Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
31 Mai 2021
Hic Sunt Dragones.
(Ici sont les dragons.)
Mais si....
Souvenez-vous...
On la découvre sur la photo d'arrivée de Guillaume Seznec au Havre en juillet 1947...
Au milieu des deux frères Seznec. Guillaume et Albert.
C'est François Le Her qui se prend pour l'attaché de presse du bagnard qui a tout organisé...
Et qui a fait payer les médias.
En pré-vendant l'article.
A part des articles de la presse à sensation...
Il n'a pas été écrit beaucoup sur ce personnage.
Il est temps de rattraper ce retard.
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Ce que l'on sait :
Juliette Le Her est née le 25 janvier 1917 à Brest.
Du premier mariage de François Le Her avec Michelle Uguen.
Michelle Uguen sur Geneanet (Thierry Lefebvre)
A peine âgée de 20 ans, et contre la volonté de son père...
Juliette épouse Petit Guillaume Seznec le 13 mars 1937 au Plessis-Robinson.
Elle le quitte ensuite pour aller vivre avec son frère Albert Seznec.
Une petite fille, Anne-Thérèse, naît le 28 février 1951 à Beaumont-sur-Oise.
C'est Petit Guillaume Seznec qui, ayant traîné à divorcer (26 juin 1952), en est considéré légalement comme le père..
Et non Albert Seznec. Qui en est pourtant le géniteur.
A l'âge de 17 ans, Anne-Thérèse accouche d'une fille, Michelle Le Her, du prénom de "Michelle Uguen", la première épouse de François Le Her et la mère de Juliette, née à Lille, le 14 décembre 1968.
Pour l'émanciper, Juliette l'a mariée (mariage blanc), le 24 août 1968, avec l'un de ses cousins Le Her, Roger Le Her, né le 21 janvier 1938, fils de Jean-René Le Her.
Juliette meurt le 31 décembre 2015, à Wasquehal, âgée de 98 ans.
Elle est donc de fait la demie soeur de Denis Seznec par son père François Le Her.
Et elle est aussi sa tante, l'épouse de son oncle Petit Guillaume.
Et la demie soeur de Jean-Yves et Gabriel Seznec.
Quelle famille !
Son instant de gloire sera le meurtre de son père par Jeanne Seznec et le procès de Jeanne fin juillet 1949.
Qui ? 20 décembre 1948
Qui ? 18 juillet 1949
Qui ? 25 juillet 1949.
Qui ? 1er août 1949
Mais, avant, bien avant...
La presse a parlé d'elle dès 1933.
Pas la presse à sensation, mais Le Matin du 17 juin 1933.
Lors du suicide de Michelle Uguen, le lundi 12 juin 1933 à Melon (près de Porspoder) dans le Finistère.
La mort de Mme Le Her femme d'un témoin de l'affaire Seznec
Son mari croit à un empoisonnement
Un marchand de primeurs parisien, M. Le Her, 22, rue des Quatre-Frères-Peignot, ayant déposé une plainte - ainsi que Le Matin l'a relaté dans ses dernières éditions d'hier - contre son beau-frère et sa belle-soeur qu'il accuse d'avoir empoisonné sa femme, décédée lundi dernier, à Melon, près de Porspoder (Finistère), a déclenché au parquet de Brest l'ouverture d'une information.
"Cette affaire, dont les données apparaissent de prime abord bien fragiles, a provoqué une émotion considérable parmi les populations bretonnes, car elle gravite autour de deux noms qui, associés une première fois à l'occasion d'un retentissant procès, se retrouvent aujourd'hui à l'origine psychologique du drame. Deux noms : Le Her et Seznec. M. Le Her fut, on s'en souvient, un témoin important entendu au cours des débats et dont l'audition souleva les polémiques les plus ardentes.
Ayant affirmé, au cours de l'enquête de la police, bien que tardivement, qu'il avait rencontré M. Quémeneur le lendemain du jour où l'on situait son assassinat, M. Le Her sauva peut-être la tête de Seznec.
Et c'est ainsi qu'un soir de 1931, à une conférence publique, on lui présenta Mlle Jeanne Seznec, la fille du condamné, âgée de 17 ans. M. Le Her l'adopta et la prit comme bonne.
Mme Michelle Le Her ne s'opposa pas à cet acte charitable et la nouvelle venue partagea la chambre des deux enfants, Juliette, alors âgée de 15 ans, et François.
Très vite, Mme Le Her s'aperçut que cette présence étrangère menaçait de désunir son foyer et elle en prit ombrage.
Les mois passèrent, des scènes fréquentes éclatèrent entre les deux époux et Mme Le Her, devenu neurasthénique, manifesta son intention d'en finir."
"Le mercredi 7 juin, une explication tardive eut lieu entre elle, son mari et Mlle Seznec. Le lendemain matin, Mme Le Her n'ayant pu éveiller son mari qui devait se rendre très tôt aux Halles, s'habilla en hâte et sortit.
