Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
15 Mai 2018
Parce que mon père m’a dit ça. Il m’a dit : tu sais cette affaire est une affaire toute simple, si ça se passait aujourd’hui, il y aurait pas d’affaire…
Jean-Yves Seznec
C'est louisfrançois de Justice Affaires Criminelles qui est venu, hier, me poser cette question en urgence sur Facebook.
Je n'en sais strictement rien.
Et les différentes confidences de Petit Guillaume n'éclairent pas le sujet.
Alors, on reprend...
Chez Langlois :
"Bernard Le Her : Ton père n’était pas là à ce moment-là ?
Guillaume Seznec : Ah il est venu l’après-midi. Il est passé le matin et il est venu l’après-midi. .. Je me rappelle que j’ai mangé avec les chevaux de bois, ce jour-là. Il n’y a que Albert qui a mangé, parce qu’il ne savait rien du tout… Jeanne, elle n’était pas là. Elle était à l’école, aux Ursulines. Marie aussi, elle n’a jamais rien su. Personne, il n’y a qu’Angèle et moi qui savions, pas d’autres. Et quand j’en ai parlé à mon père, quand il est revenu, il m’a dit : « T’occupes pas de ça…. »
DLH : Et à quelle heure ça c’est produit ? L’après-midi, le matin ?
GS : Le matin, mais je ne sais pas l’heure. Il était peut-être dix heures ou dix heures et demi, onze heures, je ne sais pas. Je sais que théoriquement on a mangé. Peut-être une heure, une heure et demie après. Mais mon père est venu dans le courant de l’après-midi. C’est la seule fois que je l’ai vu pleurer. Il en était malade. Il était abasourdi. Il ne savait pas comment faire. Ils ont discuté. Moi, je n’étais pas là dans la discussion. Ils ont discuté avec la bonne toute l’après-midi. Et moi, on m’a ramené à l’école, le soir."
Petit Guillaume confie à Bernard Le Her que "ça s'est passé le matin".
Mais il y a cette curieuse phrase :
"Ah il est venu l'après-midi. Il est passé le matin et il est venu l'après-midi."
Phrase laissant supposer que Guillaume Seznec est passé deux fois chez lui en ce jour-là.
Une fois le matin et une fois l'après-midi.
Voilà qui élimine d'office le voyage à Paris.
Et toutes nos élucubrations à ce sujet.
Seul le "Et moi, on m'a ramené à l'école, le soir."
pourrait nous dire que ça s'est passé un dimanche.
Car c'est le dimanche soir que Petit Guillaume regagne son pensionnat.
Et puis, un peu plus loin, Bernard Le Her relance la conversation :
"BLH : Et toi tu avais d’abord entendu ce fameux dimanche… "
Ce fameux dimanche.
Là, on tient le début du commencement d'une preuve.
C'était un dimanche.
(ndlr Tiens, au fait, Petit Guillaume dit que Marie Jeanne avait 42 ans quand elle est morte.
Chez moi 1931 - 1886 = 45 ans.)
"GS : Oui, oui, mais brodé, mais c’était pas vrai parce que le voyage à Paris de toute façon devait avoir lieu. Ça c’est sûr. Mais il n’a pas eu lieu puisqu’il était mort.
BLH : D’après toi, le voyage n’a pas eu lieu ?
GS : Il n’a pas eu lieu parce que mon père est venu à l’école demander au directeur de l’école l’autorisation de m’emmener avec lui depuis le temps qu’il voulait me faire voir Paris et puis le directeur a dit : « Non ça va être les examens, on ne peut pas le laisser partir. Autrement, il n’est pas tellement en avance, ça va le retarder. Alors je n’y ai pas été."
De quel voyage parle-t-on ici ?
Parce que, et on le sait, Guillaume Seznec allait souvent à Paris.
Je suppose que c'est le voyage prévu avec Pierre Quémeneur.
Gabriel et Jean-Yves Seznec. Photo Marianne
Dans l'appel téléphonique de Jean-Yves Seznec du 26 Mars dernier :
"LL : Au début, vous savez bien, je l’avais écrit moi, le commissaire Vidal, il s’est polarisé sur Houdan !
JYS : Il s’est polarisé surtout sur certaines dates.
Dans la nuit du vendredi 25 Mai au samedi 26 Mai… Ma mère est morte un 25 Mai, je ne vous raconte pas, j’étais déjà dans l’affaire Seznec…
Il y a des signes du Bon Dieu quand même…
Donc vous êtes en train de me dire, vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27…
Ces dates-là ont été fournies par mon grand père !
Donc, tout le monde s’est polarisé à chercher des choses…
Et les témoins se sont fiés à ces dates-là pour resituer dans l’espace-temps leurs témoignages.
Mais oui, parce qu’on essaye tous, on s’est polarisé sur le voyage…
Oui, mais le voyage, le voyage, le voyage, la date du voyage a été fixée par mon grand-père.
