormément souffert de cette affaire. Imaginez il y a un siècle ce qu’a pu produire une armée de journalistes et de chroniqueurs judiciaires débarquant ici. Et l’impact
des nombreux rebondissements judiciaires qui ont suivi ».
L’emplacement de la tombe de Guillaume Seznec est indiqué par un panneau à l’entrée du cimetière.



Une tombe fleurie par une inconnue pendant des décennies.

Nous suivons les pas de Gilles Renaud Scoarnec et voici la tombe. Un sobre monument sur lequel sont gravés les noms de Guillaume Seznec, d’Yves et Louise, ses parents, mais aussi de sa fille, Jeanne. De longues années durant, la tombe a été régulièrement fleurie par une personne qui restait très discrète. Une certitude : il ne s’agissait pas de quelqu’un de la famille dont les membres avaient pris leurs distances avec la commune, à la suite du procès aux assises de Quimper, en 1924.

« J’ai eu la chance de rencontrer cette personne. Il s’agissait d’une femme qui était convaincue de l’innocence de Guillaume Seznec », poursuit Gilles Renaud Scoarnec. À ses pieds, des branches de camélia trempent dans un vase. Peut-être le présent d’une personne encore pleine de compassion.

 

L’église de Plomodiern où a été baptisé et où s’est marié Guillaume Seznec. 

« Les volets se fermaient sur son passage »

À quelques pierres tombales de là, Jean Mérour, un habitant de la commune, revient sur certains détails qui en disent long sur les tensions qui subsistaient longtemps après le procès. « Quand j’étais gosse, les familles étaient vraiment partagées. Il y avait les pour et les contre. Après sa libération, en 1947, Guillaume Seznec, qui s’était établi dans le Nord-Finistère, a tenu à revenir ici. J’ai entendu dire que, dans le bourg, les volets se fermaient sur son passage ».

Le commerce que tenaient Guillaume Seznec et sa femme, Marie-Jeanne Marc. Plus haut dans la ruelle, il avait monté un atelier de réparation de cycles. Guillaume, qui n’aimait pas les travaux des champs, avait toujours été attiré par la mécanique. 

Jean Mérour évoque également ces quelques Plomodiernais, généralement des marins de la Royale, qui ont eu l’occasion de visiter le bagne des îles du Salut où Guillaume Seznec a purgé sa très longue peine. « J’y suis allé quand j’étais jeune. C’était assez émouvant. J’y ai appris que Seznec, qui était bedeau, était bien vu par la pénitentiaire ».

Jean Mérour raconte aussi volontiers, le témoignage d’un énommé Croguennec, originaire de Plomodiern, qui a rencontré, de son vivant, Guillaume Seznec, dans l’enceinte de cette prison tropicale. « Il lui avait donné une cartouche de cigarettes. Ensuite, les deux hommes ont entretenu pendant longtemps une correspondance ».

À ces mots, Gilles Renaud Scoarnec sort de sa poche son mobile et montre l’extrait d’une lettre qu’il a photographié. On peut y lire : « Aux îles du Salut, le 12/02/38. Je suis heureux dans mon malheur que certains de mes amis ont encore un bon souvenir de moi ».



« Magouilleur peut-être, mais pas criminel »

Non loin du cimetière se dresse l’ancienne boutique que détenait le fils de ferme devenu commerçant et réparateur de bicyclettes. Un commerce qui brûlera, tout comme la blanchisserie qu’ouvrira Guillaume Seznec, quelques années plus tard, à Brest. Des fraudes à l’assurance selon ses détracteurs. « Ici, pas mal de gens disent qu’il avait un côté un peu magouilleur, complète Jean Mérour.
Mais de là à devenir un criminel, jamais ».

Si Plomodiern ne s’est jamais véritablement lancé dans une démarche mémorielle assumée, la compagnie maritime Finist’Mer s’en est chargée. En 1999, elle baptisait une nouvelle vedette à passagers « Guillaume Seznec ». Ce navire de 25 m de long, construit aux chantiers Gléhen, à Douarnenez (29), pouvant embarquer 192 personnes, a assuré la liaison avec les îles du Ponant. Quelques années plus tard, débaptisée, elle rejoignait un armement vendéen pour naviguer dans les eaux de la Charente Maritime, à quelques encablures de la prison de Saint-Martin
de Ré, où avait transité Guillaume Seznec…

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Article transmis par Jean-Pierre Lagadec.

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