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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec. Où on reparle de Julien Legrand..

Aie le faux témoignage en horreur, que ta langue soit l'organe de l'équité.
Phocylide de Milet.

Affaire Seznec. Où on reparle de Julien Legrand..

On a peu parlé de ce personnage..

Car, il est mort  le 11 janvier 1924, avant le procès Seznec d'octobre 1924.

Et pourtant...

Souvenez-vous...

 

1/ La petite annonce Bollon

Celle parue dans la Dépêche de Brest du   22 novembre 1922.

Quemeneur est averti par son ami Legrand de Landerneau :

"Dans le courant de l'hiver dernier sans pouvoir préciser la date, j'ai lu une annonce dans un journal (La Dépêche de Brest, je crois), par laquelle un monsieur était acheteur de voitures américaines ou camions quel qu'en soit l'état. Or, M. Quemeneur m'avait fait part vers la même époque qu'il ne voulait pas garder la voiture Cadillac en question parce qu'elle dépensait trop d'essence et qu'en outre, il possédait une Panhard. En lui communiquant l'annonce je lui ai dit : puisque vous voulez vous défaire de votre voiture, voici une occasion qui se présente. Les choses en sont restées là."

In Bernez Rouz en page 50.

 

C'est vrai que Legrand a le temps de lire les petites annonces car sa maladie l'oblige à garder le lit.

Il ne sera auditionné d'ailleurs que par Cunat.

Legrand est l'un des derniers à avoir vu Quemeneur vivant et à avoir discuté avec lui, pourquoi n'a-t-il pas été interrogé plus avant ?

       La Dépêche de Brest du 26 juin 1923.

 

2/ La traite Berthou

Guillaume Seznec vend à Henri Berthou une Sizaire et Naudin pour la somme de 7.800 francs.

Après, on dira encore que c'est Quemeneur qui traficotait dans les voitures.

 

"Avant de quitter Landerneau, il (NDLR Guillaume Seznec) se rend d'abord chez Julien Legrand, ancien maire de la ville, à qui il devait de l'argent, pour qu'il appose sa signature sur une traite de 4.800 francs que lui avait signée l'acheteur de son automobile Sizaire et Naudin.

"L'effet de 4.800 francs tiré par M. Seznec sur M. Berthou à l'échéance du 20 août 1923 et endossé par M. Legrand, a été escompté le 22 mai 1923 et le montant de l'escompte a été versé à M. Seznec à la caisse de la banque brestoise. Cet effet a été tiré sur M. Berthou par M. Seznec à l'ordre de M. Legrand qui avait un compte à la banque brestoise."

In Bernez Rouz en page 63.

 

Intéressant de voir Julien Legrand, si dur en affaires (cf les courriers de l'affaire Cadiou) accepter une traite sur Berthou qu'il ne connaissait pas.

 

 

Legrand produit sa créance au dépôt de bilan de la scierie, le montant aurait pu être payé par Seznec au moment où il encaisse les 4.800 francs.

 

     Phare de la Loire du 20 octobre 1924.

 

3/ Julien Legrand reçoit aussi la visite de P. Quemeneur ce soir-là vers 20 h 30.

Le conseiller général lui a confirmé l'accord tacite entre Seznec et lui pour les automobiles : "J'ai fait une affaire avec Seznec, je pars demain livrer ma Cadillac avec lui à Paris où je resterai quelque temps, car nous avons fait une affaire ensemble pour achats de camions ou voitures américaines. Comme Seznec ne veut pas faire d'écritures, c'est moi-même qui tiendrai la comptabilité et ferai la réception des voitures.

- Je lui ai dit : Alors Seznec fera les achats dans la région ?

- Il m'a répondu : Il fera les achats dans toute la France entière.

- J'ai continué : Votre affaire me semble assez drôle qu'on vienne chercher à Landerneau et à Morlaix, deux marchands de bois pour faire des achats de camions. Mais il n'y a donc plus de connaisseurs à Paris ? Mais si vous achetez par toute la France, il vous faudra énormément de capitaux..

M. Quemeneur m'a dit encore que Seznec avait vendu ses dollars mais il ne m'a pas dit à qui."

In Bernez Rouz en page 68.

 

Cela sent le témoignage monté de toutes pièces.