Les enquêteurs, c’est eux qui ont bafouillé après, ils se sont acharnés sur cette date-là qui était considérée comme réelle."
(...)
Donc ça signifierait que Seznec il est rentré plus tard de Paris ?
Non, je suis en train de vous dire en gros, quand on parle du voyage à telle date, ce voyage-là n’a peut être pas été fait à telle date mais que la date a été donnée par mon grand père et que tout le monde a suivi parce que, en fait, d’après ce que j’ai compris : la disparition de Quémeneur n’a jamais arrangé le grand père.
(...)
"J’en sais un peu plus dans le sens où je sais que c’est le début de l’enquête et les dates que tout le monde s’acharne à garder…
C’est pas les bonnes dates…
Ce sont pas les bonnes dates.
Mais moi j’ai pas le courage de faire des recherches et de pouvoir prouver certaines choses mais…
Regardez les dates.
Regardez la météo.
Regardez les dires…
Par exemple j’ai lu, mais c’est peut-être vous qui l’avez écrit, j’ai lu ah bah oui ce jour-là Guillaume dit qu’il y avait plein de soleil mais en fait le temps était gris.
Oui, c’est un garçon qui m’a fait ce travail, c’est Thierry Lefebre.
Certainement.
Bah oui, c’est pas le même jour.
Et dans les témoignages des gens au niveau de la gare, quand il y en a un qui dit, bah ce jour là…
C’est la gare de Houdan…
Il dit : j’ai mis des trucs sur mes tomates et puis l’autre …
Bah oui c’est pas le même jour !
Et quand vous réfléchissez, vous pouvez passer à un endroit à une semaine d’écart deux fois…
Vous voyez ce que je veux dire…
Ah mais ça je l’avais repéré. Je l’avais repéré, à un moment il y a une semaine d’écart.
Il y a une semaine d’écart.
Il y a une semaine les gens sont passés là et une autre semaine la même voiture est passée là.
Volontairement."
C'est à la fois clair et obscur.
Oui, on est en plein chiare/obscuro.
Le grand père Seznec il a fait le voyage Morlaix/Paris/Morlaix deux fois.
Affaire Seznec in Ouest-France du 6 mai 2018.
Pour embrouiller tout le monde.
Mais on ne comprend pas à quelles dates exactement.
Reprenons les révélations de Jean-Yves :
"Ils sont partis ?
Donc le couple est parti ?
Non pas le couple, non.
Alors qui « Ils » ?
Je vous le dis il a forcément du se faire aider.
Donc, une tierce personne.
Un homme ?
C’est pour ça que…
Hé le chauffeur Samson ?
Comment ?
Le chauffeur qu’ils avaient, Samson…
Mon père m’a parlé du chauffeur mais le chauffeur n’a pas participé à ça (ndlr à l'enlèvement du cadavre)
(...)
C’est pour ça que les gens, vous voyez, quand au départ, l’enquête a pris comme date une date qui n’est pas la bonne date.
Tout le monde a tourné autour d’une fausse date.
Qui était la date fixée par mon grand père.
Parce qu’il pensait certainement à un alibi, je sais pas moi…"
Pour Jean-Yves Seznec, à ce jour 15 mai, 12 h 18 :
"Pour moi c'est un dimanche et cela semble le 27. cela me semble le plus plausible . Après les réparations successives la voiture devait être en état : donc rouler normalement dans la 2ème phase du retour et donc faire une vitesse moyenne bien plus importante : et cela change tout .
L'état réel de cette voiture ?
Est-ce que cela a été vérifié à l'époque ?
A mon avis : cela n'exclue pas des voyages sur Paris les semaines précédentes avec Mr Quemeneur sans problème mécanique important et sans drame.
D'où des témoignages mal situés."
Dont acte.
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Jean-Yves vient de me dire que celui qui a aidé Guillaume Seznec à emmener le cadavre hors de Morlaix était marchand de charbon...
Oui...
Un marchand de charbon.
Mais....
Mais André De Jaegher, bien sûr.
Et il a donc dû voir la promesse de vente initiale tachée de sang.
D'où son témoignage du 6 juillet 1923 aux policiers.
in Rouz en page 134 :
"André de Jaegher, intime de Seznec, fâché avec Quémeneur est la seule personne qui affirme avoir vu l'acte de vente de la propriété de Plourivo dans les mains de Seznec.
"Le 26 juin, il m'a présenté ainsi qu'aux personnes présentes, l'acte de vente de la propriété de Plourivo. Il m'a demandé s'il ne risquait pas de perdre ses dollars avec cet acte. Après avoir jeté un coup d'oeil sur l'acte, je lui ai répondu qu'il ne risquait rien, mais qu'il devait le faire enregistrer pour lui donner une date certaine."
Bingo !
Liliane Langellier