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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.

Affaire Seznec. Barthelemy Spor. Le mensonge déclencheur...

Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge.
Anton Tchekhov / Lettre - 2 janvier 1900

Il y a toujours un moment pour tout.

Pour moi...

Ce fut en janvier 2007...

Sur le forum de Marilyse Lebranchu...

En découvrant l'énorme mensonge de Denis Seznec concernant le garagiste brestois Barthelemy Spor.

La source du délire ???

Georges Marestet (*) dans Le Parisien libéré (cf Denis Langlois 'L'affaire Seznec " en pages 398/399) :

"Assez de terre vainement remuée ! Assez de visionnaires ! Ni Houdan ni Plourivo ne recèlent de secret. C'est à Brest-Lambezellec qu'il faut chercher la solution de l'énigme. Le dossier des trafiquants de Cadillac doit être ouvert. D'autant que, tout bien considéré, il s'agit d'une affaire banale.

"Après la guerre de 14-18, les autorités américaines avaient fait entreposer à Lambezellec toutes les voitures qui avaient été débarquées sur le port de Brest et qui étaient devenues sans utilisation militaire, du fait de l'armistice puis de la paix. A ce matériel neuf, on avait ajouté un grand nombre d'autres voitures ramenées de diverses régions du front.

"A Lambezellec, les véhicules étaient groupés en lots : voitures neuves, voitures en état de marche et voitures "à revoir", c'est-à-dire "fatiguées". C'est grâce à ces discriminations que s'opérait le trafic.

"Le procédé consistait à changer purement et simplement les numéros des lots. Tel numéro correspondait-il à un lot de voitures presque neuves, il s'agissait de l'échanger contre celui attribué à un lot de Cadillac très fatiguées. Ce tour de passe-passe se déroulait la nuit. Le lendemain, on achetait aux plus bas prix d'excellentes voitures.

"On s'en doute, un tel trafic exigeait des complicités à l'intérieur du camp. Et il y en avait. Quant au gang, il était, lui, très habilement composé. En tête, le technicien, l'homme qui d'un coup d'oeil pouvait évaluer l'état d'une Cadillac. Ensuite, le bailleur de fonds qui avait bien entendu une "façade". Par-dessus tout, l'homme influent très bien placé pour avoir ses entrées dans le camp.

" Si des policiers sont un jour chargés de recommencer l'enquête, ils auraient intérêt à rechercher M. S..., un garagiste mécanicien de Brest qui avait obtenu l'entretien des locomotives utilisées sur le port par les Américains. M. S... a disparu en 1923, quelques jours avant que ne disparaisse à son tour Pierre Quémeneur qu'il connaissait bien, comme il connaissait Seznec."

Il y a toujours eu des barges pour croire à ce trafic de Cadillac qui aurait causé la mort de Pierre Quémeneur !

Denis Seznec, lui, en rajoutait bien sûr une couche supplémentaire dans "Nous, les Seznec" :

"Non loin du parc à voitures de Lambézellec vit un garagiste-mécanicien, Barthélémy Spor. Il fait de bonnes affaires et, en particulier, a obtenu l'entretien des locomotives utilisées sur le port de Brest par les Américains. Cet homme, mon grand-père l'a connu à Morlaix et, quand il est venu à Brest, l'a aidé à s'installer, notamment à s'acheter un tour. Spor, qui se charge de l'entretien de la camionnette du maître de scierie, compte aussi Quemeneur parmi ses relations.

En mai 1923, le garagiste annonce à son employé, Gabriel Guez, qu'il part pour Paris, et lui confie la direction de son garage, avec instructions de remettre les recettes à ses deux filles, habitant Lambézellec. Or, les mois passent sans que l'employé entende parler de son patron. Plus extraordinaire encore, ses filles ont également disparu, si bien qu'un matin il lui faut baisser le rideau. Jamais ces trois personnes ne réapparaîtront dans la ville. En 1953, un journaliste du Parisien Libéré (Jacques Marestet, ndlr) , enquêtant sur cette affaire, constatera que le nom de Spor n'a pas été rayé du registre du commerce  et qu'à la mairie de son lieu de naissance ne figure aucune mention de son décès. L'année suivante, des recherches seront entreprises sur cette famille, dans le cadre de la révision du procès de mon grand-père, mais elles n'aboutiront pas. Ces disparitions paraissent comme une préfiguration de celle de Quemeneur..."

Voilà ce que me révélait par contre Catherine Clausse :

"BARTHELEMY SPOR Barthélémy Aimé, dit Emile, est né en 1886 à Paris. Il vint en Bretagne en 1917. Garagiste de Lambézellec, Passage St Martin à Brest (inscription de son exploitation au RC de Brest en date du 07.12.1920, n°2908), il obtint l'entretien des locomotives utilisées par les Américains sur le port. Guillaume Seznec l'aida à s'installer et à acheter un tour. Il assurait l'entretien de la camionnette du maître de scierie et connaissait Pierre Quemener. Il n'est pas impossible qu'il se soit mêlé, lui aussi, du trafic de voitures américaines. Il quitte la Bretagne, en mai 1923 pour Paris, il confia la direction de son garage à son employé Gabriel Gouez, le chargeant de remettre les recettes à ses deux filles. Il ne fit aucune réapparition et ses filles, elles-aussi, s'éclipsèrent mystérieusement. L'inscription au registre du commerce fut radiée dans les années 50.

