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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Rappel : "L'interminable affaire Seznec". Michel Pierre dans le magazine L'Histoire de mai 2023...


"La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent !"
Albert Einstein.

 

Michel Pierre vient juste de me faire parvenir son dernier article dans Le magazine L'Histoire de mai 2023...

 

 

 

"Tout commence le 25 mai 1923 entre Rennes et Paris. Pierre Quéméneur, négociant à Landerneau, et conseiller général de Sizun, et Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, vont vendre une Cadillac issue des stocks américains laissés en France après la victoire de 1918. 

 

Le 28 au matin, Seznec rentre seul à Morlaix au volant du véhicule. Début juin, sans nouvelles, la soeur de Quéméneur se rend auprès de Seznec qui lui explique avoir laissé son frère au soir du 25 en gare de Dreux d'où il voulait prendre un train pour Paris. Les jours passent et Quéméneur ne réapparaît pas. Un télégramme déposé dans un bureau de poste du Havre le 13 juin précisant "Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours, tout va pour le mieux" ne rassure pas la famille du disparu car il est signé "Quéméneur" et non de son prénom comme il avait usage de le faire. 

 

L'inquiétude augmente lorsque sa valise est retrouvée à la gare du Havre le 20 juin. On y découvre une promesse de vente par Quéméneur à Seznec d'une propriété et de ses 90 hectares de bois située à Plourivo, dans l'estuaire du Trieux. Dès lors, l'enquête ouverte contre X pour disparition suspecte à l'instigation du frère et du beau-frère de Quéméneur se focalise sur Seznec qui a en main le double de la promesse de vente mais dont on doute qu'il ait pu avoir les moyens d'un tel achat. Les enquêteurs accumulent des faits qui le font bientôt inculper malgré ses protestations d'innocence et l'absence du corps du disparu.

 

Il apparaît que Seznec s'est rendu deux fois au Havre. D'abord le 13 juin pour l'envoi du télégramme signé "Quéméneur" et l'achat de la machine à écrire ayant servi à taper les promesses de vente - celle-ci sera découverte le 6 juillet dans un bâtiment de la scierie de Seznec lors d'une perquisition. Ensuite, le 20 juin, pour y déposer la valise contenant l'une des promesses de vente. Comme Seznec ne parvient pas à donner des alibis pour ces jours cruciaux, le dossier s'alourdit au long d'une instruction de plusieurs mois alors qu'il est incarcéré à Morlaix à partir du 16 juillet. Le fait qu'il tente, par l'entremise de sa femme, de susciter de faux témoignages aggrave son cas.

 

Le procès devant la cour d'assises de Quimper se déroule du 24 octobre au 4 novembre 1924. Seznec nie malgré les charges retenues et les indices graves et concordants accumulés. Le 4 novembre, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité pour faux en écriture privée et homicide volontaire. Au prononcé du verdict, nul n'évoque une possible erreur judiciaire. Nombre d'articles soulignent la rigueur de l'enquête, la maîtrise de l'instruction (507 pièces au dossier) et la parfaite tenue du procès. Guillaume Seznec embarque pour la Guyane le 7 avril 1927.

 

Un innocent au bagne ? Trois ans plus tard, un ancien juge d'instruction à Guingamp, Charles-Victor Hervé, affirme qu'un innocent a été envoyé au bagne. Selon lui, Quéméneur, revenu de Paris, a été tué dans sa propriété de Plourivo et il laisse entendre que ce fut par son propre frère Louis. Rien ne semble corroborer ces supputations qu'il tente d'étayer par son livre Justice pour Seznec. Les autorités judiciaires ne prennent guère au sérieux l'ancien juge, connu pour sa fragilité psychologique et un court séjour à l'asile départementale d'aliénés de Rennes à l'été 1930.

 

Qu'importe, Eugène Delahaye, directeur d'un hebdomadaire d'extrême droite de Rennes, La Province, trouve matière à une campagne de presse. Elle donne naissance à des réunions publiques attaquant les dérives de la justice et une mauvaise action réalisée contre la Bretagne. L'"affaire Quéméneur" devient l'"affaire Seznec". D'autant qu'en une alliance étonnante, Hervé et Delahaye reçoivent le soutien de la section de Pont-Aven de la Ligue des droits de l'homme. Ne s'appuyant sur aucun fait probant, la piste de Plourivo finit par s'étioler.

 

Le "lobby breton". Avec la fin du bagne, Seznec est rapatrié de Guyane en juin 1947. Sa fille Jeanne reprend la lutte pour obtenir la révision du jugement ayant envoyé son père au bagne, soutenue par des journalistes et des hommes de loi. La mort de Guillaume Seznec, le 13 février 1954, ne met pas fin à ce combat filial repris par l'un des fils de Jeanne, Denis Le Her-Seznec. S'ensuivent articles, émissions de radio et de télévision, dont une notable "Cinq Colonnes à la une" en juin 1967. Douze ans plus tard, les auditeurs se passionnent pour une série d'Europe n°1 revenant sur l'affaire. Un "Appel pour la réhabilitation de Guillaume Seznec" est lancé. En 1988, Denis Langlois publie L'Affaire Seznec, Yves Boisset en fait un film en 1993. Une sorte de "lobby breton" est à l'oeuvre, porté par des élus et des personnalités pétitionnaires. 

