Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
6 Juillet 2015
" La vérité est dans les mains de ceux qui la tiennent "
Confucius
Jeudi 24 mai 1923.
Pierre Quémeneur commence sa journée par un mensonge.
Il n'assiste pas - comme prévu - au Conseil Municipal de Saint-Sauveur.
Il est à la gare de Landerneau pour le train de 8 h 44.
Direction Rennes.
Arrivée prévue : 13 heures.
Il ne s'est pas encombré de Seznec "parce qu'il a à faire à Rennes"....
A faire quoi ???
Les fins limiers de la Sûreté général ne se sont pas usés les cellules grises pour le savoir.
Il n'a donné rendez-vous à Seznec qu'à 14 h 30.
Le temps d'un déjeuner avec des gens importants ?
Un déjeuner où Pierre veut être seul pour négocier.
Négocier quoi ?
Il est bien là le problème.
Seznec est attendu pour 14 h 30.
A 16 heures, toujours pas de Guillaume !
L'énervement gagne Pierre qui téléphone à Morlaix pour savoir s'il est vraiment en route.
Dans cette affaire, les uns télégraphient, les autres téléphonent. Certains font les deux.
Seznec affirmera : "Je suis parti de chez moi à dix heures et demi pour Rennes. Avant mon départ, j'avais télégraphié à M. Quéméneur à l'Hôtel Parisien à Rennes pour l'aviser de mon départ." (in Rouz en page 69).
Admettons.
C'est vrai que si Pierre est dans le train, le télégramme est plus sûr...
Seznec va arriver à Rennes à 19 h 30.
Et, là encore, aucun des fins limiers de la Sûreté générale ne lui demandera pourquoi il a mis 9 heures pour effectuer environ 200 km. Sur une Nationale....
Aucun des deux zébres ne pense aussi que c'est plutôt mal barré pour les 331 km qui restent à parcourir (cf Michelin 1922 Morlaix/Paris =536 km ; Rennes/Paris = 331 km).
Il a dû s'énerver l'ami Pierrot à attendre son pote... Il a dû s'énerver....
Pas sûr, car, ainsi que le note Bernez Rouz en sa page 70 :
"(...) hôtel où ils ont leurs habitudes".
Ah bon, ils y venaient régulièrement ? Et pour quoi faire ?
Non, je n'apprends pas Rouz par coeur, c'est juste Thierry qui travaille le dimanche et qui nous a fait une trouvaille pas piquée des hannetons...
D'accord, quand Guillaume arrive, Pierre est en train de se siroter un apéro avec deux illustres inconnus. Qui le resteront (cf article de l'Ouest-Eclair du 8 juillet en bas de cette page).
Pourtant, depuis hier, moi je sais qu'il y en a au moins un qui les connaissaient les deux inconnus : René Dupuis, le propriétaire de l'hôtel....
Je vais vous aligner sagement les petites annonces que Thierry a trouvées hier.
Puis, après, on va en causer....
Surprenant, non ?
Les Dupuis Brothers font dans le vide-grenier !
Ainsi, le client, entre deux pastagas, peut acheter ou passer commande d'autres articles proposés par la Maison....
Vous m'étonnez que nos deux zèbres ils y venaient s'abreuver à la source, isn't it ?
Et puis, comme ils sont déjà en retard et qu'ils doivent se coucher tôt pour partir le lendemain matin à Paris, et bien, ils vont aller finir la soirée dans un bar plus que louche "La Source". Genre café-concert ou ancien claque, au choix (ou les deux d'ailleurs).
C'est logique, tout ça.
Là aussi, aucun fin limier ne s'est penché sur les avantages avantageux des demoiselles de "La Source" pour savoir si par hasard....
Entretemps, il y a eu le coup du télégramme de Pierrot à son beauf"
Parce que Jean Pouliquen n'avait le téléphone ni à son étude, ni chez lui, c'est connu.
Et que, plutôt que de jouer les "Soeur Anne ne vois-tu rien venir", il aurait pu largement le joindre tranquillou de l'hôtel dans l'après-midi (sauf si le Pouliquen était de sortie, bien sûr).
Non, on va faire compliqué.
Parce que c'est après dîner que Pierre va envoyer son télégramme.
Oui, juste avant d'aller se distraire un peu les idées à "La Source".
Le texte en est court. Et assez surprenant :
"Expédier urgent chèque barré sur Société générale maison mère Paris et non Banque de France, à mon adresse recommandée : Quémeneur négociant Landerneau. Poste restante numéro trois. Paris."
Et là, Pierre, il vient juste de signer son arrêt de mort.
Voilà ce qu'il en coûte de prêter l'oreille à des escrocs dans un hôtel qui fait dans tous les genres de commerces....
Voilà ce qu'il en coûte....
Liliane Langellier,
avec la gracieuse collaboration de Thierry Lefebvre,
qui, comme le facteur de Morlaix, travaille aussi les dimanches.
P.S. Gardez bien en mémoire que le sieur Jean Besseyre des Horts devait roder aux alentours de l'hôtel car il a habité Rennes en 1919/1920 (son fils Guy y est né le 14 juillet 1920 !)