Nous avons cependant pu retrouver sa trace. En 1925, sa fille Marcelle se marie à Pantin. En 1932, son fils Louis Gabriel se marie lui aussi, au Pré-ST-Gervais. En 1938, nous retrouvons Barthélémy Spor à Pantin, où il est toujours mécanicien auto, avec son épouse Louise, employée à la Manufacture des Tabacs et son fils Aimé Louis (qui se marie la même année).

En 1947, année du retour de Guillaume Seznec, il demeure à Annet-sur-Marne. Nous avons pu contacter la famille qui nous confia que l'arrière-grand'mère (mère de Barthélémy), originaire de Lorraine, avait une branche familiale apparentée au Maréchal Ney. Il nous fut répondu également qu'elle n'a jamais eu de renseignements sur ce garage de Bretagne et encore moins sur une "fuite" vers la Capitale en 1923. Il décédera en 1959, où, comble d'ironie...il demeurait au 16, rue des ... Carrières d'Amérique !"

.............................................

En fait...

Barthelemy Aimé Spor est né le 10 mars 1886 à Paris 18e. 

D'Elisabeth Spor et de père inconnu.

Il sera reconnu le 27 mai 1900 à Pantin.

En 1906, il réside à Pantin, Rue de l'Abattoir.

Il a d'ailleurs plus vécu à Pantin qu'à Brest.

Il s'est marié deux fois.

La première fois, le 17 novembre 1906 avec Luce Leclercq (née le 14 août 1885 à Paris 19e).

Dont il aura trois enfants :

- Georges (né le 27 juillet 1903 à Paris 10e).

Qui se marie le 7 septembre 1957 avec Andréa Coucaud.

Marcelle (née le 17 mars 1906 à Paris 10e).

Qui se marie le 12 décembre 1925 à Pantin avec Marcel Faure. 

Germaine (née le 11 décembre 1909 à Paris 10e).

Qui se marie le 28 mai 1927 à Aubervilliers avec Maurice Roux.

Le second mariage, le 25 juillet 1914 avec Louise Markus.

Dont il a eu un fils, Louis Gabriel né le 31 décembre 1910 à Paris 18e. 

Qui se marie le 5 novembre 1932 au Pré-Saint-Gervais avec Paulette Lump.

En septembre 1905, à Pantin,  Barthelemy Spor est arrêté après avoir donné plusieurs coups de couteau à un ouvrier polisseur Léon Lambry.

Le Petit Journal du 18 septembre 1905

Le Matin de Paris 7 octobre 1905

Le 29 novembre 1905, il écope alors de 2 ans avec sursis.

Et est réhabilité le 23 avril 1912.

En 1906, il habite Rue de l'Abattoir à Pantin. Il est mécanicien.

En 1913, il habite à Pantin, 1, rue Béranger.

En juillet 1914, il habite 6, rue de Flandres à Paris 19e. Il est mécanicien.

Réformé, il ne participe pas à la guerre de 14.

En 1919, Seznec vend à Spor une voiture Darac (en fait Darracq, ndlr) pour la somme de 7.000 francs (source Bernez Rouz).

Voulez-vous m'expliquer pourquoi un mécanicien qui serait très au fait du trafic des Cadillac américaines en 1919 viendrait demander à un Seznec d'acheter une voiture française Darracq ????

Le 7 décembre 1920, Barthelemy Spor inscrit son garage au Registre du Commerce de Brest.

Les Américains ont quitté Brest depuis décembre 1919.

Comment Barthelemy Spor a-t-il pu assurer l'entretien des locomotives américaines sans être inscrit légalement au Registre du Commerce ????

Depuis 1919, le gars Seznec habite, lui, à Traon Ar Velin, Morlaix.

Le 25 juillet 1921, Spor est définitivement réformé par la commission de réforme de Brest.

Le 9 février 1922...

Barthelemy Spor cède son garage du 6 passage Saint-Martin à Brest.

Ce n'est pas à Gabriel Gouez qu'il cède son garage mais à M. Juilliard.

Il a donc conservé son garage brestois pendant exactement 14 mois.

En 1931, on le retrouve 58, rue Victor Hugo à Pantin.

Barthelemy Spor décèdera le 11 juillet 1959 à Paris 19e.

Spor a vécu en fait toute sa vie entre Paris 19e et Pantin.

Les mois à Brest sont juste un accident.

Est-il arrivé en Bretagne en 1917 (?)

A-t-il vraiment eu en charge l'entretien des locomotives américaines ???

Bien malin qui nous le dira.

Spor est un personnage très secondaire de l'affaire Seznec.

Sa disparition n'en est pas une.

Et elle ne préfigure en aucuns cas celle de Pierre Quémeneur.

Ce mensonge est le premier mensonge de Petit-Fils Premier que j'ai découvert...

Il y en aura, hélas, beaucoup beaucoup d'autres.

Cet article est dédié à Alain Spor, descendant de Barthelemy, qui est l'un de mes fervents lecteurs sur Facebook.

 

Liliane Langellier

(*) Malgré toutes mes recherches, je n'ai jamais pu trouver qui était ce "Georges Marestet"...

Un pigiste avec un nom d'emprunt (?)

Et si c'était tout simplement Claude Bal ???

Qui, pour se faire du fric, bouffait à tous les râteliers...

P.S. Pour ceux qui veulent voir ce qu'est un véritable historien...

Lire ici sur Michel Pierre.

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