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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.

Affaire Seznec Investigation : la grande foire à tout du voyage de Guillaume

"Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant."

Pierre Dac

 

 

A Houdan, les horaires, faut bien le reconnaître, c'était pas clair clair...

Et ne venez pas me chanter la chanson du changement d'heure... Justement la nuit du samedi 26 au dimanche 27 mai 1923....

Rien à voir à l'affaire.

Les témoins sont bien plus perturbés par la Maison Poulaga and Co que par le changement des aiguilles de leur horloge !

L'histoire de la lanterne à vélo suspendue à l'arrière de la Cadillac, c'était pas clair clair non plus (vous auriez pas une photo dès fois ?)

Le coup de téléphone sans fiche on s'en fiche. Parce que ce que nous, ce qui nous aurait intéressé c'est quel était l'interlocuteur et ce qu'ils se seraient dits.

Par contre, on aurait bien aimé juste un double de la facture du dîner au Plat d'Etain... Plutôt que de savoir si la patronne prenait le premier ou le second train selon son humeur chaque vendredi soir (cf la looooooongue plaidoirie de Me Philippe Lamour téléchargeable sur France Justice).

Comme je suis sympa je vous en livre un extrait (5 octobre 1932 / Tribunal de Rennes) : 

« Reprenons les deux compagnons au moment où ils quittent Hodey, le garagiste de Dreux. Ils partent après avoir pris l’apéritif avec lui. Ils arrivent à Houdan à 20 heures 45 (cotes 101, 127 et 128). Il est essentiel pour l’horaire, le témoignage de Jean Gérard. On lui a demandé six fois – je n’irai pas jusqu’à dire que c’était dans l’espoir qu’il se tromperait et qu’il ne dirait pas la même chose – et il a continué à dire la même chose. Il y a du mérite. Car on comprend fort bien que lorsqu’on interroge dix fois les témoins sur les mêmes choses, comme on l’a fait pour les témoins de la gare, ils sont bien excusables de ne pas s’y retrouver et de finir par confondre ce qu’on veut qu’ils aient vu avec ce qu’ils ont vu réellement.

            Donc, à 20 heures 45, Jean Gérard les voit arriver.

            A 20 heures 57, en admettant, pour faire la part large à l’accusation, qu’elle ait pris le second train et non le premier, mais je fais volontiers cette concession à mes adversaires, la patronne du Plat d’Etain arrive à la gare. Mais à 21 heures, je l’ai prouvé par l’heure de clôture du service téléphonique, les deux compagnons sont à table et sont servis immédiatement. La bonne dit en effet : « C’était vendredi, nous étions pressées de partir, nous avions déjà mis les chaises sur les tables, lorsque ces deux hommes sont arrivés à Houdan. » Ils se sont donc mis immédiatement à table. A 21 heures 30, ils partent (cotes 99 et 100). Ils sont restés une demi-heure, dit Mlle Godefroy ; et ils ont repris l’auto environ une heure après, a dit Jean Gérard. Or, ils ont laissé l’auto devant chez lui vers 20 heures 45. Environ une heure après, nous pouvons dire, et les témoignages ainsi concordent, qu’il est 21 heures 30. Ils arrivent à la gare de Houdan à 21 h 32 : il faut deux minutes en automobile pour aller du Plat d’Etain à la gare de Houdan. Ils arrivent à la gare de Houdan à 21 heures 32 ou 33, mettons 35. En admettant que ce soit cette auto-là qui ait été vue par Piau, sa femme, Garnier et Nouvion, qui disent : nous avons vu une grande auto avec deux hommes dedans. Je fais encore cette large part à l’accusation.

            Ils en repartent aussitôt. C’est Quémeneur qui conduit. Seznec, mort de fatigue après une telle journée, dort dans la voiture comme il dormait déjà en quittant Dreux. Et dans son sommeil coupé de brusques réveils, dans ce pays inconnu et qu’il ne voit que la nuit à la lueur des phares, il va tout embrouiller et tout confondre, vous allez le voir. »

 

Oui, je le connais "Le Plat d'Etain" pour y avoir déjeuné avec l'équipe de Bernard Nicolas (TF1) et Denis Seznec, fin décembre 1992. Je me souviens des poules (de Houdan) dans la cour et des chambres à louer pour les couples amoureux.... Et puis après, on était parti.... à la gare de Houdan, pardi !

Non, parce que là, c'est la grande foire à tout. Ou plutôt le début de la grande foire à tout. Le coup de la voiture bélier dans les barrières, le gel des tomates, la dispute de deux mecs dans une voiture mais on n'est pas sûr que ce soit eux, on n'est pas sûr non plus que ce soit la bonne voiture, on n'est d'ailleurs pas sûr du tout du jour, c'est vous dire !

