Affaire Seznec : délires américano-finistériens....

« En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »

Tout cela me fait penser aux si célèbres Shadoks...

Encore que leur créateur, Jacques Rouxel, ait eu beaucoup plus d'humour, de finesse et d'intelligence que notre pauvre brocanteur finistérien.

Et que Claude Piéplu savait leur prêter sa voix unique.

Voilà ce que je lis, à l'instant sur son blog :

"Denis Le Her Seznec semble renoncer à déposer une nouvelle et ultime demande de révision. Il fait état de problèmes de santé incompatibles avec un nouveau et éprouvant combat judiciaire. De plus, il envisageait l'écriture d'un livre qui ne pourra pas voir le jour dans l'immédiat. Mais sur le fond, il est toujours convaincu que Turrou est bien l'américain Charly."

En clair, Denis Seznec renonce.

En foncé, il a adoré l'histoire de Leon George Turrou.

Comment un être intelligent (???) peut-il être convaincu que le fameux américain Leon Turrou ait eu un rapport quelconque avec notre affaire Seznec ???

Comment un enquêteur à jeun (??? Tout le monde n'a pas la classe de Jean-Pierre Dufreigne dans "Boire"), un enquêteur digne de ce nom, ose-t-il affirmer (sans se ridiculiser ?) :

"Leon Turrou et le Charly de l'affaire Seznec sont la même personne. C'est le résultat d'une démonstration scientifique, historique et rigoureuse appuyée sur des preuves indiscutables. Si la cour de révision avait un jour l'opportunité de se pencher sur la question, elle ne pourrait qu'admettre l'évidence. Dorénavant, il va falloir vivre avec l'idée que Turrou est au coeur de l'affaire Seznec."

Affirmer n'est pas prouver. Loin s'en faut.

Et répéter ad nauseam le même mensonge n'en a jamais fait une vérité.

Ce n'est surtout pas parce qu'il le dit que c'est vrai.

Encore faut-il qu'il nous le prouve.

Et, ça, c'est pas pour demain !

Le paragraphe suivant, écrit en bas patagon, dans un style toujours plus grandiloquent, est à se tordre les boyaux de rire :

"Donc l'affaire Seznec restera en l'état, le symbole de l'erreur judiciaire et d'une institution incapable de  reconnaitre ses erreurs. Après tout, ce n'est pas dramatique étant donné l'état dans lequel se trouve la justice en France. Cette affaire restera un symbole. Le doute concernant la culpabilité de Seznec est assourdissant et il le restera éternellement."

Quant à la "calamité"....

Ou le "grand désastre"....

"And I entered my first business venture which was a calamity"..

Citée par notre agent du F.B.I. dans une émission radiophonique du 7 mars 1939 sur la station KRKD de Downtown Los Angeles (ça fait chic !)...

Qui fut rachetée par les téléévangélistes locaux (Pas par les Témoins de Jéhovah de l'Oklahoma, sorry....)

Rien à voir avec la France...

Rien à voir avec l'affaire Seznec...

Tous les aficionados sérieux de cette affaire savent très bien où elle se trouve en fait, cette foutue calamité...

Quelque part dans le trou paumé d'un moulin finistérien !

Et puis...

Franchement...

Inutile de nous tartiner des pages et des pages et encore des pages de la biographie de ce pauvre Leon.

Histoire de noyer la sardine dans le port de Marseille.

Pour l'évocation de Turrou...

On est dans le même mood que pour l'inspecteur Pierre Bonny : "un cas intéressant de mauvaise réputation rétrospective".

On nous parle de Turrou en 1939 pour une affaire qui date de 1923.

Tout cela est d'un tel pathétique, qu'on hésite un instant entre en rire ou en pleurer !

La question (toute simple) reste encore et demeure encore :

Personne ne peut nous dire à ce jour si oui ou non Leon George Turrou était bel et bien sur le paquebot Berengaria qui a accosté à Cherbourg , en provenance de New-York, le lundi 21 mai 1923.

Voilà comme le broc ensevelit le problème :

"21 Mai : 16h00, arrivée du Berengaria à Cherbourg. Turrou/Charly est suspecté d’être à bord. La liste des passagers n’a pas été retrouvée à ce jour."

C'est en ces deux lignes très très courtes que réside l'écueil principal (il y en a bien d'autres, comme la soi-disant annonce de L'Auto, le fait que Turrou connaissait nos deux Finistériens, etc...) de la théorie fumeuse de BV.

Pour en lire plus...

N'hésitez pas à cliquer sur le nom de Leon Turrou dans mes catégories listées à droite de ce blog (29 articles).

Le mensonge et la frime n'ont jamais donné naissance à de bons enquêteurs.

Ici, nous sommes tombés sur le pire.

Mieux vaut en rire.

Liliane Langellier

P.S. Plutôt que de vous engluer dans la mauvaise prose de ce junk dealer...

Relisez (ou lisez) donc, comme je l'ai fait pendant ces dernières vacances, les enquêtes de l'inspecteur Philip Marlowe écrites par Raymond Chandler.

Gallimard en a édité un superbe Quarto.

Boris Vian en a assuré certaines traductions (Le grand sommeil, la dame du lac,...)

Et, là...

Là, on peut dire qu'il y a de la matière...

Et de la belle écriture.

Si, si...

A lire sur ce blog.