Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
25 Octobre 2019
Rien n'est faux qui soit vrai rien n'est vrai qui soit faux. Tout est le contraire de songe, de mensonge.
Comte de Lautréamont
Et oui, les promesses de vente dans l'affaire Seznec, elles sont comme les mains qui les ont brassées, elles sont baladeuses.
Je vous le sers #oupas le jeu de mots avec les mains de Pierre Quémeneur telles que rêvées dans le témoignage de Petit Guillaume ???
Rappelez-vous ce que nous écrivait Marc D dans les commentaires de ce blog, en mai 2018 :
"Marie-Jeanne a vu dès le 22 mai 1923 une promesse de vente qu'elle certifie authentique et qui a été dactylographiée sur une machine qui se trouvait encore dans le magasin de M. Chenouard au Havre le 13 juin 1923, date à laquelle il l'a vendue à un individu ressemblant à Guillaume Seznec."
N.D.L.R : Au fait, elle est mouillée ou pas la promesse de vente trouvée dans la valise ???
"Au sujet de la découverte de la valise, on a remarqué que celle-ci avait des éraflures nombreuses, des traces de boue et de sang. La serrure a été forcée.
Le linge ne présente aucune trace d'humidité. Par contre, divers papiers et un carnet auraient été immergés.
Dans le portefeuille, on constate même des traces de sable de mer."
La Dépêche de Brest & de l'Ouest, 27 juin 1923, pages 1 et 5.
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Le premier à qui Guillaume Seznec présente la promesse de ventes, c'est le commissaire Jean-Baptiste Cunat, le mardi 26 juin 1923 à Traon-ar-Vilin, Morlaix :
"Le commissaire griffonne quelques notes, puis demande :
- Et cette promesse de vente trouvée dans la valise ?
- Nous l'avons signée le 22 mai à Brest. Elle a été faite en deux exemplaires. J'en ai gardé un. Je peux vous le montrer.
Seznec le sort de la poche de son veston. Le commissaire l'examine et le lui rend."
in Denis Langlois en page 30.
Guillaume Seznec a pourtant donné, dans un premier temps, la date du 15 mai 1923 pour la signature de la convention. in Ouest-Eclair du 28 juin 1923 :
C'est pas un peu bizarre cette façon de ranger une convention de vente (poche du veston) ???
La seule convention de vente qu'il m'ait été donnée de signer, je l'ai illico rangée au coffre.
Avec toutes ces manipulations, n'y a-t-il pas des risques de taches de gras ou de cambouis ???
Puis, c'est La Dépêche de Brest qui ouvre le bal (29 juin 1923) :
"Et voilà pourquoi le 22 mai mon mari, portant l'or dans une boîte de carton, se rendait à Brest, où il passait marché avec M. Quéméneur."
"J'ai du reste dans la poche le double de cet acte que je vous remets".
Déposition du 28 juin 1923.
Dès son arrivée rue des Saussaies, le jeudi 28 juin 1923, face au commissaire Achille Vidal Guillaume Seznec sort en effet une copie des promesses de ventes. in Ouest-Eclair, le 29 Juin 1923 :
"L'authenticité de la mention ………… est contestée par la famille".
Un autre individu joint la party : l'ami André de Jaegher qui est cul et chemise avec Guillaume Seznec.
"Le mercredi 27 juin, André de Jaegher décidément très présent dans la vie de Seznec raconte : "(....) Il m'a présenté ainsi qu'aux personnes présentes (NDLR ??????????) l'acte de vente de la propriété de Plourivo. Il m'a demandé s'il ne risquait pas de perdre ses dollars avec cet acte. Après avoir jeté un coup d'œil sur l'acte, je lui ai répondu qu'il ne risquait rien mais qu'il devait le faire enregistrer pour lui donner une date certaine."
in Bernez Rouz en page 80 (Déposition d'André de Jaegher le 30 juin 1923).
Dans le Journal du 9 juillet 1923, il est question des fouilles à Morlaix, et Marie-Jeanne dit que Guillaume Seznec lui avait rendu l'acte sous seing privé après qu'il eût été signé à Brest.
Le Journal du 9 juillet 1923.
Donc cette foutue promesse de vente passe de mains en mains….
L'un des exemplaires (celui de la valise du Havre) est mouillé et l'autre a été touchée par plusieurs personnes….