Heureusement que notre Achille Vidal va vite remettre de l'ordre dans toutes ces mémoires. 

Enfin son ordre, hein ?

"M. Vidal, commissaire à la Sûreté générale de Paris dirige les recherches. Il a établi son quartier général à l'hôtel du Plat d'Etain à Houdan. Cet hôtel, avec sa façade hourdée d'un bâti de bois qui lui donne un faux air de maison normande, a changé de propriétaire quelques jours à peine après le passage de M. Quéméneur." in La Dépêche de Brest du 3 juillet 1923.

Voilà, c'est là que commence le grand bordel.

Bernez Rouz avant de faire filmer  le Plat d'Etain par son équipe le 9 juillet 2004, avait déclamé solennellement : "Ici, commence l'affaire Seznec" (avec humour, hein, si, si, il en a de l'humour...)

A l'époque, le restau était fermé. Je crois savoir qu'il est de nouveau ouvert. Et j'attends qu'on m'y invite....

C'est tellement confusionnel le récit du passage de nos deux sbires à Houdan, qu'un jour j'ai fini par me demander, non s'ils y étaient passés, mais surtout s'ils s'y étaient arrêtés.

Parce que là, des faux témoins on en récolte à la pelle.

Sans parler du maire de Houdan qui nous joue les grands vertueux en soutenant que dans sa ville il n'existe aucune fille de petite vertu... Rigolo, va !

Bon.

On sort de Houdan.

Moi je voyais assez bien le Pierrot prendre le train de 23 h 08 à Versailles.... 41 kilomètres,  ça pouvait le faire.

Ou Guillaume déposer son pote à une station de taxis à Paris, Porte de Saint-Cloud....

Ou Porte de Versailles, si vous voulez....

Mais voilà que je suis contrariée par des témoins qui témoignent ailleurs et autrement.

- Pierre Dectot, d'abord. A 22 h 30 sur la route de Paris : "Il aperçoit la voiture, immobile, phares allumés, l'avant dirigé vers la capitale." (in Denis Seznec en page 103) Il est affirmatif (ils le sont tous, encore aujourd'hui d'ailleurs...) : "Cet homme était seul, j'en suis certain. Je n'ai vu personne avec lui."

Le malin Rouz il en pipe pas mot de Dectot, hein ?

Remarquez, il a été prudent, parce que d'après son R.M. (Registre Matricule), le Pierre Dectot il était pas blanc blanc, il était même de la braconne et d'autres choses aussi (cf documents ci-dessous).

Alors le gars Dectot, ce fameux 25 mai 1923 à 23 heures, venait-t'y de chez son beau-père ou était-t-y allé chercher ses outils #jeposequestion

Je ne me souviens plus de lui dans la liste des témoins de Quimper. Il était peut-être au frais ?

M'enfin Rouz il nous en colle une autre et inconnue au bataillon en plus :

- Thérèse Malet. Vers 23 heures, la voiture est garée au bord de la route, à l'intersection de la route de Paris vers Bazainville. Elle remarque qu'il n'y a qu'un seul homme à bord, elle s'étonne auprès des enquêteurs : "Voici donc un homme qui place sa voiture au-dehors de la route, qui se cache, qui ne réclame aucun secours et qui finalement abandonne sa voiture." (in Bernez Rouz en page 72)

Au fait elle faisait quoi la Thérèse Malet à 23 heures sur la route de Paris vers Bazainville, hein ? A moins qu'elle n'habite une baraque isolée et soit toujours planquée derrière ses rideaux à looker la vie des autres ?

Un genre de Justine Putet dans "Clochemerle", quoi !

Enfin, Thérèse, elle a juste eu le droit de témoigner le 20 juillet 1923.

Elle n'a pas vu Quimper !

Je ne sais pas pourquoi mais je me l'imagine en vieille fille toute sèche.... Sans avantages avantageux pour attirer l'oeil égrillard du bel Achille...

Et puis, oui, je ne vais pas résister, je vais vous la resservir...

Y'a pas de raison, hein ? 

Parce que c'est quand même quelque chose : quand Guillaume fait un rêve sur son lit d'hôpital après son accident, on file creuser illico à Plourivo... Or là, quand il cause à Jacques Marestet, on dit qu'il délire. On est encore en pleine cohérence mentale.

Oui, mon histoire d'enlèvement (non, ce n'était pas une soucoupe volante, vous avez désormais plusieurs adresses pour vous renseigner sur ce sujet) par deux hommes dont la voiture suivait la leur.