Le jour même, vers 18 heures, elle appela son mari au téléphone :
- Je suis à Saint-Germain-en-Laye, dit-elle, je vais me tuer.
M. Le Her avisa la gendarmerie, des battues furent organisées en forêt.
Cependant, quelques heures plus tard, un télégramme parvenait à l'adresse de M. Le Her :
Michelle chez Ogor, à Porspoder. Etat de prostration complet. Médecin appelé. Viens. Hélène.
Le télégramme émanait de l'une des soeurs de Mme Le Her, chez laquelle elle s'était réfugiée.
M. Le Her, accompagné de ses deux enfants, se rendit au chevet de sa femme. On lui expliqua qu'elle avait absorbé en arrivant un bol de vin chaud dans lequel elle avait mis un cachet rose.
Un docteur appelé à donner ses soins diagnostiqua un empoisonnement et le lundi 12 juin, Mme Le Her rendait le dernier soupir, sans avoir repris connaissance.
Le suicide était d'autant moins discuté que la malheureuse avait pris soin avant de quitter son domicile parisien, de laisser en évidence un billet douloureusement éloquent :
Adieu mes chers enfants, avait-elle écrit, adieu François. Je te demande pardon à toi qui m'as trompée.
Ne rends ni Juliette ni Jeanne malheureuses. Je ne t'en veux pas.
Tu es orpheline, Jeanne ; prends courage et toi aussi Juliette.
C'est ta faute, François, surtout ne rends pas Juliette responsable. Mille gros baisers aux enfants.
Les déclarations de Mlle Seznec
Les raisons de ce désespoir devaient d'ailleurs nous être précisées hier par Mlle Jeanne Seznec.
La pauvre femme a souffert d'une situation qu'elle avait eu la faiblesse de tolérer. J'étais en effet, devenue la maîtresse de M. Le Her et cette situation ne pouvant se prolonger à leur foyer, je m'étais placée chez un docteur du boulevard Raspail.
M. Le Her venait me voir ; je me rendais également chez lui, mais j'avais résolu d'espacer ces visites. De nombreuses explications eurent lieu à mon sujet entre les deux époux, mais Mme Le Her ne m'en a jamais voulu. Je la plaignis et je l'admirai beaucoup, c'était une excellente femme qui avait su comprendre que ma jeunesse constituait une excuse à ma faute.
Très affectée par l'attitude de son mari, elle m'avait plusieurs fois annoncé qu'elle mettrait fin à ses jours.
La veille même de son départ, elle répéta cette plainte si souvent entendue. Pour toutes ces raisons, je crois au suicide. Je suppose cependant que si M. Le Her a porté plainte, c'est qu'il avait pour cela de graves raisons. Toutefois, si l'on fait appel à mon témoignage, je ne pourrai pas me prononcer sur des raisons que j'ignore. Je me garderai bien d'accuser sans savoir, car je sais trop ce qu'il en coûte d'être la fille d'un innocent condamné."
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Elle a du culot la Jeanne !
Moi, dans une situation identique, à la place de Michelle Uguen...
J'aurais fait faire un constat d'adultère et j'aurais demandé illico le divorce. Après avoir viré, bien entendu, la rivale de chez moi.
Et la Jeanne vient encore nous pleurer sur son pauvre père innocent.
Est-ce que cela excuse sa coucherie avec Le Her sous le nez de sa femme ???
En juin 1933, François Le Her a 41 ans (23 juillet 1892) alors que Jeanne Seznec n'a pas encore 21 ans (8 novembre 1912).
Détournement de mineures...
Une habitude chez Le Her !
Sa femme meurt dans des circonstances bizarres le 12 juin 1933 et le 12 janvier 1935, il épouse Jeanne Seznec au Plessis-Robinson.
Alors que leur premier fils Jean-Claude est né le 6 octobre 1934 (conçu 9 mois avant = 6 janvier 1934).
Michelle Uguen s'est suicidée parce que François Le Her et Jeanne Seznec entretenaient une relation amoureuse sous son propre toit.
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Ce que dit Mlle Le Her
Ce sentiment est loin d'être partagé par Mlle Juliette Le Her, qui, encore enfant - elle n'a que 16 ans - se dresse en accusatrice contre celle qui fut sa rivale dans l'affection de son père :
Jeanne Seznec, nous a-t-elle déclaré, a détruit par ses agissements le bonheur de notre foyer. A cause d'elle, ma mère a beaucoup souffert car elle a bien compris qu'elle ne pouvait pas lutter contre ses entreprises. Résolue au suicide, elle savait que celle qui la supplanta chercherait à se faire épouser par mon père et c'est cette crainte qu'elle exprime dans sa lettre d'adieu en lui demandant malgré tout de veiller sur moi.
Mais cette épouvantable tragédie intime n'est pourtant pas le vrai drame. Partie de chez nous décidée à se donner la mort ma mère s'est enfuie chez sa soeur pour essayer de trouver là-bas un calme passager qui l'aiderait à surmonter sa désespérance.