Et, là, tu te dis "Misère, misère, s'ils avaient pu avoir recours à l'ADN !!!!!!!!!!"
Et, là, on n'oublie pas que ce fut une femme, Rosalind Franklin qui, au début des années 50, découvrit l'ADN pour la première fois.
Donc, récapitulons :
- Marie-Jeanne Seznec la voit pour la première fois le 22 mai 1923,
- Un deuxième exemplaire est trouvé dans la valise du Havre le 20 juin 1923,
- le commissaire Jean-Baptiste Cunat la découvre le mardi 26 juin 1923,
- le mercredi 27 juin, c'est André de Jaegher,
- et le commissaire Achille Vidal, le jeudi 28 juin 1923.
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"L'authenticité de la mention ………… est contestée par la famille".
Rappel de Michel Pierre (en page 52) :
"Certes, on pourrait dire que "promesse" de vente ne vaut pas "acte" de vente mais ce serait ignorer l'article 1589 du Code civil qui précise clairement que "la promesse de vente vaut vente, lorsqu'il y a consentement réciproque des deux parties sur la chose et le prix". Pour Seznec, procédurier et régulièrement confronté à des actions en justice, fréquentant ou ayant affaire à des huissiers, des notaires et des avocats, c'est un article qu'il ne peut ignorer."
La promesse de vente vaut vente, lorsqu'il y a consentement réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix.
Si cette promesse s'applique à des terrains déjà lotis ou à lotir, son acceptation et la convention qui en résultera s'établiront par le paiement d'un acompte sur le prix, quel que soit le nom donné à cet acompte, et par la prise de possession du terrain.
La date de la convention, même régularisée ultérieurement, sera celle du versement du premier acompte.
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La famille avait donc intérêt à contester.
"Il peut arriver que le vendeur décède avant que la signature de l’acte de vente définitif chez le notaire n’ait eu lieu. Dans ce cas, le contrat reste valable, et la vente doit quand-même avoir lieu. En effet, la loi estime que les héritiers continuent la personne du défunt, ils doivent donc respecter l’engagement que ce dernier a pris en signant un avant-contrat de vente du bien immobilier. Ce qui suppose, que sauf disposition contraire, les obligations que l’avant-contrat fait peser sur le vendeur défunt sont transmises aux héritiers sans que leurs consentements soient requis, et ils sont donc tenus de se rendre chez le notaire le jour de la signature de l’acte définitif de vente afin de conclure définitivement la vente avec l’acquéreur."
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Garder toujours à l'esprit que Guillaume Seznec a été confronté avec Me Jean Pouliquen et Jenny Quéméneur dès le jeudi 28 juin 1923 dans les locaux de la Sûreté à Paris devant le commissaire Vidal.
D'un côté, la famille de Quéméneur est stupéfiée par cette promesse de vente à un prix dérisoire et dont Pierre Quémeneur n'avait pas tenu au courant son beau-frère notaire, Pouliquen,
D'un autre côté, on a droit à une version mensongère, sur laquelle se sont entendus les époux Seznec (et oui) pour récupérer leur avance en liquides (???)
La DPB du 28 juin 1923
Le deuxième exemplaire de la promesse de vente (si on donne la première place à celle de la valise du Havre) a été montrée et re-montrée à tous.
Dans quel but ???
Madame Seznec s'embrouille un peu en racontant qu'elle a vu cet acte dès le 22 mai au soir, alors que l'on aura vite la preuve qu'il a été dactylographié sur une machine-à-écrire, achetée au Havre le 13 juin.
Guillaume Seznec, dans un premier temps, joue les mystérieux devant le journaliste de Ouest-Eclair, puis montre, par la suite, la promesse de vente à qui veut bien la voir.
D'un côté des avares, qui guignent l'héritage du beauf,
De l'autre des menteurs, qui sont dans la panade.
La Bruyère se serait régalé à croquer tout ce joli petit monde.
Liliane Langellier
"L’homme est né menteur : la vérité est simple et ingénue, et il veut du spécieux et de l’ornement. Elle n’est pas à lui, elle vient du ciel toute faite, pour ainsi dire, et dans toute sa perfection ; et l’homme n’aime que son propre ouvrage, la fiction et la fable."
Jean de La Bruyère (Des esprits forts)
Guillaume Seznec. Hôtel Kermoor. Bénodet.