 

En janvier 2001, la ministre de la Justice Marylise Lebranchu, ancienne maire de Morlaix, saisit la Commission des révisions. Elle trouve "suspecte la surabondance des preuves réunies contre Seznec" et considère la procédure de 1923-1924 comme "ni faite ni à faire"

 

L'hypothèse est reprise d'un condamné victime d'une machination policière couvrant un scandale d'Etat. Celui de la fourniture d'automobiles à l'URSS, dans lequel aurait été impliqué l'inspecteur Bonny, l'un des enquêteurs de 1923, fusillé en 1944 comme membre de la bande "Bonny-Lafont" au service de la Gestapo. Cette invraisemblable hypothèse est mise à mal dans L'Histoire en 2001 puis dans Le Point en 2005, mais rien n'y fait. L'heure est à un mouvement d'opinion séduit par les théories complotistes, la main de l'étranger et la police ripou.

 

Pourtant, le 14 décembre 2006, les 33 magistrats de la Chambre criminelle de la Cour de cassation, après avoir analysé l'ensemble du dossier pendant des mois, concluent qu'il n'y a pas matière à révision, "aucun fait nouveau ou élément inconnu de la juridiction au jour du procès [n'étant] de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec".

 

La décision suscite des réactions outragées et la justice populaire prend le relais. En 2010 Robert Hossein porte l'affaire au théâtre. Seznec, un procès impitoyable offre aux spectateurs de se prononcer par "oui" ou par "non" sur la culpabilité de l'inculpé. Inutile de préciser que Seznec est chaque fois acquitté à la quasi-unanimité.

 

D'autres scénarios sont apparus depuis, notamment celui d'un retour de Quémeneur à Morlaix dans la journée du 26 mai, où il aurait agressé la femme de Seznec, qui l'aurait accidentellement occis. Quelques heures plus tard, Seznec, de retour à Morlaix, l'aurait aidée à se débarrasser du corps. Des fouilles menées en 2018 dans l'ancienne demeure de Seznec n'ont jamais permis d'étayer cette hypothèse."

................................

 

Le magazine "L'Histoire", niveau crédibilité, c'est quand même autre chose que Breizh-Info...

 

Contrairement à certains qui se prétendent "auteurs" ou "historiens" ou encore "écrivains"...

 

Michel Pierre n'a pas QUE l'affaire Seznec dans sa vie...

 

Pour preuve...

 

Il m'a fait connaitre la parution de son dernier ouvrage le 13 avril :

 

"Aucun autre pays n’a de liens aussi denses et complexes avec la France que l’Algérie. Ne serait-ce que par les millions de Français qui y ont des racines. Au point que le simple énoncé du nom suscite une gamme infinie de sentiments passionnels et d’opinions tranchées.

C’est dire l’importance de recourir à l’Histoire et de faire un récit de temps long. Celui qui inclut la Préhistoire illustrée par l’art pariétal du Sahara, puis l’Antiquité avec ses vestiges puniques et numides avant que l’Afrique du Nord ne fasse partie de l’Empire romain devenant peu à peu chrétien. Viennent ensuite les siècles de l’islam à la conquête des terres berbères, qui donnent naissance à des royaumes divers et aux grands empires almoravide (XIe-XIIe siècles) et almohade (XIIe-XIIIe siècles).
À partir du XVIe siècle, la régence d’Alger, pour partie liée à l’Empire ottoman, confirme le pays dans sa géographie actuelle et dans un destin tout à la fois méditerranéen et africain. Après 1830, les 132 ans de présence française s’inscrivent dans l’histoire coloniale de l’Occident avant qu’une guerre de libération nationale n’y mette fin. L’Algérie devenue indépendante se construit avec ses atouts, ses problèmes, ses réussites et ses échecs. Et ses tragédies telle la décennie noire de 1992 à 2001 ou ses espoirs symbolisés par le Hirak en 2019."

 

 

Biographie de l'auteur
Agrégé d’histoire, licencié d’histoire de l’art et d’archéologie, Michel PIERRE est l’auteur de nombreux ouvrages et travaux concernant l’imaginaire colonial, l’histoire de la justice et l’histoire culturelle. Il a exercé les fonctions d’attaché culturel à l’ambassade de France en Algérie de 1988 à 1992 puis celles de conseiller de coopération de 2001 à 2005.

 

Nous lui souhaitons bonne chance !

 

 

Liliane Langellier

 

 

 

P.S. Rappel : In Le Point du 31 mars 2005 :

 Le Point : Qu'appelez-vous « hypothèses farfelues » ? 

Michel Pierre : Croire, par exemple, que l'« affaire Seznec » puisse être liée à un trafic de Cadillac des surplus américains de la Première Guerre mondiale à destination de la jeune Union soviétique, tout cela mené par un conseiller général des Côtes-du-Nord, Pierre Quemeneur, et un maître de scierie de Morlaix, Guillaume Seznec, relève d'un scénario des Pieds-Nickelés. Imaginer des dirigeants soviétiques s'adresser à de tels intermédiaires pour acquérir des véhicules américains d'occasion vieux d'au moins cinq ans alors qu'ils pouvaient les acheter neufs aux usines de Detroit grâce à la Nouvelle Politique économique lancée par Lénine en 1921 (soit deux ans avant l'« Affaire ») relève de solides défaillances de raisonnement ou d'une imagination sans bornes. Il est, du reste, intéressant de constater la part fantasmatique que joue l'Union soviétique dans les deux grandes affaires criminelles françaises du XXe siècle. Dans l'affaire Seznec, la puissance malfaisante est l'acheteur occulte de voitures qu'elle convoite et dans l'affaire Dominici, pour innocenter le patriarche, il faut avancer l'hypothèse de l'assassinat des Drummond par des agents de Staline.

 

Circulez, y'a rien à voir.

 

 

Nota Bene

 

Lire aussi ci-dessous : 

 

- L'article de Michel Pierre dans L'Histoire n° 257 de septembre 2001,

 

- L'article du Point du 31 Mars 2005 sur le livre de Bernez Rouz :

 - Arrêt 2006 de la Cour de Cassation.

 

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