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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec. Julien Legrand et Lucien Dior, deux industriels landernéens...

« Antoine ! Oh, le bon tour ! Je ne dirai rien ; mais cela fera du bruit dans Landerneau »
Alexandre Duval.
Les Héritiers ou Le Naufrage.

Je remercie ici l'aficionado de l'affaire Seznec qui m'a signalé, hier, dans un commentaire, le rapport entre Lucien Dior et Julien Legrand.

De nom...

On connaît surtout Christian Dior...

Qui, lui, fut le fils de Maurice Dior, cousin de Lucien Dior.

Mais Lucien Dior (1867 - 1932), industriel, homme politique, a aussi hanté Landerneau.

En 1907, il a acheté le terrain de sa future usine via le maire de Landerneau (1904/1908), Julien Legrand (1865- 1924).

Lucien Dior, très lié avec André Paisant, le sous-secrétaire d'Etat à la liquidation des stocks.

En janvier 1920, la liquidation des stocks est rattachée au ministère du Commerce.

Lucien Dior fut deux fois ministre du commerce dans les cabinets Briand (1921 - 1922) et Poincaré (1922 - 1924)

Dior et Legrand...

Les deux industriels se fréquentaient sans aucun doute.

Julien Le Grand. Fondateur de l'usine de la Grand'Palud.

Avec les capitaux de la société allemande Thémming.

Julien Legrand qui avait un beau carnet d'adresses.

S'en est-il servi pour l'affaire Seznec ???

That is the question.

Revenons à Dior et Legrand...

Fondée à Granville en 1832, la société des Usines Dior ouvre en 1917 une usine à Landerneau.

C'est sur le site de la Petite Palud que va s'établir cette grande industrie dont les productions vont très vite évoluer, de l'acide sulfurique aux produits modernes comme la lessive ou l'eau de javel.

Dès sa fondation, la société des Usines Dior s'attache à la production industrielle des engrais destinés à l'agriculture. Elle trouve bien sûr à Landerneau un marché agricole des plus appréciables.

Portrait de Lucien Dior, par Léon Carré, après restauration. | © LA FABRIQUE DE PATRIMOINES EN NORMANDIE / A. CAZIN & G. DEBOUT / CC BY-NC-SA

Les débuts de la pollution...

Face à une population encore fortement rurale, l'Usine Dior va connaître un vif succès, en apportant aux exploitants les engrais nécessaires à une production qui souffrait du manque d'acide phosphorique. Engrais phosphates, phosphates et superphosphates vont ainsi être fabriqués sur le site de la Petite Palud, pour approvisionner la population locale.

Le projet des frères Dior prend naissance en 1907 et l'usine démarre sa production dix ans plus tard, sur le site de la petite Palud.

 

De la fin de 1916 à 1924, 48 fours vont fonctionner pour la fabrication de l'acide sulfurique, qui sert de base à la composition des superphosphates. Les fumées se dégageant des cheminées se révèlent très vite nocives, tant pour l'environnement que pour la population proche. Les gérants vont donc construire une cheminée de 60 mètres de haut, laissant ainsi la fumée s'éloigner sur les territoires environnants !

De l'engrais à la lessive

Cependant, malgré les quelques protestations enregistrées, l'époque ne faisait pas encore vraiment cas des conséquences écologiques de l'industrie et l'usine va prospérer durant de nombreuses années.

De la fabrication primitive des superphosphates, la production s'élargit bientôt à des marchandises plus élaborées et le marché s'élargit d'autant. En déposant des brevets pour la fabrication des cristaux de soude et des lessives en pains, l'industrie se diversifie vers les produits de blanchiment et une deuxième usine est montée à Saint Marc (Brest), spécialisée dans ce nouveau secteur.

Une parenthèse qui se referme

Possédant sa propre voie ferrée et surplombant de sa haute cheminée l'ensemble de la ville, l'usine des Frères Dior marqua longtemps la vie industrielle de Landerneau. Ce n'est que dans la seconde moitié du siècle que les cheminées cessèrent définitivement leur activité, fermant ainsi la parenthèse industrielle de la ville, presque un siècle après l'apparition de la Société Linière.

Et c'est ainsi que s'achève aussi notre série sur ces quelques industries qui firent prospérer la ville. C'est à la Petite Palud que l'usine Dior va peu à peu diversifier sa production, des engrais spécifiques aux travaux agricoles, jusqu'aux produits plus « grand public » comme la lessive ou l'eau de Javel.

In Le Télégramme du 27 août 1997.

 

 

Le site de la Société Linière est acheté en 1895 pour 180 000 F par André Pédrazzi, entrepreneur de fumisterie et Julien Legrand (1865-1924), négociant en cuir, demeurant tous les deux à Brest. Ils s'associent avec René Jayet de Gercourt, officier de Marine puis nécogiant et Albert-François Fauré de Lalène-Laprade (1840-1908), banquier, résidant également à Brest. Dès les premières années de fonctionnement, l'architecte brestois Abel Chabal apparaît avec sa famille comme actionnaire majoritaire.