J'ai la certitude qu'une fois là-bas elle ne voulait plus se tuer. Elle avait surmonté grâce à ses croyances religieuses, un moment de dépression bien compréhensible.
Si malgré tout elle est morte, c'est qu'on l'a empoisonnée. Elle avait, en arrivant, conté à sa soeur toute sa peine. Il faut supposer que l'idée d'un crime est venue de cette confidence, car c'était l'alibi tout trouvé.
Plusieurs constatations que mon père et moi avons fait là-bas sont pour nous autant de certitudes.
Ma mère, qui était dans le coma, est restée toute une nuit sans soins et c'est seulement le lendemain matin à 10 heures qu'on se décida, à la demande d'une autre soeur de ma mère, à prévenir le docteur.
Enfin, fait grave entre tous, on n'a pas retrouvé une somme de 2.500 à 3.000 francs que ma mère avait emportée.
La plainte déposée par M. Le Her permettra peut-être de pratiquer une exhumation si le juge d'instruction le juge nécessaire.
Me Giron, avocat du barreau de Paris, doit d'ailleurs se rendre à Brest pour réclamer cette mesure au nom de M. Le Her.
- Je dois également, nous a dit Me Giron, demander au parquet de ne pas tenir compte de la plainte nominale adressée par mon client qui désirait seulement porter plainte contre inconnu. Ce sera à l'instruction de rechercher et d'établir les responsabilités.
Mme Ogor fait le récit de la mort de sa soeur
Brest, 16 juin. Mme Ogor, soeur de Mme Le Her, interrogée ce soir, a donné les précisions suivantes :
- Lorsque ma soeur arriva chez moi, je lui demandai pourquoi elle venait ainsi toute seule. Elle me répondit en pleurant :
- Je viens pour mourir à Porspoder, car j'ai une croix trop lourde à porter. Mon mari m'abandonne, il vit avec Jeanne Seznec. Parfois, il me frappe et je ne veux pas me plaindre à cause des enfants.
Après avoir absorbé le vin et son cachet, elle s'est écroulée. Je la relevai. A ce moment, elle porta la main à sa poitrine en me disant : "J'ai là des lettres, il faut les garder." En effet, sous son corsage, deux lettres étaient encloses dans un sachet de toile. C'étaient des lettres adressés à Le Her par Jeanne Seznec et qui ne laissaient aucun doute sur la nature de leur relation. Il y était clairement fait allusion à la campagne menée en faveur de Seznec.
C'est pourquoi lorsque mon beau-frère vint ici, il s'empressa de demander si on n'avait pas trouvé des lettres dans les vêtements de sa femme. Je me suis bien gardée de lui répondre affirmativement et j'ai remis les papiers aux gendarmes.
Quand ma soeur a quitté son domicile, elle n'avait emporté qu'une centaine de francs. On n'a donc pas pu lui en soustraire 3.000.
Au parquet de Brest, on estime jusqu'à plus ample informé, qu'aucune suite ne pourra être donnée à la plainte de M. Le Her.
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Ainsi le monstre François Le Her cherche à se faire du pognon sur la mort de sa femme en accusant sa propre belle-soeur de vol !
Une mort dont il est totalement responsable.
Et dont Sainte Jeanne Seznec aussi est responsable.
Comment a-t-elle pu oser aller vivre chez Le Her, qui a femme et enfants, alors qu'elle couche avec lui ????
Il faut être sacrément tordue.
Elle est responsable de la mort de Michelle Uguen...
Et je comprends que Juliette Le Her l'ait prise en grippe.
Bien, qu'à mon avis, l'une vaut l'autre.
Deux belles garces !
Ouest-Eclair 18 juin 1933
Oui, "restons sceptique sur le bien-fondé de la plainte portée par Le Her"....
Et un mensonge de plus de François Le Her...
Vous savez bien...
Le témoin si fiable du procès Seznec !
Liliane Langellier
P.S. Parmi les très nombreux mensonges de Jeanne Seznec...
Il y en a un qui m'avait échappé (in page 149 de "Notre bagne") :
"Un beau jour, il me téléphona de venir immédiatement, disant que c'était grave. Je n'avais pas d'argent et je dus demander à ma patronne de me faire une avance pour pouvoir prendre le métro.
Je trouvai Michèle Le Her affalée sur une chaise. Elle était très pâle et semblait à bout.
Huit jours plus tôt, elle avait porté plainte au commissariat contre son mari qu'elle accusait de choses atroces à l'égard de leur fille. Il m'avait aussitôt téléphoné pour me demander un témoignage un peu "arrangé" en sa faveur.
J'y avais consenti, sans bien comprendre ce que je faisais, mais pensant payer ainsi la dette dont je me croyais redevable. Il avait témoigné pour mon père, je témoignais pour lui : nous étions quittes.
Ma déclaration au commissariat - la seule fausse déposition que j'aie jamais faite - lui avait évité de gros ennuis. Mme Le Her m'en avait voulu et me l'avait reproché :
- Ce n'est pas bien ce que tu fais là, Janette ! Tu sais bien que c'est un mensonge."