Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
18 Avril 2018
Mentir est un art. Ne réussit pas qui veut.
Ernest Ouellet / Multipliez-vous
Je ne suis pas en train de vous dire que je ne retiens pas les travaux de Me Denis Langlois pour faire avancer l'affaire.
Même si le titre de son dernier livre "Pour en finir..." est, selon moi, un peu présomptueux.
Ce que je vais lui démontrer sous peu.
Je ne parle pas de la secte des "cuckoo's nest" qui viennent faire leur nid dans les nids des autres...
Et, qui, braillants en France et en Navarre, ne font pas avancer l'affaire Seznec d'un centimètre (= 100 mm, hein !)
Et font le jeu de Denis Seznec qui ricane.
Et il a bien raison de ricaner Denis !
Je vous parle de retourner dans le livre de Langlois pour voir comment il en est arrivé à la date du 27 Mai 1923, comme date de mort du conseiller général Quémeneur.
Parce qu'il n'avait guère plus de confidences que moi.
Voire, moins.
Alors,on y retourne.
En page 225, on lit :
"On peut donc considérer que, contrairement à ses dires, il est de retour à Morlaix dans l'après-midi du dimanche 27 Mai."
On va donc établir l'emploi du temps avec cette possibilité et suivant les dires de l'avocat.
Mes fervents lecteurs vont être contents...
La semaine du dimanche 20 au mercredi 23 Mai inclus c'est tout bon.
Vous allez pouvoir caser Brest et Lesneven.
Le Jeudi 24 Mai, vous pouvez caser les potes de l'apéro à Rennes...
Et le télégramme au beauf'.
Ouf, on respire !
On arrive tant bien que mal à Houdan.
Ils dinent au Plat d'Etain.
A quelle heure ?
Je ne saurais dire.
Et à quelle heure en ressortent-ils ?
Là, tout est brouillé....
Car, et je le rappelle ici, Guillaume Seznec a fait le parcours deux fois.
Pour embrouiller témoins et policiers.
D'où les hésitations des employés de la gare.
Et leurs histoires de tomates et de gelées...
On savait que Pierre Quémeneur était énervé chez Hodey, où il compulsait le Chaix.
Après les réparations chez Hodey...
Après l'apéro chez Noé, place Rotrou...
Donc vers environ 20 h 30, ils ont quitté Dreux.
Houdan/Dreux, c'est la Nationale 12.
J'en profite pour vous rappeler ici que, d'après les fils de Petit Guillaume, la Torpédo de nos deux voyageurs était en parfait état de marche.
Et que c'est encore une carabistouille de Guillaume que de raconter les pannes partout et n'importe où.
Si on le retrouve dans le salon de Traon ar Velin le dimanche 27 Mai 1923, c'est que Pierre Quémeneur a pris le train.
On reprend chez Langlois en page 218 :
"Cela ne veut pas dire que Quémeneur n'a pas pris le train pour une autre direction. En quittant Le Plat d'Etain vers 22 heures, il est possible de gagner la gare de Dreux pour y attraper le train Paris Rennes qui démarre de Paris à 20 h 45, passe à Houdan sans s'arrêter à 22 h 26, puis prend des voyageurs à Dreux à 22 h 42. Une demi-heure suffit pour effectuer en voiture la vingtaine de kilomètres qui sépare Houdan de Dreux, même si la Cadillac a fait un crochet inutile par la gare de Houdan."
Yesssssssssss !
Je n'avais pas prévu ce train-là.
"Ainsi, en affirmant que Quémeneur a pris le train à Dreux, Seznec aurait dit vrai, mais il aurait menti - ou bien aurait été abusé par Quémeneur - en ce qui concerne la destination du train.
Pourquoi ?
Pour ne pas révéler que Quémeneur était retourné en Bretagne, et plus spécialement à Morlaix."
C'est vrai qu'il a gagné le gars Seznec.
Chapeau !
Il a éloigné toutes les recherches de Morlaix.
Le commissaire Achille Vidal a toute de suite enquillé les recherches sur Houdan/Dreux/Gambais.
