Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.300 articles.
23 Juin 2015
Commençons par le commencement....
Dimanche 10 juin 1923.
"La première démarche de la famille Quéméner est une demande d'enquête officieuse faite auprès de la 13e brigade régionale de police judiciaire à Rennes" in Bernez Rouz en page 93.
Les brigades régionales font partie de ce qu'on appelait : "Les Brigades du Tigre" !
Mercredi 13 juin 1923.
"Le lundi 11, Louis Quéméner et Jean Pouliquen rentrent à Landerneau et repartent par le train de nuit pour Paris. A l'aide d'un détective privé, ils mènent leur propre enquête,sans résultat. Le 13 juin, ils portent plainte à la Sûreté générale, le commissaire Vidal est chargé de l'enquête." in Bernez Rouz en page 94.
C'est Louis Florentin Marlier qui est directeur de la Sûreté générale depuis le 1er mars 1923.
Il y a donc deux services de la police sur l'affaire de la disparition du conseiller général Quémeneur : à Paris, la Sûreté générale avec le commissaire Achille Vidal, à Rennes, la 13e brigade régionale de police judiciaire avec le commissaire Jean-Baptiste Cunat. Et le commissaire divisionnaire Jean Léon François Labouérie.
Examinons donc nos personnages d'un peu plus près...
1/ Achille Vidal
Le beau "nîmois" est en fait né le 10 janvier 1881 à Saint-Chaptes dans le Gard.
Classe 1901.
Etablissons quelques dates de sa carrière :
7.5.1911 – Secrétaire de Police Alpes-Maritimes
18.7.1913 – Inspecteur de Police Mobile Montpellier
2.5.1915 – Commissaire de police mobile provisoire Paris
2.6.1915 – Commissaire de police 4è classe
14.12.1918 – Promu de la 3è classe à la 2è classe des commissaires de police mobile
16.2.1922 – Promu fonctionnaire de la sûreté générale de la 4è classe à la 3è classe
21.12.1924 – Promu commissaire de police mobile de classe exceptionnelle 2è échelon à hors classe 3è échelon
11.4.1925 – Chevalier de la légion d’honneur
6.5.1925 – Promu de hors classe 3è échelon à hors classe 2è échelon
24.1.1926 - Promu de hors classe 2è échelon à hors classe 1er échelon
23.8.1926 – Affecté à la police des chemins de fer de l’État
L'affaire Seznec semble avoir boosté sa carrière...
On peut lire chez Guy Penaud (in L'inspecteur Pierre Bonny), en page 31 :
"Il est établi que Pierre Bonny n'était à l'époque de l'affaire Seznec qu'un simple inspecteur stagiaire aux ordres du commissaire de police Vidal, chef d'enquête, auprès duquel il remplissait le rôle de secrétaire-greffier. Jacques Bonny précise que l'adjont attitré de ce commissaire, l'inspecteur Royère, ayant été envoyé à Rennes pour suivre l'enquête à titre d'observateur, Vidal avait demandé du renfort : c'est ainsi que Pierre Bonny lui avait été affecté - il est probable que ce fut après l'ouverture de l'information judiciaire le 22 juin 1923 - et qu'il eut à connaître de cette affaire."
Je me demande bien pourquoi tout le monde a fait une fixette, avec Petit-Fils premier drapeau en tête, sur "l'inspecteur Bonny". Enfin, maintenant, son rôle est clairement établi. Et ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout un premier rôle dans l'enquête.
N.B. Ne pas oublier que Vidal a perquisitionné chez Vacquié en avril 1924. Et que Dollin du Fresnel a donné mission à la police d'enquêter sur les relations entre Pierre Quémeneur et Vacquié en août 1924.
2/ Jean-Baptise Cunat
Il est né le 25 mars 1874 à Charmois-devant-Bruyères dans le département des Vosges.
Allons-y pour les dates principales de sa carrière :
Avant 1907 : Adjudant 15è bataillon de chasseurs à pied. (15 ans 7 mois et 10 jours de service en novembre)
31.10.1907 : commissaire police à Poligny (Jura)
1912 : commissaire du 2è quartier de Saint-Nazaire (Loire Inférieure)
1916 : présenté pour passer de 3è classe à 2è classe
4.8.1917 : nommé commissaire de police 2è classe à Rennes
1920 : présenté pour passer de 2è classe à 1ère classe
5.3.1922 : nommé commissaire de police mobile 2è classe à la 13è brigade régionale à Rennes
9.6.1923 : promu de 2è classe à 1ère classe
28.6.1924 : promu de la 1ère classe à la classe exceptionnelle 2ème échelon
5.7.1924 : présenté pour passer de classe exceptionnelle 2ème échelon à hors-classe 3ème échelon
23.1.1925 : présenté pour passer de classe exceptionnelle 2ème échelon à hors-classe 3ème échelon
19.12.1926 : présenté pour passer de classe exceptionnelle 2ème échelon à hors-classe 3ème échelon
27.9.1928 : fait office de commissaire divisionnaire à la 6ème brigade mobile de Clermont-Ferrand
26.11.1933 : fait valoir ses droits à la retraite
26.3.1937 : commissaire divisionnaire honoraire Ille-et-Vilaine, reçoit la médaille d’honneur de la police française.
9.8.1938 : assiste aux obsèques d’Yves Le Gall, commissaire de la 13è brigade mobile, fils de son ancien collègue.
N.B. Pour la vie et la carrière du commissaire divisionnnaire Léon Labouérie, je vous suggère de lire attentivement la longue nécrologie publiée dans L'Ouest-Eclair du 24 décembre 1929.
Et...
Tout ce petit monde dépend d'une part du ministre de l'Intérieur, Maurice Maunoury, mais surtout de Louis Florentin Marlier.
Personnage important s'il en est. De par ses liens avec Alexandre Millerand, président de la République.
Le président Millerand avait deux fils (oui, ça commence comme un certain évangile....). L'un, Jean, était beaucoup plus turbulent que l'autre.
"(...) Marlier tenait Millerand à la suite de services rendus. (...) Marlier avait rendu je ne sais quels services peu avouables à Millerand... et à son fils... Jean Millerand" in "L'Action Française racontée par elle-même d'Albert Marty.
Jean Millerand, fils et secrétaire du Président, broye un vieillard sous les roues de sa voiture, le 22 mars 1922.
Et c'est Marlier qui nettoie le tout et censure toutes les infos.
Résumons-nous...
Millerand est redevable à Marlier
Marlier est le supérieur de Vidal.
Si Marlier demande à Vidal d'orienter l'enquête policière Seznec d'une certaine façon, il est certain qu'il n'essuiera pas un refus....
Serait-ce ce qui explique l'entêtement de notre cher Achille pour piétinier du côté de Houdan ?
Parce que, quand on piétine du côté de Houdan....
On ne va pas voir ailleurs, ça c'est clair !
Mais qui aurait pu aller solliciter une telle faveur près de si hauts personnages ?
Oui, qui, dans notre pièce de théâtre ???
Liliane Langellier