Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
12 Janvier 2022
Crains, si tu fais le mal, ton propre témoignage.
Proverbe grec.
Mais si...
Souvenez-vous...
Dans un premier temps...
James Azzopardi est plus que certain d'avoir reconnu Guillaume Seznec...
Chez Denis Seznec :
“Cinquième personnage : M. James Azzopardi, directeur de l’agence de l’agence de voyage Balkan-Express, au Havre. Le 13 juin, il reçoit la visite d’un inconnu. L’homme mesure 1,75 mètre, arbore un feutre mou, porte une barbe de plusieurs jours et a des mains velues. Il lui demande d’établir un reçu fictif pour une vente de dollars, en échange d’une bonne récompense. L’honnête commerçant proteste aussitôt : sa maison ne saurait se livrer à une telle opération, qui est un véritable délit ! Le demandeur n’insiste pas et s’en va…”
Ouest-Eclair du 6 juillet 1923
Le Petit Journal du 6 juillet 1923
Ouest-Eclair du 7 juillet 1923
"Il a parfaitement reconnu Seznec, d'après sa photographie"
Mais, un mois plus tard...
"Il ne vit cet individu que très peu de temps et ne croit pas pouvoir le reconnaître."
"Ce n'est pas lui, a-t-il dit, ce ne peut pas être lui"
"M. Azopardi a ajouté qu'il est médecin (?????)"
Parmi les créanciers de Chenouard...
La Balkan Express !
En septembre 1924, Azzopardi fait faillite, juste après avoir échappé de peu à la police dans une affaire de faux, d'exploitation de migrants, alors que son beau-frère était arrêté et écroué.
Cherbourg-Eclair du 28 novembre 1922.
À noter qu'il avait vendu son agence de Cherbourg en 1922...
Et puis....
Grande disastro :
Le Figaro du 3 septembre 1924
Le Journal du 12 septembre 1924
L'Italie Nouvelle du 14 septembre 1924
Le témoignage d'Azzopardi, banquier maltais, me semble louche.
Déjà, vu les activités illégales qu'il exerçait, je ne comprends pas qu'il ait refusé de délivrer un faux reçu moyennant finances, et qu'il s'en soit vanté auprès des autorités.
Une demande de ce type ne devait pas se produire tous les jours, et comme par hasard c'était le 13 juin !
Au départ, il dit qu'un individu répondant au signalement de Seznec est venu le voir le 13 juin pour lui demander un reçu fictif de dollars or, puis, confronté à Seznec il déclare que ce n'est pas lui.
Aurait-il subi des pressions pour modifier son témoignage et mettre Seznec hors de cause ?
Et qui serait à l'origine de ces pressions ???
Ou lui a-t-on vivement conseillé de ne pas se mêler de cette affaire délicate ?
Car, sachez-le...
James Azzopardi fréquentait le beau linge havrais, plus spécialement le monde de la magistrature...
Puisque, parlant plusieurs langues, il fut nommé interprète officiel près des tribunaux.
Un bon ami lui aura sans doute soufflé dans l'oreille de se tirer du mauvais pas de cette affaire Seznec...
Ce qui expliquerait son volte-face.
Liliane Langellier
"Le juge d'instruction dont il était l'ami..."
P.S. Pour comprendre à quel trafic se livrait James Azzopardi.
Lire le remarquable grand reportage en 7 parties de Fernand Pouey dans Paris-Soir du 20 au 27 juin 1931 :
Les resquilleurs de l'Atlantique
[La Balkan Express Company est citée dans la deuxième partie du 21 juin 1931]