Je vous mets plus bas, en pièces jointes, le premier article sur l'affaire dans L'Action Républicaine du Mardi 3 juillet 1923,
L'Action Républicaine, le journal drouais de Maurice Viollette qui paraissait 2 fois par semaine, le mardi et le jeudi..
"Et que si les témoins de la gare ont aperçu une automobile, ils ont dû confondre, car ce n'était pas la sienne."
Bonjour l'embrouille.
Oui, Vidal a tout de suite orienté des recherches sur une disparition à Houdan.
Dans les fourrés.
Ce qui a occupé longtemps les policiers et les gardes forestiers.
Recherches dans les bois de Houdan
(photo chez Denis Langlois)
Ces braves gens étaient encore traumatisés par les crimes de Landru.
Souvenez-vous, il y a même eu une terrible psychose à Cherisy ...
A cause de puanteurs cadavériques derrière un buisson...
Et tout ça pour un veau crevé...
Un veau !
Après une déplorable journée à Houdan et Dreux le vendredi 29 juin,
Le samedi 30 juin, Binet, juge d'instruction à Brest délivre un mandat d'arrêt contre Seznec.
Mais revenons à l'hypothèse d'un train Paris/Rennes attrapé in extremis à Dreux le soir du vendredi 25 Mai 1923.
A 22 h 42.
Désolée, mais je ne trouve pas le Paris Rennes de 20 h 45 qui serait passé à Dreux à 22 h 42.
Ce que je connais des lignes de Dreux, c'est le Dreux / Granville.
Pour Paris Brest, c'est via Chartres.
Pas via Dreux.
J'accepte toutes les remarques.
Qui sont les bienvenues.
...................
Perso, moi, j'ai toujours pensé à un train Versailles Chantier / Paris pour Pierre Quémeneur, Et, là, avec les horaires, ça le faisait :
Versailles Chantier / Paris :
23 h 08 /23 h 34.
Après notre Pierrot passait son samedi tranquillou à la Capitale.
Rencontrait (éventuellement) François Le Her dans le tram.
Le Her qui lui parlait de ses soucis familiaux.
Oui, c'est bien dans la démarche de l'individu de geindre et de se plaindre.
Quand Le Her a vu arriver l'affaire en Une des journaux, il a tout de suite foncé, pensant pour l'occasion se faire du fric.
Et puis, coolos le samedi soir, un petit Paris Brest, descente à Morlaix.
Soit le 20 h 05 qui aurait pu le mettre à Morlaix à 6 h 08, le dimanche matin.
Soit le 21 h 08 qui aurait pu le mettre à Morlaix à 8 h 34.
Bon.
Voilà pour les horaires de chemin de fer.
Mais qu'est ce qui, encore, peut nous amener à penser que tout ça s'est déroulé le dimanche 27 Mai 1923 ?
1/ Les sorties du pensionnat de Petit Guillaume
Qui ne revenait chez lui que le dimanche.
Cela nous laisse deux dimanches en mai : le 20 Mai (Pentecôte) et le 27 Mai.
2/ La présence d'Angèle Labigou
Ou plutôt son absence du 15 au 23 Mai 1923 suite à la mort tragique de son frère.
in Bernez Rouz en page 124 /
"Angèle Labigou était absente pour un deuil familial du 15 au 23 mai."
C'est Marie Jeanne Seznec qui le dit devant le commissaire Cunat.
in Thierry Lefebvre :
"Le frère d'Angèle décède le 15 mai 1923, l'article mentionnant l'accident dont il a été victime parait dans la Dépêche de Brest du 19 mai. Il est plausible qu'elle soit partie sur Carhaix du 15 au 23 mai 1923."
"Un de ses frères,François Louis Labigou (1883-1923), ouvrier ardoisier, travaillait le 15 mai avec ses camarades au fond du puits à la carrière de la Société des ardoisières armoricaines sise au hameau de Cars-Allain en Plounévezel quand soudain un chaînon tombant du sommet du puits vint le frapper à la base du crâne - Transporté d'urgence à l'hôpital de Carhaix, le malheureux y est décédé quelques heures après l'accident."