Son fils, Gaston Chabal devient administrateur associé de la GBL dans les années 1920, associant celle-ci au développement architectural du département. Albert Fauré de Lalène-Laprade décède en 1908, son fils Robert-Germain (1873-1941) lui succède comme administrateur de la briqueterie. René Jayet de Gercourt est tué au front en 1914. Albert de Lalène-Laprade, grièvement blessé, reprend cependant ses fonctions au sein de l'entreprise. Julien Legrand reste également au conseil d'administration, il est maire de Landerneau de 1904 à 1908. La GBL compte également un directeur général. Pierre-Louis Diossin (1847-1950) accède à ce poste vers 1908. Il est déjà chevronné dans le métier puisque son père possède une usine de céramique renommée à Palinges, en Saône-et-Loire. Pierre-Louis Diossin contribue à moderniser les installations et à élargir les productions de l'entreprise. Son gendre, Marcel Soubrier (1903-1985) lui succède, avec les chefs de fabrication Alfred Despretz (décédé en 1966) et Pierre Alias, jusqu'à la fin de la production sur le site.

In archives et patrimoine de Landerneau.

Naissance de la Grande Briqueterie de Landerneau :

Le site est repris par La Grande Briqueterie (G.B.L) en 1896. Julien LEGRAND, issu de la bourgeoisie brestoise, est à la tête de l’entreprise. Il a financé des sondages : on trouve beaucoup d’argile.

La G.B.L bénéficie de l’étang (énergie hydroélectrique), de grands bâtiments…C’est le site idéal et l’industrie du bâtiment est très prospère à Landerneau et ses environs.

A. Les approvisionnements : L’entreprise exploite de nombreux gisements d’argile, et engloutit de grandes quantités de matières premières (sable, kaolin, charbon de bois) présents dans son environnement. Des gisements existent au Bois Noir et au Calvaire. Les ouvriers remplissent des wagonnets qui sont déversés dans des remorques et vont alimenter la briqueterie en argile et en ciment. Des canalisations relient les gisements de kaolin de Treflevenez à la G.B.L. Les voies routières et le port de Brest permettent aussi les mouvements de matières premières.

 

B. Les fours : - La pièce maîtresse de la briqueterie est un four Hoffmann de 30 m de long, alimenté par le dessus, dans lequel le feu se déplace et permet la cuisson régulière de grandes quantités de matières premières. - Un autre four circulaire est destiné à la cuisson des pièces émaillées : carreaux de grès, vases. On emploie 130 personnes.

C. Fabrication : Briques creuses et plates, carreaux de ciment et en grès, tuyaux en terre cuite, drains pour l’agriculture. À partir de 1920 la GBL réalise de nombreux produits en ciment (poteaux, clôtures) et des poteries.

Production de beaucoup de tuiles.

Le développement de la vente sur catalogue permet une large commercialisation des produits. La brique et la céramique s’adaptent à l’Art Déco. Témoins de cette époque, on retrouve sur quelques maisons landernéennes des toits en tuiles et surtout les briques rouges insérées sur les façades. La G.B.L va également contribuer à la reconstruction de Brest.

In Les métamorphoses des usines de Traon-Elorn.

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Il est évident que Dior et Legrand se connaissaient.

Je reste intimement persuadée que Julien Legrand est un personnage clé de l'affaire Seznec.

C'est d'abord vers lui que Guillaume Seznec se tourne pour obtenir 15.000 Francs de prêt en mettant sa Cadillac en gage à l'automne 1922.

C'est Julien Legrand qui aiguille alors Guillaume Seznec vers Pierre Quémeneur.

Legrand est ami de Quémeneur, pas de Seznec.

Il va envoyer le gars Seznec vers le conseiller général pour sa demande de prêt de 15.000 Francs.

Qui lui sera accordée en octobre 1922.

Quémeneur et Seznec se connaissaient-ils avant ?

Ou se rencontrent-ils à cette occasion ?

C'est encore Legrand qui refile l'annonce Bollon à Quemeneur :

"Dans le courant de l'hiver dernier sans pouvoir préciser la date, j'ai lu une annonce dans un journal (La Dépêche de Brest, je crois), par laquelle un monsieur était acheteur de voitures américaines ou camions quel qu'en soit l'état. Or, M. Quemeneur m'avait fait part vers la même époque qu'il ne voulait pas garder la voiture Cadillac en question parce qu'elle dépensait trop d'essence et qu'en outre, il possédait une Panhard. En lui communiquant l'annonce je lui ai dit : puisque vous voulez vous défaire de votre voiture, voici une occasion qui se présente. Les choses en sont restées là."

In Bernez Rouz en page 50.

Juste une question...

Tous les auteurs sont partis du fait que Pierre Quémeneur, négociant en bois, et Guillaume Seznec, maître de scierie, étaient faits pour se rencontrer, et se connaissaient de longue date....

Depuis quelle date exactement ?

Quelles preuves exactes en avons-nous ????

Cela personne ne peut nous le dire.

 

Liliane Langellier

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