Je reprends Denis Langlois en page 402 dans son premier livre.

Guillaume Seznec a insisté pour que Jacques Marestet soit seul avec lui dans sa chambre :

« Je vais vous faire une confidence que je n’ai jamais faite à personne. Quand nous sommes sortis du restaurant Le Plat d’Etain à Houdan, j’ai laissé la conduite de la Cadillac à Quemeneur. Nous ne sommes pas allés loin, la voiture a fait une embardée dans le fossé. Quemeneur a été blessé à un bras. Mais une autre voiture avec deux hommes nous a rejoints. L’un d’eux, un athlète, a soulevé Quemeneur dans ses bras et l’a porté dans la seconde voiture. Quemeneur m’a crié de faire demi-tour et de retourner en Bretagne. La voiture s’est éloignée….. »

Jacques Marestet sort précipitamment et publie ces révélations dans plusieurs articles du « Parisien Libéré », soit une courte série, quelques jours avant la mort de Guillaume Seznec. »

Descimon : 1 m 82. Besseyre des Horts : 1 m 72.

Pourquoi je dis ça, moi ?

 

Alors....

Et vous, au fait, vous votez pour quoi ?

- l'enlèvement (ou plus simplement son transport d'une voiture à une autre) de Pierrot par deux hommes qui les suivaient (en douceur, puisqu'il ne crie pas au secours et qu'il conseille juste à Seznec de retourner à Morlaix. On peut donc en déduire qu'il a reconnu ses "ravisseurs".)

- Pierrot déposé par Seznec à Versailles pour le train de 23 h 08, ou Porte de Saint-Cloud ou Porte de Versailles (oui, la torpédo avait les capacités de le faire !)

- la mystérieuse disparition de Pierrot du côté de Millemont (Dectot) ou de Bazainville (Malet). L'un des témoignage annulant automatiquement l'autre.

C'est marrant, avant de nous sortir l'histoire du secret de famille, Me Denis Langlois m'avait écrit que Marie-Jeanne et Jeanne avaient toujours pensé que l'ami Quémeneur avait été brûlé dans un four à chaux du côté de Houdan.

Comme quoi, souvent homme varie, hein ?

Pour la suite des aventures de Seznec et de sa torpédo, vous ne manquerez pas de reprendre  :

l'article de Thierry sur le retour à Morlaix.

Suite des aventures qui n'est pas plus claire que le reste, rassurez-vous.

Voilà.

La boucle est bouclée.

On a bien voyagé.

On va donc se reposer un peu.

Sauf scoop intersidéral, of course....

 

Liliane Langellier

 

Houdan. Le Plat d'Etain.

Houdan. Le Plat d'Etain.

Versailles : 23 h 08.

Versailles : 23 h 08.

En rouge Malet. En bleu Dectot.

En rouge Malet. En bleu Dectot.

Pierre Dectot. Pas vraiment un saint d'après son R.M.

Pierre Dectot. Pas vraiment un saint d'après son R.M.

Pierre Dectot R.M. (2)

Pierre Dectot R.M. (2)

Dectot in Le Petit Parisien du 4 juillet 1923.

Dectot in Le Petit Parisien du 4 juillet 1923.

La grande "foire à tout" in Le Petit Parisien du 8 juillet 1923.

La grande "foire à tout" in Le Petit Parisien du 8 juillet 1923.

Houdan. Et elle va nous mener où la rue de Paris ???

Houdan. Et elle va nous mener où la rue de Paris ???

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Q
Dectot a vu un seul homme mais qu'est-ce que ca prouve? Les aires d'autoroute n'existaient pas.Ca se passait derriere les buissons...je sais,c'est trivial,mais la tete d'un homme etait en jeu...
Répondre
L
Dectot n'a peut-être rien vu du tout. Mais...<br /> Son R.M. parle pour lui. Et avec ses frasques, il faisait un faux témoin idéal pour Vidal.<br /> L'affaire Seznec, on ne peut la comprendre que si l'on a vu Noiret dans le film "Les Ripoux" !
Q
Re-resumons nous:<br /> -21h30, heure d'hiver ,gare de houdan,<br /> -22h,heure d'hiver (23h heure d'ete) Dectot<br /> -23h 08 gare de Versailles...Pourquoi pas?
Répondre
L
Oui, oui, oui...<br /> Sauf qu'à mon avis les témoignages des quatre de Houdan sont bidon.<br /> Et que, pour Dectot, je ne suis pas du tout certaine de ce qu'il a raconté le braconnier-voleur, mais alors pas du tout certaine.