3/ Le retour de Guillaume Seznec le dimanche
Je reprends Denis Langlois en page 225 :
"Si l'on se réfère à présent au carnet de Seznec où il note ses dépenses et celles de Quémeneur pour "l'affaire de Paris", son retour le dimanche 27 mai est plus que probable. Il passe la nuit du samedi au dimanche 27 Mai à Pré-en-Pail ("A Pré-en-Pail couché et mangé 7,50 F et 1 F pourboire"). Il s'arrête à Mayenne pour acheter un pneu (470 F) et une chambre à air (45 F). Il semble tiré d'affaires sur le plan mécanique, puisqu'il déjeune à Ernée (8 F) distant de Morlaix de 250 kilomètres. A Broons, il achète pour 16,50 F d'essence. Aucun autre arrêt n'est noté pour réparer une nouvelle panne, dîner ou dormir dans un hôtel. On peut donc considérer que, contrairement à ses dires, il est de retour à Morlaix dans l'après-midi du dimanche 27 mai."
Je n'ai jamais trouvé d'images de ce foutu carnet.
Et vous ?
Seznec, lui, dira qu'il n'est arrivé que le lundi matin 28 Mai.
Histoire de gommer définitivement cette horrible journée de dimanche.
4/ L'étrange attitude de Guillaume Seznec entre le 28 Mai et le 2 juin 1923
Guillaume Seznec sait que Pierre Quémeneur est mort.
Mais...
Sur le plan pratique...
Il faut se séparer du cadavre.
Il le fait avec un copain (lundi 28 Mai matin, retour début après-midi).
Il faut brouiller les pistes du voyage.
Et éloigner tout le monde de Morlaix.
Pour moi, le second voyage se déroule bien (en voiture) dans ce laps de temps.
Il faut faire illusion devant la famille du conseiller général.
Ce qu'on a pris pour de la désaffection, du désintéressement, est en fait une pièce de théâtre montée dans l'urgence pour protéger sa femme..
Il a peu de temps pour répéter car il va devoir jouer sa pièce dès le lundi 4 juin, quand Jenny Quémeneur débarque à la scierie pour avoir des nouvelles de son frère.
in Denis Langlois en Page 27 :
"Le 4 juin 1923, en début d'après-midi, Jenny, la soeur de Quémeneur arrive à la scierie de Seznec. La quarantaine, petite comme son frère, jupe longue et chapeau enfoncé sur les yeux.
- Je suis inquiète. Mon frère n'est pas rentré depuis votre voyage à Paris. Cela fait dix jours. Est-ce que vous avez de ses nouvelles ?
- Non, répond Seznec. Nous sommes tombés en panne, il m'a quitté à Dreux pour prendre le train de Paris. Il avait un rendez-vous important pour la vente des voitures.Ne vous faites pas de souci, il est en train de gagner de l'argent."
Le dimanche suivant, le 10 juin, c'est Me Pouliquen qui débarque à son tour."
On peut trouver un peu légère la façon dont la soeur et le beau-frère se préoccupent de la disparition du conseiller général.
Mais, ne pas oublier que Pouliquen, a, dès le lundi 4 juin, fait opposition à son chèque.
Il faut récupérer l'argent qui a été versé.
Les espèces et les dollars or.
En confectionnant des fausses promesses de vente.
Oui, Guillaume Seznec est bien coupable de confection de faux.
in Denis Langlois en page 231 :
"Ou bien on détruit cet acte et on renonce aux dollars versés, ou bien on fabrique un faux dont la signature a eu lieu ailleurs qu'à Morlaix, en l'espère Landerneau, et surtout avant le voyage vers Paris,le 22 mai par exemple."
J'attends les commentaires d'un expert financier sur le sujet des promesses de vente.
.......
Sacré boulot pour un seul homme.
Lourd secret à porter.
Dont il ne se séparera qu'en confession au bagne.
Ce qui explique l'aide que l'Eglise catholique lui a toujours apportée.
Lourd secret à porter.
Mais mû par l'amour qu'il porte à sa femme...
A la mère de ses enfants.
Cet amour lui donnera des ailes.
Cet amour sera éternel.
Bien au-delà de leur mort à tous deux.
Liliane Langellier
P.S. Grâce à vous...
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