 

4/ Les témoignages de Legrand sur les dollars or.

"Julien Legrand que Seznec a rencontré le matin du 22 mai à Landerneau, écrit au juge d'instruction le 9 octobre 1923 : "Je n'ai pas vu Seznec avec une boîte d'environ 40 cm de long"."

In Bernez Rouz en page 123.

Et en page 125 :

"Julien Legrand donne, lui, le chiffre de 3.200 dollars : Madame Seznec m'à fait part qu'elle possédait des dollars, mais qu'elle ne voulait pas s'en défaire, qu'elle les réservait pour ses enfants, néanmoins elle s'en dessaisirait si elle trouvait à acheter au nom de ses enfants car ces dollars étaient sa propriété personnelle, elle les avait gagnés au camp américain où elle tenait une blanchisserie"."

Mais....

Journal des débats politiques et littéraires du 4 novembre 1924

 

5/ L'interview de Julien Legrand dans L'œuvre du 22 juillet 1923 :

"Il (NDLR Quemeneur) était convaincu, me conte M. Legrand, ancien maire. Et, la veille de son départ encore, il vint me trouver. J'eus l'impression qu'il m'aurait volontiers emprunté de l'argent pour réaliser ses merveilleuses opérations. Je le mis en garde, mais vainement. Car j'étais au courant de ses projets et je connaissais fort bien Seznec. Trois jours auparavant, le 22 mai, Seznec et sa femme étaient venus me demander d'avaliser une traite de 4.800 francs afin de pouvoir payer des dettes en souffrance. Quemeneur attendait, en bas, dans la voiture de Seznec. Ils partirent ensuite ensemble pour Brest, l'un pour faire escompter sa traite, l'autre pour tenter d'emprunter 100.000 francs à la Banque Bretonne, et ils allèrent en chemin de fer à Lesneven pour voir une Cadillac chez M. Thévenet.

- Les 2000 francs trouvés dans la manche de Seznec proviennent ils de ces 4.800 francs ?

- Je ne le crois pas, car, après l'arrestation de son mari, Mme Seznec revînt me demander un emprunt, en ajoutant n'avoir plus que 80 francs chez elle.

- D'autre part, les gens se demandent si Seznec a pu agir seul. Il y a les lettres expédiées de Paris, soi disant de la Chambre de Commerce Americaine et qui étaient envoyées à Seznec par quelqu'un. Qui ?

- Je suppose, dit M. Legrand, qu'on voulait seulement faire emporter à mon ami Quemeneur la plus grosse somme possible, le dévaliser en route, mais non le tuer. Mais les choses tournèrent mal. Quant au corps, n'aurait il pas été jeté à l'eau, avec comme poids le cric très lourd de Seznec, qu'on n'a pas retrouvé ?"

 

Intéressant et troublant. Une interview pleine d'inexactitudes. Pourquoi ? Est il déjà sous morphine ?

Où veut-il à tout prix incriminer Seznec ???

..........................

De qui Julien Legrand aurait-il pu être complice ?

- de Besseyre des Horts qui a monté sa banque à Landerneau ?

- de ses voisins, les escrocs de frères Boylaud, Louis et Gustave, bien introduits auprès de la sûreté générale ?

 

          Le Journal du 10 juillet 1923

 

Est-ce lui qui a conseillé l'avocat Gautier à Guillaume Seznec ?

 

             Le Journal du 2 février 1923

 

Des questions sans réponses..

Contrairement à ce qu'il semble, Julien Legrand est un personnage crucial de l'affaire Seznec.

A creuser et à suivre, donc..

Rappel : Marie Jeanne, après l'arrestation de Guillaume Seznec, est venue lui emprunter de l'argent..

Ce qui lui a été refusé net.

Et puis tellement sympa, Legrand quand il déclare lors de sa première déposition le 27 juin 1923 : "En plaisantant j'ai fait la réflexion à M. Gestin qu'il était peut être devenu fou et qu'il était peut être dans un asile d'aliénés. En effet depuis quelque temps il paraissait drôle.

Un vrai pote !

 

Liliane Langellier

 

 

P.S. N'allez surtout pas lire le dernier livre de Bertrand Vilain.

C'est une arnaque totale.

Du genre de celui de Claude Bal.

Mais, avec la belle écriture et le talent littéraire en moins !

 

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